SEANCE DU 9 JANVIER 2001


QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Droit du travail et activités des maîtrises de chant et de musique

982. - 22 décembre 2000. - M. Bernard Fournier appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur les difficultés rencontrées par les maîtrises de musique et de chant et engendrées par l'interprétation des textes relatifs au travail des enfants. Les maîtrises tombent en effet sous le coup de la législation lorsqu'elles assurent des spectacles dans lesquels les enfants se produisent, lorsque ces prestations font l'objet de droit d'entrée pour les auditeurs. La présomption légale découlant de l'application de l'article L. 762-1 du code du travail confère ainsi aux maîtrises le statut d'employeur lorsqu'elles donnent des concerts. Des mises en examen d'artistes ont eu lieu sur le fondement de la prohibition du travail des enfants. Une insécurité juridique majeure est donc née de l'application stricte des textes du droit du travail. S'il n'est pas question de revenir sur la prohibition du travail des enfants, il lui demande de bien vouloir lui préciser le cadre légal dans lequel les maîtrises peuvent continuer à assurer des concerts où les enfants se produisent, lesquels constituent nécessairement un volet capital de la formation de ces jeunes chanteurs et musiciens.

Haut Conseil du secteur financier public et semi-public

983. - 22 décembre 2000. - Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la composition, la vocation, les missions du Haut Conseil du secteur financier public et semi-public installé le 4 octobre 2000. Elle lui demande s'il s'agit de la reconnaissance du pôle financier public créé en application de la loi du 25 juin 1999, et structuré autour de la Caisse des dépôts et consignations, et comprenant la Caisse nationale de prévoyance, La Poste, la Banque de développement des petites et moyennes entreprises, les caisses d'épargne et le Crédit foncier. Elle lui demande de lui préciser si ce « pôle » aura bien pour vocation d'animer une forme importante du service public, de l'épargne, du crédit au service du financement de l'emploi et de la formation, ainsi que les premières actions instruites par le Haut Conseil. Elle lui demande, après la première réunion de ce Haut Conseil, si les mesures définies n'ont pas pour objectif de valoriser un système essentiellement fondé sur des résultats et non sur la notion première d'intérêt public. Elle lui demande également de lui faire connaître les raisons pour lesquelles ne figurent plus dans la composition de ce « pôle » public la Banque de France, l'Agence française de développement, et certains organismes de soutien au commerce extérieur, à la recherche et celles justifiant l'absence dans le Haut Conseil de représentants de la Caisse des dépôts et consignations, aux côtés de ceux de la Caisse d'épargne.

Statut des personnels de Maison de la France

984. - 22 décembre 2000. - Mme Marie-Claude Beaudeau demande à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation de lui faire connaître les mesures qu'il envisage pour permettre aux personnels de Maison de la France, travaillant en France ou dans différents pays étrangers, de bénéficier des mêmes traitements, primes, du même avancement et conditions de titularisation, que les personnels de la fonction publique.

Devenir de l'ingénierie publique

985. - 22 décembre 2000. - M. Bernard Fournier appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le devenir de l'ingénierie publique. Les ingénieurs intervenant dans ce cadre remplissent des missions fondamentales de conseil auprès des collectivités locales, assurant ainsi une assistance particulière au nom de l'Etat, lequel est alors un partenaire aidant les communes et les établissements de coopération intercommunale à respecter les contraintes de la réglementation. L'ingénierie publique exerce donc des missions de solidarité de l'Etat et d'impulseur des politiques publiques. Depuis le début 2000, des interrogations se font jour, notamment dans la perspective de l'entrée de l'ingénierie publique dans le champ concurrentiel au regard de l'applicabilité de la directive européenne « Services » et de la réforme du code des marchés publics. Les missions de l'ingénierie publique sont remises en cause de sorte que les personnels et les élus locaux s'interrogent sur la pérennité de la conception de l'action de l'Etat auprès des collectivités, d'une part, mais aussi, d'autre part, quant à l'implantation de la présence de l'Etat sur le territoire, notamment par le biais des subdivisions de l'équipement. Aussi il le remercie de lui indiquer si l'Etat entend se désengager de ces missions d'ingénierie publique, si la voie législative sera préférée à la réforme réglementaire afin de permettre à la représentation nationale, et plus particulièrement au Sénat, de se prononcer et de lui préciser enfin l'état de la réflexion et des orientations du Gouvernement dans ce domaine.

