SEANCE DU 27 NOVEMBRE 2001


LOI DE FINANCES POUR 2002

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2002 (n° 86, 2001-2002), adopté par l'Assemblée nationale. [Rapport n° 87 (2001-1002).]
Dans la discussion des articles de la première partie, nous poursuivons l'examen des amendements tendant à insérer un article additionnel après l'article 11 bis.

Articles additionnels après l'article 11 bis (suite)

M. le président. L'amendement n° I-201, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 278 septies du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art... La taxe sur la valeur ajoutée est perçue au taux de 5,5 % en ce qui concerne les opérations d'achat d'importation, d'acquisition intracommunautaire, de vente, de livraison, de commission, de courtage, ou de façon portant sur les casques motocyclistes homologués et sur les sièges auto homologués pour enfants ».
« II. - Les pertes de recettes découlant de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement avait déjà été déposé et défendu l'an dernier par notre groupe, lors du même débat sur les baisses ciblées de taxe sur la valeur ajoutée.
Il vise concrètement à appliquer à certains équipements de sécurité le taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée.
On observera que ces équipements présentent la particularité d'être obligatoires, en vertu des dispositions du code de la route. Cette obligation ne devrait pas, pensons-nous, s'accompagner d'un surcoût pour les consommateurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, il semble que cette proposition ne soit pas conforme à l'annexe H de la directive communautaire dont il est souvent question dans ce débat. Dès lors, et je parle évidemment sous le contrôle de l'expert, notre collègue Denis Badré - nous avons ici toutes les références nécessaires -, il n'est pas possible à la commission d'émettre un avis favorable, faute de cette compatibilité.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Même avis défavorable, monsieur le président.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-201, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-220, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le a quinquies de l'article 279 du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« ... les prestations de services funéraires ; ».
« II. - Le taux de l'impôt sur les sociétés est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement porte sur la question de la TVA sur les prestations de services funéraires.
On notera que cette possibilité d'application du taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée est ouverte par les recommandations de la Commission européenne, ainsi qu'il est précisé dans la fameuse annexe H de la directive TVA, que vient de rappeler M. le rapporteur général.
Pour autant, la question revêt aujourd'hui une acuité particulière, notamment avec l'évolution des conditions de prestation des services concernés.
En effet, entre la mise en oeuvre de la juste réduction du temps de travail et l'évolution des conditions d'emploi des salariés de ce secteur, des problèmes nouveaux se posent, illustrés, dans la dernière période, par le développement de mouvements revendicatifs de la profession.
La réduction du taux de TVA appliqué aux services funéraires pourrait donc offrir des marges pour la résolution des problèmes posés et faciliter une réduction du coût facturé aux familles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement dont il s'agit a été voté par le Sénat il y a deux ans. Le Gouvernement l'avait fait alors rejeter par l'Assemblée nationale.
Il faut rappeler que le droit communautaire permet de soumettre au taux réduit de TVA les prestations de services funéraires.
Il s'agit d'une mesure sociale, car les dépenses importantes occasionnées sont subies par des familles qui se trouvent souvent dans des situations de grande détresse morale.
Madame le secrétaire d'Etat, la commission des finances souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur ce sujet.
Mais, à ce stade, compte tenu du gage qui a été prévu par le groupe communiste républicain et citoyen, compte tenu du coût de la mesure et compte tenu de l'esprit de discipline et de responsabilité que nous voulons respecter dans cette discussion budgétaire, nous ne sommes pas en mesure d'émettre un avis favorable sur cet amendement.
Toutefois, nous souhaiterions savoir si le Gouvernement, dans ses contacts avec l'Union européenne, a prévu de faire évoluer la situation de ce secteur.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement me permet de revenir sur la question qui nous avait occupés l'année dernière, la fiscalité applicable au secteur funéraire.
Une étude, réalisée par nos soins, fait apparaître que les prestations et livraisons de biens réalisées par les entreprises de pompes funèbres sont très nombreuses et diverses. Ainsi, la loi n'énumère pas moins de huit catégories différentes d'opérations qui relèvent du service extérieur, c'est-à-dire de la mission de service public assumée par ces prestataires de services, opérations distinctes des prestations liées, elles, à l'inhumation.
En la matière, une demi-mesure ne contenterait personne et serait source de complexité. A l'inverse, une mesure globale aurait un coût de plus de 100 millions d'euros.
Donc, pour répondre à votre question, monsieur le rapporteur général, une mesure de ce type n'est pas envisageable, du moins, je m'empresse de le préciser, dans l'immédiat.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-220, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-132 rectifié, présenté par M. Badré, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le a quinquies de l'article 279 du code général des impôts, il est inséré un a sexies ainsi rédigé :
« a sexies. Les prestations juridiques et judiciaires dispensées par les avocats aux particuliers. »
« II. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
« III. - Ces dispositions s'appliquent à compter du 1er juillet 2002. »
La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré. Nous poursuivons notre petit marché s'agissant du passage au taux réduit de TVA ! (Sourires.) Nous en arrivons maintenant aux prestations des avocats, autre grand classique.
Je ne reviendrai pas sur le fond, ni sur l'intérêt social d'une telle mesure, ni sur le fait qu'elle est très demandée. Je rappellerai simplement que Mme Guigou, alors garde des sceaux, auditionnée par la commission des finances, avait dit tout le bien qu'elle pensait de cette mesure.
