SEANCE DU 2 MAI 2001


Je mets aux voix l'article 42 nonies est adopté.
M. le président. Par amendement n° 276, Mme Dieulangard, MM. Cazeau, Chabroux, Mme Printz et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 42 nonies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré au chapitre Ier du titre III du livre IX du code du travail une section IV, intitulée : "Du congé de validation des acquis professionnels et de l'expérience" et comprenant les articles L. 931-28 à L. 931-32 ainsi rédigés :
« Art. L. 931-28. - Les salariés qui n'appatiennent pas aux catégories mentionnées au titre VII du présent livre ont droit, sur demande adressée à leur employeur, à un congé pour préparer et réaliser une validation des acquis professionnels et de l'expérience, telle que définie à l'article L. 900-2.
« Pour bénéficier de ce congé, les travailleurs doivent justifier d'une ancienneté en qualité de salarié d'une durée minimale de deux années, consécutives ou non, quelle qu'ait été la nature des contrats de travail successifs, dont six mois dans l'entreprise.
« La durée prévue à l'article L. 931-22 et les règles fixées aux articles L. 931-23 et L. 931-26 sont applicables au congé de validation des acquis professionnels et de l'expérience.
« Art. L. 931-29. - Le salarié bénéficiaire d'un congé pour la validation des acquis professionnels et de l'expérience peut demander une prise en charge des dépenses afférentes à ce congé à l'organisme mentionné à l'article L. 951-3 auquel l'employeur verse la contribution destinée au financement des congés individuels de formation.
« Cet organisme ne peut refuser de prendre en charge les bénéficiaires du congé que lorsque les demandes de prises en charge de cette catégorie de congés ne peuvent être toutes simultanément satisfaites.
« Art. L. 931-30. - Les salariés dont la validation des acquis professionnels et de l'expérience est prise en charge par l'un des organismes mentionnés à l'article L. 951-3 ont droit à une rémunération égale à celle qu'ils auraient reçue s'ils étaient restés à leur poste de travail. Cette rémunération est versée par l'employeur et remboursée à celui-ci par l'organisme paritaire.
« Les frais afférents aux actions de validation des acquis professionnels et de l'expérience sont également pris en charge par l'organisme paritaire, conformément aux règles qui régissent les conditions de son intervention.
« Art. L. 931-31. - L'Etat et les régions peuvent concourir au financement des dépenses occasionnées par les actions de validation des acquis professionnels et de l'expérience, notamment au bénéfice des personnes sans emploi.
« Art. L. 931-32. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application de la présente section.
« II. - La section IV du chapitre Ier du titre III du livre IX du code du travail intitulée : "Autres congés" devient la section V.
« Les articles L. 931-28 et L. 931-29 de cette section deviennent respectivement les articles L. 931-33 et L. 931-34. »
La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. L'objet de l'introduction de ces articles dans le code du travail est de définir le cadre légal dans lequel s'exerce le droit à un congé pour validation des acquis professionnels et de l'expérience.
L'article L. 931-28 pose, pour le salarié, les conditions d'exercice de ce droit : demande adressée à l'employeur, conditions d'ancienneté requises, durée du congé et conditions de sa mise en oeuvre.
L'article L. 931-29 définit les modalités et les limites de la prise en charge du congé de validation des acquis professionnels et de l'expérience par les organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation.
L'article L. 931-30 précise que la rémunération du salarié pendant la validation reste à la charge de l'employeur, qui peut en obtenir le remboursement auprès de l'organisme paritaire agréé auprès duquel il a versé sa contribution au financement du congé individuel de formation.
Enfin, l'article L. 931-31 pose le principe d'un financement éventuel par les collectivités publiques, notamment lorsque les actions de validation des acquis sont proposées aux personnes sans emploi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Annick Bocandé, rapporteur. On ne peut que souscrire aux motivations qui sous-tendent cet amendement visant à créer un congé pour validation des acquis proche du congé individuel de formation ou du congé bilan de compétences.
