SEANCE DU 24 OCTOBRE 2001


SÉCURITÉ DES INFRASTRUCTURES
ET SYSTÈMES DE TRANSPORT

Suite de la discussion
et adoption d'un projet de loi
déclaré d'urgence

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi (n° 15, 2000-2001), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif à la sécurité des infrastructures et systèmes de transport et aux enquêtes techniques après événement de mer, accident ou incident de transport terrestre [Rapport n° 29, (2000-2001)].
Je rappelle que la discussion générale a été close.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Je demande la parole
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le rapporteur, je veux vous féliciter de la qualité de votre rapport et du travail de votre commission, présidée depuis peu par M. Gérard Larcher, dont j'ai bien entendu le propos.
Vous savez que j'ai toujours respecté votre Haute Assemblée et que je me suis toujours efforcé de travailler avec le Sénat et avec votre commission dans un esprit constructif. Je crois d'ailleurs que c'est réciproque.
J'ai bien conscience des conditions difficiles dans lesquelles vous avez travaillé. Cependant, tout le monde, je le crois, comprendra que l'importance des dispositions contenues dans ce projet de loi implique des procédures législatives particulières.
Je le disais dans mon intervention générale, l'opinion publique, la société exigent de nous, des pouvoirs publics, une sécurité optimale pour les déplacements, ainsi que pour les transports de marchandises. Il est de notre devoir d'apporter à la population les réponses qu'elle est en droit d'attendre.
Les catastrophes des tunnels du Mont-Blanc et du Saint-Gothard, celle du pic de Bure, celle du téléphérique de Kaprun, en Autriche, l'explosion de Toulouse et les risques que font courir les actes de terrorisme à la population, tout cela conduit le Gouvernement à proposer au Parlement de légiférer dans des conditions inhabituelles.
Le Gouvernement a donc déclaré l'urgence sur ce projet de loi et a souhaité que ce texte soit examiné rapidement par les deux assemblées, afin d'être promulgué le plus vite possible.
Tout à l'heure, j'entendais dire qu'après avoir déclaré l'urgence on laissait les choses traîner. Je fais observer qu'en l'occurrence il s'agit de promulguer le texte avant la fin de l'année 2001 !
Vous avez évoqué, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, le sujet des amendements.
Si je partage la volonté du Sénat de disposer de délais suffisants pour travailler sur les textes, je souhaite apporter des éléments d'explication précis.
Les événements survenus aux Etats-Unis le 11 septembre et depuis ont accentué l'urgence à répondre aux attentes de la société, principalement en matière de sécurité. Compte tenu de ces conditions particulières, cela a nécessité, en effet, un travail extrêmement rapide.
Est survenue immédiatement après, le 21 septembre, la catastrophe de Toulouse, ce qui conduira tout à l'heure M. le secrétaire d'Etat à l'industrie à vous présenter un amendement sur la directive Seveso 2, dont la teneur vous est connue depuis la fin de la semaine dernière.
Devions-nous ne pas tenir compte de ces événements ? J'estime, honnêtement, que cela n'aurait pas été responsable de la part du Gouvernement, car quantité de dispositions législatives sont devenues nécessaires pour améliorer la sécurité.
Les nombreux amendements et sous-amendements déposés par le Gouvernement participent du nécessaire dialogue qui doit avoir lieu entre le Gouvernement et le Parlement sur des sujets aussi importants que la sécurité des infrastructures et des systèmes de transport.
Il nous a fallu d'abord réagir aux amendements votés par l'Assemblée nationale, puis à vos propositions, qui, souvent - je dois le dire -, sont excellentes. Il nous a ensuite fallu les faire expertiser par nos services et, parfois, proposer des modifications par voie de sous-amendements gouvernementaux. Vous conviendrez avec moi que, même si les conditions sont particulières, il s'agit là d'un travail réel entre le Gouvernement et le Parlement.
Plutôt que de répondre défavorablement à vos propositions au motif qu'un détail rédactionnel ne convient pas à l'un des ministères sur le plan juridique, nous avons voulu suivre avec attention, heure par heure, le travail de votre commission, qui évoquait des questions totalement légitimes, au même titre que les propositions votées par l'Assemblée nationale.
