Séance du 3 mars 1999






CONVENTIONS AVEC LA SUISSE
PORTANT RECTIFICATION
DE LA FRONTIÈRE FRANCO-SUISSE
Adoption de deux projets de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 72, 1998-1999) autorisant la ratification de la convention entre la République française et la Confédération suisse portant rectification de la frontière franco-suisse suite au raccordement des autoroutes entre Saint-Julien-en-Genevois (département de la Haute-Savoie) et Bardonnex (canton de Genève) et du projet de loi (n° 73, 1998-1999) autorisant la ratification de la convention entre la République française et la Confédération suisse portant rectification de la frontière franco-suisse entre le département du Doubs et le canton de Vaud. [Rapport n° 159 (1998-1999).]
La conférence des présidents a décidé que ces deux projets de loi feraient l'objet d'une discussion générale commune.

Dans la discussion générale commune, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la République française et la Confédération suisse ont signé, en 1996, deux accords destinés à modifier le tracé de la frontière.
Le premier accord, relatif à la rectification de la frontière entre Saint-Julien-en-Genevois, dans le département de la Haute-Savoie, et Bardonnex, dans le canton de Genève, a pour objet de situer entièrement en territoire français le pont autoroutier, long de 377 mètres et comprenant deux chaussées de trois voies chacune, qui relie les autoroutes française A 401 et suisse N 1 A.
Dans un souci de rationalité, il avait été prévu, dans l'accord intergouvernemental relatif à ce raccordement, signé à Paris le 27 septembre 1984, que l'entretien de l'ouvrage reviendrait à une seule des parties, en l'occurrence la France, et que l'ouvrage serait situé intégralement sur le territoire de cette dernière.
L'emplacement du pont étant, à l'heure actuelle, situé pour les deux tiers, en territoire suisse, la Confédération doit céder cette parcelle à la France et recevoir, en échange, trois parcelles dont la surface totale est équivalente, soit 81 400 mètres carrés.
Les parcelles françaises sont situées sur les communes de Saint-Julien-en-Genevois et de Viry. Elles appartiennent, pour une part, aux communes et, pour une autre, à des personnes physiques dont deux étaient résidentes en France au moment de la signature de l'accord. Leur consentement a été recueilli en application de l'article 53 de la Constitution.
La convention présente la configuration de l'échange, confie aux délégués locaux responsables de l'abornement le soin de réaliser les travaux résultant de la modification du tracé et stipule que les frais occasionnés par ces travaux seront partagés à parts égales. Enfin, l'obligation française relative au remblayage du site a pu être satisfaite depuis la signature.
La seconde convention, qui prévoit une rectification entre le département du Doubs, au niveau de la commune de Jougne, et le canton de Vaud, commune de Vallorbe, porte sur un échange de terrains de 30 mètres carrés de chaque côté de la frontière.
M. Emmanuel Hamel. C'est beaucoup ! (Sourires.)
M. le président. Monsieur Hamel, veuillez ne pas interrompre M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué. Les autorités suisses ont en effet souhaité étendre leur plate-forme douanière au point frontière La Ferrière-sous-Jougne, en France, et Le Creux, en Suisse, afin d'y recevoir des camions. Des travaux de canalisation du cours d'eau la Jougnenaz ayant été effectués par la partie suisse, l'extension était envisageable à la condition que les deux pays procèdent à une rectification du tracé de la frontière en cet endroit.
Les délégués français et suisses chargés de l'abornement du secteur ont proposé un nouveau tracé, répondant aux intérêts des deux parties, sur la base d'un échange mètre carré pour mètre carré. Cette proposition a été avalisée par la commission mixte d'abornement franco-suisse réunie à Genève en 1995 et entérinée par l'accord international signé à Berne le 18 septembre 1996.
Cette convention, de même que la précédente, présente la configuration de l'échange. Elle confie aux délégués à l'abornement le soin de procéder à toutes les mesures techniques qui découlent du nouveau tracé, telles que la pose des bornes et l'établissement de plans. Elle stipule également que les frais occasionnés par ces opérations seront supportés à parts égales par la France et la Suisse. Souhaitons que ces frais ne soient pas trop considérables !