Certes, cette mesure n'est pas euro-compatible. (Mme le secrétaire d'Etat opine.) Je le reconnais bien volontiers, madame le secrétaire d'Etat, et je suis le premier à le dire. C'est d'ailleurs pourquoi, vous l'aurez noté, mon amendement prévoit que la mesure prendra effet au 1er juillet 2002, ce qui donne au Gouvernement les six mois nécessaires pour obtenir soit une dérogation, soit la modification générale du système.
Madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, si nous revenons à la charge avec cette mesure, c'est que, comme j'ai pu le vérifier, elle répond à une demande de l'ensemble des Etats membres de l'Union. Si une expression politique forte s'exprime en faveur de la même mesure au sein de l'ensemble des parlements des Quinze, le Conseil européen pourra la prendre en compte, s'il vérifie qu'effectivement elle correspond à un vrai besoin.
C'est donc, pour exprimer, au titre de notre pays, la France, cette volonté politique que j'ai déposé cet amendement, espérant que le dossier pourra continuer à cheminer et qu'il pourra être appuyé, au plan politique, à Bruxelles, par l'ensemble de nos partenaires.
M. Roland du Luart. On l'espère !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission aurait souhaité, dans un premier temps, obtenir du Gouvernement sinon le chiffrage de la mesure, ce qui apparemment semble très difficile, tout au moins une estimation, ce qui permettrait d'éclairer le débat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. D'après notre estimation, il s'agirait de 2,5 milliards de francs en année pleine, soit 380 millions d'euros.
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. En euros, c'est déjà beaucoup moins impressionnant ! (Sourires.)
Comme chacun le sait, puisque ce débat revient chaque année, la directive ne mentionne pas les frais et honoraires de justice dans la liste des secteurs susceptibles de bénéficier du taux réduit.
Cependant, l'expression par notre pays, dans la négociation européenne, d'une volonté politique serait de nature à faire évoluer les choses. La question qui se pose à ce stade est de savoir, madame le secrétaire d'Etat, si vous avez cette volonté politique. Depuis des années, le Sénat formule régulièrement sa préoccupation dans ce domaine.
Les frais de justice grèvent souvent les moyens financiers de personnes qui n'ont pas choisi d'être dans un prétoire et dont les moyens peuvent être modestes, ou relativement modestes, et l'accès au droit est un vrai problème de notre société. Tout cela devrait militer en faveur de la mesure préconisée par cet amendement.
La commission serait heureuse, madame le secrétaire d'Etat, que vous puissiez faire le point des démarches qui, nous l'espérons, ont été entreprises auprès de l'Union européenne et de nos partenaires pour faire avancer ce dossier. Elle souhaiterait donc vous entendre sur ce point, avant de formuler éventuellement une recommandation à l'auteur de l'amendement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Hier soir, vous avez commencé à débattre de cette question avec M. le ministre de l'économie et des finances, qui vous a sans doute rappelé que nous avons rendez-vous avec la Commission européenne d'ici à la fin de l'année 2002, notamment pour dresser un premier bilan de l'expérimentation actuellement en cours sur les services à forte intensité de main-d'oeuvre.
Le rendez-vous n'aura pas lieu avant cette date, monsieur Badré. C'est la raison pour laquelle je crains que celle du 1er juillet 2002, que vous avez inscrite dans votre amendement, ne soit un peu prématurée par rapport à la « fenêtre » pendant laquelle ces questions pourraient être de nouveau abordées.
M. le rapporteur général a demandé que je fasse le point sur les démarches entreprises auprès de la Commission.
La bonne méthode, en effet, me semble être que le Gouvernement associe le Parlement aux démarches qui seront entreprises d'ici à la fin de l'année 2002, au moment où sera actée cette question de la pérennisation ou de la poursuite, de l'expérimentation selon des modalités qui restent à définir.
Sur le point particulier que soulève l'amendement de M. Badré, c'est-à-dire sur les prestations d'avocat, j'avoue - mais cela n'engage que la secrétaire d'Etat au budget ! - que cette question ne devrait pas nécessairement figurer en tête de la liste longue et fournie des demandes d'application du taux réduit de la TVA.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les choses ne semblent pas tout à fait mûres.
Hier soir, le ministre a fait état des conversations avec la Commission européenne et n'excluait pas de promouvoir, dans la stratégie de négociation, un taux intermédiaire pour certaines prestations. Peut-être est-il concevable de s'engager dans cette voie pour une activité comme celle qui fait l'objet de l'amendement que nous examinons.
A ce stade, l'amendement ne semble pas pouvoir être voté en première partie du projet de loi de finances. Sans doute pourrait-on poursuivre la discussion, en particulier sur le chiffrage de la mesure, qui est certainement délicat et a dû faire l'objet, au fil des années, de différentes évaluations.
La commission ne peut que recommander à Denis Badré de retirer maintenant l'amendement n° I-132 rectifié, pour éventuellement nous le soumettre de nouveau lors de l'examen de la deuxième partie. Ainsi, le Sénat pourrait adresser au Gouvernement un voeu, qui prendrai la forme d'un amendement à la deuxième partie.