L'essentiel - chacun peut en convenir - est bien d'arriver à un résultat qui change vraiment les choses pour nos concitoyens. Et ce résultat sera vécu par tous comme le fruit de notre travail collectif.
Le Gouvernement a été amené à introduire dans ce texte des amendements correspondant à de nouveaux sujets qui touchent à différents aspects de la sécurité des biens et des personnes. Soyez certains que nous avons, depuis trois semaines, considérablement accéléré le travail et les réflexions qui étaient menées sur tous ces sujets, parfois depuis très longtemps.
Aussi, le Gouvernement a souhaité que ce texte soit le plus complet possible pour répondre aux objectifs de sécurité, qui sont vraiment essentiels.
Je comprends, monsieur le rapporteur, monsieur le président de la commission, vos remarques assez sévères sur les conditions d'examen de ce projet de loi. Mais je suis certain que l'objectif de sécurité que le Gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat partagent vaut bien les efforts importants que les uns et les autres auront consacré à ce chantier.
Plusieurs d'entre vous, notamment MM. Le Grand, Le Cam et Flandre, ont évoqué l'harmonisation sociale en Europe. Cette question importante concerne tous les domaines, notamment le transport routier et le transport maritime, à propos duquel M. Le Cam a eu des réflexions très pertinentes.
La sécurité passe aussi par des conditions de travail saines et contrôlées pour les conducteurs et opérateurs de systèmes de transport.
Vous le savez, je me suis engagé sur cette question. Depuis maintenant plus de quatre ans, je me bats à Bruxelles et à Luxembourg pour obtenir l'harmonisation européenne des conditions de travail dans le transport routier.
J'ai obtenu que soient discutés plusieurs textes en Conseil des ministres des transports et au Parlement européen. Le directive sur le temps de travail a été un événement que les patrons et les syndicats ont approuvé. Elle a été abondamment discutée sous la présidence française et nous sommes maintenant dans une phase ultime, la phase de conciliation entre le Conseil et le Parlement européen. Ce travail devrait donc aboutir rapidement et les mesures entrer en vigueur très bientôt.
Il s'agit de la directive sur le temps de travail, du règlement 38/20 sur les conditions de conduite, incluant la clarification et la simplification du contrôle - c'est absolument nécessaire à l'échelon européen - et, enfin, de la directive sur l'attestation des conducteurs. Cette dernière tend à dissuader des entreprises d'employer des salariés de pays tiers pour pratiquer en Europe du cabotage sur fond de dumping social.
Messieurs Hérisson, Joly et Flandre, je vous rappelle que la sécurité est une compétence d'Etat de façon générale. C'est ainsi que les commissions de sécurité des établissements recevant du public ou des immeubles de grande hauteur relèvent de l'Etat et sont présidées par le préfet.
La création de ce nouveau dispositif ne se traduit donc pas par un renforcement de la tutelle, risque évoqué par M. Raoul. Il s'agit simplement d'organiser les responsabilités de l'Etat dans le cas spécifique des ouvrages dont l'exploitation présente des risques particuliers pour la vie humaine. Comme l'ont dit plusieurs d'entre vous, c'est plus une garantie pour les élus qu'une menace.
Par ailleurs - et cela répond à la préoccupation de M. Raoul -, la présence d'élus dans la future commission administrative garantit que la préparation de la décision, qui incombera en définitive au représentant de l'Etat, s'établira sur la base d'un partenariat constructif.
Souvent les élus ont regretté que pèsent sur eux certaines responsabilités qui sont d'ordre régalien. Nous rétablissons l'équilibre : la tutelle n'est pas accentuée, mais la responsabilité publique est assumée à l'échelle de l'Etat, en partenariat avec les collectivités territoriales. Ce dispositif renforce d'ailleurs la sécurité juridique des décisions prises à l'échelon local. Compte tenu de l'évolution de notre jurisprudence, cela me paraît utile, voire indispensable et, donc, finalement, positif pour les élus.
