SEANCE DU 3 OCTOBRE 2000


M. le président. Je rappelle au Sénat que nous avons entamé avant le dîner l'examen des amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 8.
Ces amendements, ainsi que tous les sous-amendements, ont été présentés par leurs auteurs.
La parole est à Mme le rapporteur, pour donner l'avis de la commission sur l'ensemble des amendements et sous-amendements.
Mme Annick Bocandé, rapporteur de la commission des affaires sociales. Le sous-amendement n° 38 s'écarte du droit de la négociation collective en subordonnant une décision à un double accord : un au niveau de la branche, un autre au niveau de l'entreprise. En outre, il rigidifie considérablement les possibilités de modification du champ de travail de nuit. Enfin, il est incompatible avec le sous-amendement n° 53 de la commission. En conséquence, la commission émet un avis défavorable.
Le sous-amendement n° 39 n'apporte guère de précisions. La commission s'en remet toutefois à la sagesse du Sénat.
La commission est favorable au sous-amendement n° 30, par cohérence avec la position adoptée par elle lors de l'examen de la deuxième loi sur les trente-cinq heures.
Elle souhaite cependant attirer l'attention du groupe socialiste sur ses conséquences pour les salariés, qui n'y trouveraient pas forcément un avantage évident. En effet, le sous-amendement n° 30 définit le régime juridique applicable aux salariés qui refusent d'être affectés à un poste de travail de nuit. Il prévoit que le licenciement est, dans ce cas, individuel. La précision est importante, car, si la qualification de licenciement économique avait été retenue, un licenciement de plusieurs salariés aurait pu entraîner l'obligation de réaliser un plan social.
Par ailleurs, la rédaction proposée est très proche de celle qui est retenue dans l'article 30 de la loi « Aubry 2 » pour les salariés refusant une réduction de leur temps de travail.
Enfin, j'attire l'attention des auteurs du sous-amendement sur la question de la contribution Delalande. Il serait sans doute nécessaire de prévoir un nouveau cas d'exonération concernant le travail de nuit à l'article L. 321-13 du code du travail.
Sous ses réserves, la commission est, je le répète, favorable au sous-amendement n° 30.
Le sous-amendement n° 31 rectifié est en partie satisfait par la nouvelle rédaction de l'amendement n° 1 rectifié ter . De toute façon, la commission y est défavorable au fond, car il est, en outre, incompatible avec son propre sous-amendement n° 66.
La commission est défavorable au sous-amendement n° 40, estimant qu'il est préférable de laisser aux partenaires sociaux le soin de fixer les contreparties du travail de nuit.
Elle est également défavorable au sous-amendement n° 32, car il est préférable de laisser aux partenaires sociaux le soin de choisir les contreparties, comme cela avait été prévu initialement.
En outre, le paragraphe VI, qui prévoit une surveillance médicale renforcée des travailleurs de nuit répond aux préoccupations exprimées dans ce sous-amendement au regard de la protection des salariés.
Enfin, le sous-amendement n° 32 est incompatible avec le sous-amendement n° 67 de la commission, même s'il a le mérite de garder une cohérence que n'a pas le texte du Gouvernement.
L'amendement n° 41 s'écarte du droit de la négociation collective, en prévoyant la nécessité d'un double accord, l'un au niveau de la branche, l'autre au niveau de l'entreprise. Il est incompatible avec le sous-amendement n° 67 de la commission, pour lequel je demande la priorité. D'où l'avis défavorable de la commission.
La commission est défavorable au sous-amendement n° 42, estimant qu'il est préférable de privilégier le dialogue social par rapport au décret.
En ce qui concerne le sous-amendement n° 43, il ne semble pas opportun de subordonner un accord collectif librement négocié par les partenaires sociaux à l'aval du comité d'entreprise. De plus, ce sous-amendement est incompatible avec le sous-amendement n° 67 de la commission. La commission émet donc un avis défavorable.
De même, la commission s'oppose au sous-amendement n° 33, qui est la conséquence du sous-amendement n° 32, et au sous-amendement n° 34, qui est, en outre, incompatible avec son propre sous-amendement n° 59.
