SEANCE DU 24 NOVEMBRE 2000


M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-108, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa du 1° de l'article 81 du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Il en est de même pour les voyageurs-représentants-placiers titulaires d'une carte professionnelle.
« II. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-144, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Joyandet, Trégouët, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le quatrième alinéa du 3° de l'article 83 du code général des impôts est complété par une phrase ainsi rédigée :
« A compter de l'imposition des revenus de 2000, cette limite est de 50 000 francs pour les voyageurs, représentants-placiers de commerce ou d'industrie.
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter l'amendement n° I-108.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Sans vouloir rouvrir le débat des abattements supplémentaires dont bénéficiaient dans le passé un certain nombre de professions diverses, par cet amendement nous posons le problème des frais professionnels occasionnés par l'exercice du métier de voyageur représentant placier.
La suppression des déductions supplémentaires accordées à certains salariés en matière d'impôt sur le revenu a connu, on le sait, une exception sensible, celle de la profession de journaliste, pour laquelle il était assez clairement établi que cela poserait un grave problème.
Le problème se pose de façon quelque peu différente, aujourd'hui, dans un contexte où l'essentiel des frais susceptibles d'être éligibles au titre des déductions pour frais réels est constitué, vous le savez bien, madame la secrétaire d'Etat, par des frais de déplacement.
Compte tenu de l'augmentation importante du prix des carburants pétroliers, les salariés dont le véhicule personnel est un outil de travail essentiel se trouvent confrontés à une moins-value importante, si importante qu'elle met gravement en cause leur pouvoir d'achat et leur niveau de vie.
Je sais, madame la secrétaire d'Etat, que vos conseillers ont reçu les organisations syndicales, comme je l'ai fait moi-même et comme des membres d'autres groupes du Sénat ont pu le faire.
Toutes les organisations syndicales, que ce soient FO, la CGC ou la CGT - et je sais qu'elles ont été reçues par votre cabinet - nous ont confirmé, et elle l'ont démontré par des chiffres, que la baisse pouvait aller jusqu'à 30 %.
Alors, de deux choses l'une : ou l'on prend en compte l'augmentation du prix des carburants et l'on fait évoluer les dispositions relatives au VRP pour les rapprocher de celles qui ont été prises pour les professionnelles de la presse, ou l'on nous assure que des dispositions spécifiques seront prises, pour la détermination du forfait kilométrique, par exemple.
Le débat est donc ouvert.
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Le présent projet de loi prévoit expressément la mise en place d'une forme d'« amortisseur » fiscal pour geler les effets du renchérissement du prix des carburants, le prix étant entendu toutes taxes comprises, par un jeu subtil entre la taxe intérieure, d'une part, et la taxe sur la valeur ajoutée, d'autre part.
Il n'en reste pas moins que la question de l'évolution du forfait kilométrique, comme celle de la déduction forfaitaire pour frais professionnels que nous avons déjà visée dans nos amendements, demeure posée.
La fixation du forfait pour 2001 prendra-t-elle en compte le renchérissement du prix des carburants observé depuis le début de l'année ? Pour l'instant, il apparaît que la modification envisagée ne réglera pas la situation des VRP.
De manière plus générale, on pourrait opter pour une formule qui aurait le mérite de la simplicité et de la lisibilité : celle que nous préconisons.
Le traitement des dossiers fiscaux en matière de frais réels s'avère en effet de plus en plus complexe et donc coûteux pour l'administration fiscale, ce qui est pour nous une motivation pour aller au plus simple.
M. le président. La parole est à M. Lanier, pour défendre l'amendement n° I-144.
M. Lucien Lanier. Cet amendement a l'avantage d'être un peu plus précis que celui de Mme Beaudeau.
Il prend également en compte la spécificité des VRP, dont le rôle est particulièrement important pour le développement des PME et le commerce extérieur de la France. Nous proposons d'en revenir pour eux au plafond de 50 000 francs, qui était antérieurement fixé pour la déduction forfaitaire supplémentaire pour frais professionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-108 et I-144 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission comprend le souci des auteurs de ces deux amendements.
Estimant que la rédaction de l'amendement n° I-144 est plus précise que celle de l'amendement n° I-108, elle émet une préférence en faveur du premier, pour lequel elle s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-108 et I-144 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à ces amendements, pour les raisons suivantes.
