SEANCE DU 24 NOVEMBRE 2000


M. le président. Par amendement n° I-2, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après l'article 200 quater du code général des impôts, il est inséré un article 200 quinquies ainsi rédigé :
« Art. 200 quinquies. - I. Il est institué un crédit d'impôt destiné à encourager l'activité professionnelle, réservé aux contribuables dans les conditions précisées au présent article.
« Les contribuables qui perçoivent à compter du 1er janvier 2000 un revenu d'activité au sens du code de la sécurité sociale peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt.
« Le montant du revenu d'activité déclaré ouvrant droit à ce crédit d'impôt, calculé sur une base annuelle en fonction du nombre d'heures travaillées, ne peut excéder par foyer fiscal la somme de 121 162 F.
« Le montant du crédit d'impôt est, sous réserve du huitième alinéa, calculé en application de la formule suivante, où R représente le revenu d'activité déclaré :
« CI = (121 162 - R)/[12 × (R/67 312)³ ] × (nombre d'heures travaillées/1 600).
« Le nombre d'heures travaillées dans l'année pris en compte pour le calcul du présent crédit d'impôt ne peut être supérieur à 1 600 pour l'ensemble du foyer fiscal.
« Pour le foyer fiscal dont un ou plusieurs membres ont des revenus mentionnés aux articles L. 136-3 et L. 136-4 du code de la sécurité sociale, le nombre d'heures travaillées dans l'année est calculé en multipliant par 133,3 le nombre de mois pendant lesquels l'intéressé a exercé son activité.
« Dans le cas où le revenu d'activité déclaré calculé sur une base annuelle est inférieur à 67 312 F, le crédit d'impôt est égal à 8,3 % du revenu d'activité déclaré.
« Le crédit d'impôt est majoré de 20 % par enfant à charge.
« Le crédit d'impôt total est plafonné au dixième du plafond de revenu pris en compte pour son calcul.
« Le crédit d'impôt est imputé sur l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année au cours de laquelle ont été perçus les revenus mentionnés ci-dessus après imputation des réductions mentionnées aux articles 199 quater B à 200, de l'avoir fiscal, des crédits d'impôt et des prélèvements non libératoires. S'il excède l'impôt dû, l'excédent est restitué.
« Les montants mentionnés au présent article sont révisés en fonction de l'évolution du salaire minimum de croissance.
« II. - Pour l'année 2000, le crédit d'impôt est égal au tiers du produit résultant de l'application des dispositions du I. Pour l'année 2001, le crédit d'impôt est égal aux deux tiers du produit résultant de l'application des dispositions du I. »
« B. - Les pertes éventuelles de recettes pour l'Etat résultant de l'application des dispositions du A ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini. rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ce premier amendement porte sur un sujet tout à fait essentiel.
On l'a dit à de nombreuses reprises, tant au cours de la discussion générale du présent projet de loi de finances que lors du débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, il est absolument indispensable d'avoir une vue globale des deux textes.
Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le Gouvernement a proposé une ristourne dégressive de contribution sociale généralisée et une exonération de la contribution pour le remboursement de la dette sociale en faveur des salaires inférieurs à 1,4 SMIC. Aussi bien la commission des affaires sociales que la commission des finances sont, pour différentes raisons, très critiques vis-à-vis de ce mécanisme. Nous proposons donc d'y substituer un crédit d'impôt sur le revenu : c'est l'objet du présent amendement.
Le dispositif du Gouvernement est excessivement complexe et il vient introduire encore un peu plus de confusion entre les comptes de l'Etat et ceux de la sécurité sociale.
Tout se passe, mes chers collègues, comme si cette confusion était volontairement entretenue, de telle sorte que l'on n'ait plus de vision globale et claire tant des prélèvements obligatoires que de leur évolution.
Le dispositif du Gouvernement est, par ailleurs, injuste à bien des égards, car il crée, pour des situations identiques en terme de revenu, des disparités incompréhensibles dans le traitement.
J'ajoute que le dispositif gouvernemental de ristourne de CSG et d'exonération de CRDS est dangereux pour l'avenir, défaut qui m'apparaît comme rédhibitoire.