La commission émet un avis défavorable sur le sous-amendement n° 35, car il lui semble préférable de laisser au décret le soin de définir la périodicité de la surveillance médicale. Celle-ci doit en effet être variable selon l'organisation du travail et les secteurs d'activité. Une périodicité semestrielle peut s'imposer dans certains cas mais sans doute pas dans tous.
Le sous-amendement n° 36 apparaît inutile. D'une part, le médecin du travail a déjà libre accès sur les lieux du travail. D'autre part, ses décisions engageant sa responsabilité, il a donc intérêt à s'assurer réellement de la compatibilité des postes de nuit avec la santé des salariés. Cependant, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
La commission est défavorable au sous-amendement n° 45. La rédaction initiale semble préférable, car elle reprend les mêmes exigences que celles qui sont demandées pour les salariés devenus physiquement inaptes à leur emploi et pour les salariés victimes d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle. Il est souhaitable de veiller à la cohérence du code du travail pour des dispositions de même nature.
S'agissant du sous-amendement n° 44, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Le sous-amendement n° 37 rectifié apporte une précision largement inutile, car le troisième alinéa du paragraphe VIII prévoit déjà que le médecin du travail peut demander le reclassement pendant toute la durée de la grossesse. Le sous-amendement n° 61 de la commission apparaît beaucoup plus protecteur pour les femmes enceintes ou ayant accouché.
Je demande donc à Mme Printz de bien vouloir accepter de retirer ce sous-amendement, faute de quoi la commission émettra un avis défavorable.
Le sous-amendement n° 46 apporte également une précision inutile, le médecin du travail pouvant toujours prendre contact avec son confrère en cas de besoin. De plus, il ne faudrait pas favoriser une certaine tutelle sur le milieu du travail. Cela dit, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Enfin, la commission est défavorable à l'amendement n° 50, qui est incompatible avec l'amendement n° 1 rectifié ter .
M. le président. ... amendement n° 1 rectifié ter auquel, je le présume, la commission est favorable sous réserve de l'adoption de ses propres sous-amendements.
Mme Annick Bocandé, rapporteur. Tout à fait, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble des sous-amendements et sur l'amendement n° 50 ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. S'agissant du sous-amendement n° 53, je préfère laisser la référence à la période de vingt-quatre heures à cinq heures, car elle correspond aux termes mêmes de la directive du 23 novembre 1993. Dans la mesure où les deux rédactions produisent, dans les faits, des effets identiques, on aurait pu s'en remettre à la sagesse du Sénat, mais, à titre personnel, j'émets un avis défavorable.
Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 38. Il a entendu fixer les règles applicables au travail de nuit tout en laissant aux partenaires sociaux des éléments de souplesse. Il n'apparaît pas nécessaire de subordonner le déplacement de la période de nuit à un double niveau de négociation obligatoire.
Le Gouvernement est également défavorable au sous-amendement n° 39. La notion d'« organisations les plus représentatives » vise les organisations tant de salariés que d'employeurs qui sont reconnues comme telles au niveau national. La suppression proposée introduit une ambiguïté.
Le Gouvernement est favorable au sous-amendement n° 54. Il correspond à la volonté du Gouvernement, en ce sens qu'il se réfère à la notion communément admise d'organisations syndicales les plus représentatives au niveau national.
Le sous-amendement n° 30 m'amène à formuler une réponse un peu plus longue. C'est en effet une demande de retrait que j'adresse à ses auteurs, demande que je tiens à motiver.
Si je comprends bien l'esprit du sous-amendement du groupe socialiste, je ne crois pas que la formulation retenue soit bonne au regard des garanties à donner en matière de protection des salariés. Or, je ne peux douter que le sous-amendement ait pour objet de renforcer ces garanties.
En effet, d'une part, exclure l'application des dispositions relatives aux licenciements économiques lorsque des salariés refusent la modification de leur contrat de travail aboutirait à écarter l'application de la procédure de licenciement économique dans des hypothèses fréquentes où le passage au travail de nuit procède d'un motif économique. Cela écarterait, en cas de licenciement collectif, l'obligation de plan social, qui constitue une garantie importante, et, en cas de licenciement individuel isolé, ce sont d'autres garanties - je pense par exemple au droit à la convention de conversion ou à la priorité de réembauchage - qui ne pourraient plus jouer.