Le système de l'allocation pour frais d'emploi et la mesure qui est prévue à l'article 81 du code général des impôts sont adaptés à une situation très spécifique, qui est celle des journalistes, situation qui ne peut pas aisément être comparée à celle d'autres catégories.
De ce point de vue, la situation des VRP est très différente. Les frais professionnels qu'ils engagent sont, pour l'esentiel, représentés par des frais de déplacement, qu'il s'agisse des frais de transport, d'hébergement ou de repas.
Il existe un barème administratif du prix de revient kilométrique des véhicules automobiles, barème plutôt généreux, il convient de le dire, qui permet une évaluation simplifiée et forfaitaire des frais de transport, lesquels constituent, eux-mêmes, la majeure partie des dépenses de déplacement de la profession.
Une instruction administrative du 30 novembre 1998 a en outre simplifié et clarifié le régime des frais professionnels réels de l'ensemble des salariés, notamment de ceux qui sont titulaires d'une déduction forfaitaire supplémentaire.
Il n'en demeure pas moins que la situation de la profession des VRP que vous évoquez peut, dans certains cas, être difficile ; mais elle soulève des problèmes qui sont moins d'ordre fiscal, me semble-t-il, que d'ordre social. Ces salariés peuvent, en effet, dans certains cas, rencontrer des difficultés à faire convenablement prendre en charge leurs frais par leurs employeurs. Mais il ne me semble pas que l'outil fiscal soit le plus adapté pour répondre à cette situation de fait, qui relève plus du dialogue social entre employeurs et salariés que d'une disposition du code général des impôts.
En conséquence, je souhaiterais le retrait de ces deux amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-108.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Madame la secrétaire d'Etat, j'ai essayé d'expliciter les revendications de ces salariés, revendications qui, je le répète, étaient formulées par toutes les organisations sydicales.
Nous avons estimé que la proposition que nous faisions en déposant l'amendement n° I-108 était une proposition réaliste, adaptée aux conditions de travail des VRP et propre à soulager le travail de l'administration fiscale. C'est une proposition juste, pour une profession qui voit le nombre de ses membres diminuer et son niveau de vie chuter. L'adopter aurait constitué un geste de reconnaissance, d'écoute à l'égard des VRP, dont nous connaissons le rôle dans la vie économique.
Vous nous avez dit, madame la secrétaire d'Etat, que la solution relevait plus de leur employeur que d'une disposition du code général des impôts. Pour ma part, je pense plus particulièrement aux 160 000 VRP qui sont rémunérés à la commission et qui, de ce fait, ne peuvent demander à leurs employeurs une meilleure prise en compte de leurs frais professionnels, alors que, je le répète, leur rémunération et leur niveau de vie baissent en raison de l'augmentation du prix du carburant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-108, repoussé par la commisison et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-144, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le groupe communiste républicain et citoyen vote pour.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 2.
Par amendement n° I-109, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le sixième alinéa, il est inséré dans l'article 83 du code général des impôts un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« ...° Les cotisations versées aux sociétés mutualistes, dans la limite de 1 % du salaire ou du traitement annuel. »
« II. - Dans le premier alinéa de l'article 980 bis du code général des impôts, les mots : "n'est pas", sont remplacés par le mot : "est". »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement portant sur l'assiette de l'impôt sur le revenu participe de notre démarche d'une réforme fiscale équilibrée et plus directement favorable aux détenteurs de revenus d'activité.
Il s'agit ici, sous une formulation légèrement différente de celle que nous avons pu présenter l'année dernière, de faire en sorte que, sous certaines limites, les cotisations mutualistes soient susceptibles d'être déduites du montant brut du revenu.
Dans l'état actuel de la législation fiscale, l'ensemble des cotisations et contributions sociales payées par les contribuables est admis en déduction du revenu imposable, à l'exception de la part non déductible de la CSG et de la CRDS.
On observera également que les cotisations acquittées par les non-salariés auprès de régimes complémentaires de protection sociale, et notamment de protection contre le risque maladie, bénéficient d'un principe d'exemption.
Enfin, la même déduction est offerte, si je ne m'abuse, aux salariés qui sont imposés au régime des frais réels et à tous ceux qui ont l'obligation de souscrire, compte tenu des conditions d'exercice de leur activité, une couverture complémentaire.