En effet, il rompt le lien entre le paiement d'une contribution proportionnelle aux revenus et le bénéfice de l'assurance maladie pour des millions de salariés. La CSG est, par essence, un prélèvement proportionnel sur toutes les catégories de revenus, destiné à permettre le financement des prestations sociales. Avec la ristourne dégressive telle qu'elle est nous est proposée, nous pouvons nous demander si, demain ou après-demain, selon la même source d'inspiration, on ne nous conduirait pas à une fiscalisation de l'assurance maladie ou à une mise sous condition de ressources des prestations de l'assurance maladie. En d'autres termes, nous nous trouverions ainsi engagés, de manière d'abord discrète, puis évidente, dans la voie d'une étatisation de la sécurité sociale, c'est-à-dire d'un complet changement de nature de notre système de protection sociale.
De plus, madame le secrétaire d'Etat, le Gouvernement s'efforce, par ce mécanisme, de transformer la CSG en une sorte de prélèvement progressif, ce qui est contraire, je le répète, à sa nature même.
Enfin, votre dispositif enfermera ses bénéficiaires dans des « trappes à bas salaires » en créant un obstacle à la progression du pouvoir d'achat des salariés, ce qui favorisera leur maintien à un niveau très proche du SMIC.
Après avoir fait cette analyse, nos commissions, d'un commun accord, proposent de substituer à votre ristourne de CSG et à votre système d'exonération de la CRDS un mécanisme différent qui prend appui sur l'impôt sur le revenu.
Dans le but d'accroître l'écart entre les revenus d'activité et ceux qui sont tirés de l'inactivité, la commission des finances vous propose ainsi de jouer sur un mécanisme de crédit d'impôt dont le champ d'application s'étendrait jusqu'à un revenu équivalent à 1,8 fois le SMIC.
Notre objectif, mes chers collègues, est de lutter contre les « trappes à bas salaires » et d'inciter partout à la reprise de l'activité et à la progression salariale en faveur des personnes qui peuvent en bénéficier et qui le méritent.
Par ailleurs, le crédit d'impôt que nous préconisons serait plus favorable aux familles par le biais d'une majoration par enfant à charge. Il n'encourrait pas les mêmes reproches d'injustice que le dispositif du Gouvernement.
En outre, il appartient à l'impôt sur le revenu - c'est son rôle - d'être un instrument non seulement d'équité fiscale, mais aussi de politique familiale.
Au bout du compte, la mesure que nous préconisons et qui fait l'objet de cet amendement nous apparaît comme ayant beaucoup plus d'avantages que celle du Gouvernement. J'ajoute que le dispositif que nous proposons est susceptible de s'appliquer pour un coût tout à fait similaire à celui qui est envisagé par le Gouvernement.
Telles sont, mes chers collègues, les motivations essentielles de cet amendement, qui est vraiment l'un des apports significatifs que nous pouvons réaliser dans le cadre de cette discussion budgétaire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le rapporteur général, l'amendement que vous proposez consiste à substituer au mécanisme de la ristourne de CSG un mécanisme de crédit d'impôt au bénéfice des foyers dont le montant des revenus d'activités ne dépasse pas 1,8 SMIC.
Pour ma part, je suis très heureuse de voir que la commission des finances du Sénat partage l'objectif poursuivi par le Gouvernement d'augmenter le revenu disponible des personnes qui, soit exercent une activité professionnelle faiblement rémunérée, soit reprennent une activité professionnelle.
Cependant, nous ne sommes pas d'accord sur le mécanisme qui est finalement mis en oeuvre, ce désaccord relevant, selon moi, non pas seulement d'un débat d'ordre technique, mais également d'un débat d'ordre politique.
En effet, la CSG est un impôt, mais son produit est affecté au financement de la sécurité sociale. Dès lors, fallait-il privilégier le caractère fiscal de ce prélèvement ou bien son caractère d'affectation à la protection sociale ? Il est vrai que ce sujet fait l'objet d'un débat, et il n'est pas facile à trancher.
Au fond, si le Gouvernement a fait ce choix - et croyez bien qu'il y a mûrement réfléchi, car les avantages et les inconvénients de chacune des solutions se discutent - c'est que, au fond, le mécanisme de la ristourne nous a paru plus adapté à l'objectif poursuivi pour au moins une raison, qui devrait également vous paraître importante : c'était le seul mécanisme qui permettait d'avoir un effet incitatif immédiat - c'est bien ainsi que ce dispositif a été conçu - puisque la traduction de la mesure, si elle est adoptée, sera visible dès la fin du mois de janvier 2001 sur la feuille de paie du salarié.
