SEANCE DU 14 NOVEMBRE 2000


M. le président. La parole est à M. Besson, auteur de la question n° 900, adressée à M. le secrétaire d'Etat au logement.
M. Jean Besson. Monsieur le secrétaire d'Etat, ma question s'inscrit dans le cadre de la volonté politique du Gouvernement de développer l'accès aux logements sociaux, tout en clarifiant les modalités des aides à la personne. Je traiterai plus précisément de la réforme de l'aide personnalisée au logement, l'APL.
Ce système d'allocation mérite certes une harmonisation de ses modalités de calcul, tant le panel de critères et de situations était devenu peu lisible et complexe. Je comprends donc la volonté de clarification du Gouvernement.
Mon mandat d'élu local et ma connaissance des réalités rurales me conduisent toutefois à mettre en évidence une difficulté importante posée par l'application des décrets du 30 janvier 1997 et du 7 juillet 2000 relatifs aux ressources et à l'évaluation forfaitaire des revenus. Ainsi, pour certaines personnes à revenus faibles et précaires, une évaluation forfaitaire est appliquée pour le calcul de leur APL, alors que, précédemment, leurs revenus réels étaient pris en considération et que certains abattements étaient possibles.
Ces personnes se trouvent donc aujourd'hui, en quelque sorte, lésées : alors que leurs revenus n'ont pas augmenté, l'APL qui leur est versée a largement diminué.
Ce dispositif a plusieurs conséquences directes. D'abord, les apprentis, les stagiaires ou les bénéficiaires de CES renoncent à se loger dans des structures sociales car le loyer résiduel leur est inaccessible. Ils trouvent donc des solutions moins coûteuses, au détriment de leurs conditions d'hébergement et de travail.
Par ailleurs, notamment en zones rurales, la fréquentation des foyers régressant fortement, leur existence même est mise en cause. Pourtant, les foyers de jeunes travailleurs jouent un rôle économique et social. Or, dans nos régions, l'équilibre entre l'économie, le social et l'aménagement du territoire est déterminant pour notre avenir.
Je me permets, enfin, d'ajouter que Mme Ségolène Royal, au nom du Gouvernement, lors de la Conférence nationale sur la famille, le 15 juin dernier, s'était engagée envers les ménages à ce que le barème unique pour l'APL ne diminue aucunement les aides qui leur étaient apportées.
Aussi, je reste convaincu que des amendements seront déposés pour que les dispositions que j'ai citées au début de mon intervention soient mises en cohérence avec les objectifs annoncés par le Gouvernement.
Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, de nous informer de votre position à ce propos.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Monsieur le sénateur, votre question aborde deux sujets qui sont de nature différente : les ressources prises en compte pour le calcul des aides au logement et la réforme des barèmes de ces aides décidée lors de la Conférence sur la famille.
En ce qui concerne le premier point, vous faites référence à une mesure prise par le Gouvernement en place en janvier 1997 et qui consiste, dans certains cas, à calculer l'aide au logement en fonction des revenus perçus au moment de la demande au lieu de se référer à la situation financière dépassée de l'année n-1.
Cette modification s'est révélée pénalisante pour les jeunes, le calcul de l'aide ne prenant pas suffisamment en compte l'irrégularité et l'instabilité de leurs ressources. En outre, certaines caisses d'allocations familiales n'ont appliqué cette réforme de janvier 1997 qu'au 1er juillet 2000. Il en résulte actuellement une certaine confusion sur sa date d'entrée en vigueur, ainsi qu'une inquiétude, dont vous vous faites l'écho, quant à ses effets pénalisants, déjà identifiés.
C'est pourquoi le Gouvernement a d'ores et déjà pris la décision, applicable depuis le 1er octobre 2000, d'assouplir les modalités de l'évaluation forfaitaire des ressources pour les jeunes de moins de vingt-cinq ans ayant un contrat de travail à durée déterminée, comme les apprentis, les personnes titulaires d'un CES, contrat-emploi-solidarité, ou d'un contrat de qualification.
Dorénavant, le niveau initial de l'aide sera calculé à partir du dernier salaire mensuel, multiplié par neuf au lieu de douze auparavant, ce qui se traduit par un gain d'aide de 25 %. De plus, une révision du montant de l'aide sera désormais possible tous les quatre mois en cas de baisse d'au moins 10 % des revenus de ces jeunes.
J'en viens maintenant à la réforme des aides personnelles au logement préparée par le secrétariat d'Etat au logement et annoncée par le Premier ministre lors de la dernière Conférence sur la famille.
Cette réforme poursuit deux objectifs : d'une part, harmoniser et simplifier les barèmes de ces aides, qui étaient devenus très complexes avec le temps, d'autre part, améliorer l'équité de ces aides en prenant en compte tous les revenus de la même manière, qu'il s'agisse de revenus de travail ou de minima sociaux comme le RMI.
Ces modifications se font « par le haut », c'est-à-dire qu'aucun bénéficiaire ne verra son allocation diminuer du fait de la réforme. Le gain moyen sera de 1300 francs par an, mais pourra représenter beaucoup plus pour les personnes aux ressources les plus faibles. On a dénombré 4,8 millions de bénéficiaires, pour un coût global de 6,5 milliards de francs.
Les locataires du parc privé qui était pénalisé par le barème de l'allocation logement, moins favorable que celui de l'APL, pourront obtenir un gain voisin de 5 000 francs par an.
L'amplitude des aides accordées est donc assez considérable, mais il s'agit de corriger des inéquités d'amplitude équivalente.
Je crois que vous avez maintenant, monsieur le sénateur, des éléments de réponse très précis sur les deux volets de la question que vous m'avez posée.
M. Jean Besson. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Jean Besson.
M. Jean Besson. Monsieur le secrétaire d'Etat, je suis rassuré par votre réponse, qui me satisfait pleinement.

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