M. le président. Monsieur Badré, l'amendement n° I-132 rectifié est-il maintenu ?
M. Denis Badré. Madame la secrétaire d'Etat, vous m'avez indiqué à l'instant que le délai de six mois inscrit dans mon amendement était trop court. J'en suis parfaitement conscient ; mais je n'allais pas, dans un amendement au projet de loi de finances pour 2002, proposer que la mesure prenne effet au 1er juillet 2003 ! Cela n'aurait pas été très raisonnable.
Si j'ai prévu cette date, c'est - un peu formellement, je le reconnais - pour ne pas aller contre le rapport que j'ai moi-même signé et qui appelle à ne pas présenter de mesures irrecevables. A partir du moment où l'on se fixe la date du 1er juillet 2002, les choses, d'impossibles, deviennent seulement difficiles.
Vous venez de confirmer que la Commission se donne un an de plus pour tirer les enseignements de l'expérimentation sur les services à haute intensité de main-d'oeuvre. Comme vous, je crois, je pense que ce délai est une bonne chose, car nous pourrons le mettre à profit pour affiner nos demandes et nos préconisations sur les quelques sujets prioritaires qu'elle a déjà abordés.
Dans cet esprit, nous avons eu hier soir - un peu tard, il est vrai - un long débat sur la restauration, dont la conclusion fut que nous proposerions de nouveau, en discutant la deuxième partie de ce projet de loi de finances, une mesure certes partielle et ponctuelle, mais qui marquerait la volonté de progresser sur ce dossier, dans lequel les difficultés sont nombreuses et les injustices parfois criantes.
De la même manière, les prestations des avocats sont un réel problème. L'accès à la justice étant un droit fondamental, on pourrait à la limite demander qu'il ne soit pas taxé du tout et que les prestations fournies par les avocats ne donnent pas au Gouvernement une occasion de profiter de la misère ou de la difficulté des gens pour remplir ses caisses.
Le problème se pose à la France, mais également, je le rappelais à l'instant, à l'ensemble de nos partenaires. Si une volonté politique claire des Quinze se dégage sur ce dossier d'ici à dix-huit mois, le Conseil européen, je le répète, devra prendre en compte cette demande et faire progresser le dossier, non pas simplement à la lumière des résultats de l'expérimentation sur les services à haute intensité de main-d'oeuvre, mais par l'utilisation directe de l'article 28 permettant de mettre en oeuvre des dérogations à la sixième directive.
Nous disposons de tous les moyens nécessaires, mais nous ne pouvons pas agir à l'échelon franco-français : il nous faut nous placer à l'échelon communautaire. Et Bruxelles, c'est nous ! Si les Quinze s'expriment d'une seule voix, j'ai bon espoir que nous progresserons sur ce dossier tout à fait important et sensible.
Cela étant, je retire mon amendement afin que, le cas échéant, nous puissions le réexaminer en deuxième partie.
M. le président. L'amendement n° I-132 rectifié est retiré.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-99, présenté par MM. Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Marc, Massion, Moreigne, Sergent, Godefroy et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le b decies de l'article 279 du code général des impôts, les mots : "les abonnements relatifs aux livraisons d'électricité et de gaz combustible" sont remplacés par les mots : "les abonnements relatifs aux livraisons d'électricité, de gaz combustible et d'énergie calorifique".
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-247, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 279 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... les abonnements relatifs aux livraisons d'énergie calorique distribuées par réseaux publics, alimentés par la géothermie et la cogénération. »
« II. - Le prélèvement libératoire prévu à l'article 200 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
L'amendement n° I-248, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le texte du b decies de l'article 279 du code général des impôts, après le mot : "abonnements", sont insérés les mots : "et la consommation".
« II. - Le taux prévu à l'article 219 du même code est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Angels, pour présenter l'amendement n° I-99.
M. Bernard Angels. Aux termes de la loi de finances pour 1999, il a été décidé d'appliquer le taux réduit de TVA aux abonnements aux réseaux d'électricité et de gaz, mais non aux abonnements aux réseaux de chaleur, c'est-à-dire aux réseaux de distribution publique d'énergie calorifique.
C'est socialement regrettable, car les utilisateurs des réseaux de chaleur habitent surtout dans les zones de grand habitat collectif. Celles-ci sont équipées d'un réseau de chauffage organisé autour d'une chaufferie centrale, généralement polyvalente, et l'eau chaude est distribuée jusqu'aux immeubles par un réseau de canalisations. Ainsi, aujourd'hui, 375 réseaux de chauffage desservent environ un million de logements ; le syndicat que je préside, et qui alimente la ville de Sarcelles, est l'un d'eux.
La situation actuelle est regrettable également du point de vue de la protection de l'environnement, car les réseaux de chaleur alimentés par le bois, la géothermie, les déchets ou la cogénération sont des vecteurs d'énergie qui n'émettent pas ou émettent peu de polluants chimiques et de gaz à effet de serre.
Or la directive européenne 92/77 ne prévoit la possibilité d'adopter le taux réduit de la TVA que pour l'électricité et le gaz.
Cette limitation n'ayant pas de justification, la France a demandé une modification de la directive, afin d'étendre cette possibilité à la chaleur.
Le processus d'harmonisation du dispositif pouvant durer plusieurs années - alors même que la France est le seul pays de l'Union européenne à appliquer des taux différents aux réseaux de distribution d'énergie - l'amendement que nous présentons vise à anticiper la modification attendue, d'autant plus que la Commission européenne semble bien souhaiter aujourd'hui qu'un taux unique s'applique à un même objet, en l'occurrence à la production d'énergie.