D'autre part, en l'état actuel de la loi et de la jurisprudence, l'employeur qui est dans l'impossibilité de trouver une autre affectation au salarié et qui procède au licenciement doit, en cas de litige, justifier sa décision devant le juge : il doit établir qu'il avait un motif réel et sérieux de proposer au salarié le changement important qui, comme le passage au travail de nuit, modifie le contrat de travail. Il vaut mieux laisser au juge la liberté d'apprécier la nature et le bien-fondé du motif avancé par l'employeur dans chaque cas.
Nous avons peut-être des analyses différentes, mais, si je formule cette demande de retrait du sous-amendement, c'est que je pense vraiment que ce n'est pas la formulation qu'il propose qui garantit la meilleure protection des salariés.
En ce qui concerne le sous-amendement n° 55, là encore, l'avis du Gouvernement est défavorable.
La possibilité de déroger à la durée maximale quotidienne de huit heures par accord d'entreprise ou d'établissement serait susceptible d'aboutir à des situations inégales entre des entreprises appartenant au même secteur.
En revanche, en ce qui concerne le sous-amendement n° 56, l'avis du Gouvernement est favorable, la rédaction proposée améliorant la lisibilité du texte.
Sur le sous-amendement n° 57, l'avis du Gouvernement est défavorable, car le sujet me semble être d'ordre réglementaire ; or l'amendement gouvernemental prévoit qu'un décret en Conseil d'Etat fixera les modalités de dérogation administrative à la durée maximale quotidienne de huit heures.
En ce qui concerne le sous-amendement n° 66, l'avis du Gouvernement est défavorable.
Le sous-amendement n° 31 rectifié, qui est très important, tend à abaisser le seuil que propose le Gouvernement avec l'amendement n° 1 rectifié ter à 40 heures.
Je dois dire aux sénatrices du groupe socialiste que cet amendement par lequel nous proposons de passer de 44 heures à 42 heures traduit ma volonté de donner les meilleures garanties possible aux travailleurs de nuit.
Je comprends bien leur souci d'aller le plus loin possible. Mais, franchement, je ne peux pas me permettre, ce soir, de prendre sur moi de passer de 42 à 40 heures. Je ne peux que vous dire que je vais procéder à des consultations et que j'ai l'espoir d'aboutir.
Franchement, je ne peux pas m'engager ce soir ; je suis très réservée.
M. le président. Vous êtes contre l'amendement, madame le secrétaire d'Etat !
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. Oui, monsieur le président : le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 40.
Il est également opposé au sous-amendement n° 32.
Le Gouvernement souhaite promouvoir le repos comme une contrepartie obligatoire au travail de nuit, celle-ci étant plus adaptée, je l'ai dit ce matin dans mon intervention, à la pénibilité de cette organisation du travail. Toutefois, cette proposition conduirait à remettre en cause de nombreux accords déjà signés et prévoyant des contreparties sous forme financière.
En conséquence, il me paraît préférable de réserver cette solution pour la mise en place ou l'extension du travail de nuit, qui, au demeurant, a fait l'objet de notre amendement, ce qui vous montre notre volonté d'aller le plus possible vers les protections.
Le Gouvernement est également défavorable au sous-amendement n° 58 de la commission.
Le Gouvernement est par ailleurs défavorable au sous-amendement n° 41. Il a entendu subordonner la mise en place du travail de nuit ou son extension à de nouvelles catégories à la conclusion d'un accord collectif et, à défaut d'accord, à l'autorisation de l'inspecteur du travail. Introduire un double niveau de négociation obligatoire pourrait conduire à fermer la possibilité du recours au travail de nuit dans des secteurs où la négociation de branche n'aboutirait pas alors même que la forme d'organisation du travail correspondrait à un besoin de l'entreprise et serait susceptible d'aboutir par la négociation d'entreprise.