Quant au fond, la mesure que nous préconisons présente plusieurs aspects.
Le mouvement mutualiste apporte aujourd'hui une contribution importante à la résolution de nombre des besoins sociaux exprimés, et singulièrement en matière de santé publique.
La couverture complémentaire maladie est un élément déterminant de la solidarité nationale, car elle permet aux assurés sociaux de s'exonérer d'une part importante du coût des prestations maladie, aux collectivités locales d'éviter de recourir aux dispositifs d'aide médicale - qu'il s'agisse de l'ancienne aide médicale gratuite, l'AMG, de l'aide médicale hospitalière, l'AMH, ou de l'actuelle couverture maladie universelle, la CMU - et participe, par l'examen concret des situations, de l'atteinte d'un meilleur niveau de qualité sanitaire.
L'existence d'un fort mouvement mutualiste dans notre pays a en effet permis d'atteindre des objectifs d'amélioration de l'état de la population en termes de santé publique et de donner corps, notamment, à l'ensemble de la prévention sanitaire dans notre pays.
Nombre de plans de dépistage d'affections ou de maladies diverses ont, en effet, été engagés par l'intervention mutualiste, comme cela a pu se vérifier en termes de lutte contre certaines maladies professionnelles.
Notre amendement vise donc à ouvrir à l'ensemble des salariés la possibilité, plafonnée, de déduire de leur revenu imposable le montant de leurs cotisations mutualistes.
Notons que nous aurions pu opter pour une réduction d'impôt, comme cela se fait déjà pour un certain nombre de cotisations volontaires ou de dons aux oeuvres. Nous avons cependant préféré cette formule, afin que l'ensemble des personnes concernées en tire effectivement parti.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite, bien entendu, favoriser le développement des efforts en ce qui concerne la protection complémentaire en matière de santé.
Cependant, le dispositif qui nous est soumis comporte deux défauts à nos yeux importants.
Tout d'abord, il s'agit uniquement des cotisations aux mutuelles et non pas des cotisations de l'ensemble des organismes de protection complémentaire, quel que soit leur statut. Ensuite, le gage qui est prévu ne peut rencontrer l'accord de la majorité de la commission.
Telles sont les raisons qui nous conduisent à émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Nous ne sommes pas favorable à cet amendement dans la mesure où il conduirait à rendre déductibles des cotisations qui seraient versées dans le cadre des régimes d'adhésion individuels et facultatifs.
Aujourd'hui, seules les cotisations de prévoyance complémentaire qui sont versées dans le cadre obligatoire et professionnel, comme les cotisations d'assurance maladie, peuvent être admises, sous certaines conditions et dans certaines limites, en déduction du revenu imposable. Mais aller plus loin paraît difficile.
En contrepartie, il existe un mécanisme d'exonération de l'impôt sur le revenu des prestations qui sont servies par ces régimes. Par conséquent, les cotisations ne sont pas déductibles, mais les prestations ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu.
Par ailleurs, je rappelle que, selon la philosophie qui sous-tend cet amendement, le Gouvernement a mis en place un dispositif en faveur des personnes les plus démunies - la couverture maladie universelle - qui permet, depuis le 1er janvier, à plus d'un million de personnes de bénéficier non seulement d'une couverture maladie de base mais également d'une protection complémentaire gratuite.
Dans ce contexte, je souhaiterais que vous puissiez retirer votre amendement, monsieur le sénateur.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Je le maintiens, monsieur le président.
D'ailleurs, je fais remarquer à Mme le secrétaire d'Etat que, hormis la question du gage, M. le rapporteur général est d'accord avec nous.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-109, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-110, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'artticle 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa du 30 de l'article 83 du code général des impôts, le taux : "10 %" est remplacé par le taux : "12 %".
« II. - Le taux fixé au 1° du paragraphe III bis de l'article 125 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement porte sur la question des frais professionnels.
Nous tenons d'emblée à préciser que nous sommes ici en présence d'un amendement d'appel qui tend, à l'examen de situations concrètes, à préconiser une nouvelle orientation de l'allégement de l'impôt sur le revenu fondée sur une meilleure prise en compte de la réalité des conditions actuelles d'exercice d'une activité salariée.
