SEANCE DU 31 MAI 2001


M. le président. « Art. 7. - Est ratifiée l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001 relative au code de la mutualité et transposant les directives 92/49/CEE et 92/96/CEE du Conseil des 18 juin et 10 novembre 1992, prise en application de la loi n° 2001-1 du 3 janvier 2001 portant habilitation du Gouvernement à transposer, par ordonnances, des directives communautaires et à mettre en oeuvre certaines dispositions du droit communautaire. »
Par amendement n° 39, M. Jourdain, au nom de la commission des affaires sociales, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. Jourdain, rapporteur.
M. André Jourdain, rapporteur de la commission des affaires sociales. Je ne reprendrai pas l'argumentation que j'ai développée dans mon rapport. Je dirai, à l'intention de nos collègues Claude Domeizel et Roland Muzeau, que la commission des affaires sociales est, elle aussi, soucieuse de défendre la mutualité. D'ailleurs, nous l'avons démontré lors du débat sur le projet de loi d'habilitation, au cours duquel nous avons pris une position qui prouvait l'intérêt de la commission à l'égard de la mutualité.
Je rappellerai simplement que la commission doute toujours, monsieur le secrétaire d'Etat, de la stricte conformité du texte de l'ordonnance aux directives « assurance », en particulier au regard de trois éléments : le principe de spécialité, la liberté de réassurance et la notion de contrat de substitution. Pour sa part, M. Domeizel disait qu'il n'en doutait plus. Aurait-il eu la primeur de textes de décrets lui permettant de l'affirmer ?
Il est des dispositions qui sont hautement critiquables : la procédure d'agrément et la tenue du registre national des mutuelles par le Conseil supérieur de la mutualité. Deux orientations se présentaient à notre commission : ou bien choisir un certain nombre d'articles qu'elle aurait amendés, mais c'était avaliser les autres ; ou bien proposer le retrait de l'article 7. Elle a retenu cette dernière solution. C'est pourquoi elle présente un amendement visant à supprimer cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire. J'ai eu l'occasion de m'exprimer en commission, où j'ai pu apporter certaines précisions sur les questions que vous avez soulevées vous-même lors de votre intervention dans la discussion générale.
Je vais vous faire un aveu : l'examen de l'article 3 du projet de loi d'habilitation était mon baptême du feu, puisque je venais au Sénat pour la première fois. Je l'avoue, j'ai assisté, ce soir-là, à un véritable débat de fond entre deux commissions qui n'examinaient pas le problème sous le même angle. En effet, l'une considérait qu'il ne fallait pas engager la procédure ; l'autre, notamment vous-même, monsieur le rapporteur, et le président de la commission des affaires sociales, soutenait l'idée qu'il convenait de mettre en sécurité le monde de la mutualité.
Nous avons dit - et c'est ce que nous avons fait - que le projet de loi serait à plus de 99 % - je ne sais même pas s'il y a une nuance - conforme à l'avant-projet de loi initial présenté au conseil supérieur de la mutualité au mois de mai 2000. Cela a été fait. Je sais que de nombreux parlementaires, et pas seulement sur telles ou telles travées des deux assemblées, souhaitaient un large débat sur la refonte du code. Le principe des ordonnances a été retenu pour essayer de rattraper - dois-je le rappeler ? - ce que l'on pourrait appeler le « retard français » en matière de transposition des directives européennes au moment où notre pays s'apprêtait à exercer la présidence de l'Union pour six mois. Il a été décidé de prévoir la refonte du code par voie d'ordonnance. S'est ensuivi l'engagement de tenir un délai de publication, ce qui a été fait, puisque le nouveau code a été publié au Journal officiel le 22 avril 2001. Le débat de ratification intervient à l'occasion de l'examen du présent article.
Je comprends bien - vous l'avez exprimé hier soir, donc je n'y reviendrai pas - la position qui est aujourd'hui la vôtre. Je voudrais simplement apporter des précisions sur le sujet que vous avez évoqué sous la forme d'une interrogation ultime lors du débat hier soir.
D'abord, le travail sur trois années permettant d'aboutir à la décision d'aujourd'hui et aux décrets qui suivront a fait l'objet d'allers et retours nombreux, à la suite du rapport de Michel Rocard, pour s'assurer, avec la Commission, que la construction française telle qu'elle se dessinait respectait les principes des directives et que nous n'aurions pas, à cet égard, à craindre de mauvaises surprises.
