ACCORD AVEC CUBA
SUR L'ENCOURAGEMENT ET LA PROTECTION
RÉCIPROQUES DES INVESTISSEMENTS

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 258, 1997-1998) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Cuba sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (ensemble un protocole). Rapport (n° 315, 1997-1998).
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, sans revenir sur la philosophie générale du projet de loi, j'indiquerai que Cuba, avec onze millions d'habitants, est l'un des principaux marchés potentiels de la Caraïbe.
Ce pays poursuit une ouverture économique très contrôlée, entamée en 1993. Nos investissements y atteignent 180 millions de francs, ce qui reste faible par rapport au stock des investissements étrangers qui atteignent sept milliards de francs. Une cinquantaine d'entreprises françaises sont implantées à Cuba. Le renforcement de nos positions nous semble indispensable pour assurer la pérennité de nos positions dans l'avenir, dans un contexte fortement concurrentiel, et au moment où certaines de nos entreprises sont menacées par les dispositions, que nous refusons, de la loi Helms-Burton. L'accord d'encouragement d'investissements qui vous est soumis est donc particulièrement pertinent.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Cuba sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Rouvière, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le ministre, avant de m'exprimer sur l'accord proprement dit, mais vous l'avez très éloquemment présenté, je souhaite dire quelques mots sur la situation de Cuba et sur son évolution récente.
Nous savons tous que, depuis la prise de pouvoir de Fidel Castro en 1959, la notion de liberté aussi bien individuelle que collective n'existe pas à Cuba. L'opposition intérieure a été décimée par des emprisonnements, des exils et même hélas ! des éliminations physiques.
L'économie, fortement dépendante du bloc soviétique jusqu'à l'éclatement de ce dernier, connaît de grandes difficultés, aggravées par le blocus des Etats-Unis.
La dette extérieure qui excède dix milliards de dollars n'est plus honorée depuis une douzaine d'années. La pénurie frappe la majeure partie de la population.
Toutefois, malgré cette situation, une évolution positive se dessine.
Tout d'abord, le régime politique de Cuba n'est plus à considérer comme une menace depuis la disparition de l'URSS en 1991. De plus, le « leader Maximo » se tourne vers les pays d'Amérique latine, d'Amérique du Nord - hors Etats-Unis - et bien sûr vers l'Europe.
La récente visite du pape confirme cette orientation de Fidel Castro. Elle a permis notamment d'évoquer publiquement, et parfois en présence du chef de l'Etat, le problème de l'absence de démocratie et de liberté.
La nécessité de rompre son isolement, l'impossibilité pour Fidel Castro d'inventer une nouvelle voie, le frisson d'assouplissement de la position des Etats-Unis devraient insensiblement conduire Cuba vers un système politique et économique fondé sur la démocratie.
Sur le plan économique, l'ouverture aux capitaux étrangers est encouragée et fortement souhaitée par Fidel Castro et ses ministres. Ainsi, les Canadiens, les Espagnols, les Mexicains, les Chinois mais aussi les Français investissent à Cuba, particulièrement dans les secteurs du tourisme, des ressources minières et des produits agroalimentaires.
Afin d'élargir et de consolider ces investissements, nous sommes invités à autoriser l'approbation d'un accord d'encouragement et de protection réciproques des investissements signé le 25 avril 1997 entre la France et Cuba.
Dans l'intérêt de la démocratie à Cuba, dans l'intérêt de nos deux pays, je vous invite, mes chers collègues, au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, à approuver cet accord entre la France et Cuba sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements. (Applaudissements sur les travées socialises, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique . - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Cuba sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (ensemble un protocole), signé à Paris le 25 avril 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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