Or le mécanisme de crédit d'impôt que vous avez imaginé ne permet pas, dans un certain nombre de situations, de restituer au salarié, dans des délais rapides, l'effet d'allégement qui résulte directement de cette mesure. Nous avons même constaté que, dans certains cas, plusieurs mois, voire une année entière, peuvent s'écouler avant que le bénéfice concret de cette disposition puisse être perçu par les bénéficiaires.
Au-delà de ce problème, qui nous a semblé très important, de mise en oeuvre du mécanisme, la philosophie de l'amendement et les curseurs qui ont été retenus par la commission des finances ont pour effet de rendre l'allégement induit beaucoup plus faible, dans la plupart des cas, que celui que le Gouvernement a proposé dans le projet de loi de finances.
De ce point de vue, cet amendement n'encourage pas, contrairement à l'objectif qui est le nôtre, le retour à l'emploi, notamment d'une deuxième personne au sein du foyer. A cet égard, permettez-moi de souligner ce qui est apparu à mes yeux comme une bizarrerie : l'amendement de la commission des finances crée une distorsion entre les couples mariés et les couples non mariés, paradoxalement au profit des seconds. En effet, deux concubins qui auraient un revenu d'activité égal au SMIC bénéficieraient d'un avantage de près de 9 000 francs, alors qu'un couple marié disposant des mêmes revenus serait exclu du dispositif.
Je ne veux pas polémiquer sur ce sujet. Laissez-moi simplement vous dire, encore une fois, que nous cherchons à atteindre les mêmes objectifs : alléger les charges pesant sur les bas salaires, afin de permettre à ceux qui n'ont pas d'emploi d'en retrouver un et à ceux qui en ont un faiblement rémunéré de voir leur pouvoir d'achat augmenter.
Je crois sincèrement que le dispositif proposé par le Gouvernement est plus juste, plus cohérent et aussi plus compréhensible par les bénéficiaires du dispositif, ce qui, en matière fiscale, je pense que vous serez d'accord avec moi, reste tout de même un point d'une grande importance. C'est la raison pour laquelle je demande le retrait de cet amendement. Dans le cas contraire, j'émettrais un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-2.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Ce débat est important. Même si nous sommes d'accord, les uns et les autres, sur l'objectif de réduction de la « trappe d'inactivité » que poursuivent les deux mécanismes en concurrence - la ristourne dégressive sur la CSG ou le crédit d'impôt proposé par la commission des finances - la solution présentée par la commission me paraît préférable à la fois pour des raisons techniques et pour des raisons politiques.
Sur le plan technique, si j'ai bien compris, la ristourne dégressive introduit la progressivité au sein de la CSG. Or tout le monde sait que, lorsqu'un impôt est progressif, pour qu'il puisse être établi valablement, il faut connaître la totalité des revenus, en l'espèce les revenus salariaux, et la situation familiale du foyer fiscal.
On a bien vu, lors de la discussion à l'Assemblée nationale, qu'il existait une difficulté majeure dans le mécanisme de la ristourne dégressive en cas du pluriactivité : il faut pouvoir additionner les revenus partiels d'une personne qui travaillerait, par exemple, à temps partiel à 0,7 SMIC dans une entreprise et à 0,7 SMIC dans une autre. C'est très complexe dans le cadre de la CSG !
De la même façon, si vous vous voulez tenir compte de la situation familiale dans le dispositif, peut-être en débarrassant le texte de la commission de certaines scories, cela n'est réalisable qu'au niveau de la globalisation des revenus du foyer fiscal, donc dans le système de crédit d'impôt sur l'impôt sur le revenu.
Par conséquent, sur le plan technique, le système du crédit d'impôt est préférable.
Sur le plan politique, le rapporteur général a parfaitement expliqué - et je partage tout à fait ce point de vue - que l'impôt proportionnel général était la caractéristique exigible d'un impôt affecté à la sécurité sociale.
Cela étant, j'ai bien entendu les propos tenus par Mme le secrétaire d'Etat et je ne comprends pas que, dans le cadre de cette réforme de l'impôt sur le revenu, qui constitue tout de même l'un des objectifs de cette première partie du projet de loi de finances, les propositions du Conseil des impôts n'aient pas fait l'objet d'une étude. Celui-ci proposait à la fois une CSG non déductible, la suppression de l'abattement de 20 % et, surtout, la retenue à la source. Or la difficulté signalée par Mme le secrétaire d'Etat - le décalage entre la perception du salaire et le crédit d'impôt - tient essentiellement au fait que nous n'avons pas de retenue à la source en matière d'impôt sur le revenu. Dès lors, la solution du crédit d'impôt aurait eu tous les avantages ! Je regrette que ce débat n'ait pas eu lieu. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)

M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. A la suite des remarques formulées par Mme le secrétaire d'Etat et afin que le débat soit complet, j'apporterai quelques éléments de réflexion supplémentaires.
