SEANCE DU 16 NOVEMBRE 2000


M. le président. « Art. 39. - I. - Au début de la quatrième partie du code de la santé publique, avant le livre Ier, il est inséré un livre préliminaire ainsi rédigé :

« LIVRE PRÉLIMINAIRE

« INFORMATION DES PROFESSIONNELS
DE SANTÉ

« Chapitre unique

« Fonds de promotion de l'information médicale
et médico-économique

« Art. L. 4001-1 . - Il est créé un Fonds de promotion de l'information médicale et médico-économique à destination des professionnels de santé. Ce fonds est géré par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé prévue à l'article L. 5311-1.
« Le fonds finance ou participe au financement d'actions d'information et de communication en matière de bon usage des produits de santé et de stratégie thérapeutique, notamment de prescription et de dispensation médicamenteuse, arrêtées dans des conditions fixées par décret. »
« Les conditions de fonctionnement et de gestion du fonds sont fixées par décret.
« Art. L. 4001-2 . - Les ressources du fonds mentionné à l'article L. 4001-1 sont constituées par une fraction de la contribution prévue aux articles L. 245-1 à L. 245-6 du code de la sécurité sociale, déterminée par arrêté dans la limite d'un plafond de 10 %. »
« II. - Les dispositions prévues à l'article L. 4001-2 du code de la santé publique sont applicables à la contribution perçue à compter du 1er décembre 2000.
« III. - D'ici au 1er janvier 2003, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé mettra en oeuvre une banque de données administratives et scientifiques sur les médicaments et les dispositifs médicaux visés à l'article L. 165-1 du code de la sécurité sociale, destinée à servir de référence pour l'information des professionnels de santé et des administrations compétentes en matière de produits de santé. Cette base sera rendue accessible au public dans des conditions fixées par décret. Le financement de l'élaboration et du fonctionnement de la banque de données sera assuré sans contribution des entreprises de fabrication, d'exploitation et de distribution des produits de santé. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 32 est présenté par M. Descours, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 71 rectifié est déposé par M. Huriet et les membres de l'Union centriste.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. Descours, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 32.
M. Charles Descours, rapporteur. L'article 39 instaure un fonds de promotion de l'information médicale et médico-économique. Il s'agit, avez-vous dit dans votre intervention liminaire, madame le secrétaire d'Etat, de développer les efforts d'information non liés aux laboratoires pharmaceutiques auprès des prescripteurs de médicaments. Ce fonds serait financé par un prélèvement sur la taxe sur la publicité pharmaceutique, qui est aujourd'hui affectée à l'assurance maladie.
Je me rappelle que l'on nous avait fait miroiter le chiffre de 12 milliards de francs de budget publicitaire. Certes, mais il faut le comparer à ce que l'industrie pharmaceutique rapporte à notre pays. J'aimerais bien savoir d'ailleurs à combien s'élève le budget publicitaire de l'industrie automobile...
Je conçois que le Gouvernement souhaite développer ce type de démarche, mais rien n'empêche aujourd'hui l'AFSSAPS de remplir cette mission.
Si l'AFSSAPS n'a pas les moyens financiers nécessaires, je propose que le budget de l'Etat lui accorde une dotation supplémentaire. Ne déplorons-nous pas depuis le début de ce débat la multiplicité des fonds ? Ce ne serait que le vingt-deuxième ou le vingt-troisième ! C'est le fonds qui manque le moins, si j'ose dire. En tout cas, cela complique encore les circuits.
Par ailleurs, le paragraphe III de l'article 39, qui a été introduit par l'Assemblée nationale, prévoit que l'AFSSAPS mette en oeuvre une banque de données administratives et scientifiques sur les médicaments et sur les dispositifs médicaux.
Objectivement, je ne vois pas en quoi une disposition législative est nécessaire pour créer une banque de données. J'ajoute que prévoir que cette base sera rendue accessible au public dans des conditions fixées par décret est le meilleur moyen qu'elle ne voie jamais le jour, sachant le temps que les décrets mettent pour sortir.
M. le président. La parole est à M. Lorrain, pour présenter l'amendement n° 71 rectifié.
M. Jean-Louis Lorrain. Mon propos rejoint celui de M. le rapporteur. Les sources d'information qui émanent de structures publiques et qui sont facilement accessibles nous semblent suffisamment nombreuses. Elles permettent à ces structures d'élaborer des recommandations à l'usage professionnel, d'en assurer la diffusion et de surveiller et de réglementer la publicité sur le bon usage des médicaments.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 32 et 71 rectifié ?
Mme Dominique Gillot, secrétaire d'Etat. Je rappelle simplement à M. Descours que, même si l'industrie automobile dépense beaucoup pour sa promotion, elle n'est tout de même pas solvabilisée par la sécurité sociale comme l'est l'industrie pharmaceutique !
Par ailleurs, s'il est vrai, je vous le concède, que les médecins sont déjà informés par l'industrie pharmaceutique sur l'utilisation des médicaments, cette information des prescripteurs s'appuie sur un réseau de 15 000 visiteurs médicaux et les laboratoires y consacrent une somme dont l'importance a été rappelée au début de nos travaux.
Le droit des laboratoires pharmaceutiques de promouvoir leurs produits n'est absolument pas contesté. C'est le jeu normal du marché. Mais il nous paraît logique de compléter cette information par une information publique, plus neutre, nous semble-t-il.
L'article 39 de ce projet de loi prévoit que les fonds destinés à la promotion de cette information publique proviendront de la contribution due par l'industrie pharmaceutique au titre de leurs dépenses de publicité. Cet article permettra donc de réaliser des progrès importants dans la diversification de l'information, notamment publique. Le Gouvernement est donc défavorable aux amendements n°s 32 et 71 rectifié.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 32 et 71 rectifié.
M. Bernard Cazeau. Je demande la parole contre les amendements.
M. le président. La parole est à M. Cazeau.
M. Bernard Cazeau. Le dispositif proposé à l'article 39 me paraît constituer un progrès dans la mesure où il instaure une information contradictoire. Dans la société actuelle, toutes les professions, y compris les médecins, ne pourront qu'apprécier cette double information. Si les deux vont dans le même sens, fort bien, mais certains arguments utilisés pour la promotion peuvent ne pas être toujours de nature médicale. Ils peuvent être d'ordre humain, dans un but économique.
L'information contradictoire, à mon sens, ne peut que concourir, elle aussi, à la maîtrise des dépenses. Je voterai donc contre ces amendements.
M. Lucien Neuwirth. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Neuwirth.
M. Lucien Neuwirth. Plutôt qu'une information dirigée par le Gouvernement, je préférerais un développement de la formation continue parce que je suis hostile à toute forme de propagande ou d'information dirigée par quelque régime que ce soit.
M. le président. Nous pourrions peut-être dire « communication » plutôt que « propagande »...
M. Lucien Neuwirth. Pas du tout, je pense que j'ai été clair !
M. le président. C'est votre droit le plus strict.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 32 et 71 rectifié, repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 39 est supprimé.

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