Pour ce qui concerne les contreparties au travail de nuit, le Gouvernement est attaché au principe du repos, étant donné le besoin d'une récupération après la fatigue physique occasionnée par le travail de nuit.
Notre amendement permet déjà d'attribuer des contreparties en repos et en argent, et le Gouvernement souhaite laisser aux partenaires sociaux la faculté d'user de cette dernière possibilité et de préserver les clauses des accords déjà conclus pour les travailleurs de nuit actuellement en poste prévoyant des contreparties uniquement en argent ou en repos.
Mme Hélène Luc. Vous banalisez le travail de nuit, alors !
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. Sur les sous-amendements n°s 42 et 43, l'avis du Gouvernement est également défavorable.
Mme Hélène Luc. Et pourquoi ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. A propos du sous-amendement n° 67, je précise que le Gouvernement a entendu subordonner l'accès au travail de nuit à l'existence d'un accord collectif contenant des contreparties. L'autorisation de l'inspecteur du travail, à défaut d'existence de cet accord, vise à apporter une garantie, notamment de vérification de l'existence des contreparties au bénéfice des salariés concernés. C'est pourquoi je suis défavorable à ce sous-amendement.
J'ai entendu dire tout à l'heure que le sous-amendement n° 33 était d'ordre rédactionnel. Personnellement, je pense qu'il n'est pas seulement rédactionnel. En effet, en cas d'existence d'un accord collectif de branche étendu, ou d'entreprise ou d'établissement, permettant la mise en place du travail de nuit ou son extension, aucune décision administrative n'intervient. C'est donc uniquement l'alinéa général sur les contreparties qui doit être visé par le texte relatif à la décision de l'inspecteur du travail. Je suis donc défavorable à ce sous-amendement.
Sur le sous-amendement n° 59, le Gouvernement émet un avis défavorable.
Le Gouvernement est également défavorable aux sous-amendements n°s 34 et 35.
Mme Hélène Luc. Pourriez-vous expliciter les raisons qui motivent votre avis défavorable ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. Il résulte de nombreux travaux et études scientifiques réalisés ces dernières années que l'efficacité de la surveillance médicale des travailleurs de nuit par la médecine du travail dépend en priorité de l'action sur le milieu du travail. Cette action constitue de manière générale la principale source de valeur ajoutée de la médecine du travail. C'est en effet à partir de la double connaissance des salariés et des conditions concrètes du travail que le médecin du travail peut proposer des corrections portant sur l'organisation du travail et les postes en vue de mieux protéger la santé des salariés.
Pour répondre à l'impact possible du travail de nuit sur l'accomplissement des tâches - la vigilance, la sécurité - et sur la vie personnelle du salarié - je pense aux rythmes biologiques et aux perturbations de la vie sociale - il est essentiel que le médecin du travail étudie particulièrement le contenu et l'organisation du temps de travail, analyse les contraintes et les conditions réelles du travail, la périodicité de l'alternance des postes ou les rythmes des horaires collectifs et des temps de pause. Compte tenu de l'importance de cette action collective, le principe d'une base générale annuelle paraît le mieux approprié, étant précisé, d'une part, que le salarié peut, bien entendu, demander à tout moment à voir le médecin du travail et, d'autre part, que j'envisage de prévoir, dans le décret qui fixera les modalités de la surveillance médicale pour les travailleurs de nuit, une information systématique du médecin du travail sur les arrêts maladie, ce qui permettra à ce dernier d'intervenir sur une base individuelle, de provoquer un contact avec le salarié, et, le cas échéant, d'ordonner des examens complémentaires.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 36. Je suis certes en accord avec les objectifs de ses auteurs, mais l'insertion de cette proposition peut paraître superflue. En effet, le code du travail prévoit déjà un tel dispositif, puisque, aux termes de l'article R. 241-47, le médecin du travail doit consacrer le tiers de son temps de travail à l'action en milieu de travail. Cette action comporte une étude des postes et des conditions réelles de travail dans l'entreprise.
A ce titre, et plus encore dans le cas du travail de nuit, qui appelle une surveillance médicale attentive, le médecin du travail doit se rendre sur les lieux du travail pour y analyser le contenu du poste occupé par le salarié ainsi que ses contraintes.