S'agissant de l'équité sociale, le dispositif qui porte sur la CSG et sur la CRDS est injuste si l'on compare la situation des différentes catégories de ménages et celle des monoactifs et des pluriactifs.
Prenons l'exemple de deux conjoints payés au SMIC : ils disposent d'un revenu annuel d'activité de 134 626 francs et, avec votre système, ils bénéficent d'un gain de 12 960 francs. Prenons maintenant le cas d'un couple dans lequel une seule personne travaille, celle-ci étant payée à 1,4 SMIC : par définition, le revenu sera moins important, soit 94 238 francs, et l'avantage s'élèvera à zéro franc. Ainsi, dans le premier cas, le gain sera de 12 900 francs pour 134 000 francs de revenus et, dans le second cas, il sera de zéro franc pour 94 000 francs. Où est la justice ?
Je vous citerai un autre exemple : pour un emploi à temps plein payé 1,4 SMIC - c'est la référence que j'évoquais à l'instant - soit 94 000 francs de revenu d'activité, le gain sera de zéro franc ; pour deux emplois à temps partiel payés 0,7 SMIC chacun, ce qui est concevable, par exemple pour un pluriactif - par hypothèse, on retiendra le même revenu de 94 000 francs - le gain annuel s'élèvera à 9 072 francs. Par conséquent, pour des revenus identiques, dans un cas, le gain est de zéro franc et, dans l'autre cas, il est de 9 072 francs.
Le troisième point de mon intervention concerne l'aspect familial du dispositif. Je prendrai l'exemple du célibataire, du couple sans enfant et du couple avec un, deux ou trois enfants.
Votre système, madame la secrétaire d'Etat, prévoit une dégressivité totale. Celui qui gagne le plus, c'est le célibataire : par unité de consommation, donc pour un foyer gagnant un SMIC, il bénéficie d'un gain de 6 480 francs. Pour un couple sans enfant, le gain n'est plus que de 4 380 francs. Lorsque le couple a un enfant, le gain tombe à 3 600 francs, avec deux enfants à 3 085 francs et, avec trois enfants, à 2 700 francs. Madame la secrétaire d'Etat, c'est un système complètement régressif ! C'est exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire.
Pour ce qui est du délai de mise en oeuvre du crédit d'impôt, ce point a été abordé avec d'autres le 14 novembre dernier, lors de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale : Elisabeth Guigou, en sa nouvelle qualité de ministre de l'emploi et de la solidarité, a soulevé la même objection que vous.
Toutefois, nous avons vu cette question et je me permets de vous faire remarquer que le dispositif que nous préconisons porte sur les revenus de l'année 2000, déclarés en 2001. Par conséquent, dès le premier acompte de l'impôt sur le revenu du 15 février, il sera possible de tenir compte du crédit d'impôt ou, en tout cas, d'une partie de ce crédit d'impôt, selon la déclaration qui sera faite par les contribuables. Il n'est pas vrai que l'on doive attendre quinze mois pour que les intéressés bénéficient concrètement de la mesure.
Mais Mme Guigou, à cette même occasion, a avancé un autre argument, que j'ai trouvé, pour ma part, assez surprenant. Notre système était, selon elle, trop lourd à gérer et il lui semblait préférable, dans le cadre du dispositif gouvernemental CSG-CRDS, que ce soient les employeurs, pour les salariés, et les organismes de recouvrement, URSSAF ou Caisse de mutualité sociale agricole, qui appliquent la mesure.
J'avoue avoir été très surpris de cette présentation des choses : la mesure est techniquement aussi complexe que la nôtre, ni plus ni moins, mais Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité préfère que le coût de la gestion de cette complexité repose sur les entreprises et les partenaires sociaux, alors que, dans notre système, ce sont les services fiscaux qui l'assument.
Il est assez choquant de constater qu'une mesure technique complexe, considérée, par ailleurs, comme de nature à conduire au retour du développement de l'activité est jugée trop complexe pour les services fiscaux, mais pas pour les entreprises et les partenaires sociaux !
D'ailleurs, j'ai noté avec intérêt que Mme le secrétaire d'Etat au budget ne reprenait pas cet argument, invoqué le 14 novembre dernier.
Il convient de faire très rapidement justice de ce dernier argument.
