SEANCE DU 30 OCTOBRE 2001


M. le président. L'amendement n° 17, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission, est ainsi libellé :
« Après l'article 39, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 5211-9 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 5211-9-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 5211-9-1 . - Le président de l'établissement public de coopération intercommunale déclaré comptable de fait par un jugement du juge des comptes statuant définitivement est suspendu de sa qualité d'ordonnateur jusqu'à ce qu'il ait reçu quitus de sa gestion. Dans ce cas, l'organe délibérant délibère afin de déléguer à un vice-président les attributions mentionnées dans la seconde phrase du deuxième alinéa de l'article L. 5211-9. Cette délégation prend fin dès lors que le président de l'établissement public de coopération intercommunale a reçu quitus de sa gestion. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement tend à combler une lacune...
M. Michel Charasse. Absolument !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur... en étendant au président d'un établissement public de coopération intercommunale les dispositions relatives à la suspension des fonctions d'ordonnateur.
MM. Jean-Claude Gaudin et Hubert Falco. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme j'ai eu l'occasion de le dire lors de la discussion à l'Assemblée nationale, le Gouvernement comprend que certains élus locaux puissent avoir le sentiment que la sanction électorale qui est appliquée à la procédure de gestion de fait est parfois disproportionnée par rapport aux faits visés par cette procédure.
Il s'agit d'une question délicate au regard de quelques cas ; cela n'a d'ailleurs pas échappé aux députés, qui ont finalement institué une procédure de suspension de la fonction de l'ordonnateur à l'encontre des élus qui sont engagés dans une procédure de gestion de fait. C'est pourquoi le Gouvernement s'en était remis à la sagesse de l'Assemblée nationale.
S'agissant d'un amendement qui vise les présidents des établissements publics de coopération intercommunale, il s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée pour la même raison.
MM. Jean-Claude Gaudin et Hubert Falco. Très bien ! M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 17.
M. Jean-Claude Gaudin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaudin.
M. Jean-Claude Gaudin. Je me réjouis du vote que nous allons émettre.
En effet, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les élus locaux de France ne sont pas tous des spécialistes du droit. Ils peuvent parfois, sans le savoir, prendre une disposition qui n'est pas conforme à la loi.
M. Michel Charasse. Comme M. Jourdain faisait de la prose, sans le savoir !
M. Jean-Claude Gaudin. Ce n'est pas une raison pour les condamner.
M. Michel Charasse. Oh, que non !
M. Jean-Claude Gaudin. Lorsque je présidais la région Provence-Alpes-Côte d'Azur - je l'ai fait pendant douze ans - on m'a soufflé un jour l'idée que je pouvais abonder de 200 francs par mois la retraite du personnel de la région. Y voyant un geste social, je l'ai fait.
Trois ans après, la chambre régionale des comptes m'a dit que c'était illégal et qu'il fallait arrêter.
M. Michel Charasse. Et le préfet n'avait rien dit !
M. Jean-Claude Gaudin. Bien entendu !
Nous avons donc arrêté.
L'année suivante, on m'a dit qu'il fallait rembourser. L'amicale du personnel de la région a fait un emprunt de 4,5 millions de francs à la caisse d'épargne. A l'époque, ce n'était pas rien !
Je me suis donc présenté devant l'ensemble du personnel. Je leur ai dit que je m'étais « planté », que je croyais faire un acte social, mais que j'étais dans l'obligation de leur demander de rembourser. A 95 %, le personnel de la région a accepté. Avec les agios, ce sont plus de 5,5 millions de francs qui ont été remboursés !
J'ai dû néanmoins comparaître devant la chambre régionale des comptes. Dieu merci, elle m'a blanchi, et je rends hommage à la sagesse des magistrats qui ont pris cette décision ! Mais les caméras de télévision étaient là, les magistrats étaient en habit, comme si je passais devant un tribunal.
Le souvenir que j'en ai gardé m'amène à être très solidaire de ceux qui, sans le savoir, peuvent commettre une erreur ! (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées socialistes.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 17, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 39.

Article 40