CONVENTION FISCALE AVEC LE GABON

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 219, 1996-1997) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales. [Rapport n° 2 (1997-1998).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Charles Josselin, secrétaire d'Etat à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et le Gabon sont liés actuellement par une convention fiscale en matière d'impôts sur le revenu conclue en avril 1966, mais modifiée par deux avenants successifs en 1973 et 1986.
Le Gabon, bien que son activité économique soit ralentie depuis 1991, reste l'un des Etats les plus riches d'Afrique et a donc entrepris de relancer son économie. La promotion des investissements étrangers figure en bonne place dans ce programme de relance, à côté de la maîtrise des dépenses publiques, de la diversification de son économie par le développement des petites et moyennes entreprises, de la prospection pétrolière et minière, ainsi que de la mise en place d'une politique de grands travaux.
C'est dans ce contexte que les autorités gabonaises ont proposé à la France de renégocier une nouvelle convention fiscale dont la rédaction serait directement inspirée du modèle de convention de l'OCDE que vous connaissez.
La France ne pouvait que répondre favorablement à cette demande, qui aura pour effet de renforcer l'implantation de filiales françaises dans ce pays où nos investissements représentent déjà 75 % du total des investissements étrangers.
La convention signée le 20 septembre 1995 est, comme je l'ai dit, très proche du modèle de l'OCDE. Je n'en développerai donc pas les détails, mais je tiens néanmoins à en souligner quelques points importants.
C'est ainsi que la nouvelle convention limite considérablement les taux de retenue à la source applicables aux dividendes et intérêts reçus par les résidents de France, ce qui n'est pas le cas dans la convention actuelle.
S'agissant de l'imposition des bénéfices industriels et commerciaux réalisés par les entreprises françaises au Gabon, les règles acceptées par cet Etat sont très proches de celles du modèle de l'OCDE, sauf en ce qui concerne le délai au-delà duquel un chantier de construction ou de montage constitue un établissement stable, fixé à six mois dans la convention au lieu de douze mois dans le modèle de l'OCDE.
Cette nouvelle convention est, en soi, le gage d'un renforcement de nos relations économiques bilatérales et, à ce titre, le Gouvernement vous recommande tout particulièrement d'autoriser son approbation.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Répulique gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales, signée à Libreville le 20 septembre 1995, qui est aujourd'hui soumise à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Jacques Chaumont, rapporteur de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la France est actuellement le premier partenaire commercial du Gabon et le premier investisseur dans ce pays.
Nous avons apporté un soutien financier important à ce pays au lendemain de la dévaluation du franc CFA, puisque nous avons accordé 850 millions de francs en prêts d'ajustement structurels.
Chaque année, les interventions de la Caisse française de développement s'élèvent, en moyenne, à 150 millions de francs dans ce pays, qui n'est pourtant pas l'un des plus malheureux d'Afrique.
Je voudrais souligner deux points de cette convention qui m'ont paru plus particulièrement dignes d'intérêt.
Le premier concerne les dispositions de l'article 9 relatives aux prix de transfert.
Un certain nombre d'entreprises, liées entre elles par des relations extrêmement étroites, déterminent leur prix en fonction de considérations fiscales relativement simples : elles majorent les prix là où le niveau de la fiscalité est le plus bas et elles procèdent inversement là où il est élevé.
Ainsi, il y a transfert anormal de bénéfices lorsque les prix ne correspondent pas à ce qu'ils auraient été dans des conditions normales de libre concurrence. Ce sujet n'est pas nouveau. La loi du 12 avril 1996 a permis de renforcer le dispositif interne de contrôle de ces prix de transfert. Il est donc intéressant de noter que le paragraphe 2 de l'article 9 prévoit la possibilité pour un des deux Etats de procéder à un ajustement approprié pour mettre fin à ces pratiques.
Le deuxième point intéressant à noter concerne l'article 30 de la nouvelle convention fiscale.
Cet article permet aux entreprises françaises qui travaillent au Gabon de bénéficier du régime simplifié d'imposition des sous-traitants des entreprises pétrolières prévu par le droit fiscal du Gabon.
Ce dispositif permet, sous réserve de l'agrément donné par le directeur gabonais des contributions, aux sociétés à capitaux étrangers résidentes du Gabon ou aux succursales gabonaises de sociétés non résidentes qui effectuent des prestations de services pour le compte de sociétés pétrolières d'être soumises à l'impôt sur les sociétés au taux normal de 40 %, mais à partir d'un bénéfice évalué forfaitairement à 10 % du chiffre d'affaires hors taxes réalisé au Gabon.
Les sociétés éligibles à ce dispositif peuvent également être dispensées du prélèvement de 5 % calculé sur la base imposable à l'impôt sur les sociétés normalement exigible au profit du fonds gabonais d'investissement.
Les efforts que nous avons faits en faveur de ce pays ne sont donc pas sans contrepartie puisque les entreprises françaises imposables au Gabon et qui sont désormais, pour l'essentiel, concernées par ce régime incitatif pourront continuer à bénéficier de ce dernier.
Mes chers collègues, la commission vous propose donc d'autoriser la ratification de cette convention.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales, signée à Libreville le 20 septembre 1995 et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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