Séance du 14 juin 2000







M. le président. « Art. 7. - Il est créé, au chapitre II du titre III du livre VIII du code du travail, une section 6 ainsi rédigée :

« Section 6

« Aide à la création d'emploi

« Art. L. 832-7 . - Une prime à la création d'emploi financée par l'Etat est instituée pour les entreprises dont le siège et l'établissement principal sont situés dans un département d'outre-mer, qui contribuent à la diversification des débouchés commerciaux.
« Cette aide est versée aux entreprises agréées par le représentant de l'Etat dans le département, qui, après avis du président du conseil régional, s'assure que l'activité de l'entreprise présente un intérêt pour le développement économique du département.
« L'aide est versée pendant dix ans, de façon dégressive, pour les créations nettes d'emplois postérieures à la date de l'agrément. Son montant et les conditions de sa dégressivité sont fixés par décret.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les modalités d'application du présent article. »
Par amendement n° 193, M. Othily propose, à la fin du premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 832-7 du code du travail, de remplacer les mots : « à la diversification des débouchés commerciaux » par les mots : « à l'accroissement et à la diversification des débouchés commerciaux matériels et immatériels ».
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. Considérant que la rédaction actuelle manque de clarté, je propose d'apporter cette précision qui n'affecte en rien le fond.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des affaires sociales ?
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur pour avis. Sagesse.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement, car il estime que ces précisions ne sont pas utiles.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 193, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 194, M. Othily propose, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 7 pour l'article L. 832-7 du code du travail, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Elle est proportionnelle au chiffre d'affaires que l'entreprise réalise dans les secteurs reconnus comme contribuant à la diversification des débouchés commerciaux départementaux. »
La parole est à M. Othily.
M. Georges Othily. La diversification des débouchés commerciaux ne peut résulter, dans la majorité des cas, que d'un effort progressif. Il est indispensable de soutenir les premières étapes d'une telle évolution. C'est pourquoi il convient de prendre pour base la proportion du chiffre d'affaires correspondant.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des affaires sociales ?
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur pour avis. La commission est défavorable à cet amendement. Il semble préférable que la prime soit forfaitaire pour chaque emploi créé. Cela a l'avantage de la simplicité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
J'ajoute que cet amendement ne saurait, me semble-t-il, être admis par les instances européennes, qui y verraient une aide à l'export. Il s'agit d'un domaine très sensible, sur lequel nous devons négocier avec la Commission européenne. Celle-ci accepte que nous aidions à la création d'emploi, mais pas proportionnellement au chiffre d'affaires.
M. le président. L'amendement n° 194 est-il maintenu, monsieur Othily ?
M. Georges Othily. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 194 est retiré.
Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 133 est présenté par Mme Michaux-Chevry et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 195 est déposé par M. Othily.
Tous deux tendent à remplacer l'avant-dernier et le dernier alinéas du texte proposé par l'article 7 pour l'article L. 832-7 du code du travail par un alinéa ainsi rédigé :
« Le montant, la dégressivité et les conditions de l'aide sont fixés par décret en Conseil d'Etat. La date de départ de l'aide est celle de l'agrément reconnaissant à l'entreprise de nouvelles activités répondant à l'objet du présent article. Elle est attribuée, d'une part, pour les créations d'emplois postérieures à la date de l'agrément, d'autre part, pour des consolidations d'emplois qui ne seraient pas assurées si l'aide n'était pas consentie. »
Les deux amendements suivants sont présentés par M. Jean-Louis Lorrain, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 83 tend :
A. - Après le troisième alinéa du texte proposé par l'article 7 pour l'article L. 832-7 du code du travail, à insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Pour les entreprises ainsi agréées, l'exonération prévue au I de l'article L. 752-3-1 du code de la sécurité sociale est égale à 100 % du montant des cotisations dans la limite du plafond de la sécurité sociale. »
B. - A compléter l'article 7 par un paragraphe ainsi rédigé :
« II. - Les pertes de recettes pour les organismes de sécurité sociale résultant du quatrième alinéa de l'article L. 832-7 du code du travail sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
