SEANCE DU 19 JUIN 2001


ACCORD AVEC LE LUXEMBOURG PORTANT RECTIFICATION DE LA FRONTIÈRE FRANCO-LUXEMBOURGEOISE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 290, 2000-2001) autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du grand-duché de Luxembourg portant rectification de la frontière franco-luxembourgeoise. [Rapport n° 349 (2000-2001). ]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, en application du traité de Courtrai de 1820, la frontière franco-luxembourgeoise entre les communes françaises de Longlaville et Mont-Saint-Martin et la commune luxembourgeoise de Pétange correspond à un ancien lit de la rivière Chiers. Ce cours d'eau a été dévié, voilà plusieurs dizaines d'années, par l'entreprise sidérurgique propriétaire des terrains de part et d'autre de la frontière, ce qui a entraîné la création de deux enclaves luxembourgeoises d'une surface totale de 3,8 hectares.
Or ces enclaves représentent désormais une anomalie dans la géographie actuelle du site et interdisent l'aménagement optimal de la plate-forme industrielle dite « entre deux voies ». Celle-ci présente de nombreux avantages pour l'accueil d'activités industrielles avec ses vingt-deux hectares d'un seul tenant, sa surface quasiment plane, sa voirie et un réseau routier et ferré en bordure.
La configuration ne permettant pas non plus au Luxembourg de valoriser son terrain, les autorités des deux Etats se sont entendues pour réorganiser cet espace par le biais d'un échange de territoires. L'accord du 15 mars 2000 porte sur deux parcelles appartenant à l'Etat luxembourgeois, et sur une parcelle française, propriété de l'Etablissement public de la métropole lorraine - EPML - chargé de la mise en valeur des terrains industriels libérés du fait de la fermeture des sites sidérurgiques.
Plusieurs dizaines d'hectares ont déjà été commercialisés à proximité de la parcelle et sont occupés par des industriels, tels que Daewoo, Honeywell, K-Container, Anaf et des entreprises de travail des métaux et de menuiserie métallique. Les activités commerciales sont représentées par plusieurs enseignes automobiles - Fiat, Opel, Volvo et Volkswagen - ainsi que par un pôle de services pour petites et moyennes entreprises.
La plate-forme industrielle aboutit au point de rencontre des trois frontières, dit « point triple », ce qui pourrait favoriser une dynamique commune en matière de services. Les projets les plus avancés se répartissent entre activités à caractère logistique et activités de services.
En particulier, le district de Longwy compte exploiter le rétablissement de la ligne de chemin de fer Athus-Longwy le long de la parcelle française pour développer le lien modal fer-route. La présence d'entrepôts Ikea et Bertelsmann à proximité offre également de bonnes perspectives de valorisation du site.
Par ailleurs, la filiale luxembourgeoise d'un équipementier américain spécialisé dans les produits en verre pour l'industrie automobile a fait montre d'intérêt pour les nouveaux terrains disponibles.
La rectification de frontière permet d'améliorer l'offre de terrains industriels alors qu'ils deviennent rares du fait du quasi-achèvement du recyclage des friches industrielles, du caractère vallonné de la région et de la préservation des zones naturelles dans le cadre du développement durable et renouvelable.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du grand-duché de Luxembourg portant rectification de la frontière franco-luxembourgeoise, signé à Luxembourg le 15 mars 2000, et qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la rectification de frontière que nous avons à examiner est d'une ampleur très limitée : elle porte sur l'échange de deux parcelles inhabitées de 38 017 mètres carrés chacune entre la France et le Luxembourg.
Dans le cas présent, le cours de la rivière Chiers a été modifié pour être rendu rectiligne, vous l'avez dit, monsieur le ministre, ce qui en a facilité l'utilisation pour les établissements sidérurgiques, alors que la frontière restait fixée le long de son cours d'origine, marqué par la fantaisie de la nature, et non par la stricte géométrie.
Tant que la sidérurgie fonctionnait, il importait peu que les établissements industriels soient situés du côté français ou du côté luxembourgeois de la frontière,.
Avec la reconversion de grande ampleur qu'a connue cette région, les friches industrielles qui en ont découlé ont été affectées à de nouvelles activités, qui rendent désormais nécessaire la coïncidence entre la frontière de fait, constituée par le cours rectiligne de la rivière Chiers, et de la frontière de droit.
A l'heure actuelle, chacune des plates-formes enclavées est propriété de l'Etat voisin, ce qui simplifie les procédures à suivre.
Pour la France, la parcelle qui sera remise au Luxembourg appartient à l'Etablissement public de la métropole Lorraine, établissement public chargé de la mise en valeur des terrains industriels libérés par la reconversion industrielle.
Pour le Luxembourg, la parcelle appartient à l'Etat luxembourgeois ; le changement de tracé se traduira donc par un échange de titres de propriété devant notaires entre le Luxembourg et l'Etablissement public de la métropole Lorraine, une fois l'accord ratifié.
Vous avez parlé des projets d'implantation d'activités, monsieur le ministre, je n'y reviens pas.
Je rappellerai simplement que l'Etablissement public de la métropole Lorraine est à l'origine du présent accord, évoqué dès 1992. Les autorités luxembourgeoises ont donné leur accord en 1993, puis les différentes administrations compétentes, dont le service du cadastre, bien entendu, ont élaboré les documents nécessaires.
Aussi sommes-nous conduits aujourd'hui à examiner cet accord, déposé en première lecture au Sénat le 25 avril dernier.
L'adoption rapide de cet accord est souhaitable afin de permettre l'accueil, sur les terrains qui seront ultérieurement aménagés, de plusieurs investisseurs, tant français qu'étrangers.
Je vous propose donc, mes chers collègues, d'adopter le présent projet de loi.
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique . - Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du grand-duché de Luxembourg portant rectification de la frontière franco-luxembourgeoise, signé à Luxembourg le 15 mars 2000, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix heures cinquante-cinq, est reprise à seize heures dix, sous la présidence de M. Jean-Claude Gaudin.)