M. Michel Charasse. Ce n'est pas la Commission européenne qui fait la politique fiscale !
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre les amendements n°s I-247 et I-248.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Depuis plusieurs années, nous déposons régulièrement un amendement visant à abaisser le taux de la TVA sur les abonnements aux réseaux de chaleur, et nous démontrons que la géothermie est victime d'une discrimination par rapport aux réseaux alimentés par l'électricité ou le gaz.
Je partage, bien entendu, les arguments que vient d'avancer notre collègue Bernard Angels, qui connaît bien la question, et, la nuit dernière, le Sénat a montré qu'il partageait notre souci d'appliquer à l'ensemble des réseaux de chaleur, quels qu'ils soient, un taux de TVA allégé.
Toutefois, je voudrais de nouveau insister sur la géothermie, et ce pour deux raisons : d'abord, de nombreux sites de géothermie sont menacés, car ils sont en très grande difficulté ; ensuite, comme le rappelait M. Angels, la géothermie est la seule énergie propre qui ne produise pas de dioxyde de carbone, lequel contribue pour 70 % à 80 % à l'effet de serre. Or, notre pays, qui a décidé de réduire de 10 % sa production de gaz carbonique d'ici à 2010, est bien loin de pouvoir tenir son engagement.
La réduction du taux de la TVA à 5,5 % présenterait donc bien des avantages et permettrait de maintenir une trentaine des soixante-dix sites géothermiques que nous comptions il y a encore peu. Ce serait, en outre, une mesure efficace contre la pollution. Ce serait également une mesure de justice fiscale, d'autant que les sites géothermiques se tournent vers la cogénération et entrent en concurrence directe avec EDF. Cela ne profite pas aux clients d'EDF !
Il y a deux ans, M. Pierret, qui était alors au banc du Gouvernement, s'était engagé à faire bouger les choses, d'autant que le ministre de l'économie et des finances avait à l'époque demandé par courrier à la Commission européenne d'intégrer la fourniture d'énergie calorifique dans la liste communautaire des opérations soumises au taux réduit de la TVA. M. Pierret avait alors conclu que l'affaire était en suspens et que le Gouvernement ferait pression pour aller dans ce sens.
M. Fabius a précisé, cette nuit, que certaines décisions pourraient être prises par la Commission européenne. Bien entendu, nous resterons très vigilants, et nous gardons la volonté de participer à la recherche des solutions.
Nous déposons donc de nouveau notre amendement, qui va dans ce sens, car nous pensons qu'il y a urgence : en effet, la situation des principaux sites géothermiques s'est encore dégradée.
Par ailleurs - le Gouvernement connaît sans doute cet aspect, mais je veux le rappeler - notre sol renferme un énorme stock de chaleur naturelle. Notre civilisation offre d'ailleurs de nombreux vestiges et traces d'utilisation de ces sources d'eau chaude, qui datent parfois de dix mille ans. Je lisais dernièrement que c'est dans le Cantal que les hommes ont, en France, mis au point le premier réseau d'eau chaude géothermique. C'était en 1330, à Chaudes-Aigues. Pour l'anecdote, je souligne que le seigneur des lieux percevait un impôt sur chaque maison chauffée à l'eau chaude... Nous faisons encore mieux que lui avec notre taux de TVA à 19,6 % ! (Sourires.) Quant à l'amendement n° I-248, il vise à imposer la consommation d'électricité et de gaz au taux réduit de la TVA.
Tout comme la baisse du taux normal de la TVA sur les abonnements, il s'agit d'une mesure propre à soutenir la consommation populaire, qui constitue à nos yeux une priorité pour permettre une croissance saine, durable et créatrice d'emplois.
Cette mesure nous paraît d'autant plus justifiéequ'électricité et gaz sont incontestablement des produits de première nécessité. La facture, notamment de chauffage, et en particulier de chauffage électrique - le tout électrique a été installé dans pratiquement toutes les cités pavillonnaires qui se sont construites depuis une dizaine d'années - pèse particulièrement lourd dans le budget des abonnés aux revenus les plus modestes. Ainsi, l'association Agir contre le chômage estime qu'un RMiste vivant dans un studio chauffé à l'électricité consacre 10 % de ses dépenses à son budget électricité et gaz.
Dans le même ordre d'idées, une enquête du magazine Capital de septembre dernier sur la pauvreté en France a révélé que 12 % des Français renonçaient à chauffer leur logement et que 5 % d'entre eux n'arrivaient pas à régler leurs factures EDF et GDF. Je précise que 90 % de ces derniers sont équipés d'un chauffage électrique.
Le Gouvernement avait, d'une certaine façon, reconnu la légitimité et l'efficacité économique de notre proposition en abaissant le taux de la TVA sur les abonnements dans la loi de finances pour 1999. Il avait cependant objecté à l'encontre d'une extension de la baisse du taux de la TVA aux consommations que le coût pour le budget de l'Etat serait trop élevé. Celui-ci peut être estimé aujourd'hui à 17 milliards de francs, ce qui n'est certes pas négligeable. Mais cette somme doit, là encore, être mise en parallèle avec les 40 milliards de francs d'allégements d'impôts consentis dans le projet de budget pour 2002, allégements dont l'efficacité, notamment sur la consommation populaire, est beaucoup moins assurée.
J'ajoute que le monopole de distribution d'EDF et de GDF pour l'énergie domestique est une garantie du plein effet de la mesure.
