SEANCE DU 10 MAI 2001


M. le président. La parole est à M. Teston.
M. Michel Teston. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.
La Commission européenne a autorisé l'alliance entre Renault et Volvo dans le secteur du poids lourd, sous réserve que Renault mette fin à son association avec Iveco dans le secteur de l'autocar et de l'autobus. La société commune s'appelle Irisbus.
Deux scénarios sont possibles : soit la reprise par Renault de ses activités dans Irisbus, soit la vente par Renault de sa participation dans Iveco.
Malgré des mises en garde répétées, tant auprès de Renault qu'auprès des pouvoirs publics, Renault vient, dans la précipitation, d'opter pour le deuxième scénario, qui fait courir un risque important à moyen terme à l'usine d'Annonay, le plus important site de construction d'autocars et d'autobus en France, qui emploie actuellement 2 200 salariés.
Il faut savoir qu'Irisbus dispose de fortes capacités de production sur différents sites implantés en Espagne, en Italie, en République tchèque et en Hongrie.
L'Etat étant actionnaire de Renault à hauteur de 48 %, je demande au Gouvernement de s'opposer - je pèse mes mots - au projet de cession à Iveco et de favoriser la solution d'une reprise par Renault de ses activités dans Irisbus. Quoi qu'en pensent certains, il en est à mon sens encore temps : c'est affaire de volonté politique. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE, de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Monsieur le sénateur, il y avait en effet deux solutions à la suite des décisions imposées par la Commission européenne.
La première aurait été la scission de l'entreprise, Renault rapprochant sa part d'activité dans le domaine des bus de celle de Volvo.
Un tel schéma aurait constitué un nouveau changement fondamental dans l'organisation de l'entreprise en même temps qu'un changement difficile à supporter pour les salariés. On peut en outre s'interroger sur ses conséquences alors que l'activité bus de Volvo, comme vous le savez, est toute entière concentrée dans les pays de l'Europe orientale.
La solution de la vente de la part de Renault à Iveco a finalement été retenue dans la mesure où Fiat Iveco s'est opposée à la scission et donc à l'autre solution Volvo.
La cession de la part de Renault dans Irisbus s'inscrit dans un véritable projet industriel et n'a rien de strictement financier. Il y a une vision industrielle. Pourquoi ? Parce que cette solution préserve et pérennise la structure existante ; parce que cette solution sera progressive dans le temps, permettant les ajustements nécessaires ; parce que Irisbus pourra utiliser pendant quatre ans la marque Renault et développera une marque propre ; parce que les atouts d'Irisbus, notamment des sites français - et cela concerne naturellement l'Ardèche - seront préservés, c'est-à-dire que seront protégés à la fois l'activité de l'entreprise et de ses établissements, et l'emploi.
L'opération ne sera d'ailleurs effective qu'après avoir reçu l'aval de la Commission européenne, comme chacun le sait ici, et le Gouvernement, soyez-en assuré, monsieur le sénateur, sera vigilant sur la qualité de la concertation avec les représentants des salariés.
J'ai d'ailleurs demandé ce matin même au président de Renault de faire en sorte - et M. Schweitzer l'a accepté - que les dirigeants d'Iveco viennent présenter, en particulier aux élus ardéchois, leur projet pour Irisbus. Vous pourrez donc discuter en direct de cette solution, qui apparaît maintenant comme la solution définitive. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

LIBÉRALISATION DU MARCHÉ DU GAZ