ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT

M. le président. Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, je veux ouvrir cette séance en remerciant le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, M. François Bayrou, qui nous fait le plaisir et l'honneur de sa présence et qui prendra la parole dans un moment. (Applaudissements.)
Je veux aussi, monsieur le ministre, remercier tout votre « appareil », recteurs, principaux de collège, inspecteurs d'académie, qui ont participé à l'opération qui nous réunit aujourd'hui.
Je veux encore remercier tous les fonctionnaires du Sénat, en particulier ceux de la direction de la communication, ainsi que tous mes amis sénateurs, qui ont joué le jeu à fond et qui, m'ont-ils dit, ont beaucoup appris au contact des jeunes.
Je vous remercie enfin, mesdemoiselles et messieurs les sénateurs-juniors, ainsi que vos professeurs qui vous ont accompagnés : vous apportez dans cette maison une bouffée d'air pur et de jeunesse qui nous fait grand plaisir.
Chers sénateurs-juniors, vous occupez pour un jour la place des sénateurs. Vous siégez dans cette enceinte où, de manière solennelle, on vote la loi.
La loi, c'est l'expression de la volonté générale, ce sont les règles que nous fixons, au nom de tous les citoyens, pour faire en sorte que la vie au sein de la communauté nationale soit juste, équitable et paisible. Ce n'est pas toujours facile, tant les difficultés sont nombreuses, tant les problèmes sont parfois compliqués.
Ici, dans cet hémicycle, on travaille beaucoup. Les sénateurs, animés du seul souci de répondre au mieux aux souhaits des Français, se penchent presque chaque jour sur les grandes questions qui intéressent notre avenir.
L'avenir de notre pays, c'est d'abord votre avenir. C'est vous qui le vivrez, c'est nous qui le préparons.
C'est la raison pour laquelle nous avons souhaité que vous réfléchissiez avec nous sur ces thèmes qui engagent le futur de la France.
La liberté, la fraternité, la solidarité, l'Europe, sont des sujets de réflexion déterminants pour les années qui viennent parce qu'ils concernent quelques-uns des grands principes sur lesquels est fondée la France. L'emploi, l'éducation, la famille, l'environnement, la recherche, représentent des pans entiers de notre vie de tous les jours.
Vous avez remarquablement travaillé, et tous les sénateurs vous remercient de vos efforts. Ce que vous avez élaboré nous sera utile. D'abord parce que vos projets de charte nous permettent de savoir un peu mieux quelles sont vos préoccupations, mais aussi parce qu'ils nous prouvent, une fois encore, qu'en chacun de vous sommeillent un idéal, des convictions fortes et belles.
Ce à quoi vous croyez, la justice, la paix, la solidarité, la générosité, voilà ce qui construira le mieux l'avenir de notre pays.
Dans quelques années, ce sera à vous d'en garder la flamme. Aussi, je suis heureux que vous ayez pu avoir un avant-goût de la manière dont nous travaillons.
Vous avez réfléchi, à quelques-uns d'abord, dans votre ville, dans vos régions, parfois très lointaines de Paris, puis avec vos professeurs, ensuite en commission, pour parvenir, sans parti pris, avec sérieux, à dégager des propositions solides, enfin ici, en séance publique, où votre vote va départager les meilleures d'entre vos propositions. Ainsi se dégageront, comme pour la loi, les meilleurs projets, qui représenteront, tout à l'heure, le plus grand nombre. Si vous étiez des élus, ces projets deviendraient la loi commune, qui s'appliquerait à chacun et que tous devraient respecter.
Ces règles découlent de notre conception de la démocratie, ce bien précieux dont ne disposent pas tous les enfants du monde. Faites-la vivre et prospérer, enrichissez-la autant que vous pouvez. Ce sont d'abord les citoyens qui font vivre la démocratie ! Soyez des citoyens à part entière ! Ce que vous avez rédigé prouve que vous en avez toutes les qualités.
Puissiez-vous trouver dans la présente expérience le goût des affaires publiques. Je souhaite que le plus grand nombre d'entre vous aient envie de se lancer plus tard dans la politique. Je suis persuadé qu'il y a parmi vous de futurs sénateurs ! (Sourires.)
Ce que vous avez écrit en faveur de l'Europe m'a particulièrement touché. Vous avez compris, mieux que beaucoup d'autres, parce que vous avez réfléchi et discuté, combien cet idéal était important pour nous.
Notre génération a tourné le dos à la guerre et elle a choisi d'ouvrir ses frontières aux hommes, aux idées et aux marchandises. Pour une fois dans ce siècle troublé, elle a préféré être raisonnable. Elle a pensé aux femmes et aux hommes au lieu de choisir la facilité du repli sur soi.
Vous l'avez compris. Bien plus, vous portez en vous cet idéal. Pour nous, c'est une grande satisfaction.
Gardez toujours cette générosité, cet esprit d'ouverture qui doit triompher de l'égoïsme. Préférez toujours la paix à la guerre. Choisissez l'audace et le courage plutôt que le confort et la médiocrité.
Aujourd'hui, vous devez aussi faire preuve d'enthousiasme.
Notre époque est fascinante. Les technologies du futur vont révolutionner nos manières de vivre. Il faudra réinventer beaucoup de choses que nous considérons comme certaines. Demain, vous serez davantage encore des citoyens du monde, et le sort des Chinois ou des Africains, les événements qui se dérouleront à des milliers de kilomètres, vous importeront autant que ceux qui se passent tout près de chez vous. C'est une chance formidable pour l'humanité de vivre ainsi à l'échelle du monde ! Vous avez tout ce qu'il faut pour le faire, si vous savez garder en vous cet allant, cette jeunesse de coeur et de l'esprit sans laquelle aucune aventure humaine n'est possible.
Gardez toujours en vous cet idéalisme lumineux qu'on trouve dans les chartes que vous avez rédigées, et je suis sûr que l'avenir de la France sera en de bonnes mains. (Vifs applaudissements.)

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