Il y a un point sur lequel nous sommes parfaitement en accord avec vous, madame le secrétaire d'Etat : le débat est ici d'ordre politique, très peu d'ordre technique. La technique, on y arrive par une voie ou par une autre, mais ce que nous traduisons, par notre approche, c'est une vision différente du système fiscal et des prélèvements obligatoires.
Nous tenons beaucoup au retour de l'activité. Avec le président Alain Lambert, voilà quelques mois, nous avons déposé une proposition de loi visant à établir un revenu minimum d'activité, c'est-à-dire à recycler dans le système des entreprises marchandes des revenus qui, aujourd'hui, sont des revenus d'assistance, qu'il s'agisse du revenu minimum d'insertion, le RMI, ou de l'allocation de solidarité, l'ASS, versée par les ASSEDIC spécifique.
Nous avons fait des propositions très précises de ce point de vue. Bien entendu, si je puis évoquer la cohérence de notre raisonnement, celui-ci repose, d'une part, sur l'incitation au retour à l'activité, donc sur l'activation des dépenses d'assistance, pour autant que cela soit possible, afin qu'une partie des bénéficiaires de ce revenu puissent revenir dans le monde de l'entreprise et occuper de vrais emplois et, d'autre part, sur le système de crédit d'impôt qui étend son domaine d'application jusqu'à 1,8 SMIC, nous permettant d'établir une courbe des avantages plus cohérente au regard tant des revenus des intéressés que de leur situation de famille.
Voilà, mes chers collègues, les quelques précisions et arguments que je voulais ajouter à ce stade du débat. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.) Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le rapporteur général, nous sommes assez clairement opposés à l'amendement que vous nous présentez, au nom de la commission des finances, fût-il paré des couleurs de la logique et de l'équité entre ménages imposables.
Vous nous invitez à opter, dès l'imposition des revenus 2000, pour un crédit d'impôt en lieu et place de la ristourne de CSG et de CRDS que proposait de mettre en oeuvre le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
J'observe d'ailleurs que l'exercice auquel vous vous livrez présente tout de même un petit défaut, car il n'a plus vraiment lieu d'être à quelque jours de l'adoption définitive dudit projet de loi de financement.
M. Yves Fréville. C'est vrai ! On verra ce que le Conseil constitutionnel dira !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Reconnaissons, néanmoins, son intérêt spéculatif.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, de contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Nous verrons !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le crédit d'impôt qu'il nous est proposé de mettre en oeuvre s'attache, en effet, à la situation de l'ensemble des revenus d'activité.
On observera que sa portée est donc plus « universelle » que celle de la ristourne créée par le projet de loi de financement, et qu'il a donc comme spécificité de concerner de la même manière contribuables imposables et contribuables non imposables.
En clair, dans des limites admises, même les cadres salariés des plus grandes entreprises bénéficieront d'un plus ou moins grand crédit d'impôt.
Bien entendu, votre proposition, monsieur le rapporteur général, pouvait présenter une difficulté : celle de ne pouvoir éventuellement être totalement imputable sur la cotisation d'impôt, si l'on restait sur la base d'un crédit non remboursable, comme c'est le cas pour certaines réductions d'impôt.
Il convenait donc de faire en sorte que se crée, dans notre pays, une forme d'impôt négatif, assez directement inspirée d'études fournies, en leur temps, par quelques économistes libéraux qui estiment que ce procédé pourrait constituer une partie de la réforme de notre système de prélèvements.
Cela pose néanmoins une question qui n'est pas secondaire : un crédit d'impôt, notamment quand il est remboursable, n'intervient qu'une fois effectivement constaté l'état de la cotisation effective de chaque contribuable.
Pour être tout à fait claire, je précise que cela revient à placer les contribuables dans une situation variable en fonction de leur cotisation effective au titre de l'impôt sur le revenu.
Si les contribuables sont imposables à la moyenne observable, on peut escompter que ce crédit d'impôts soit imputable sur chacun des acomptes provisionnels, qu'ils soient ou non mensualisés.
Mais, pour les contribuables non imposables, cela ne sera possible effectivement qu'une fois disponible leur avis de non-imposition, c'est-à-dire au milieu de l'été.
La même observation vaut, au demeurant, pour les contribuables acquittant pour la première fois leur cotisation, et je pense ici aux jeunes salariés (Mme le secrétaire d'Etat opine.)
Quant à la récupération du trop-perçu d'impôt, elle peut raisonnablement être escomptée pour l'automne 2001.