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appellent, d'une part, la convention portant rectification de la frontière franco-suisse suite au raccordement des autoroutes entre Saint-Julien-en-Genevois et Bardonnex et, d'autre part, la convention portant rectification de la frontière franco-suisse entre le département du Doubs et le canton de Vaud qui font l'objet des projets de loi aujourd'hui proposés à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Dulait, en remplacement de M. Hubert Durand-Chastel, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous mesurez toute l'importance que revêtent ces échanges entre la France et la Suisse ! (Sourires.)
M. Emmanuel Hamel. Un mètre carré est un mètre carré ! (Nouveaux sourires.)
M. André Dulait, rapporteur. J'ai effectivement conscience, mon cher collègue, que la mission qui m'incombre du fait de l'absence de notre collègue Durand-Chastel est fort lourde. (Sourires.)
Les projets de loi qui nous sont soumis autorisent la ratification de deux conventions conclues entre la France et la Suisse le 18 septembre 1996. Elles induisent des modifications de frontière entre la France et la Suisse d'une portée assez limitée.
Ces modifications de frontières entre la France et la Suisse ne sont pas sans précédents : on relève, en effet, cinq rectifications pour la seule période 1959-1973, dues, dans la plupart des cas, à des travaux d'infrastructures, ce qui est le cas des deux conventions qui nous réunissent aujourd'hui.
Dans le premier cas, il s'agit de la canalisation d'un cours d'eau, la Jougne, ou Jougnenaz, selon que l'on est de la région ou non. L'échange de terrain concerne deux parcelles d'une superficie de trente mètres carrés.
Quant à la seconde convention, elle est liée au raccordement des autoroutes française et suisse entre la Haute-Savoie et le canton de Genève. Elle vise à intégrer au territoire français le pont autoroutier qui raccorde les deux autoroutes. La portion de terrain cédée par la Suisse représente une surface de 81 400 mètres carrés, très exactement l'équivalent des trois parcelles cédées en échange par la France.
Ces deux conventions se fondent sur des stipulations voisines, qui renvoient, pour une large part, à l'accord de 1965. Une commission et des délégués chargés de l'abornement feront les travaux nécessaires, qui concernent, en fait, pour ces parcelles, les centres locaux des impôts ou les directions régionales des douanes et des droits indirects.
Les conséquences pratiques de la modification de la frontière franco-suisse entre le département du Doubs et le canton de Vaud se limitent au déplacement d'une borne. Compte tenu de l'importance mineure des travaux matériels et de l'absence de risque de contestation, les travaux prévus ont déjà été effectués par la Suisse. (M. Emmanuel Hamel s'exclame.) Il était important que je vous le dise, mes chers collègues !
M. Emmanuel Hamel. Ce n'est pas normal ! (Sourires.)
M. André Dulait, rapporteur. Les dépenses seront réparties par moitié entre la France et la Suisse.
Mes chers collègues, la commission des affaires étrangères a longuement travaillé sur cette modification du territoire français.
M. Emmanuel Hamel. Ah !
M. André Dulait, rapporteur. A l'unanimité, elle a estimé que cela n'aurait pas de conséquence sur notre politique étrangère vis-à-vis de la Suisse. (Sourires.)
C'est pourquoi je vous propose, en son nom, de ratifier ces deux conventions. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Je saisis l'occasion de ces conventions soumises à notre approbation pour dire mon admiration pour la Suisse, exemple de démocratie dans le monde, et mon souhait de voir approfondies, dans un souci réciproque d'amitié, nos relations avec la Confédération helvétique. (Très bien ! et applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale commune ?...
La discussion générale commune est close.

PROJET DE LOI N° 72

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi n° 72.
« Article unique. - Est autorisée la ratification de la convention entre la République française et la Confédération suisse portant rectification de la frontière franco-suisse suite au raccordement des autoroutes entre Saint-Julien-en-Genevois (département de la Haute-Savoie) et Bardonnex (canton de Genève), signée à Berne le 18 septembre 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

PROJET DE LOI N° 73

M. le président. Nous passons à la discussion de l'article unique du projet de loi n° 73.
« Article unique. - Est autorisée la ratification de la convention entre la République française et la Confédération suisse portant rectification de la frontière franco-suisse entre le département du Doubs et le canton de Vaud, signée à Berne le 18 septembre 1996, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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