Prise en charge des dialysés

986. - 27 décembre 2000. - M. René Marques appelle l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur le problème de la dialyse en France. Il lui indique qu'aujourd'hui les traitements de dialyse dits « hors centre », c'est-à-dire à domicile et dans les centres d'autodialyse, ont été largement développés et ont permis un moindre coût de cette pathologie lourde. Il lui rappelle que la nécessité d'augmenter le nombre de postes de dialyse en centre, soumis à la régulation par la carte sanitaire, vient d'être reconnue, puisqu'un indice des besoins plus large a été décidé par le secrétariat d'Etat à la santé et aux handicapés en août 1999. Or, il lui indique que la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM), dans les dernières propositions adoptées par le conseil d'administration au cours de sa séance du7 novembre 2000, propose à l'agrément du ministre des mesures de diminution de la valeur de l'acte de surveillance en hémodialyse. En allant jusqu'au bout d'une logique de régulation strictement comptable, il lui fait observer que la CNAM ne prend pas en compte les besoins de santé publique de la population, puisque le traitement par hémodialyse est indispensable à la vie de ces populations fragiles. Il lui précise que la mesure de baisse de l'honoraire de surveillance d'hémodialyse représente 5,5 % de décote, après une décote de 7,5 % intervenue il y a à peine plus de trois ans pour le même acte médical. Il lui rappelle que l'acte de surveillance d'hémodialyse constitue 90 % environ du chiffre d'affaires des néphrologues, qui verraient ainsi leur spécialité touchée par une décote de 13 % en trois ans. Il lui fait observer que cette évolution ne fait que correspondre à un besoin de santé publique et touche une spécialité médicale très astreignante. C'est la raison pour laquelle il lui demande quelles mesures elle compte prendre pour remédier à cette situation inacceptable, s'agissant d'un problème visant à la défense de la qualité des soins apportés au patient et d'une réponse à un besoin en termes de santé publique, dont ni les professionnels concernés ni les patients ne sauraient être les victimes.

Campagne de dépistage gratuit du cancer du sein

987. - 29 décembre 2000. - M. Philippe Nogrix appelle l'attention de Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés sur l'annonce faite par le Gouvernement d'étendre à tous les départements français le dépistage gratuit du cancer du sein. Il lui rappelle que la campagne de dépistage du cancer du sein existe uniquement dans 32 départements français et que la généralisation annoncée par le Gouvernement tarde à se mettre en place. Il lui indique que ce retard est non seulement dommageable pour les femmes des 65 départements qui ne peuvent en bénéficier, mais qu'il risque également de perturber gravement les campagnes en cours dans les 32 départements pionniers. Il lui précise, en effet, que la direction générale de la santé, pour se conformer aux recommandations scientifiques, a préconisé aux radiologues participant à ce dépistage de réaliser pour chaque femme non plus une mais deux incidences par sein, ce qui revient à doubler l'examen en clichés, en temps, en consommables et en usure de matériel. Il lui indique que pour cette modification technique la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) a décidé de fixer la rémunération à 280 francs alors qu'elle était précédemment à 250 francs (tarif en vigueur depuis 1992). Il lui indique que l'évolution tarifaire est extrêmement faible alors que les exigences ont pratiquement doublé depuis 1992, et que cet état de fait est ressenti par les professionnels comme une véritable provocation, d'autant que ce tarif a été fixé sans la moindre concertation avec les intéressés. Il lui fait observer que dans les 32 départements pionniers les radiologues se sont réellement investis dans cette opération de santé publique qui, financièrement, n'était pas très intéressante pour eux puisque, dans le même temps, une mammographie complète est tarifée à environ 434 francs. En conséquence, il lui indique que dans ces départements, en situation de crise et de blocage risquant de ruiner les campagnes en cours, la solution serait bien entendu la généralisation du dépistage à la France entière avec fixation d'un tarif raisonnable. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer si cette généralisation du dépistage du cancer du sein va bientôt prendre effet.