La commission fera aussi appel, en cas de besoin, à une expertise complémentaire auprès d'experts nationaux, provenant notamment des services techniques du ministère de l'équipement : CETU, SETRA, STRMTG, CETMEF, STBA, c'est-à-dire le centre d'étude des tunnels, le service d'études techniques des routes et autoroutes, le service technique des remontées mécaniques et des transports guidés, le centre d'études techniques, maritimes et fluviales, enfin le service technique des bases aériennes.
Monsieur Hérisson, vous avez évoqué le sujet plus vaste de la sécurité routière. Je tiens à rétablir la réalité des chiffres, sans vouloir ouvrir une vaine querelle.
Depuis le combat que nous avons engagé et dans lequel je me suis particulièrement impliqué, la France a heureusement progressé par rapport à ses partenaires européens. Le triste bilan de 1998 - près de 8 500 morts - faisait suite, je vous le rappelle, à trois années - entre 1994 et 1997 - au cours desquelles aucune réunion du Comité interministériel de sécurité routière n'avait eu lieu.
Dès ma nomination au ministère, j'ai décidé de prendre à bras-le-corps le sujet de la sécurité routière. Ce fut même l'objet de ma première communication en conseil des ministres.
Je me suis engagé, c'est vrai, sur l'objectif de diviser le nombre de morts sur la route chaque année par deux. En effet, je ne vois pas pourquoi dans d'autres pays, on se tue deux fois moins sur les routes qu'en France. Je m'en tiendrai à cet objectif même s'il est difficile à atteindre.
M. Pierre Hérisson. Ce n'était pas une critique, c'était un constat !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Qu'avons-nous fait depuis deux ans et demi ? Une dynamique de baisse à été enclenchée parallèlement à la mise en oeuvre des mesures volontaristes de lutte contre l'insécurité routière. Pour la première fois en France, une loi est spécifiquement consacrée à la sécurité routière.
Sur les douze derniers mois, le bilan est voisin de 7 500 décès. Autrement dit, ensemble, nous avons annuellement sauvegardé 1 000 vies. Quant aux accidents très graves, qui, souvent, entraînent des handicaps durables, leur nombre est passé de 33 000 à 28 000.
Je ne crie pas victoire, mais la preuve est faite que l'on peut faire reculer l'insécurité routière, y compris quand le parc automobile croît et lorsque le nombre de touristes augmente. Nous menons un combat contre l'insécurité, qui n'est pas une fatalité. Nous avons progressé, mais nous sommes loin des pays qui font bien mieux que nous dans ce domaine. Il faut donc poursuivre notre action.
Contrairement à ce que beaucoup de personnes ont affirmé, la situation n'a pas été catastrophique durant les trois mois d'été. En effet, en juillet et en août, les deux mois au cours desquels les touristes sont les plus nombreux, les bilans ont été de l'ordre de ce ceux de l'an dernier. En revanche, en septembre, le nombre de tués a progressé de quelque 6,5 %. J'ai parlé à cet égard d'alerte sérieuse. C'est pourquoi nous avons enclenché des actions, notamment la semaine de prévention et de sécurité routière.
Une autre orientation de la politique mise en oeuvre réside dans le fait d'avoir retenu l'idée de bilans mensuels publiés rapidement, qui nous permettent de réagir immédiatement.
J'installerai vendredi prochain le conseil national de la sécurité routière, avec les moyens que vous connaissez puisqu'ils ont été votés par le Parlement. Ce conseil est une instance de débat et de proposition ouverte à l'ensemble de la société.
Enfin, vous avez évoqué les infrastructures. Nous avons doublé le montant des programmes régionaux d'aménagement de sécurité dans les contrats de plan et créé un programme spécifique de traitement des obstacles latéraux de 400 millions de francs sur la période des contrats de plan.
De façon générale, je veux évoquer le niveau d'entretien des routes nationales. La Cour des comptes a fait un rapport sur cette question. Il y a eu effectivement des défaillances.
Il faut bien prendre en compte ce qui a été dit dans le rapport de la Cour des comptes, mais en le rapportant aux années concernées. Si vous croyez que ce rapport évoque la période actuelle, vous pouvez effectivement dire que le Gouvernement ne fait pas ce qu'il faut. Mais ce rapport traite, pour l'essentiel, de la période qui a précédé la prise de fonction de ce gouvernement.
