Séance du 26 novembre 1998







M. le président. La parole est à M. Leclerc.
M. Dominique Leclerc. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Plusieurs sénateurs du RPR. Il n'est pas là !
M. Dominique Leclerc. L'été dernier, nous avons appris avec surprise l'accord intervenu entre les bourses de Londres et de Francfort afin de connecter leur deux marchés. Les autorités boursières de ces deux pays ont clairement annoncé leur intention de constituer le noyau d'un marché unique européen.
La place de Paris, qui comptait sur un axe franco-allemand, a été prise de vitesse et marginalisée.
Quatre mois après, le Gouvernement nous annonce que les places de Paris et de Milan vont être associées à cet accord. Mais à quel rang ? S'agira-t-il de strapontins ?
Après l'isolement financier de l'été, nous avons connu l'isolement industriel au début de l'automne.
Le Gouvernement n'avait pas de mots assez durs pour dénoncer et combattre l'éventuel rapprochement entre les groupes aéronautiques anglais et allemand, qui aurait exclu et, par là même, isolé Aérospatiale et Matra.
Aujourd'hui, cest la cacophonie au Gouvernement. Le ministre de la défense s'en tient à cette position, mais le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a annoncé, voilà deux jours, qu'un rapprochement serait peut-être plus simple pour la suite des discussions en vue de la formation d'une société européenne d'aéronautique et de défense.
Ce qui résulte de cette prise de position, c'est d'abord l'isolement de l'industrie française, en dépit de sa qualité ; c'est ensuite et surtout un aveu d'impuissance du Gouvernement face à un accord concernant des entreprises privées, alors même que nos entreprises, dans ce secteur, sont encore publiques.
Autre illustration récente de l'isolement total de nos industries : l'échec des entreprises françaises d'armement sur le marché sud-africain. Que ce soit la DCN - direction des constructions navales - ou Dassault, nos industriels ont eu le sentiment de ne pas avoir bénéficié du soutien actif du Gouvernement. Dans cette affaire, ce sont nos voisins allemands, italiens et suédois qui ont enlevé les marchés. Les observateurs ont attribué partiellement cet échec à des erreurs diplomatiques.
On ne peut que conclure à un isolement accru de nos industries de défense.
Le Gouvernement fait la sourde oreille et déclare que tout cela n'inquiète pas la France.
Ma question est toute simple : une France isolée sur le plan financier, une France isolée sur le plan industriel, est-ce la nouvelle ambition plurielle d'un gouvernement dans l'expectative ? (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le sénateur, Dominique Strauss-Kahn vous prie de bien vouloir l'excuser de ne pas répondre lui-même à votre question : il est retenu, lui aussi, par des obligations diplomatiques.
Vous avez fait état d'un « isolement financier » de la France. Il est vrai que les bourses de Londres et de Francfort ont annoncé bruyamment un rapprochement, et cette initiative privée a inquiété les pouvoirs publics.
En effet, dans notre pays, la bourse et le fonctionnement du marché financier sont à la source de nombreux emplois. En outre, le marché financier apporte à nos entreprises des fonds propres qui leur sont tout à fait indispensables.
C'est pourquoi les pouvoirs publics ont encouragé une mobilisation des acteurs concernés, et M. Marc Viénot, dont vous connaissez la réputation, président de Paris-Europlace, a coordonné les efforts français. Vendredi dernier, s'est tenue une réunion européenne à Paris pour faire avancer ce dossier, ce qui prouve bien que nous ne sommes pas isolés, contrairement à ce que vous avez affirmé.
En ce qui concerne l'industrie aéronautique, il est clair que la France a piétiné entre 1993 et 1997. Elle dispose pourtant de deux pôles d'excellence incontournables : Thomson-CSF et Aérospatiale.
Dès son arrivée, le Gouvernement a tenu à remettre de l'ordre dans le pôle français. Se sont ainsi constitués, autour de Thomson-CSF, un puissant pôle d'électronique de défense et, autour d'Aérospatiale, un important secteur d'aéronautique civile et militaire par arrimage de Dassault-Aviation et par fusion avec Matra-Hautes Technologies.
Ainsi, la France a maintenant les moyens de participer à des pôles européens, alors qu'elle a connu, dans les deux domaines que vous avez mentionnés, une situation de léthargie entre 1993 et 1997. Loin d'être isolée et de se maintenir dans sa quiétude antérieure, la France s'est donc remise en marche : elle est en tête du peloton européen, qu'il s'agisse de la croissance, des industries de haute technologie ou du secteur financier, qui retrouve son dynamisme et auquel nous souhaitons de bénéficier d'une plus grande sécurité que par le passé. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Serge Vinçon. C'est incroyable !

levée de l'embargo sur le boeuf britannique