Je veux également faire observer que la très forte augmentation du prix du gaz en 2000 et au premier semestre 2001 - augmentation qui, mais ce n'est pas mon propos, n'était en rien inévitable - a apporté un supplément de recettes de TVA de 1,2 milliard de francs. Ne serait-il pas juste, madame la secrétaire d'Etat, de restituer cette somme aux usagers ?
La politique tarifaire de EDF et de GDF comme leur stratégie très contestable eu égard à leurs missions de service public appelleraient d'autres réflexions dans le cadre de l'examen de ce projet de loi de finances, notamment en ce qui concerne les prélèvements de l'Etat inscrits dans les recettes non fiscales. Pour l'heure, je me contente de vous demander d'adopter les deux amendements de notre groupe.
S'il fallait encore les justifier, j'ajouterais qu'un abonné à EDF m'a, en se fondant sur son expérience personnelle, récemment fait remarquer que le taux normal de la TVA s'appliquait non pas seulement à la consommation d'électricité et de gaz, mais aussi aux frais de relance, qui sont loin d'être négligeables. Drôle de définition de la valeur ajoutée ! Drôle de façon d'infliger la TVA aux personnes en difficulté ! M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-99, I-247 et I-248 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il convient de rappeler qu'au cours de la séance d'hier nous avons adopté un amendement n° I-98, devenu l'article 11 ter A, qui correspond à une approche très voisine du problème, puisqu'il est rédigé ainsi : « Le taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée s'applique à la part de la prestation d'exploitation de chauffage représentative du combustible bois, quand le combustible est l'un des trois mentionnés aux alinéas a), b) et c) ci-dessus.
« Le taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée s'applique au terme de la facture d'un réseau de distribution d'énergie calorique représentatif du combustible bois, quand le combustible est l'un des trois mentionnés aux alinéas a), b) et c) ci-dessus. »
Même si les amendements dont nous sommes maintenant saisis concernent les abonnements aux réseaux de chaleur utilisant différentes formes d'énergie, tout cela est voisin et le Sénat a déjà exprimé hier sa position en ce domaine.
En dehors du fait que les gages des amendements n°s I-247 et I-248 ne sont pas acceptables, en dehors aussi du fait que le coût de certains au moins de ces amendements est apparemment très élevé - pour l'amendement n° I-248, l'enjeu serait ainsi supérieur à 10 milliards de francs - les impératifs communautaires ne sont pas toujours simples à interpréter en ce domaine, et c'est pourquoi, avant de formaliser son avis, la commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur ces trois amendements ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. En ce qui concerne l'amendement n° I-99, qui tend à réduire le taux de la TVA sur les abonnements aux réseaux de chaleur, le débat a en effet déjà eu lieu hier soir. Chacun convient qu'il s'agit d'une anomalie. Cependant, en l'état - et M. Angels le sait - l'adoption d'un tel amendement ne changerait rien au problème. Je souhaite que la question soit reprise ultérieurement, et je demande donc le retrait de l'amendement.
L'amendement n° I-247 découle de la même inspiration, et Mme Beaudeau a défendu l'énergie géothermique avec beaucoup de talent. Comme à M. Angels, je dois pourtant lui répondre que l'application du taux réduit de la TVA ne peut pas être envisagée en l'état actuel du droit communautaire.
L'amendement n° I-248 est d'une autre nature : il s'agit d'appliquer non plus aux abonnements mais aux consommations de gaz et d'électricité le taux réduit de TVA.
M. le rapporteur général a indiqué que cette mesure aurait un coût élevé que nous évaluons, pour notre part, à environ 12 milliards de francs, somme tout à fait considérable que nous ne pouvons pas affecter à ce poste compte tenu des équilibres définis dans le projet de loi de finances.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission sur les amendements n°s I-99, I-247 et I-248 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite le retrait de ces trois amendements. A défaut, elle émettra un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-99.
M. Denis Badré. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré. Sur le plan des principes tout d'abord, à Bruxelles, la Commission propose et le Conseil dispose, et il dispose d'autant mieux que les parlements nationaux se sont exprimés fortement. Les membres du Conseil ont alors en effet le sentiment d'être mandatés par les parlements nationaux.
Nous sommes dans le cadre de cet exercice : nous essayons de définir les contours du mandat que nous donnons à nos ministres.
Avec une grande modération et une grande sagesse, nous tentons ainsi, madame le secrétaire d'Etat, de vous proposer les quelques sujets sur lesquels des progrès devraient et pourraient, selon nous, être accomplis assez rapidement. Le sujet qui nous occupe aujourd'hui en est un.
En la matière, le Conseil ne peut pas disposer puisque la Commission ne peut pas proposer. En effet, en 1991, lorsque la Commission s'est exprimée de manière synthétique pour la dernière fois sur des réseaux de chaleur, les techniques n'avaient pas atteint leur niveau actuel et la pression qui s'exprimait en faveur de la protection de l'environnement n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui.
La situation a beaucoup évolué depuis dix ans. Nous traitons typiquement là d'un sujet sur lequel les parlements nationaux doivent s'exprimer fortement pour que la Commission les entende et fasse une nouvelle proposition au Conseil permettant à celui-ci de délibérer dans le sens souhaité. Tout cela est normal, et c'est ce que nous attendons du Gouvernement.
