Séance du 20 mai 1998







ACCORD AVEC LE QATAR SUR L'ENCOURAGEMENT
ET LA PROTECTION RÉCIPROQUES
DES INVESTISSEMENTS
Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 289, 1997-1998) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Etat du Qatar sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (ensemble une annexe). [Rapport n° 355 (1997-1998).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les différents accords d'encouragement et de protection réciproques des investissements proposés aujourd'hui à votre approbation ont pour objet d'établir un cadre juridique sûr, qui permette de favoriser l'activité de nos entreprises.
Les trois textes qui vous sont présentés aujourd'hui sont presque identiques. Ils contiennent les grands principes qui figurent habituellement dans les accords de ce type et qui constituent la base de la protection des investissements, telle que la conçoivent aujourd'hui les pays de l'OCDE. C'est pourquoi j'en rappellerai les principaux traits communs, avant de dire quelques mots sur chacun des pays concernés.
Ces accords contiennent les dispositions suivantes : l'octroi aux investisseurs d'un traitement juste et équitable, conforme au droit international et au moins égal au traitement accordé aux nationaux ou à celui de la nation la plus favorisée ; une garantie de libre transfert des revenus et du produit de la liquidation des investissements ; le versement, en cas de dépossession, d'une indemnisation prompte et adéquate ; la faculté de recourir à une procédure d'arbitrage international en cas de différend ; enfin, la possibilité pour le Gouvernement français d'accorder sa garantie aux investissements que réaliseront à l'avenir nos entreprises dans ces pays.
Comme vous le voyez, les principes auxquels nous sommes attachés et qui fondent la protection des investissements sont inscrits dans les différents textes que nous avons signés.
Je crois également utile de souligner l'intérêt que présentent ces accords dans nos rapports avec les Etats signataires.
Ils procèdent du souci d'offrir la plus grande sécurité possible à nos investisseurs. C'est ainsi que nous avons pu passer des accords de ce type avec plus de soixante-dix autres Etats.
L'accord du 8 juillet 1996 avec le Qatar a été signé avec un Etat dont les ressources en hydrocarbures sont loin d'être négligeables. Ainsi, des entreprises françaises sont impliquées dans l'exploitation du gisement de North Dome, qui représente 6 % des réserves mondiales de gaz naturel, soit le troisième gisement mondial.
Le Qatar constitue pour la France, immédiatement après les Emirats arabes unis, un point d'ancrage important dans la région du Golfe.
Un accord de défense nous lie à ce pays depuis le 1er août 1995 et près de 80 % des principaux équipements et matériels des forces armées qatariennes sont d'origine française.
Enfin l'émir du Qatar, Cheikh Hamad Ibn Khalifa, doit effectuer une visite officielle en France les 2 et 3 juin prochains.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Etat du Qatar sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, signé à Doha le 8 juillet 1996, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Goulet, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'accord d'encouragement et de protection réciproques des investissements signé le 8 juillet 1996 à Doha entre la France et le Qatar se situe dans la lignée des textes analogues qui nous lient déjà à plus de soixante pays.
Il reprend les clauses habituelles dans ce type d'accord, en particulier sur le traitement « juste et équitable » des investissements étrangers, la protection de ces investissements et la liberté des transferts de revenus qui leur sont liés, ou encore l'indemnisation en cas d'expropriation pour cause d'utilité publique.
Il s'inscrit également dans le cadre des relations très étroites que le Qatar entretient avec la France depuis plus de vingt ans.
En effet, dès son indépendance acquise, en 1971, le Qatar s'est tourné vers notre pays, en raison tout autant de la francophilie de ses dirigeants que de fortes convergences de vues entre nos deux États ; très préoccupé par la défense de sa souveraineté et soucieux de mener une politique extérieure indépendante, le Qatar s'est souvent reconnu dans les positions françaises sur la scène internationale, particulièrement pour ce qui est des questions relatives au Moyen-Orient.
Ces bonnes relations ont trouvé une traduction privilégiée dans le domaine de la coopération militaire, puisque les quatre cinquièmes des matériels de l'armée du Qatar sont d'origine française, qu'il s'agisse de blindés, de missiles ou d'avions de combat.
C'est surtout dans le domaine économique que nos relations se révèlent les plus prometteuses.
Je rappellerai tout d'abord que, si le Qatar est l'État le moins peuplé des six pays du Conseil de coopération du Golfe, avec un peu plus de 500 000 habitants, il est aussi l'un des plus prospères, grâce à l'exploitation de ses ressources en hydrocarbures.
Si le pétrole fournit aujourd'hui 90 % des revenus du Qatar et lui assure son haut niveau de vie, à l'avenir, l'essentiel des ressources proviendra du gaz naturel. Le champ gazier de North Field, situé dans le Golfe, dont l'exploitation vient à peine de débuter, permet au Qatar de disposer des troisièmes réserves mondiales de gaz naturel, après la Russie et l'Iran.
Dans ce contexte, nos relations commerciales avec le Qatar ont été marquées par une forte progression des exportations françaises, qui sont passées de 700 millions de francs en 1994 à 1,4 milliard de francs en 1996, alors que, sur les seuls six premiers mois de 1997, le milliard de francs était déjà dépassé. Ce sont, bien sûr, les ventes d'équipements liées à l'exploitation gazière et aux industries pétrochimiques qui sont à l'origine de cette progression.
Ces résultats placent la France au rang de septième fournisseur du Qatar, mais le poids des ventes françaises est plus fort car beaucoup de nos produits transitent par les Emirats arabes unis, d'où ils sont réexportés.
Une trentaine d'entreprises françaises sont déjà présentes au Qatar, surtout dans les domaines de l'équipement militaire et des hydrocarbures, et d'autres encore sont en mesure de postuler pour les projets industriels que le Qatar souhaite développer à partir des revenus gaziers.
Je conclurai en soulignant que ces perspectives renforcent l'intérêt d'un accord d'investissement qui doit faciliter l'implication de nos entreprises au Qatar. Il s'agit aussi de consolider les positions de la France dans ce petit pays avec lequel elle entretient des relations traditionnellement étroites et confiantes, que le Président Chirac a d'ailleurs soulignées lors de sa visite au mois de juillet 1996 et qui seront confirmées, vous l'avez dit, monsieur le ministre - et nous n'en doutons pas - lors de la prochaine venue de l'émir du Qatar à Paris.
C'est pourquoi je vous invite, mes chers collègues, à adopter le présent projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de l'Etat du Qatar sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (ensemble une annexe), signé à Doha le 8 juillet 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(le projet de loi est adopté.)

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