Un nombre croissant de salariés est en effet aujourd'hui en situation de devoir passer au régime des frais professionnels, avec ce que cela signifie en termes de contraintes administratives, compte tenu de l'accroissement des frais concourant à l'exercice de l'activité professionnelle.
Le débat est d'ailleurs déjà relativement ancien dans notre Haute Assemblée ; il existe notamment depuis que la législation fiscale a supprimé les abattements professionnels supplémentaires de certaines professions.
Aujourd'hui est de plus en plus croissante la charge que peut représenter pour nombre de salariés de notre pays le fait d'utiliser un véhicule personnel pour se rendre et revenir de leur lieu de travail, dans un contexte de croissance importante du prix hors taxes des produits pétroliers.
Il s'agit donc pour nous de prendre en compte ces réalités en accroissant de deux points le montant de l'abattement professionnel dont bénéficient les salariés.
Cet amendement, qui conduira à ramener à 70,4 % du revenu brut le revenu net imposable des salariés, est aussi une manière de créer les conditions éventuelles d'un nouvel allégement de l'impôt sur le revenu qui pourrait, dans les années à venir, se matérialiser par un accroissement de l'abattement à 14 % puis à 15 %.
A revenu équivalent, la baisse de l'impôt serait donc de 1,6 point dès la première année et serait d'une portée au moins aussi positive que celle qui est occasionnée par la correction des taux du barème prévue par l'article 2. Elle aurait enfin le mérite de faire vivre le principe d'une moindre taxation des revenus du travail, qui doit participer d'une réforme plus globale de l'impôt sur le revenu.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est intéressée par cet amendement ou, plus exactement, par la démarche qu'il reflète. En effet, nos collègues reconnaissent, en quelque sorte, que le poids de l'impôt sur le revenu est excessif puisque, selon eux - et je ne suis pas loin de partager leur approche - il y aurait lieu de relever la déduction pour frais professionnels.
Mais, mes chers collègues, n'est-il pas plus simple, pour atteindre les objectifs que vous vous assignez, de baisser les taux du barème, donc de voter nos amendements de réduction globale de l'ensemble de l'impôt sur le revenu ? (Mme Marie-Claude Beaudeau et M. Thierry Foucaud font un signe de dénégation.) Ainsi, il ne serait pas nécessaire d'entrer autant dans le détail des mesures de baisse d'impôt qui conduisent, ici, à augmenter de deux points un taux de déduction, là, à créer une incitation, ou une niche fiscale. Il serait infiniment plus clair, plus simple et plus efficace de prévoir un barème dont les taux diminuent davantage que ne le propose le Gouvernement.
En outre, le gage n'est pas susceptible d'être accepté par la commission.
Au vu de l'ensemble de ces éléments, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les dispositions fiscales actuellement en vigueur permettent de prendre en compte les dépenses supportées par les salariés dans l'exercice de leur activité professionnelle.
En effet, si la déduction des frais professionnels dans la catégorie des traitements et salaires s'effectue normalement par la voie du forfait de 10 %, les contribuables peuvent, lorsqu'ils l'estiment insuffisant, renoncer à ce forfait et opter pour la prise en compte du montant réel, et justifié, des frais professionnels. Or, comme environ 14 % des salariés optent effectivement pour la déduction du montant réel de leurs frais professionnels, on peut a contrario légitimement penser que, pour plus de 85 % des salariés, c'est-à-dire pour tous les autres, la déduction forfaitaire de 10 % correspond bien, en tout cas suffisamment, à la réalité des frais professionnels exposés.
De surcroît, le montant minimum de la déduction forfaitaire de 10 % a été fortement majoré depuis l'imposition des revenus de 1997 pour les demandeurs d'emploi de longue durée, c'est-à-dire ceux qui sont inscrits à l'ANPE depuis plus d'un an. C'est donc un système de déduction pour recherche d'emploi.
Ainsi, pour l'imposition des revenus de 2000, les intéressés bénéficient, compte tenu, par ailleurs, de l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu, d'une déduction minimale de 5 140 francs, au lieu de 2 350 francs, montant de droit commun.
Il s'agit donc d'une véritable mesure de justice fiscale, que nous devons, je dois le dire, à une initiative des parlementaires communistes prise lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1998.