Sur le plan technique maintenant, la directive de 1991 comprend une annexe H dressant la liste des domaines dans lesquels la possibilité d'appliquer le taux réduit de la TVA était laissée à la discrétion de chaque Etat.
La Commission a indiqué qu'elle n'envisagerait de modifier l'annexe H que lorsqu'elle aura pu tirer les enseignements de l'expérimentation sur les services à haute intensité de main-d'oeuvre.
Il reste cependant toujours la possibilité d'utiliser l'article 28, qui prévoit des dérogations à titre temporaire dans l'attente de la modification de l'annexe H. C'est cet article 28 qui a été utilisé pour lancer l'expérimentation sur les services à haute intensité de main-d'oeuvre. Il pourrait également être utilisé pour élargir le taux réduit à un domaine qui n'était pas à l'ordre du jour en 1991.
La méthode existe, la volonté s'exprime, reste au Gouvernement à exercer sa responsabilité.
M. Paul Loridant. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Je regrette que l'amendement n° I-248 soit en discussion commune avec les amendements n°s I-99 et I-247, parce qu'il n'a pas la même nature.
Je m'exprimerai essentiellement sur les amendements n°s I-99 et I-247, c'est-à-dire sur les amendements du groupe socialiste et du groupe communiste républicain et citoyen qui ont pour objet d'appliquer le taux réduit de TVA aux abonnements relatifs aux livraisons d'énergie calorique faites par les réseaux publics alimentés par la géothermie et la cogénération, bref les réseaux de chaleur.
J'ai bien écouté les arguments de Mme la secrétaire d'Etat, ainsi que les observations de M. le rapporteur général. Je ne suis absolument pas satisfait des réponses de l'un et de l'autre. On peut en effet envisager le problème de plusieurs façons.
Certes, on peut considérer que la liste de l'annexe H interdit tout changement.
Mais, je sais, pour avoir étudié ce problème de près, que la Commission a dit et écrit que l'absence des réseaux de chaleur dans cette liste résultait d'un simple oubli. Si ce n'est qu'un simple oubli, on peut le réparer !
Par ailleurs, il y a quelque incohérence entre la directive de Bruxelles et la réalité du terrain.
Les réseaux de chaleur récents, notamment les réseaux alimentés par la cogénération, permettent d'économiser le fuel - et, partant, de limiter les livraisons de fuel - et sont moins polluants. C'est donc un dossier gagnant ! On protège l'environnement et on réduit les tarifs : cela va dans le bon sens !
A l'inverse, dans certaines communes, en particulier dans les communes où il y a de grands ensembles - c'est-à-dire, pour parler simplement, dans les communes populaires - l'électricité domine, et on applique aux abonnements le taux réduit alors même qu'il n'y a pas d'économie d'énergie. C'est incompréhensible, madame la secrétaire d'Etat, et même stupide ! Sur le terrain, cela n'a pas de sens et on ne comprend pas les fonctionnaires de Bruxelles, pas plus que ceux de Bercy.
Je regrette donc profondément votre refus d'accepter nos amendements. Votre position est contre-productive. Elle va à l'encontre de l'intérêt des couches populaires logées dans les grands ensembles de banlieue. Qu'on reconnaisse donc que les fonctionnaires de Bruxelles sont incohérents et qu'ils sont incapables de réparer un oubli !
M. Bernard Angels. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Je ne reprendrai pas l'excellente argumentation de mon collègue Denis Badré, non plus que les propos pertinents de M. Loridant sur la nécessité de progresser dans l'étude de ce dossier.
Cela étant, madame la secrétaire d'Etat, au risque de vous décevoir, j'indique que je ne retirerai pas l'amendement n° I-99.
En effet, cela fait maintenant trois ans que j'interviens dans cet hémicycle sur cette question des réseaux de chaleur. Des promesses ont été faites alors que vous ne siégiez pas au banc du Gouvernement, et une table ronde, présidée par M. Badré, devait être organisée pour essayer de clarifier tous ces problèmes de TVA. Or ces promesses n'ont pas été tenues.
Autant je peux comprendre qu'il soit difficile de traiter certains sujets, autant, s'agissant d'une telle injustice, il doit être possible de progresser, M. Badré ayant raison de souligner que l'on peut faire jouer l'article 28 en cette matière. Nous avons donc les moyens, si la volonté politique existe, de rectifier une situation inique.
Pour ces raisons, et aussi parce que je suis le défenseur de personnes qui subissent actuellement une injustice, je maintiens mon amendement, de façon à adresser un signal très fort, non seulement au Gouvernement, mais également à la Commission européenne.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Pour éclairer complètement la décision de la Haute Assemblée, il serait sans doute utile que Mme le secrétaire d'Etat veuille bien nous rappeler le coût de cette mesure.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Nous n'avons pas établi d'estimation du coût de la disposition prévue par l'amendement n° I-99, mais il est sans doute faible.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Compte tenu de tous les arguments que nous avons entendus et de la réponse que vient de faire Mme le secrétaire d'Etat, et contrairement à ce que je préconisais tout à l'heure dans le souci de ne pas trop dégrader le solde budgétaire, j'estime que le signal souhaité par les auteurs de l'amendement pourrait être donné dès maintenant.
