Séance du 21 janvier 1999







M. le président. La parole est à M. Duffour.
M. Michel Duffour. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, les événements du Kosovo rappellent au monde le caractère explosif de la situation dans les Balkans, comme l'a indiqué M. Pierre Mauroy.
La pression internationale est indispensable pour qu'une enquête du Tribunal pénal international fasse la lumière sur le drame de Racak, identifie les criminels de la tuerie et, si mise en scène il y a eu, mette en garde contre tout acte qui ajoute la haine à la haine.
Les nationalismes sont le poison des Balkans.
Aucune complaisance ne doit encourager les responsables politiques de ces aventures sans issue. Nous regrettons d'ailleurs que la logique du processus de Dayton ait accordé une trop grande place à des chefs qui assoient leur autorité sur leur propension à ressasser des slogans xénophobes.
Nous disons au peuple serbe, que nous respectons autant que ses voisins, que Milosevic et ses alliés mènent le pays de catastrophe en catastrophe, et que c'est de l'intérêt des démocrates de Serbie d'isoler ce pouvoir pour sortir de l'impasse.
C'est le même langage qu'il nous apparaît indispensable de tenir dans tous les Balkans pour isoler les ultra-nationalistes.
C'est dans cet esprit que le parti communiste avance l'idée d'une Conférence européenne sur les Balkans.
Cette conférence aurait pour objet de réunir, avec les Etats européens prêts à apporter leur contribution, tous les pays concernés des Balkans, et d'offrir à ceux-ci un cadre non partisan favorisant la mise à plat de l'ensemble des enjeux posés par cette crise. Ce serait un signal fort lancé aux populations concernées, montrant la disponibilité de l'Europe à leur apporter l'aide économique et politique nécessaire à la stabilisation et au développement de leur pays.
J'aimerais savoir, monsieur le ministre, si les efforts du Gouvernement vont dans ce sens et si une telle initiative vous semble réalisable.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères. Monsieur le sénateur, vous replacez la tragédie du Kosovo, que nous essayons d'enrayer pour en reprendre le contrôle et pour imposer une solution de paix, dans un contexte plus large ; je crois que vous avez raison.
Tout ce que nous faisons par rapport à la question du Kosovo, tout ce que nous faisons pour faire évoluer la nature politique de la Serbie, tout ce que nous faisons sur un autre plan pour faire évoluer la Croatie, qui pose d'autres problèmes, tout ce que nous faisons par rapport à la Bosnie et aux accords de Dayton, qui ont apporté la paix dans la vie quotidienne mais qui n'ont pas résolu le problème de fond, tout ce que nous faisons pour aider l'Albanie à se stabiliser avant de se développer, s'inscrit en effet dans une perspective générale.
Je pourrais, reprenant votre idée, dire que nos actions ont un seul objectif qui est d'européaniser les Balkans. A ce sujet, il faudrait ajouter ce que nous faisons à l'égard des pays déjà candidats à l'Union européenne et à d'autres qui ne le sont pas encore et qui veulent le devenir.
Notre politique d'ensemble est de faire évoluer ces pays, de rétablir entre eux des relations de bon voisinage, en attendant le jour, le moins lointain possible, où ils pourront être considérés comme faisant tout simplement partie de l'Europe, avec tout ce que cela signifie sur le plan de la politique et de la démocratie. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicains et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

ACCORD SUR LES TRENTE-CINQ HEURES A EDF