Avenir des aides éducateurs de l'éducation nationale

988. - 2 janvier 2001. - M. Dominique Leclerc souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation des aides éducateurs. Il lui serait reconnaissant de bien vouloir lui faire savoir comment il entend assurer l'avenir de ces salariés recrutés au sein de son ministère à l'aide des emplois-jeunes et dont les actions sont devenues indispensables au fonctionnement quotidien des écoles.

Couverture du département de l'Orne
par les réseaux de téléphonie mobile

989. - 3 janvier 2001. - M. Daniel Goulet considérant l'engouement pour les téléphones portables et les négociations en cours pour les attributions des autorisations pour les téléphones dits « de la prochaine génération » souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la situation de certaines parties de la région de Basse-Normandie, et en particulier sur le département de l'Orne, en butte à de graves et persistants dysfonctionnements. En effet, notamment les zones de Tourouvre, de Vimoutiers, de Sées, de Carrouges ne sont pas couvertes par les réseaux de téléphonie mobile, quel que soit d'ailleurs l'opérateur. Il lui demande quelles mesures il compte prendre pour remédier à cette situation intolérable.

Fermeture du centre de recherche d'Atofina à Levallois

990. - 4 janvier 2001. - M. Roland Muzeau attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les conséquences économiques et sociales qu'entraînerait la suppression du centre de recherche d'Atofina à Levallois. Depuis la fusion l'an dernier des groupes TotalFina et Elf donnant naissance à un des cinq plus grands groupes mondiaux dans le domaine du pétrole et de la chimie, restructurations et plans sociaux se sont succédé. Sur les 1 500 postes de recherche, 1 sur 3 est menacé de suppression ou de transfert. L'émotion des cadres, techniciens, employés et ouvriers est d'autant plus vive que les suppressions et délocalisations interviennent dans un contexte de plusieurs années d'excellents résultats financiers et de perspectives de commandes excellentes. Et, pourtant, Atofina prévoit de fermer à Levallois son centre de recherche appliquée qui occupe 240 personnes recherchant, à partir des produits chimiques existants, des applications socialement utiles, notamment dans le domaine de la protection de notre environnement, tels que les substituts aux composants attaquant la couche d'ozone, les moyens de traiter les eaux polluées, la neutralisation des rejets produits par l'industrie papetière. Outre son utilité reconnue, ce centre n'est en aucune façon en doublon avec les autres centres issus de la fusion _ Feluy en Belgique et La Porte aux USA _ et personne ne conteste son intérêt stratégique lié à sa position en région parisienne (c'est le seul centre de recherche de la région dans ce domaine), à sa proximité avec le siège social, à sa bonne desserte et aux synergies existantes avec la communauté scientifique d'Ile-de-France (la troisième mondiale). Le maintien sur le site ou dans un secteur proche de La Défense comporte beaucoup plus d'atouts que la délocalisation et la dispersion, comme le démontre le résultat de l'audit réalisé à la demande de l'intersyndicale. S'agissant, dans le cadre de la production d'énergie, de recherche ayant des implications sur l'environnement, le Gouvernement ne peut se désintéresser des effets négatifs d'une OPA (offre publique d'achat) dont il a accepté le principe. Aussi lui demande-t-il ce qu'il pense de la fermeture du centre de Levallois et quelles sont les interventions qu'il compte entreprendre pour maintenir les emplois et les activités de recherche dans la région.