Madame le secrétaire d'Etat, si le dispositif prévu par le projet de loi de financement n'avait pas que des qualités, il avait au moins l'avantage d'être perceptible dès le 1er janvier 2001, pour l'ensemble des salariés concernés.
Je ne suis pas certaine que le dispositif qui consiste à rendre des smicards ou des pères de famille nombreuse mal payés créditeurs gratuits du Trésor public soit nécessairement le plus indiqué et le plus populaire pour garder toutes leurs vertus à la contribution sociale généralisée et à la contribution pour le remboursement de la dette sociale que les politiques récessives que vous avez soutenues, monsieur le rapporteur général, ont accrues de 1993 à 1997.
M. Jean Arthuis. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Je voterai l'amendement de la commission des finances.
M. Philippe Marini a exposé avec brio ses arguments, et il emporte ma conviction. Je regrette que Mme Beaudeau ne puisse pas s'y rallier et qu'elle exprime une sorte de fatalisme par rapport à la décision du Conseil constitutionnel.
La progressivité de l'impôt n'a de justification que si l'on prend en compte l'intégralité des revenus du contribuable. Or, dans le cas particulier, il me paraît hautement considérable que l'on puisse introduire une progressivité sur un segment du revenu. Ce seul argument suffisait à lui seul, mais les autres, de nature technique, sociale, familiale, me convainquent.
Madame le secrétaire d'Etat, les gouvernements qui se sont succédé dans les années quatre-vingt-dix ont procédé implicitement à une réforme fiscale fondamentale, celle de l'impôt sur le revenu, en instituant une fraction proportionnelle et en maintenant une fraction progressive. Cette réforme fondamentale a mis la France en harmonie avec les autres pays de l'Union européenne. Et voilà qu'à l'occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale, on vient briser cette dynamique.
Eh bien, madame le secrétaire d'Etat, j'espère que le Gouvernement finira par se ranger aux arguments du Sénat et de sa commission des finances. Pour ma part, je n'hésiterai pas un seul instant à voter cet amendement. Et j'espère, madame Beaudeau, que le Conseil constitutionnel nous aidera à préciser de nouveau les principes fondamentaux. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je voudrais vous dire, mesdames, messieurs les sénateurs, combien je suis positivement touchée par les propos qui s'échangent au sein de cet hémicycle, car j'ai en mémoire les conditions dans lesquelles la contribution sociale généralisée a été instituée par Michel Rocard, il y a quelques années.
Si mes souvenirs sont exacts, nous ne baignions pas, alors, dans l'unanimité, comme c'est le cas aujourd'hui, ce dont je me félicite.
Il est vrai que ce nouvel impôt était effectivement révolutionnaire dans sa conception.
M. Jean Arthuis. Eh oui !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les exemples cités tout à l'heure par le rapporteur général sont tout à fait éloquents. Ils traduisent « en creux » l'objectif numéro un du Gouvernement. Car, oui, monsieur le rapporteur général, il s'agit effectivement d'une mesure pour l'emploi.
Mais je reprends vos chiffres, que j'ai soigneusement notés.
Pour un salarié dont le salaire équivaut à 1,4 SMIC avec un conjoint inactif, soit 94 000 francs de revenu, zéro franc d'avantages ; pour deux personnes percevant 0,7 SMIC chacune, 9 000 francs d'avantages, pour le même revenu. Eh bien, oui ! dans un cas, il y a un emploi et, dans l'autre, il y en a deux. Et c'est exactement ce que le Gouvernement a voulu encourager.
De ce point de vue, je crois donc que nous sommes en cohérence parfaite avec la logique qui nous a animés.
Vous avez mis l'accent sur le fait que cette mesure ne comportait pas de dimension familiale. Une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés lorsque nous modifions un des éléments de la construction fort complexe de notre édifice fiscal, c'est qu'en général nous poursuivons plusieurs objectifs en même temps.
Cette fois-ci, l'objectif est clair, c'est l'emploi.
M. Yves Fréville. La trappe à bas salaires !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je le redis, nous voulons que cette mesure soit efficace pour l'emploi. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas poursuivi plusieurs objectifs en même temps, considérant que, pour ce qui concerne la politique familiale, la France est dotée d'un système de protection familiale important, étoffé, beaucoup plus étoffé, d'ailleurs, que dans la plupart des autres systèmes européens, et que, pour les contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu, la « familialisation » du barème prend en compte cette dimension.