C. - En conséquence, à faire précéder le début de l'article 7 de la mention : « I. - ».
L'amendement n° 84 vise, avant le dernier alinéa du texte proposé par l'article 7 pour l'article L. 832-7 du code du travail, à insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« L'Etat peut participer au financement des actions visant à favoriser la diversification des débouchés commerciaux des entreprises agréées au titre du présent article. »
La parole est à M. Lauret, pour défendre l'amendement n° 133.
M. Edmond Lauret. Si le point de départ de l'aide ne peut être rétroactif et se situer avant la date d'agrément de l'entreprise, les emplois pris en compte pour le calcul de cette aide doivent être non seulement ceux qui sont créés postérieurement à cet agrément, mais encore ceux qui l'ont précédé et dont la consolidation est subordonnée à un soutien de même nature.
M. le président. La parole est à M. Othily, pour défendre l'amendement n° 195.
M. Georges Othily. Mon argumentation est la même que celle qui vient d'être développée par M. Lauret.
M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur pour avis, pour présenter les amendements n°s 83 et 84 et pour donner l'avis de la commission des affaires sociales sur les amendements n°s 133 et 195.
M. Jean-Louis Lorrain, rapporteur pour avis. La commission estime que le développement des exportations des DOM est indispensable à leur développement économique. Dès lors, il est nécessaire d'optimiser l'exonération des cotisations sociales pour garantir la compétitivité des produits exportés.
L'amendement n° 83 vise, en conséquence, à relever l'exonération prévue à l'article 2 du projet de loi pour les entreprises exportatrices bénéficiant de la prime à l'exportation, l'exonération portant non plus sur 1,3 ou 1,5 SMIC mais sur le plafond de la sécurité sociale, soit 14 700 francs bruts par mois.
L'amendement n° 84 prévoit la possibilité d'une participation de l'Etat au financement des actions visant à favoriser la diversification des débouchés commerciaux des entreprises agréées au titre du présent article.
En ce qui concerne l'amendement n° 133, la commission émet un avis favorable, sous réserve d'ne rectification qui consisterait à proposer l'insertion, après l'avant-dernier alinéa du texte proposé pour l'article L. 832-7 du code du travail, d'un alinéa ainsi rédigé :
« L'aide est également versée, selon les mêmes conditions, pour les emplois préservés dans le cas où un accord d'entreprise ou d'établissement a permis d'éviter des licenciements prévus dans le cadre d'une procédure collective de licenciement pour motif économique.
M. le président. Monsieur Lauret, acceptez-vous la nouvelle rédaction de l'amendement proposée par la commission des affaires sociales ?
M. Edmond Lauret Assurément, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 133 rectifié, tendant à insérer, après l'avant-dernier alinéa du texte proposé par l'article 7 pour l'article L. 832-7 du code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« L'aide est également versée, selon les mêmes conditions, pour les emplois préservés dans le cas où un accord d'entreprise ou d'établissement a permis d'éviter des licenciements prévus dans le cadre d'une procédure collective de licenciement pour motif économique. »
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces quatre amendements ?
M. Jean-Jack Queyranne, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est défavorable à ces amendements, à l'encontre desquels il invoque, en tout état de cause, l'article 40 de la Constitution.
En effet, la commission des affaires sociales propose de relever le plafond des aides.
Quant aux deux autres amendements, ils visent à aider l'entreprise, et non pas à favoriser les créations d'emplois. Ils introduiraient d'ailleurs une entorse aux règles de la concurrence et seraient, à l'évidence, censurés par la Commission européenne.
On ne peut pas à la fois vouloir être dans l'Union européenne et s'en exclure par des mesures d'aide qui sont contraires aux dispositions mêmes du traité.
Par conséquent, j'oppose aux amendements n°s 133 rectifié, 195, 83 et 84 à la fois l'article 40 de la Constitution et le traité de l'Union européenne.
M. le président. L'article 40 de la Constitution est-il applicable ?
M. Michel Sergent, au nom de la commission des finances. Monsieur le président, l'article 40 est applicable aux amendements n°s 133 rectifié, 195 et 84. En revanche, il n'est pas applicable à l'amendement n° 83, qui comporte un gage.
M. le président. L'article 40 étant applicable, les amendements n°s 133 rectifié, 195 et 84 ne sont pas recevables L'amendement n° 83 est recevable.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 83, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des lois.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 77:

Nombre de votants 261
Nombre de suffrages exprimés 244
Majorité absolue des suffrages 123
Pour l'adoption 162
Contre 82

Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 7, modifié.

(L'article 7 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 7