Sur le sous-amendement n° 45, le Gouvernement émet, là encore, un avis défavorable. Le Gouvernement souhaite en effet s'en tenir, s'agissant du I, à la formulation de son amendement, qui s'inspire de celle qui est déjà utilisée dans d'autres articles du code du travail avec la ré-affectation à d'autres tâches d'un salarié inapte à l'emploi qu'il occupe. Exiger que l'empoi soit exactement similaire au précédent serait, en outre, de nature à provoquer des difficultés pour la mise en oeuvre de l'obligation de recherche de reclassement, notamment dans les petites et moyennes entreprises, voire, de façon paradoxale, à engendrer des licenciements.
De la même manière, prévoir une condition de stabilité de la rémunération est susceptible de compromettre la réalisation du reclassement quand l'entreprise ne pourra proposer qu'un poste alternatif correspondant à la qualification du salarié, mais pas exactement similaire.
En revanche, le Gouvernement est favorable au sous-amendement n° 44.
Ainsi que le prévoit l'article L. 236-4 du code du travail, le chef d'établissement doit présenter, au moins une fois par an, au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail, le CHSCT, un rapport écrit dressant le bilan de la situation générale de l'hygiène, de la sécurité et des conditions de travail dans son établissement. C'est un élément essentiel pour la construction d'une stratégie de prévention dans l'entreprise. Dans la mesure où le travail de nuit, par ses relations avec l'organisation du travail et son incidence sur la thématique de la santé et de la sécurité au travail revêt une importance réelle pour la qualité des conditions de travail, il est utile que ce rapport comporte un développement spécifique à ce sujet.
Le Gouvernement est défavorable au sous-amendement n° 60, car il souhaite ménager la possibilité de prendre les mesures réglementaires qui ne seraient pas connues à ce stade et qui s'avéreraient nécessaires pour l'application des dispositions légales relatives au travail de nuit.
Je demande le retrait du sous-amendement n° 37 rectifié, qui concerne encore un sujet très sensible. Le dépôt, par le Gouvernement, d'un amendement définissant la période pendant laquelle une femme peut bénéficier d'un poste de jour permet de faire coïncider cette période, pour la période postérieure à l'accouchement, avec la durée du congé postnatal, qui peut varier dans les conditions prévues par l'article L. 122-26 du code du travail, pour aller dans certains cas, nous le savons, jusqu'à vingt-deux semaines.
S'agissant de la période qui précède l'accouchement, je suis très sensible aux arguments avancés par le groupe socialiste pour réclamer que la femme enceinte bénéficie, sur sa demande, d'un poste de jour pendant une période de douze semaines avant l'accouchement. Je suis même personnellement très favorable à l'idée de garantir une telle période aux femmes enceintes.
Toutefois, compte tenu des conséquences d'une telle extension, notamment - et je le dis très directement - du point de vue des dépenses prises en charge par la sécurité sociale, le Gouvernement ne peut pas prendre d'engagement formel ce soir et souhaite prendre le temps des consultations et des expertises nécessaires afin de pouvoir donner une réponse à l'occasion de la deuxième lecture du texte.
Je demande également le retrait du sous-amendement n° 61. Le dépôt, par le Gouvernement, d'un amendement définissant la période pendant laquelle une femme peut bénéficier d'un poste de jour, et qui est conforme notamment à la durée légale du congé postnatal, permet d'ajuster la mesure à la durée du congé postnatal dans les différentes durées prévues par l'article L. 122-26 du code du travail, qui peuvent aller jusqu'à vingt-deux semaines.
Dans un premier temps, pour nous aligner sur la convention internationale qui traite de ce sujet, le Gouvernement avait présenté dans son amendement une durée de huit semaines avant l'accouchement et de huit semaines après. Mais, ne pouvant nous limiter à cela, nous avons étendu la période après l'accouchement au moins jusqu'à la fin du congé de maternité postnatal. Reste en suspens - je le disais précédemment - l'allongement avant l'accouchement. Voilà pourquoi, dans le cadre de la même démarche, je souhaite plutôt le retrait du sous-amendement n° 61.