Je terminerai en reprenant les observations extrêmement justes faites par Mme Beaudeau sur le caractère perceptible de cette mesure.
On a plaidé en faveur du crédit d'impôt en indiquant qu'on aurait pu, après tout, envisager d'appliquer cette mesure sur les revenus de l'année 2000, donc déclarés au début de l'année 2001. Cependant, notre objectif étant l'emploi, quel serait l'effet incitatif d'un dispositif dans le cadre duquel les revenus imposés auraient été perçus l'année précédant sa mise en place ?
A l'inverse, comme Mme Beaudeau l'a très bien dit, dans le dispositif que le Gouvernement préconise, si un salarié trouve un emploi le 1er janvier de l'année 2001, moins de vingt-huit jours plus tard, il constatera, sur sa feuille de paye, le bénéfice de cet allégement. Dans la situation qui correspondrait à celle de l'amendement que vous proposez, monsieur le rapporteur général, il faudrait effectivement attendre le début de l'année 2002 pour que ce même salarié puisse bénéficier de cet allégement.
Je crois véritablement que cette considération méritait d'être prise en compte et, parmi tous les arguments que l'on pouvait développer en positif ou en négatif sur les deux systèmes, c'est vraiment celle-là qui a prévalu. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Philippe Nogrix. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Madame le secrétaire d'Etat, il est vraiment très révélateur de vous entendre cet après-midi.
D'abord, nous sommes, en effet, désormais convaincus que vous êtes en train de créer une trappe - que dis-je ? - peut-être un piège à bas salaires. En effet, nous avez-vous expliqué, vous privilégiez les petits salaires de 0,7 SMIC et il vaudrait mieux en avoir deux au lieu d'avoir un salaire de 1,4 SMIC.
Par ailleurs, vous êtes totalement insensible à l'argument de M. le rapporteur général sur l'aspect anti-familial de ce que vous nous proposez. M. Marini a été très clair dans ses propos, les illustrant par des exemples. C'est ainsi que l'on comprend le mieux.
Pour ces deux raisons, il est bien évident que je ne pourrai vous suivre, madame la secrétaire d'Etat, et que je voterai l'amendement qu'il a présenté. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaiterais apporter brièvement quelques précisions pour que notre information soit bien complète.
Notre collègue Jacques Oudin, dans son rapport pour avis sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2001, cite un avis récent du Conseil des impôts : « Il serait notamment dangereux, quelles que soient les vertus économiques présumées d'une telle réforme, de créer un abattement sur la CSG. » Le Conseil des impôts estime qu'il reste nécessaire de ne pas personnaliser cet impôt. Il ajoute : « Surtout, une telle réforme constituerait un précédent contestable, remettant en cause la nature même de la CSG. Il est en effet particulièrement difficile de personnaliser la CSG, impôt cédulaire qui - M. Jean Arthuis l'a dit - « prend en compte non pas le revenu global du foyer fiscal, mais uniquement les revenus catégories pris isolément ».
Madame le secrétaire d'Etat, vous nous dites que l'objectif de votre dispositif, c'est l'emploi. Mais, apparemment, c'est l'emploi mal payé,...
M. Philippe Nogrix. Bien sûr !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... et c'est ce que nous nous efforçons de dénoncer.
Il faut effectivement mettre en place, dans notre pays, un système efficace pour inciter au retour à l'activité. Je souhaiterais beaucoup, monsieur le président, mes chers collègues, que nous puissions débattre prochainement de notre proposition de loi sur le revenu minimum d'activité, car, je me permets de le dire à nouveau, cela forme un tout.
Enfin, madame le secrétaire d'Etat, comment justifier les effets de seuil, qui sont considérables dans le dispositif que vous préconisez ? En effet, pour un seul et même revenu - l'exemple que je citais - l'impact représente près de 10 % de ce revenu. C'est soit zéro, soit 10 % : il n'y a pas de formule intermédiaire. Le système est exagérément brutal et il ne peut être raisonnablement défendu au-delà d'un certain point.
S'agissant de la rapidité de mise en oeuvre, il y a, c'est vrai, un facteur complexe. Mme Beaudeau l'a souligné et vous l'avez vous-même repris, madame le secrétaire d'Etat. Je me suis efforcé d'y répondre tout à l'heure : un système déclaratif est possible avec prise en compte dès l'acompte du 15 février pour les personnes redevables de l'impôt sur le revenu. Pour les autres personnes, donc celles qui ne seraient pas redevables de cet impôt, il est tout à fait possible d'envisager, dans le cadre de ce système de déclaration, un remboursement partiel avec une régularisation lorsque l'impôt sera liquidé, en fonction de l'ensemble des éléments afférents à la situation du contribuable ou du foyer fiscal concerné.