A la vérité, sur ces sujets, la question est de savoir s'il faut persister à raffiner sans fin les dispositions relatives à la fiscalité locale et à complexifier sans fin les dégrèvements de taxe d'habitation, par exemple, ou s'il ne vaudrait pas mieux essayer d'apporter, par le biais d'un dispositif comme celui que nous examinons, une contrepartie à des collectivités qui se sont dotées d'équipements et de réseaux onéreux, financés par les usagers et sur fonds publics, et destinés, au moins en partie, à préserver l'environnement et à permettre un développement durable.
Telles sont les considérations que je souhaitais énoncer à la suite de tout ce qui a été dit par nos collègues.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-99, repoussé par le Gouvernement.
M. Joël Bourdin. Le groupe des Républicains et Indépendants vote contre.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis , et les amendements n°s I-247 et I-248 n'ont plus d'objet.
L'amendement n° I-69, présenté par MM. Badré, Faure, Arnaud et Hérisson, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'article 279 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« J. Le droit d'utilisation d'installations sportives. »
« II. - La perte pour les recettes de l'Etat est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Badré.
M. Denis Badré. Ici, tout est simple : l'annexe H de la directive fait explicitement référence, à la ligne 13, au « droit d'utilisation d'installations sportives », et le texte de cet amendement comporte l'expression : « droit d'utilisation des installations sportives », ce qui revient au même.
Sur cette question, nous pouvons agir sur le plan franco-français, la décision relevant de l'échelon national. Des amendements similaires avaient déjà été adoptés les années précédentes, et il est inutile que je reprenne l'argumentaire bien connu en faveur du sport et de la jeunesse. Je ne prolongerai donc pas inutilement le débat sur ce problème très simple sur le fond et dans la forme, alors que nous venons d'avoir un véritable échange sur des sujets difficiles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Comme l'a rappelé M. Badré, le Sénat a déjà adopté, dans le passé, des amendements de cette nature. Au demeurant, en réponse à une question posée ici même en janvier 1999, le ministre de la jeunesse et des sports, Mme Buffet, avait affirmé souhaiter que cette mesure figure dans le projet de loi de finances pour 2000 et avait annoncé son intention de faire prochainement une proposition en ce sens au ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
La commission des finances doit rappeler que le coût de cette mesure atteindrait 500 millions de francs. Il convient, en outre, de préciser qu'il s'agit ici des installations sportives données en gestion à des associations, donc à des organismes privés.
Le Sénat a déjà marqué son intérêt pour l'abaissement proposé du taux de la TVA, qui serait conforme à l'annexe H de la directive, mais la commission des finances m'a chargé de demander le retrait de cet amendement, afin qu'il puisse être de nouveau présenté lors de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement, auquel le Gouvernement a déjà eu l'occasion de s'opposer, même s'il ne conteste pas le fait qu'il soit eurocompatible, est lui aussi un classique !
Vous avez évoqué, monsieur Badré, un certain nombre de priorités, il va donc nous falloir faire le tri. A cet égard, nous devons travailler avec la Commission européenne, et j'en profite pour indiquer que, si cette dernière ne propose rien, le Conseil de l'Union européenne ne pourra pas statuer.
M. Denis Badré. Je l'ai dit tout à l'heure !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Que cela soit bien clair entre nous ! Il faudra procéder à un certain nombre de choix. Par conséquent, compte tenu notamment du coût de la disposition proposée, je suis défavorable à l'amendement.
M. le président. Monsieur Badré, l'amendement n° I-69 est-il maintenu ?
M. Denis Badré. J'ai été sollicité ; or j'écoute toujours les sollicitations ! (Sourires.)
Cependant, avant d'indiquer quel destin je réserve à l'amendement, je voudrais réagir aux propos de Mme le secrétaire d'Etat.
J'ai dit nettement tout à l'heure que le Conseil de l'Union européenne disposait après que la Commission européenne avait proposé : nous sommes entièrement d'accord sur ce point, il n'y a là aucune ambiguïté. Mais il n'est pas défendu de parler à la Commission ! Ce n'est tout de même pas elle qui fait la loi en Europe ! Je souhaite donc que le Gouvernement se rapproche de la Commission européenne, afin que celle-ci propose et que le Conseil de l'Union européenne puisse disposer.
Par ailleurs, si cet amendement est un grand classique, c'est parce que vous voulez qu'il en soit ainsi, madame le secrétaire d'Etat ! Si, la première fois que nous l'avons présenté, le Gouvernement et l'Assemblée nationale nous avaient suivis et si la disposition avait été mise en oeuvre, nous n'aurions plus à y revenir. Ce serait une affaire réglée !
Je souhaite simplement que les deux chambres du Parlement s'expriment avec force sur la question de l'utilisation des installations sportives, comme elles devraient pouvoir maintenant le faire sur celle des réseaux de chaleur, afin que le Gouvernement se sente mandaté pour agir.
Enfin, madame le secrétaire d'Etat, je voudrais que vous preniez l'initiative d'engager avec le Sénat une concertation étroite et approfondie, comme vous l'avez récemment proposé, et comme nous l'avions déjà demandé voilà quelques années. Nous nous tenons, bien sûr, à votre disposition pour que cette collaboration ait lieu dans les conditions qui vous paraîtront les plus adéquates.
Cela étant précisé, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° I-69 est retiré.
L'amendement n° I-166 rectifié, présenté par MM. Delevoye et Doublet, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 279 du code général des impôts est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« ... Les remboursements ou rémunérations versées par les communes ou leurs groupements aux prestataires au titre des dépenses occasionnées par la prise en charge du nettoiement des voies livrées à la circulation publique, et notamment des caniveaux. »
« II. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles sur les droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Doublet.
