Séance du 23 mars 2000







M. le président. La parole est à M. Vallet.
M. André Vallet. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, le 26 mars 1999, lors de votre audition par la commission d'enquête du Sénat sur la situation et la gestion des personnels de l'éducation nationale, vous souhaitiez que « les enseignants, au lieu de s'opposer à des réformes, comme le font certains par habitude depuis un certain nombre d'années, en défilant, en se plaignant que la société ne les reconnaît pas assez, redeviennent ce qu'ils ont été entre 1945 et 1970, c'est-à-dire les moteurs de la réforme ». « Il faut qu'ils occupent cette place », disiez-vous et vous ajoutiez : « On n'ira pas les prendre par la main pour les y mettre. »
Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous n'avez pas été très écouté. Je le regrette, et nous sommes nombreux, au sein du groupe du Rassemblement démocratique et social européen, à le déplorer.
En dix ans, le budget de votre ministère a progressé de 100 milliards de francs. Pendant le même temps, le nombre des élèves a baissé de 30 000, et 43 000 emplois supplémentaires ont été créés. Il est vrai que le nombre d'enseignants qui ne sont pas devant une classe est passé de 30 000 à 70 000, absorbant pratiquement ces créations.
Pendant le même temps, le budget de l'éducation nationale a atteint 18,4 % du budget de l'Etat, contre 15,8 % en 1989.
Etait-il nécessaire, monsieur le ministre, parce que les défilés que vous déploriez ont repris - défilés dans lesquels j'ai aperçu des enfants qui, pour le moins, n'avaient pas à y être - d'abonder l'enveloppe de l'éducation nationale d'un milliard de francs supplémentaires ?
M. le président. Votre question, mon cher collègue !
M. André Vallet. Etait-il nécessaire, monsieur le ministre, d'abandonner votre excellente idée d'annualisation du temps de travail des professeurs des lycées professionnels ?
Etait-il nécessaire, monsieur le ministre, même si des arrière-pensées électorales vous contraignent à opérer des choix qui, d'évidence, ne sont pas les vôtres, de continuer à engraisser le mammouth ? (Applaudissements sur les travées du RDSE, du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, si, par votre question, vous demandez si l'on peut ou si l'on doit réformer l'éducation nationale, ma réponse est claire : oui, il faut la réformer, l'adapter au monde nouveau, il faut donner à tous nos enfants l'égalité des chances !
M. Alain Lambert. C'est vrai !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je veux simplement vous donner un indice : alors que l'accès à l'enseignement supérieur s'est démocratisé, puisque près de 60 % d'une classe d'âge y parvient, le nombre de fils de familles modestes - dans lesquelles j'inclus les instituteurs - qui entrent à l'Ecole polytechnique, à l'Ecole nationale d'administration, à l'Ecole normale supérieure, a décru. Notre enseignement est devenu plus injuste pour les pauvres, pour les plus démunis.
Plusieurs sénateurs du RPR. C'est vrai !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Mon idée a toujours été de rétablir l'égalité des chances partout, entre les enfants mais aussi entre les provinces - c'est pourquoi nous avons élaboré des plans pour les départements et les territoires d'outre-mer et pour la Seine-Saint-Denis - en mettant l'accent sur le mérite - c'est pourquoi, nous avons rétabli les bourses au mérite - qui avaient été abandonnées - pour les élèves d'excellence venant de familles modestes qui préparent les concours des plus grandes écoles.
Vous le savez, monsieur le sénateur, beaucoup de réformes ont été enterrées et, toujours par le biais des mêmes méthodes. Je n'aurais pas la cruauté d'énumérer les réformes de l'éducation nationale auxquelles les noms prestigieux de serviteurs de la République sont associés, mais la mécanique est toujours la même.
Nous avons décidé la réforme et le Gouvernement la poursuit.
Les associations de parents d'élèves, qui représentent plus de votants que d'autres, nous écrivent et nous demandent l'application des réformes. Nous les entendons.
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Certains syndicats d'enseignants demandent, certes pas très fortement, le maintien des réformes. Après les parents d'élèves, le pays qui bouge, celui qui appartient aussi bien à la gauche qu'à la droite la plus dynamique, nous écrit pour demander aussi le maintien des réformes. Par-delà les personnes et la personnalité du ministre, ils sentent bien que c'est la modernisation de notre pays qui est en jeu.
Qu'on ne se trompe pas d'enjeu. Sur quelque banc que vous siégiez, vous devez agir pour que ce pays se modernise et pour aider les réformes de l'éducation nationale. (Bravo ! et applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)

RISQUES ENCOURUS PAR LES PERSONNES
AYANT PARTICIPÉ AU NETTOYAGE DES PLAGES
À LA SUITE DU NAUFRAGE DE L' ERIKA