Information des maires des petites communes
pour le passage à l'euro

991. - 8 janvier 2001. - M. Daniel Goulet interroge le M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie au sujet du passage à l'euro. En effet, la date d'entrée en vigueur de la nouvelle monnaie européenne approche et les élus de petites communes s'interrogent et interrogent leur sénateur. C'est ainsi qu'il souhaite répondre à leurs questions et tenter de prévenir autant que faire ce peut les difficultés d'application qui ne manqueront pas de surgir pour chaque Européen concerné. C'est pourquoi il l'interroge. En effet, les maires des communes rurales sont généralement moins dotés en documentations, en outils pédagogiques et en informations que leurs homologues des autres villes. Par ailleurs, la rédaction des documents d'information émanant de l'administration fiscale laisse souvent le lecteur, même averti, perplexe et interrogatif quant à leur signification exacte. Les maires des petites communes et les secrétaires de mairie étant le relais naturel des administrés, il est indispensable de leur fournir une information exploitable. C'est pourquoi il souhaite savoir quelles dispositions spécifiques ont été prises pour l'information, l'apprentissage et la formation de ces élus et de leurs administrés à l'usage de la monnaie unique.

Redevance audiovisuelle
due par les centres de formation pour apprentis

992. - 8 janvier 2001. - M. Michel Doublet attire l'attention de Mme le secrétaire d'Etat au budget sur la situation des centres de formation pour apprentis assujettis au paiement de la redevance audiovisuelle pour les appareils utilisés à des fins pédagique. Il lui demande dans quelles conditions les CFA peuvent bénéficier de la mise hors champ de la redevance et s'ils sont considérés comme des établissements publics de l'Etat.

Réparations en faveur des enfants de déportés non juifs

993. - 9 janvier 2001. - M. Philippe Richert attire l'attention de M. le Premier ministre sur le décret n° 2000-654 du 13 juillet 2000 qui institue une mesure de réparation au profit des orphelins dont les parents ont été victimes des persécutions antisémites. C'est un geste important, et incontestablement une avancée sur le chemin de la reconnaissance des souffrances endurées par les enfants de déportés juifs. Mais il est important aussi de manifester un geste envers les milliers d'autres déportés, notamment les résistants, qui ont été victimes de graves atrocités. Aussi, il souhaiterait savoir ce que le Premier ministre envisage en faveur des enfants de déportés non juifs.

Formation des professeurs
aux nouvelles technologies de l'information et de la communication

994. - 9 janvier 2001. - M. Fernand Demilly attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale à la fois sur la formation des professeurs aux NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication) et sur le statut des « aides éducateurs » en charge des problèmes techniques liés aux NTIC dans les collèges. Les départements, et en particulier le département de la Somme, fournissent un effort financier considérable en faveur de l'équipement des collèges en NTIC. L'effort consenti par les départements en faveur de l'équipement des collèges en NTIC ne permettrait pas d'aboutir à des résultats satisfaisants si le partenariat de l'éducation nationale faisait défaut. En effet, un tel projet nécessite un effort de formation des professeurs avec pour corollaire des décharges de service. Des « aides éducateurs » remplissent actuellement cette mission dans nos collèges, à la satisfaction de tous. Ils ont cependant le statut « d'emploi jeunes », statut trop aléatoire au regard des équipements mis en place et de leurs missions. Les NTIC constituant un élément de la politique gouvernementale en faveur de l'éducation, il lui demande s'il ne conviendrait pas de créer dans la grille de la fonction publique de l'Etat - éducation nationale - un grade permettant le recrutement de personnel qualifié qui serait aux NTIC ce que sont les aides de laboratoires aux disciplines telles que les sciences par exemple. Ces personnels seraient ainsi mieux formés, plus stables dans leur poste, assurant ainsi une certaine pérennité au dispositif mis en place. En conséquence, il souhaiterait connaître les mesures qu'il entend prendre à ce sujet.