Je suis défavorable au sous-amendement n° 46. En effet, aux termes des articles R. 241-48 et R. 241-49 du code du travail, le médecin du travail est seul compétent pour déterminer l'aptitude d'un salarié à son poste de travail.
En effet, il est le seul à pouvoir rapprocher et analyser l'ensemble des données nécessaires à la détermination de l'aptitude, à savoir les informations à caractère médical concernant le salarié de celles qui sont relatives au poste de travail et aux conditions réelles de travail dans l'entreprise.
S'agissant des femmes enceintes, cette mission du médecin du travail s'exerce dans le cadre d'un dispositif de surveillance médicale particulière tout au long de la grossesse et pendant les deux années qui suivent la naissance de l'enfant. Cela n'empêche nullement le médecin du travail, s'il le juge utile et si le salarié en est d'accord, de prendre contact avec le médecin traitant du salarié.
Le dispositif proposé par le Gouvernement est donc de nature à garantir la protection des femmes enceintes et ne fait pas obstacle à ce que le médecin du travail prenne, le cas échéant, contact avec leur médecin traitant, sans qu'il soit opportun de systématiser ces contacts.
Le sous-amendement n° 62 vise toujours l'allongement du travail de jour. J'en demande le retrait avec le même argumentaire que celui que j'ai avancé pour le sous-amendement n° 61.
En revanche, le Gouvernement est favorable au sous-amendement n° 63, qui est un sous-amendement de cohérence.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 50. Je rappelle que près de 2 millions de salariés du secteur marchand travaillent actuellement la nuit. Conscient de la pénibilité du travail de nuit, le Gouvernement a entendu apporter un certain nombre de garanties à ces salariés, tout en conformant notre législation au droit communautaire. Le recours obligatoire à la négociation collective, l'octroi de contreparties, la mise en place d'une surveillance médicale renforcée, une durée maximale du travail spécifique constituent des réponses concrètes en direction de ces salariés bien plus qu'une interdiction de principe qui serait, de plus, inadaptée à l'activité de certains secteurs comme la santé ou les internats d'enseignement, les transports publics, etc. Le Gouvernement encadre donc le travail de nuit et ne favorise pas son extension.
M. le président. Madame Dieulangard, le sous-amendement n° 30 est-il maintenu ?
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Vous aviez bien compris, madame la secrétaire d'Etat, que ce sous-amendement visait effectivement à préserver les droits des salariés qui refuseraient un travail de nuit.
Une telle modification des horaires de travail peut en effet bouleverser totalement toute une organisation de vie, créant des pressions parfois insupportables et inacceptables pour l'employé qui peut avoir d'excellentes et légitimes raisons de refuser. En cas de refus, le salarié ne doit pas être exposé à une précarité excessive sous le prétexte des seules raisons économiques que ferait valoir l'employeur.
La qualification d'un éventuel licenciement doit garantir un maximum de protection aux salariés dans cette situation.
Mais nous prenons acte, madame la secrétaire d'Etat, de vos explications et de vos assurances, et nous suivrons attentivement l'évolution des contentieux qui pourraient découler de cette disposition.
En conséquence, nous retirons ce sous-amendement.
M. le président. Le sous-amendement n° 30 est retiré.
Madame Printz, maintenez-vous le sous-amendement n° 37 rectifié ?
Mme Gisèle Printz. Nous maintenons ce sous-amendement. Il s'agit en effet pour nous d'une protection essentielle que nous voulons voir appliquer aux femmes enceintes dans la période prénatale.
M. le président. Madame le rapporteur, les sous-amendements n°s 61 et 62 sont-ils maintenus ?
Mme Annick Bocandé, rapporteur. Nous maintenons le sous-amendement n° 61, car il permet un traitement plus favorable pour les femmes qui reprennent leur travail après avoir accouché.