M. Pierre Hérisson, vice-président de la commission des affaires économiques et du Plan. Ce n'est pas mieux aujourd'hui !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Ce n'est pas mieux aujourd'hui, dites-vous ! Depuis la période visée par ce rapport, j'ai augmenté les crédits d'entretien de plus de 22 % pour les routes nationales et je vais vous proposer 6 % de plus pour 2002 dans le cadre du projet de loi de finances. Donc, c'est un petit peu mieux aujourd'hui !
M. Pierre Hérisson, vice-président de la commission. Tout vient à point...
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Quant aux bilans comparatifs de sécurité, entre 1998 et 2000, s'il y a eu 9,4 % de morts en moins sur le réseau départemental - 4,5 % entre 1999 et 2000 - c'est sur le réseau national qu'a eu lieu la plus forte baisse, puisque le nombre d'accidents mortels a diminué de 13,7 %. L'effort de sécurité concerne donc tous les réseaux et, pour l'Etat, on le voit bien, c'est une priorité claire.
Ce gouvernement lutte contre toutes les causes d'insécurité routière et il ne laissera pas oublier ce qui n'a pas été fait, comme je l'ai rappelé, au cours de la période précédente.
M. Jean-Pierre Sueur m'a interrogé hier soir à propos de l'aménagement de la RN 60 dans la région d'Orléans. Je peux lui faire part de notre volonté de poursuivre avec détermination et sans retard les aménagements de sécurité sur cette route nationale ainsi que les déviations d'agglomération prévues.
En ce qui concerne les cabines des aéronefs commerciaux, les mesures à mettre en oeuvre, telles que le renforcement de la porte du poste de pilotage, puisque vous avez évoqué cette question, relèvent d'une réglementation technique pour laquelle nous disposons d'outils réglementaires adaptés. Un travail international est d'ores et déjà entrepris en liaison avec les constructeurs, les compagnies aériennes et, bien sûr, les personnels navigants.
Monsieur Le Grand, sachez que je partage l'importance que vous attachez à l'information des victimes des accidents aériens. Elle sera assurée au sein du BEA aviation civile par une structure spécialisée, distincte du service chargé spécialement des enquêtes.
Le BEA pourra recevoir les familles des victimes pour leur présenter le contenu des rapports d'enquête qui les concernent. Les rapports sont bien évidemment déjà rendus publics de par la loi.
Pour sa part, le BEA mer assure l'information des familles dès qu'il dispose des éléments nécessaires, soit par des rencontres, soit par remise des rapports.
M. Joly a demandé des mesures concrètes tendant à renforcer la protection des usagers des transports publics contre les actes de malveillance ou de terrorisme. On peut toujours essayer de tout mettre dans ce texte ! Je rappellerai simplement qu'au-delà des plans Vigipirate qui sont renforcés en fonction de l'actualité, y compris dans les transports publics, le projet de loi relatif à la sécurité quotidienne, mieux adapté à ce sujet et que vous avez examiné ici même la semaine dernière, a prévu des mesures de sécurité supplémentaires, notamment les palpations de sécurité, la visite manuelle des bagages et des mesures d'agrément des personnels de sécurité.
Monsieur Le Cam, vous avez soulevé plusieurs questions relatives au secteur maritime.
D'abord, je vous remercie des mots forts que vous avez prononcés en faveur de l'harmonisation vers le haut des réglementations. En effet, je partage largement votre sentiment : c'est avant tout la recherche du profit immédiat, au détriment des règles, des précautions et, pis, des hommes, qui est à l'origine des tragédies vécues en France ou ailleurs, des catastrophes écologiques ou des marins abandonnés.
Pour ma part, je n'accepterai pas des évolutions qui reviendraient à diminuer l'encadrement réglementaire, technique ou social, pour le seul profit de quelques-uns.
Afin de répondre à l'inquiétude que vous avez exprimée sur ce sujet, je vous confirme que je suis particulièrement exigeant et vigilant à l'égard du projet de directive européenne sur les services portuaires. Je tiens, en particulier, à ce que les questions de qualification, de sécurité et les questions sociales, actuellement absentes du projet de directive, soient traitées explicitement. A ces conditions seulement, une part d'auto-assistance, dans certains cas et pour certaines activités très définies, par exemple dans le cadre de lignes de cabotage, pourra être envisagée, à condition que cela ne remette pas en cause le service global assuré dans un port et la sécurité.
