Séance du 26 mai 1999






QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Traitement des patients dialysés en Haute-Normandie

554. - 25 mai 1999. - M. Thierry Foucaud attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale sur l'insuffisance et le déficit de moyens matériels et humains nécessaires au traitement des patients hauts-normands qui doivent être assistés par les techniques de dialyse et d'hémodialyse. Cette question n'est pas nouvelle. En 1991, notre regretté collègue, Jean Lecanuet, interpellait le gouvernement de l'époque sur une situation qui se révélait déjà très inquiétante. Un éminent professeur, responsable du service de néphrologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Rouen s'est exprimé publiquement en ces termes : c'est une question de survie. Il partage son avis. La situation de sa région, en ce domaine, est d'une exceptionnelle gravité. La Haute-Normandie est une des régions les moins bien dotées en postes de dialyse. Leur nombre, 43 par million d'habitants, n'a pas été révisé depuis 1983 alors que les malades à prendre en chaque année sur rein artificiel ont doublé en dix ans pour atteindre cent vingt pour une population forte de 1,2 million de femmes et d'hommes. Faute de capacité d'accueil et d'équipes soignantes disponibles certains dialysés doivent se rendre à Lisieux ou à Paris au rythme de trois scéances hebdomadaires. Les professionnels de santé concernés, par l'intermédiaire de la presse régionale, ont lancé un cri d'alarme afin d'appeler l'attention des pouvoirs publics sur le manque d'effectifs dont souffrent les équipements dont ils ont la responsabilité, l'insuffisance de leur moyens et le phénomène de saturation qu'ils engendrent. Pour permettre l'admission de chacun des postulants, des lits de pédiatrie sont occupés par des adultes, des postes doivent être libérés rapidement pour être aussitôt attribués. Les médecins en sont réduits à effectuer des choix. Or, priver un malade de soins revient à court terme à écourter son existence. Vingt sept personnes demeurent actuellement en attente, ce qui met leurs vies en jeu. Soixante postes de reins artificiels en centre lourds sont occupés à 100 % et fonctionnent sans interruption. On en arrive à reserver les soins aux plus jeunes en supprimant ceux de personnes suivies parfois depuis plus de dix ou quinze ans. De tels faits sont dramatiques, insupportables, inadmissibles. Voilà pourquoi il regrette vivement qu'aucune réponse n'ait été apportée à un courrier qu'il lui a adressé le 25 janvier dernier. Il lui demande pourquoi la Haute-Normandie est particulièrement sous-équipée dans le domaine évoqué et quelles dispositions il compte mettre en oeuvre pour remédier à des dysfonctionnements aux conséquences vitales au sens propre du mot.

Gestion des déchets

555. - 25 mai 1999. - M. Alain Vasselle rappelle à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement que depuis la promulgation de la loi n° 92-646 du 13 juillet 1992, la France a initié une démarche de valorisation de ses déchets ménagers dont la concrétisation ne saurait excéder le 1er juillet 2002. Si la recherche d'une meilleure gestion environnementale des déchets ménagers ne peut qu'être encouragée, il apparaît toutefois que les conséquences économiques des projets n'ont pas toujours été prises en compte, et ce, en dépit des obligations réglementaires. La gestion des emballages ménagers semble devoir constituer un cas d'école. En effet, après avoir été annoncés publiquement lors du dernier congrès de l'Association des maires de France en novembre 1998, ce n'est que lors d'une conférence de presse du 26 mai 1999 que les nouveaux barèmes de la société Eco-Emballages ont été agréés. En moins de sept années, le barème des soutiens aux collectivités locales a été revu trois fois, alors que la durée normale d'un agrément est de six ans. Or, au terme de trois agréments, et en dépit d'une évolution à la hausse jamais démentie, il est toujours loisible de s'interroger sur le respect scrupuleux du décret du 1er avril 1992 qui constitue le cadre juridique de l'agrément délivré. En effet, le dernier alinéa de l'article 6 du décret précité précise que « l'agrément fixe les bases des versements par l'organisme agrée en vue d'assurer aux collectivités territoriales le remboursement du surcoût susceptible de résulter pour celles-ci du tri des déchets ». Or, à partir d'une unicité des barèmes de soutien, hormis la qualité de la performance de tri des emballages, la mesure du surcoût n'a pas été prise en compte. L'impossibilité de prendre en compte la notion de surcoût est cependant réelle au vu de la définition de celui-ci qui n'apparaît que dans le glossaire de l'agrément et qui mesure l'écart avec les seuls coûts d'incinération. Ainsi, deux questions se posent : d'une part, comment est-il possible de respecter le décret du 1er avril 1992 en limitant les écarts de coût avec les seuls coûts d'incinération qui concernent moins de la moitié des déchets produits par la population française. D'autre part, chacune des collectivités locales ou chacun des établissements publics de coopération intercommunale constitués à cet effet sont indépendants les uns des autres ; comment est-il possible de traiter la question du surcoût en appréhendant les collectivités locales comme une globalité - ce qui revient à considérer qu'elles disposent toutes des mêmes coûts, ce qui n'est pas le cas -, alors que la société Eco-Emballage signe des contrats avec chacune de celles-ci. Une telle construction, alors que la société Eco-Emballage dispose de plusieurs milliers de contrats avec les producteurs d'emballages, ne peut qu'engendrer une impossibilité récurrente de respecter les obligations réglementaires qui sont les siennes, à savoir la compensation des surcoûts de tri aux collectivités locales. Enfin, ne conviendrait-il pas de s'engager dans la voie du système DSD en Allemagne ? Outre le fait que celui-ci s'inscrit dans la logique du pollueur-payeur défendue par l'Union européenne pour la gestion de cette politique, il permet effectivement, à travers la véritable responsabilisation des industriels, d'engager de façon structurelle la maitrîse de la production des emballages, comme le demande le Conseil économique et social dans son récent rapport consacré à la gestion des déchets ménagers.