Nous maintenons également le sous-amendement n° 62, pour des raisons de cohérence.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 53 repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le sous-amendement n° 38 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 39, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 54, accepté par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 55, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 56, accepté par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 57, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 66, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le sous-amendement n° 31 rectifié n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 40, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 32, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 58, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. J'en viens à l'amendement n° 67, pour lequel la commission a demandé la priorité.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 67, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les sous-amendements n°s 41, 42, 43 et 33 n'ont plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 59, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, le sous-amendement n° 34 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 35, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 36, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 45, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 44, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 60, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 37 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 61, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 46, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 62, repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 63, accepté par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 1 rectifié ter, modifié.
M. Gérard Cornu. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu. J'ai fait remarquer ce matin à Mme le secrétaire d'Etat que la présentation, au dernier moment, de cet amendement témoignait d'une mauvaise méthode de travail. Pour notre part, sur l'ensemble des sous-amendements qu'il a suscités, nous avons été obligés de faire confiance aveuglément à l'excellent travail de la commission et de son rapporteur, faute de disposer du temps nécessaire pour étudier ces textes en profondeur.
Il faut noter que le nombre des sous-amendements générés par l'amendement déposé par le Gouvernement est pratiquement égal au nombre des amendements portant sur l'ensemble de la proposition de loi.
En clair, cela signifie que cet amendement auraît dû constituer à lui seul un projet de loi de mise aux normes d'une directive européenne.
A ce propos, je tiens encore à attirer votre attention sur un point, madame le secrétaire d'Etat : comment, demain, ou après-demain, nos concitoyens vont-ils appréhender cette proposition de loi sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ? Comment vont-ils interpréter notre travail de législateur ?
Certes, tout le monde était d'accord pour légiférer sur l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Mais, à cause de l'insertion de cet amendement dans la proposition de loi, nos concitoyens vont penser que la première mesure symbole de l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, c'est l'autorisation du travail de nuit des femmes. Je vous assure que, comme avancée sociale, on peut faire mieux !
M. Alain Gérard. C'est génial !
M. Gérard Cornu. Tel est le résultat de la maladresse du Gouvernement.
Je le répète, cet amendement aurait dû faire l'objet d'un projet de loi séparé. En tout cas, l'émergence, dans cette proposition de loi, de ce texte, qui surgit au dernier moment, rectifié quasiment en séance, relève vraiment d'une très mauvaise méthode de travail et témoigne d'une grande désinvolture à l'égard du législateur.
J'espère qu'un tel agissement ne se reproduira plus, car vraiment, pour nous, sénateurs, il est impossible de légiférer dans ces conditions ! (Très bien ! Et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole pour explication de vote.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. La mise en conformité du droit français avec le droit européen s'agissant du travail de nuit, notamment du travail de nuit des femmes, est une nécessité sur le plan juridique et répond à un principe d'égalité entre les hommes et les femmes. Elle exige, pour maintenir la qualité du droit du travail français, que soient offertes aux salariés placés dans cette situation certaines garanties.
Nous sommes donc en plein accord sur le principe et sur la direction générale du texte proposé par le Gouvernement.
Nous ne pouvons cependant voter le texte de cet amendement tel qu'il résulte de nos débats et des transformations que lui a fait subir la majorité sénatoriale. A titre d'exemple, la possibilité pour un chef d'entreprise de décider seul du travail de nuit et d'en informer simplement ensuite l'inspection du travail donnerait lieu à toutes les dérives et est inacceptable.
Nous aurions bien entendu aimé voir nos sous-amendements mieux pris en compte, qu'il s'agisse des maxima hebdomadaires, des garanties en cas de licenciement, des repos supplémentaires et de la protection de la santé des salariés. Non seulement tel n'a pas été le cas, ce qui n'est malheureusement pas une surprise, mais, en outre, ainsi que je le disais, le texte est modifié dans un sens défavorable aux salariés.
Malgré notre accord de principe, nous ne voterons donc pas cet amendement dans sa rédaction actuelle, faisant confiance à la navette parlementaire pour l'améliorer.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 1 rectifié ter, accepté par la commission.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. Je demande une suspension de séance de quelques minutes.
M. le président. Elle est de droit.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-deux heures quarante-cinq, est reprise à vingt-deux heures cinquante.)