En ce qui concerne l'Agence européenne de sécurité maritime, son rôle sera d'harmoniser vers le haut des normes et pratiques dans le domaine de la sécurité maritime, sur des sujets comme les règles sur l'inspection des sociétés de classification, la formation des inspecteurs, la collecte de données statistiques ou les méthodes d'enquête. Elle aura également un rôle dans le contrôle de l'efficacité des mesures prises. C'est donc un élément essentiel du dispositif de renforcement de la sécurité maritime.
La France a confirmé sa candidature - nous avons déjà évoqué ce sujet ici lors d'examen d'autres projets de loi - et je m'emploie d'ores et déjà à la défendre lors des sommets européens. Pour ma part, j'estime que la France, qui a subi les principales pollutions et qui est à l'origine des réformes des « paquets Erika », a une légitimité particulière pour accueillir cette agence. De plus, de nombreuses villes françaises ont développé des compétences et accueillent des institutions nationales qui jouent un rôle dans ce domaine. Au-delà de la nécessaire désignation d'une ville candidate, je soutiens la mise en réseau et l'association de toutes ces villes au profit de la candidature française.
Naturellement, les moyens humains consacrés à la sécurité maritime doivent être à la hauteur des enjeux. En ce qui concerne mon ministère, je peux vous indiquer que j'ai inscrit au budget 2002 la création de quarante emplois directement consacrés à la sécurité, inspecteurs des navires et officiers de ports essentiellement. A cela s'ajoutent des créations d'emplois pour la formation, élément essentiel pour la sécurité générale dans le secteur maritime, pour un total de plus de cent vingt postes. Nous aurons l'occasion d'en discuter lors de l'examen du projet de loi de finances.
Enfin, je partage l'importance que vous attachez au renforcement des normes sociales. A titre d'illustration de notre politique dans ce domaine, je citerai l'initiative que j'ai prise pour mettre en place des règles minimales, au niveau international, en faveur des marins abandonnés. Un premier accord est déjà intervenu avec les armateurs sur ce sujet, ce qui me laisse croire que, dans ce domaine également, la volonté politique, dont vous avez rappelé la nécessité, permet d'aller de l'avant.
Enfin, je dirai quelques mots sur le problème des infrastructures ferroviaires. A ce propos, je pense à la société britannique Railtrack que M. Le Cam a évoquée. Sa faillite est reconnue de tout le monde, et d'abord en Grande-Bretagne. Outre-Manche, le gouvernement, qui avait ardemment défendu cette privatisation, ce découpage, reconnaît tout à coup que cela ne fonctionne pas.
M. Gérard Delfau. Eh oui !
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Ceux pour qui seule la loi du marché ou les privatisations peuvent apporter une réponse aux questions de service public constatent que, en l'occurrence, l'échec est flagrant. D'ailleurs, cet échec financier fait suite à l'échec dans le domaine de la sécurité.
Les orientations de ce gouvernement en la matière sont totalement différentes. C'est justement parce que nous privilégions la sécurité que l'unicité du système public ferroviaire a été confortée depuis quatre ans, au prix de belles batailles à l'échelle européenne.
Nous avons fait le choix de la sécurité et du secteur public, au moment où certains voulaient nous imposer l'application de dogmes libéraux.
Mesdames, messieurs les sénateurs, ce projet de loi va dans le bon sens, vous l'avez d'ailleurs tous reconnu. Nous allons aborder l'examen des articles et des amendements. Je souhaite, bien entendu, que le texte soit enrichi, mais je souhaite également, et vous le comprendrez, qu'il puisse rapidement être mis en oeuvre et donc promulgué avant la fin de l'année. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen. - M. Delfau applaudit également.)
M. le président. Nous passons à la discussion des articles.

TITRE Ier

SÉCURITÉ DES INFRASTRUCTURES
ET DES SYSTÈMES DE TRANSPORT

Article 1er