SEANCE DU 25 OCTOBRE 2000


RAPPEL AU RÈGLEMENT

Mme Danielle Bidard-Reydet. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à Mme Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet. Mon intervention se fonde sur l'article 36, alinéa 3, de notre règlement.
Selon les dernières nouvelles, le coup de force des militaires a échoué en Côte d'Ivoire. Les parlementaires communistes s'en réjouissent, comme d'autres, je suppose.
Comme beaucoup le redoutaient, le général Gueï avait voulu profiter du contexte troublé pour saisir l'occasion de se maintenir au pouvoir.
Ainsi, Laurent Gbagbo, le candidat du Front patriotique ivoirien, le FPI, est le vainqueur des élections présidentielles.
Les Ivoiriens ont manifestement voulu tourner la page d'un système corrompu, dont les représentants, incapables de proposer une nouvelle perspective au pays, ont pour seule préoccupation la sauvegarde de leurs privilèges. Cette expression de civisme souligne l'aspiration des peuples d'Afrique à peser sur les choix qui les concernent.
Pour éviter durablement l'engrenage du pire, il faudrait à notre avis que les responsables politiques de Côte d'Ivoire, dans toutes leurs composantes, s'accordent - et sans ingérence extérieure - pour dégager un consensus sur un projet national qui tournerait la page d'une prétendue « ivoirité ». Ainsi pourraient être établies des règles, notamment en matière de citoyenneté, écartant les dérives ethno-nationalistes.
Le retour à la stabilité et à la paix civile, qui concerne toute la région, passe par des mesures de relance du développement économique et social.
La France devrait, d'une part, user de son influence pour favoriser ce dialogue entre toutes les forces concernées. D'autre part, monsieur le ministre, ne devrait-elle pas s'engager, avec nos partenaires européens, en faveur du relèvement de ce pays ? Ainsi pourraient être rétablies les conditions d'un retour à la stabilité et à un apaisement des tensions. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes, sur les travées du RDSE et de l'Union centriste.)
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne, ministre des relations avec le Parlement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je peux vous indiquer que notre pays, par l'expression de toutes ses autorités publiques, s'est attaché à ce que le résultat des élections qui sont intervenues dimanche en Côte d'Ivoire soit respecté, en particulier pendant la journée d'hier, où l'on a vu se dérouler une tentative de coup d'Etat après que la commission nationale électorale, qui s'était vu interdire de donner les résultats, eut été soumise à un diktat.
L'évolution à l'heure actuelle en Côte d'Ivoire paraît aller dans le sens du respect du suffrage universel et elle devrait donc conduire à ce que M. Gbabgo, qui a été légitimement élu, prenne ses fonctions, cela dans une atmosphère qui, même si, hélas, il y a eu des morts hier, doit permettre le rétablissement de la paix civile et de la concorde entre les Ivoiriens.
De ce point de vue, le ministre des affaires étrangères a déclaré hier que, si la situation démocratique ne se rétablissait pas, la France en tirerait toutes les conséquences, sur le plan national comme sur le plan européen, en matière de coopération.
Je crois que ce message a été entendu. Dès lors que le pouvoir démocratique sera installé, il est évident que notre pays sera prêt à renforcer, y compris à l'échelle de l'Union européenne, dont il assure actuellement la présidence, le dispositif de coopération qui existe dans le cadre des accords de Lomé-Cotonou.
Je crois aussi que cette grande nation qu'est la Côte d'Ivoire, pays ami avec lequel nous avons des relations historiques et où vivent 20 000 de nos compatriotes, aspire à la paix civile, à la démocratie et au développement ; nous devons tous l'encourager dans ce sens. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE et de l'Union centriste.)

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