Sous le bénéfice de ces observations, je souhaite que cet amendement soit retiré.
M. le président. Monsieur Foucaud, maintenez-vous votre amendement ?
M. Thierry Foucaud. Je suis un peu embarrassé, monsieur le président !
C'est vrai, le Gouvernement a fait des choses.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mais pas assez...
M. Thierry Foucaud. Mais, compte tenu de la situation et de la hausse des prix des carburants, nous aurions souhaité - je dis bien : « nous » - que le Gouvernement fasse un geste en direction d'un certain nombre de salariés de notre pays.
Je maintiens donc mon amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-110, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-145, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, Ginésy, de Broissia, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article 151 septies du code général des impôts, remplacer les mots : « le double de » par les mots : « deux fois et demie ».
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Lanier.
M. Lucien Lanier. Les auteurs de l'amendement considèrent que les professions libérales ont été particulièrement oubliées depuis 1997.
Le seuil de recettes en deçà duquel les plus-values professionnelles réalisées par des contribuables exerçant leur activité depuis plus de cinq ans bénéficient d'une exonération est resté inchangé depuis 1988, période au cours de laquelle l'inflation était particulièrement élevée.
Afin de restituer son plein effet à la mesure décidée par le législateur il conviendrait que les différents plafonds fassent l'objet d'une revalorisation, dans les proportions proposées dans l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre collègue Lucien Lanier a raison de mettre l'accent sur les modalités actuelles d'imposition des plus-values professionnelles, qui ne sont pas toujours satisfaisantes. En particulier, comme il le faisait remarquer, des seuils mis en place en 1988 méritent d'être adaptés.
S'agissant du seuil de recettes, M. Lanier nous propose, par cet amendement n° I-145, de remplacer les mots « le double de » par les mots « deux fois et demie ».
La commission souscrit à cet objectif. Mais elle vous proposera un dispositif plus large - en vérité, elle s'attaque, si je puis dire, au même problème - dans l'amendement n° I-40, tendant à insérer un article additionnel après l'article 11. Nous suggérerons de prendre en compte l'inflation pour le calcul des plus-values de cession de fonds de commerce, ce qui concerne, bien entendu, les professions libérales, que vise notre collègue, mais aussi, de manière générale, le commerce et l'artisanat.
Nous avions déjà, l'an dernier, soumis cet amendement, qui avait été voté par le Sénat.
En attendant, et sous le bénéfice de ces observations, notre collègue devrait retirer son amendement n° I-145, puisqu'il serait satisfait par le vote, à intervenir, de l'amendement n° I-40 de la commission, qui sera examiné après l'article 11.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Compte tenu de ce qui vient d'être dit par M. le rapporteur général, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
Cet important dispositif d'exonération avait sa légitimité à une époque où il n'existait pas de régime de retraite pour les entrepreneurs. Ce dispositif est moins adapté aujourd'hui dans la mesure où, depuis plusieurs années, des régimes facultatifs ont été mis en place assurant aux intéressés des prestations de niveau comparable à celui des salariés, notamment dans le cadre des contrats dits « contrats Madelin », dont les primes sont déductibles du revenu imposable.
L'article 151 septies a été conçu pour s'appliquer aux petites et moyennes entreprises. Il remplit d'ores et déjà son objectif, puisque 50 % à 60 % des contribuables intéressés sont susceptibles d'en bénéficier.
Par ailleurs, il existe déjà des régimes de report applicables aux exploitations qui ne peuvent pas bénéficier de l'exonération correspondant à celle qui est visée par l'amendement, c'est-à-dire celle de l'article 151 septies . Ces régimes atténuant les conséquences fiscales des changements d'exploitants dans le cadre d'apports ou de transmissions à titre gratuit, ils permettent donc de garantir la pérennité des entreprises lors des transmissions, et ce quelle que soit la taille des entreprises mais nous aurons l'occasion d'y revenir un peu plus tard dans la discussion des articles.
M. le président. Monsieur Lanier, l'amendement n° I-145 est-il maintenu ?
M. Lucien Lanier. En attendant l'article additionnel après l'article 11 que nous proposera la commission, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-145 est retiré.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures cinq, est reprise à dix-huit heures vingt.)