Vous vous interrogez sur le choix retenu pour la procédure d'agrément. Dans l'année à venir, l'ensemble du monde mutualiste, qui attend ce nouveau cadre depuis des années, devra effectivement, en consience, examiner, entité par entité, la situation pour organiser la mutation, la division des activités parfois, le regroupement quelquefois. Finalement, il nous a paru légitime, à partir du moment où tout un processus démocratique était mis en oeuvre, à partir du moment où le statut d'élu mutualiste était décrit et où la volonté de revivifier l'ensemble du réseau était clairement décrite à l'occasion de la refonte du code, que cette instance soit renforcée dans son rôle, même si, vous le savez, le secrétariat général est tout de même accompagné par l'administration qui suit la mutualité de manière constante au niveau des services de l'Etat. Telle est la composition.
Vous avez milité en faveur d'un décret en Conseil d'Etat. J'ai assisté à des débats très intéressants sur la nature du vote dans l'objectif de décrire la vitalité d'un mouvement et sa représentation dans les territoires régionaux. Il y aura donc un conseil supérieur de la mutualité. Une part de ses membres seront désignés ; votre assemblée a d'ailleurs procédé à la désignation dans le conseil supérieur provisoire. Par ailleurs, bien évidemment, les représentants de la mutualité seront élus, et la possibilité de faire siéger un membre dans le conseil supérieur, dès lors que l'on représente 15 % dans telle ou telle région, est ouverte par le nouveau code.
A travers la refonte du code, il y a la volonté de rajeunir les représentants du monde mutualiste et de sortir de l'hypocrisie selon laquelle on est responsable de 5 000 personnes et d'un budget de quelques milliards de francs à titre bénévole, aux heures du soir. Il fallait offrir - enfin ! - un vrai statut de l'élu social mutualiste pour que les responsabilités puissent être assumées largement par les uns ou par les autres, et ceux qui auront eu un parcours d'engagement au service de ce mouvement.
Enfin, je conclurai mon propos par une question sensible que vous avez évoquée : la fiscalité et les taxes sur les conventions d'assurance. La directive européenne, et donc son adaptation en droit français, nous imposait de poser un principe d'égalité entre le monde de la mutualité et les compagnies d'assurance. Si différenciation il y a - et il y aura - à travers la construction budgétaire 2002, ce ne sera que sous l'angle de la différence selon laquelle les assurances font du tri et une sélection sur différents critères, alors que le monde de la mutualité, par son code, s'engage à ne pas faire de sélection et à ne pas ranger par catégorie les différentes personnes qui s'affilient auprès de ses organismes.
J'ai écouté avec attention votre position. Je la regrette, mais cela ne vous surprendra pas. En finalisant ce parcours, nous pourrons, après neuf ans de travaux et de recherche de la bonne voie à suivre, offrir au monde de la mutualité française en général une sécurité juridique, une capacité de rebondir et d'aller de l'avant. Alors que les horizons géographiques bougent, au moment où l'Union européenne va s'élargir et où d'autres espaces géographiques peuvent s'inspirer de ce grand modèle historique, je suis persuadé que le mouvement mutualiste saura s'emparer de ces enjeux et aller de l'avant.
M. André Jourdain, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Jourdain, rapporteur.
M. André Jourdain rapporteur. La commission est soucieuse, au moins autant que vous, d'assurer la sécurité pour les mutuelles. D'ailleurs, c'est un problème que nous avions évoqué lors du débat. C'était la raison pour laquelle nous avions choisi la solution de la rapidité. Je ne rappellerai pas vos engagements ni ceux qu'avait pris votre collègue Jean-Jack Queyranne. Nous pensions avoir un débat à l'occasion de la ratification. Nous ne l'avons pas. C'est pourquoi la commission demande la suppression de l'article 7.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par le Gouverment.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires sociales.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 56:

Nombre de votants 312
Nombre de suffrages exprimés 312
Majorité absolue des suffrages 157
Pour l'adoption 213
Contre 99

En conséquence, l'article 7 est supprimé.



Articles additionnels après l'article 7

M. le président. Par amendement n° 47, MM. Hoeffel et Grignon proposent d'insérer, après l'article 7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Les deuxième et troisième alinéas de l'article L. 112-2 du code de la mutualité annexé à l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001 relative au code de la mutualité et transposant les directives 92/49/CEE et 92/96/CEE du Conseil des 18 juin et 10 novembre 1992 sont supprimés. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 48, MM. Hoeffel et Grignon proposent d'insérer, après l'article 7, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le second alinéa de l'article L. 211-4 du code de la mutualité annexé à l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001 relative au code de la mutualité et transposant les directives 92/49/CEE et 92/96/CEE du Conseil des 18 juin et 10 novembre 1992 est supprimé. »
Cet amendement est-il soutenu ?...

TITRE IV

DISPOSITIONS RELATIVES À LA JEUNESSE
ET À L'ÉDUCATION POPULAIRE

Article 8