Epandage des boues

556. - 26 mai 1999. - M. Gérard César attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la création d'un fonds de garantie sur l'épandage des boues de stations d'épuration. Il craint qu'un tel fonds n'aboutisse à un renchérissement du prix de l'eau à un moment où bon nombre de nos concitoyens s'élèvent contre sa forte progression. Il estime que les assurances communales classiques couvrent déjà les dommages ordinaires, les risques imprévisibles à long terme devant être assumés par l'Etat. Il lui demande de bien vouloir lui indiquer ses intentions en la matière.

Situation des personnels du ministère de la culture

577. - 25 mai 1999. - M. Ivan Renar attire l'attention de Mme le ministre de la culture et de la communication sur la situation des personnels de la culture. Ainsi, depuis le 19 mai dernier, les personnels relevant du ministère : gardiens, guides, personnel commercial et d'accueil poursuivent un mouvement de grève pour l'emploi. 20 000 agents sont employés par le ministère de la culture, deux mille ont un emploi précaire et mille postes manquent pour assurer au mieux les missions du service public. Au moment où les discussions budgétaires sont en cours, il lui demande quelles mesures elle compte prendre afin de répondre aux attentes des salariés désireux d'assurer leur mission de service public dans les meilleures conditions.

Parution des décrets d'application

de la loi sur l'air et biocarburants

558. - 26 mai 1999. - M. Michel Souplet attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur l'application de la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996 dans le domaine des biocarburants. Trois années se sont maintenant écoulées. Où en est la mise en oeuvre de l'article 21 III de cette loi qui stipule qu'un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles le fioul, l'essence et les supercarburants devront comporter un taux minimal d'oxygène avant le 1er janvier 2000 ? La publication au Journal officiel des Communautés européennes de la directive Auto-Oil, le 28 décembre 1998, va dans le sens d'une amélioration sensible de la qualité de l'air dans les villes et affirme l'utilité de l'incorporation d'oxygène pour améliorer encore cette qualité de l'air. De nombreux rapport récents ne manquent d'ailleurs pas de rappeler tout l'intérêt des biocarburants (ETBE produit à partir d'éthanol et BMVH) pour lutter contre la pollution de l'air en réduisant les émissions et limitant l'impact sur l'effet de serre et par conséquent de l'obligation d'incorporation d'oxygène. Toutes les conditions sont désormais réunies pour concrétiser l'orientation décidée par le législateur en 1996 et réaffirmée par la loi d'orientation agricole. Il lui demande concrètement quelles sont les étapes qui restent à franchir pour que le décret fixant le taux minimum obligatoire d'oxygène dans les carburants soit publié avant le 1er janvier 2000 et que soit ainsi respectée la volonté du législateur ?

Lutte contre l'insalubrité des logements

559. - 26 mai 1999. - M. Léon Fatous souhaite interpeller M. le secrétaire d'Etat au logement sur les moyens qu'il entend mettre en oeuvre pour renforcer la lutte contre l'insalubrité des logements. Le rapport de Mme Nancy Bouché qui lui a été remis en octobre derner fait apparaître l'urgente nécessité d'agir en ce domaine : environ 935 000 logements concernés ; développement « d'un marché du taudis » fort lucratif qui se nourrit de la précarité humaine ; ghetthoïsation des quartiers touchés par ce phénomène... Outre ce constat sans concession, cette enquête met à jour certains dysfonctionnements et effets pervers de notre législation. Tel est par exemple le cas des règles qui régissent les aides à la personne - allocations logement et aides versées ou fonds de solidarité pour le logement. Il apparaît que le système du tiers-payant qui consiste à verser directement aux bailleurs ces aides et donc à sécuriser ce dernier face aux risques d'impayés n'est pas assorti en retour de contreparties, notamment en vue d'améliorer le confort des logements. Le rapport propose donc de revoir les conditions d'octroi de ces aides et du tiers-payant au regard des conditions d'habitabilité. Il préconise aussi un certain nombre d'actions visant à renforcer la protection des locataires comme la révision de la grille d'insalubrité de 1971, le renforcement du droit au relogement des occupants ou encore un ensemble de mesures facilitant les travaux de réhabilitation des immeubles concernés. Aussi, avant que le projet de loi sur l'habitat et l'urbanisme ne soit débattu, il souhaite connaître ses orientations sur ce dossier.