ACCORD AVEC LA GÉORGIE
SUR L'ENCOURAGEMENT ET LA PROTECTION
RÉCIPROQUES DES INVESTISSEMENTS

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 232, 1997-1998) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Géorgie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements. [Rapport (n° 329, 1997-1998)].
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, nous pouvons nous réjouir de la croissance de nos relations économiques avec la Géorgie, où nous sommes parvenus au premier rang des investisseurs étrangers en 1997. Nos échanges bilatéraux augmentent parallèlement.
La Géorgie, qui donne les meilleurs signes de redressement économique avec des chiffres de croissance records au sein de la CEI pour la seconde année consécutive, jouit d'une position stratégique dans le développement des échanges entre l'Europe occidentale et l'ensemble de la région péricaspienne, Caucase et Asie centrale.
Le chef de l'Etat géorgien, M. Chevardnadze, est venu en France à l'occasion du dernier sommet du Conseil de l'Europe et M. le Président de la République se rendra à Tbilissi au mois de septembre prochain.
Les relations politiques comme les relations économiques entre la France et la Géorgie sont en plein progrès. Elles se développent avec une grande constance et beaucoup d'amitié. Elles sont également un facteur de prospérité.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames et messieurs les sénateurs, les quelques observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la Géorgie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation. (Applaudissements.) M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Boyer, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme l'accord franco-moldave dont nous venons d'autoriser l'approbation, l'accord franco-géorgien vise l'encouragement et la protection réciproques des investissements.
Il s'agit, comme pour le précédent accord, d'un texte aux clauses bien connues, dont l'objet est de créer un climat favorable au développement des investissements entre les signataires.
Les parties s'engagent donc à admettre et à encourager les investissements de l'autre pays, à renoncer à toute entrave de droit et de fait et à réserver aux investisseurs de l'autre partie le même traitement qu'aux investisseurs du pays d'accueil, s'agissant notamment de l'indemnisation des dommages subis du fait d'événements tels que guerres, révoltes, révolutions ou conflits armés.
Le présent accord permettra donc à nos investisseurs de bénéficier de garanties non négligeables en Géorgie. Notons que la France était, en 1997, le premier investisseur étranger en Géorgie, que cette situation, même si elle est due à des facteurs conjoncturels, montre que l'on peut miser sur le marché géorgien et que nos investissements doivent y être encouragés.
Certes, on peut s'interroger sur la portée de la stabilisation des conflits en Géorgie, compte tenu de la violence de la guerre civile qui a sévi en Abkhazie - où d'ailleurs n'a pas encore émergé de véritable solution à la sécession abkhaze - et du récent attentat contre le président Chevardnadze.
Malgré les conséquences économiques, non négligeables, de la guerre civile - c'est, en effet, en Abkhazie qu'étaient concentré l'essentiel des activités touristiques et agricoles qui faisaient la prospérité de la Géorgie à l'époque soviétique - il semble que les courageuses réformes mises en oeuvre grâce au chef de l'Etat soient en train de porter leurs fruits.
Selon les spécialistes, la Géorgie disposerait d'atouts économiques intéressants...
M. Alain Gournac. C'est vrai !
M. André Boyer, rapporteur. ... liés notamment à la vocation naturelle de ce pays dans le secteur agroalimentaire. Nos investisseurs sont d'ailleurs relativement présents dans ce secteur.
La commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées a donc émis un avis favorable sur l'adoption du présent projet de loi, qui est susceptible de favoriser la transition postsoviétique en Géorgie et de conforter la situation de nos investisseurs dans ce pays. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'accord dont le présent projet de loi tend à autoriser l'approbation a été conclu le 3 février 1997, à l'occasion de la visite en France du président Chevardnadze.
Il m'est agréable de rappeler qu'à cette époque la Haute Assemblée organisait, avec le concours du CFCE, le Centre français du commerce extérieur, un colloque - c'était alors une première au Sénat ! - sur la situation et le devenir économiques de la Géorgie.
Plus d'une centaine de chefs d'entreprise français y assistèrent et eurent l'occasion d'entendre un grand nombre de spécialistes.
La situation géographique de ce pays est exceptionnelle. Frontalière avec la Russie, la Turquie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan, la Géorgie représente un marché régional qui dépasse les 200 millions d'habitants. Par ailleurs, elle est la voie la plus courte, la plus économique et la plus rapide entre l'Asie centrale et l'Europe.
Cet accord que vous a présenté notre excellent rapporteur M. André Boyer doit notamment permettre le libre transfert des revenus et garantir les investisseurs contre le risque politique.
Président du groupe d'amitié France-Géorgie, je me félicite, avec mon ami M. Jean Boyer et mes collègues membres de ce groupe, de cet accord, qui doit contribuer au développement de l'investissement français en Géorgie.
S'il est important d'avoir présent à l'esprit les événements qui ont jalonné l'histoire récente de ce pays, depuis ces dernières années jusqu'à ces dernières semaines, il est tout aussi important de ne pas perdre de vue que la Géorgie suscite l'intérêt croissant de nombreux concurrents étrangers.
Je suis persuadé que la France a un rôle important à jouer dans cette région du monde. Soyons-en fiers : notre pays, avec sa tradition humaniste et républicaine, est considéré par les Géorgiens comme la vitrine des valeurs occidentales.
Il m'est agréable, à ce sujet, de souligner que notre directeur des relations internationales, M. Bruno Baufumé, était, au début de ce mois, à Tbilissi pour y lancer le programme TACIS de coopération interparlementaire.
Si nous, Français, sommes encore en retard d'un point de vue économique dans ce pays, sachons que nous y sommes toujours très attendus sinon demandés, tant il est vrai que notre culture et notre langue sont familières à beaucoup de Géorgiennes et de Géorgiens.
Le président Edouard Chevardnadze vient de faire publiquement du développement du tourisme dans son pays l'une des toutes premières priorités de l'action de son gouvernement. Les Français, à la différence des Américains et des Autrichiens, sont absents de ce secteur.
Pour ma part, je suis convaincu que la France, en ce domaine, pourrait apporter une assistance technique à la Géorgie pour dresser un état des lieux, élaborer une politique de communication touristique et commencer d'investir.
Quand on sait qu'il y a à Tbilissi, ville culturelle et historique s'il en est, un manque évident d'hôtels deux et trois étoiles, on ne peut s'empêcher de penser qu'il existelà un créneau pour certains groupes français. C'est un exemple, mais il y en a d'autres, relatifs à d'autres secteurs.
Vous l'avez compris, j'aime la Géorgie et le peuple géorgien. J'aime surtout mon pays et je sais que, dans cette région du monde, nous pouvons et devons jouer un rôle qui sera par nature stabilisateur, étant donné notre tradition diplomatique.
Cet accord en ce sens est un accord important, que j'approuve totalement. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Cet accord et le vote qui va intervenir me donnent l'occasion de saluer l'extraordinaire dynamisme, le courage et l'intelligence d'un des fonctionnaires les plus remarquables du Sénat qui fut, pendant plusieurs années, une admirable conseillère de la commission des finances et qui se trouve actuellement en Georgie, au service du développement et de l'intensification de la coopération entre la France et cet Etat ami.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ? ...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique . - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de Géorgie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, signé à Paris le 3 février 1997, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)14