M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
En décembre dernier, un plan de sauvetage de la communauté internationale a été engagé pour sortir certains pays asiatiques, dont la Corée du Sud, de la crise financière qu'ils traversent.
Cette crise a de graves conséquences pour ces pays et présente des risques pour les économies occidentales.
Pour ne citer que la Corée du Sud, il était capital d'intervenir afin que ce pays ne soit pas déclaré en état de cessation de paiement. C'est ce qui a été fait, et l'on sait que le programme d'aide qui a été lancé est le plus important jamais consenti par la communauté internationale. Le FMI est intervenu à hauteur de 57 milliards de dollars, soit plus de 340 milliards de francs au total.
Ce plan a été assorti de contraintes, de réformes à engager pour ce pays, en vue de sa restructuration.
Si l'effort de la communauté internationale vise, comme le déclarait le secrétaire d'Etat au Trésor américain, « à aider la Corée et non pas les investisseurs privés », il conviendrait également que cette aide n'induise pas en retour, pour les pays qui la financent, dont la France, des distorsions de concurrence accrue qui pourraient leur être préjudiciables dans le cadre de leurs marchés.
Vous comprendrez, monsieur le ministre, qu'en ma qualité d'élue de la région de Saint-Nazaire je m'inquiète de telles répercussions pour la construction navale, qui est le deuxième secteur industriel français le plus exposé à la concurrence asiatique. Mais je pense aussi aux secteurs des composants électroniques et de l'automobile. Soumis au libre-échange, ils risquent d'être fragilisés par une concurrence exacerbée que nous aurions nous-mêmes contribué à attiser.
Il serait, à notre sens, nécessaire de réfléchir à la mise en place d'un code de bonne conduite prévoyant que, lorsque des pays reçoivent des aides de la part de la communauté internationale, ces aides ne sauraient être injectées dans des secteurs qui enregistrent des surcapacités de production. C'est notamment le cas de la construction navale, qui est une industrie de main-d'oeuvre.
M. le président. Posez votre question, madame !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je le fais immédiatement, monsieur le président !
La construction navale française serait gravement fragilisée si la Corée du Sud poursuivait, grâce au FMI, sa stratégie expansionniste sur ce secteur industriel.
Je souhaiterais connaître la position du Gouvernement français sur cette question. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget. Madame la sénatrice (Exclamations sur de nombreuses travées. - Mmes Dusseau et Terrade applaudissent) , je voudrais vous dire d'emblée que le Gouvernement est très sensible à la construction navale en général, - il l'a montré récemment en facilitant la commande d'un certain nombre de paquebots - et qu'il s'intéresse à l'ensemble de ce secteur et à la marine marchande. Vous aurez d'ailleurs l'occasion, en examinant le projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, le DDOEF, de mettre en place un dispositif encourageant ces secteurs.
Vous m'avez interrogé sur la Corée. Le programme que le Fonds monétaire international a mis en place pour ce pays exige des réformes de structures importantes. Elles touchent de plein fouet ces grands conglomérats que l'on appelle là-bas des « chaebols » et les obligeront à la fois à assainir leurs relations financières et à tempérer le surinvestissement et la surproduction que vous avez dénoncés, à juste titre.
Il est vrai que la monnaie coréenne a été considérablement déprécée, ce qui, à terme, comporte un risque.
J'étais en Corée il y a quinze jours et j'ai pu constater que les circuits d'importation y sont désorganisés, que les pièces nécessaires à la fabrication des produits à exporter arrivent mal. L'impact immédiat de la dépréciation du won ne sera donc pas aussi fort que prévu.
Il est par ailleurs probable que, dès que la confiance dans l'économie coréenne sera revenue, la monnaie coréenne, comme les autres monnaies asiatiques, se réappréciera. Le Gouvernement veillera à ce qu'il en aille ainsi.
Vous avez parlé d'un code de bonne conduite. Il existe : ce sont les règles de l'Organisation mondiale du commerce. La France veillera à ce que la Corée, comme l'ensemble de ses partenaires et de ses concurrents, les respecte.
Je dirai un dernier mot, monsieur le président, si vous le permettez.
La Corée est certainement un concurrent, mais c'est aussi un client potentiel. Lorsque le programme du FMI sera parvenu à son terme, la Corée redeviendra un marché pour notre industrie. L'exemple du contrat obtenu pour le TGV devrait être suivi par de très nombreuses entreprises françaises. Des emplois pourront ainsi être créés en France si nous nous tournons vers le marché coréen, qui est en train de s'ouvrir aux investissements et aux produits étrangers. Cela fait partie aussi du programme du FMI, et je voulais souligner devant vous ces éléments d'espoir.
M. le président. Monsieur le secrétaire d'Etat, grâce à la rigueur qui m'est souvent reprochée et grâce à la discipline aimable des orateurs, vous serez passé à la télévision quatre fois cet après-midi sans être coupé ! (Sourires.)

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