SEANCE DU 31 MAI 2001


M. le président. « Art. 5. - Les organismes mentionnés à l'article L. 351-21 du code du travail sont autorisés à verser à l'Etat 1 067 143 120 euros en 2001 et 1 219 592 137 euros en 2002. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 66, MM. Muzeau, Fischer et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer cet article.
Par amendement n° 22, M. Souvet, au nom de la commission des affaires sociales, propose, au début de cet article, d'ajouter les mots : « Afin de contribuer au financement d'actions en faveur des demandeurs d'emploi relevant du régime de solidarité, ».
La parole est à M. Fischer, pour présenter l'amendement n° 66.
M. Guy Fischer. Cet article 5, relatif à la clarification des relations financières entre l'Etat et le régime d'assurance chômage, a pour objet d'autoriser l'UNEDIC à verser à l'Etat 15 milliards de francs sur la période 2001-2002.
L'augmentation du taux de chômage que nous avons vécue au début des années quatre-vingt-dix avait dégradé sérieusement les comptes de l'UNEDIC. L'Etat avait donc été obligé de soutenir financièrement le régime d'assurance chômage.
Nous l'avons déjà dit, nous trouvons fort regrettable que les excédents actuels de l'UNEDIC dus à l'amélioration de la situation de l'emploi ne servent pas à mieux indemniser les chômeurs.
Pour cette raison, et pour beaucoup d'autres sur lesquelles nous nous sommes déjà largement exprimés, je propose au Sénat d'approuver cet amendement. Je ne demanderai pas de scrutin public sur ces principes, car les votes successifs qui viennent d'être émis expriment très clairement la position de notre Haute Assemblée.
M. Jean Delaneau, président de la commission des affaires sociales. C'est fair play !
M. le président. La parole est à M. Jourdain, rapporteur, pour défendre l'amendement n° 22.
M. André Jourdain, rapporteur. Cet amendement traduit l'une des craintes exprimées par Louis Souvet et que partage Guy Fischer.
En effet, l'article 5 autorise, au titre de la clarification des relations financières entre l'Etat et l'UNEDIC, le versement par l'UNEDIC à l'Etat de 7 milliards de francs en 2001 et de 8 milliards de francs en 2002.
Un tel versement est prévu par la convention du 1er janvier 2001. Pour autant, les signataires de la convention ont exprimé le souhait « que cette ressource exceptionnelle soit affectée au financement d'actions en faveur des demandeurs d'emploi relevant du régime de solidarité ».
Or cet article, qui se borne à autoriser ce versement sans le rendre impératif, ne prévoit aucune garantie quant à l'utilisation future de ces sommes. Il semble donc nécessaire de réaffirmer dans la loi le souhait des partenaires sociaux en subordonnant l'autorisation accordée à l'UNEDIC à verser ces sommes au respect de l'affectation ultérieure de celles-ci. Une telle affectation pourrait aisément être mise en oeuvre par le Gouvernement avec la création, par exemple, d'un fonds de concours, l'ouverture de ce fonds de concours restant une stricte compétence réglementaire.
Curieusement, Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité a déclaré devant la commission qu'elle n'envisageait pas une telle solution, qui reste pourtant le seul moyen d'assurer une affectation de recettes non fiscales de l'Etat dans plus grande transparence.
Il n'est donc pas inutile d'inscrire en toutes lettres dans la loi la finalité de ce versement, tout au moins à titre de précision et de précaution.
Si nous sommes d'accord sur l'un des points développés par M. Fischer, comme je viens de le dire dans mon intervention, la commission est défavorable à l'amendement n° 66, puisqu'elle est favorable au PARE.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 66 et 22 ?
Mme Nicole Péry, secrétaire d'Etat. En préalable, je souhaite rappeler que l'article 5 du projet de loi n'a d'autre objet que d'autoriser les institutions gestionnaires du régime d'assurance chômage à verser à l'Etat la contribution que les partenaires sociaux ont décidé de dégager au titre de la clarification des relations financières.
Cet article permet donc à l'UNEDIC d'assurer le versement des sommes concernées à un comptable du Trésor, qui pourra ainsi constater la recette correspondante dans ses écritures.
L'amendement proposé par la commission vise à faire préciser par la loi l'affectation de cette recette à des dépenses en faveur des demandeurs d'emploi non indemnisés. Or l'article 1er de l'ordonnance du 2 janvier 1959 dispose que les lois de finances déterminent la nature, le montant et l'affectation des ressources et des charges de l'Etat.
J'ajoute que l'article 18 de cette ordonnance prévoit que l'affectation par la loi ne peut relever que d'une disposition de lois de finances.
Dans ces conditions, je ne peux qu'être défavorable à l'amendement n° 22, qui ne saurait trouver sa place dans une loi simple.
M. André Jourdain, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Jourdain, rapporteur.
M. André Jourdain, rapporteur. Madame la secrétaire d'Etat, la précision apportée par cet amendement est en parfaite conformité avec l'ordonnance organique du 2 janvier 1959, que vous venez d'évoquer, car elle n'a d'autre objet que d'introduire une condition pour l'autorisation accordée à l'UNEDIC. Elle porte donc sur les conditions d'habilitation, et non sur l'affectation ultérieure de ce versement.
M. Alain Vasselle, rapporteur. Très bien !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 66, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, ainsi modifié.

(L'article 5 est adopté.)

Article additionnel après l'article 5