Mes chers collègues, je crois donc que nous ne pouvons pas avoir de doute quant au choix à exercer. La proposition de nos commissions est, tant sur le plan politique - c'est évident - que sur le plan technique, préférable à celle qui est présentée par le Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Nous pourrions donner l'impression de perdre du temps, mais, en fait, le sujet est très important.
Lorsqu'on pousse les raisonnements à l'extrême, on peut parfois dire des choses qui choquent. Madame la secrétaire d'Etat, cette discussion est tout de même très politique. Ai-je compris que l'organisation de la famille qui a votre préférence, ce sont deux conjoints rémunérés à 0,7 SMIC chacun ?
M. Marc Massion. C'est une interprétation !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Ce n'est pas très loin de ce que j'ai entendu. Mais je ne voudrais pas déformer votre pensée, madame la secrétaire d'Etat. Vous pourrez, après moi, corriger cette interprétation. Méfions-nous bien, car, à travers ce dispositif, ce qui est en question, c'est l'organisation de notre société,...
M. Philippe Nogrix. Exact !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. ... c'est la conception de la vie de nos familles.
M. Jacques Machet. Totalement !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Donc, il faut que les Français sachent ce qui nous sépare. (Marques d'approbation sur les travées de l'Union centriste.)
Madame la secrétaire d'Etat, si j'ai mal compris, il faut préciser votre pensée et vous mettre à la portée de quelqu'un de simple comme moi. En effet, je vous le dis, je pense le contraire de ce que j'ai compris de vos propos. Pour ma part, je crois qu'il faut favoriser la promotion sociale dans notre pays (M. Jacques Machet opine), qu'il faut favoriser le choix pour les familles de s'organiser au mieux de l'intérêt de leurs enfants.
Un sénateur de l'Union centriste. Effectivement.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je ne peux pas souscrire à un système fiscal, à un système politique qui amènent les conjoints à choisir une organisation qui n'est pas celle qui leur paraît la plus appropriée pour l'épanouissement de leur famille.
M. Jean Arthuis. Bien sûr !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. N'abusons donc pas des arguments. Disons que la solution que vous avez trouvée vous paraissait plus adaptée, mais elle ne mérite pas plus. En tout cas, il faut que vous ayez à l'endroit de la proposition du Sénat la considération qu'elle mérite, car elle est plus proche de l'attente de beaucoup de nos compatriotes. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne voudrais pas prolonger inconsidérément la discussion. Je souhaite simplement répondre au président de la commission des finances car le débat que nous avons est en effet important, et je ne voudrais surtout pas que le président de la commission des finances se méprenne sur mes propos. Je crois qu'en cette matière il faut être clair.
S'il est bien une injustice dans la vie, que notre société ne peut tolérer, c'est l'exclusion, et l'exclusion c'est aussi le fait de ne pas avoir d'emploi. Depuis 1997, le Gouvernement s'est attelé de toutes ses forces à lutter pour l'emploi.
Je rappellerai deux chiffres : 850 000 personnes ont retrouvé le chemin d'un emploi et un million d'emplois ont été créés au sein des entreprises,...
M. Jean Chérioux. Grâce à la croissance !
M. Philippe Nogrix. Merci les entreprises ! Merci la croissance !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... et cela, je crois, est sans ambiguïté quant à l'objectif qui est le nôtre.
Je n'aimerais pas que vous pensiez que, pour moi, le modèle idéal d'organisation de la société serait une société organisée sur un travail sous-rémunéré..
Si je me suis permis de reprendre - pour la commodité de la démonstration - les chiffres cités par M. le rapporteur général, c'est qu'ils m'ont paru intéressants dans la mesure où ils démontraient l'efficacité de la mesure que le Gouvernement avait instituée.
Par ailleurs, je ne suis pas de celles qui ont une vision dogmatique de l'organisation de la société en ce qui concerne les conjoints, le fait qu'ils soient mariés ou non. Je pense que vous aurez bien saisi la pointe d'ironie qui était la mienne lorsque j'ai répondu à M. le rapporteur général sur ce point. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-2 repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des finances.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 20:

Nombre de votants 319
Nombre de suffrages exprimés 319
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 220
Contre 99

Le Sénat a adopté.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 2.

Article 2