En revanche, l'opportunité de cet amendement est moins évidente. La mise en place d'un tel congé relève, en effet, de la compétence des partenaires sociaux, qui négocient actuellement sur la formation professionnelle et ne manqueront donc pas d'aborder ce sujet. Je rappelle, d'ailleurs, que Mme la secrétaire d'Etat s'est elle-même engagée, devant la commission des affaires sociales, à ne pas empiéter sur le champ du dialogue social en la matière. Aussi, je ne peux que suggérer à mes collègues du groupe socialiste de retirer leur amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. Sur le fond, je suis favorable à cet amendement, mais je respecte mon engagement : les partenaires sociaux sont en train de débattre de ce sujet et, quand le cadre sera précisé, nous demanderons à ce qu'il soit inclus dans le code du travail.
M. le président. L'amendement n° 276 est-il maintenu, madame Dieulangard ?
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 276 est retiré.
Par amendement n° 199, M. Legendre, au nom de la commission des affaires culturelles, propose d'insérer, après l'article 42 nonies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant l'expiration d'un délai de cinq ans à compter de l'entrée en vigueur du dispositif de validation des acquis de l'expérience, tel que défini par la section 1 du chapitre II du titre II de la présente loi, un rapport d'évaluation sera adressé par le Gouvernement au Parlement et au Conseil économique et social.
« Au vu des conclusions de ce rapport, le Gouvernement déposera, le cas échéant, un projet de loi visant à procéder aux adaptations qui lui paraîtraient nécessaires. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jacques Legendre, rapporteur pour avis. Tout au long du débat, nous avons constaté que l'une des difficultés auxquelles nous nous trouvons confrontés tient à un certain nombre d'incertitudes. En effet, des incertitudes subsistent quant au champ d'application du nouveau dispositif de validation des acquis, aux conséquences qui sont susceptibles d'en résulter pour la formation initiale, aux perspectives d'émergence d'un marché privé de la validation des acquis, aux atteintes risquant d'être portées au caractère national du diplôme, mais aussi à la compétence des partenaires sociaux en matière de création de certification.
Bref, compte tenu des risques de dérive d'un dispositif dont le principe est, je le répète, séduisant, la commission des affaires culturelles considère que le nouveau système de validation des acquis de l'expérience doit, lui aussi, faire l'objet d'une expérimentation en grandeur nature.
Nous proposons que cette expérimentation se fasse sur une durée de cinq ans et que, au terme de ce délai, le Gouvernement adresse au Conseil économique et social, dont, après tout, cela peut être le travail, ainsi qu'aux deux assemblées un bilan d'application détaillé du nouveau dispositif afin de permettre au Parlement de le pérenniser ou de le modifier en fonction des résultats enregistrés.
On ne manquera pas de m'objecter, je le sais, que trop souvent maintenant les textes de loi sont assortis d'un bilan que le Gouvernement doit remettre au bout d'un certain temps. Pour autant, il nous semble qu'il y a ici des risques de dérive qu'il est difficile, en toute bonne foi, de mesurer. Peut-être les exagérons-nous ; peut-être, au contraire, constaterons-nous, à l'usage, des évolutions aussi imprévues qu'inopportunes.
Voilà pourquoi il paraît souhaitable de disposer d'un bilan, à un moment donné, et de demander par conséquent au gouvernement du moment de tirer les conséquences des observations qui auront été faites. Ainsi aurez-vous peut-être contribué, mes chers collègues, à pouvoir faire dire, dans cinq ans, que les craintes que j'exprimais tout à l'heure étaient excessives : j'en serais personnellement ravi !
M. Adrien Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles. Nous aussi !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Annick Bocandé, rapporteur. L'idée d'un rendez-vous obligatoire cinq ans après l'entrée en vigueur du texte est excellente ; c'est un très bon moyen d'apprécier l'impact de ses dispositions sur la validation.
La commission a donc émis un avis très favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. Monsieur le rapporteur pour avis, si je soutiens cette demande d'un rapport d'évaluation adressé par le Gouvernement au Parlement, rapport qui pourrait d'ailleurs être établi en liaison étroite avec la commission nationale de la certification professionnelle, en revanche je ne soutiens pas votre commentaire, car j'espère bien que ce rapport d'évaluation contribuera à montrer l'aspect bénéfique de ce droit nouveau.
M. Jacques Legendre, rapporteur pour avis. Je le souhaite aussi !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 199, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 42 nonies.

Section 2

Financement de l'apprentissage

Article 43