M. Michel Doublet. Le taux de TVA applicable à ce jour aux remboursements et rémunérations versés par les communes ou leurs groupements aux exploitants des services de distribution d'eau et d'assainissement est de 5,5 %. Or celui qui est applicable aux services de nettoyage des voies publiques est actuellement de 19,6 %.
Les articles L. 2212-1 et L. 2212-2 du code général des collectivités territoriales confèrent au maire des pouvoirs de police, notamment la responsabilité de veiller au respect de la salubrité publique sur le territoire de sa commune.
A ce titre, le maire doit donc faire procéder au nettoiement des voies publiques. Ce nettoyage permet de faciliter l'écoulement des eaux pluviales vers les eaux usées, lesquelles sont ensuite traitées dans le cadre de l'assainissement, qui est l'une des composantes de la salubrité publique.
De plus, la directive européenne du 19 octobre 1992 précisant que cette activité peut bénéficier du taux réduit de TVA, la disposition présentée est conforme à la législation européenne.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Sur le principe, la commission est favorable à la proposition de MM. Delevoye et Doublet.
Il est clair que la répercussion du coût des prestations visées pourrait avoir une incidence favorable sur le niveau de la fiscalité locale.
Cela étant, avant de formuler un avis, la commission des finances souhaiterait entendre le Gouvernement et connaître le coût estimé de la mesure, sachant que l'amendement est compatible avec le droit communautaire.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je suis au regret de ne pas pouvoir donner satisfaction à M. le rapporteur général, n'étant pas en mesure d'évaluer le coût de cette disposition.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Donc cela ne coûte rien ! (Sourires.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Sur le fond, je suis défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La réponse de Mme le secrétaire d'Etat me conduit à formuler un avis de sagesse favorable, si je puis utiliser cette expression nuancée !
M. Roland du Luart. La nuance est importante !
M. Philippe Marini, rapporteur général. En effet, nous n'aurions pas accepté une dégradation trop importante du solde budgétaire, mais vous ne nous donnez aucun chiffre, madame le secrétaire d'Etat. Certes, la rapidité avec laquelle nous travaillons pour étudier les amendements peut atténuer la critique que l'on serait tenté d'adresser à vos services, mais sachez qu'il s'agit d'une mesure significative sur le plan local, susceptible d'avoir d'heureuses répercussions sur le niveau des prélèvements obligatoires locaux. Puisque vous ne nous donnez pas de chiffres, les arguments des auteurs de l'amendement nous semblent d'autant plus dignes d'intérêt.
En outre, il est quelque peu critiquable que, sur le fond, s'agissant d'une mesure conforme au droit communautaire, vous ne motiviez pas votre avis défavorable de principe. Cela aussi m'incline à laisser le Sénat voter l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-166 rectifié, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis.
L'amendement n° I-224 rectifié, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 1 de l'article 279-0 bis est complété in fine par les mots : ", ainsi que des locaux appartenant à des établissements publics de santé".
« II. - La première phrase du 3 du même article est complétée par les mots : ", ainsi qu'au directeur de l'établissement public de santé".
« III. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant. Les membres de notre groupe, à l'instar d'un certain nombre de nos collègues, sont particulièrement préoccupés par la situation, que nous jugeons alarmante, de l'hôpital public.
Cet amendement a pour objet de réduire le taux de la TVA grevant les investissements des établissements publics de santé. Appliquer le taux réduit permettrait d'alléger les coûts de réalisation des équipements publics et des investissements qui sont indispensables pour de nombreux hôpitaux.
Cette mesure permettrait la réalisation d'opérations de rénovation des établissements hospitaliers, ces opérations entrant parfaitement dans le cadre de la modernisation de notre système de santé. Nous ne pouvons, là encore, que souligner que cette mesure aurait pour effet, entre autres coincidences, de favoriser une utilisation plus efficace des ressources de l'hôpital public, en l'occurrence du produit de la dotation qui lui est versée par les pouvoirs publics et par la sécurité sociale.
Tel est donc le sens de cet amendement, qui a pour objet d'améliorer et d'accélérer les travaux de modernisation des hôpitaux publics. J'invite le Sénat à le soutenir.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il convient de rappeler que le taux réduit de TVA s'applique non seulement aux travaux réalisés dans les logements privés, mais également, compte tenu des précisions apportées par circulaires ou par instructions et que le Sénat, en particulier, a appelées de ses voeux, aux maisons de retraite, aux établissements de convalescence, ainsi qu'aux installations d'hébergement dans d'autres structures, notamment aux monastères.
Faut-il aller plus loin et appliquer le taux réduit de TVA à tous les travaux réalisés dans les établissements de santé ? Outre que le gage n'est pas acceptable, ce dispositif va un peu trop loin et, dans ce domaine, il est préférable d'avoir une vision claire des contraintes de gestion des établissements hospitaliers, sans doute en commençant par ne pas leur infliger des charges nouvelles complètement déraisonnables comme celles qui découlent de la mise en oeuvre des 35 heures. Il faut voir l'essentiel, et non pas se disperser dans toutes sortes de considérations.
Bref, la commission souhaite le retrait, sinon le rejet, de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Comme M. le rapporteur général vient de l'indiquer, la France fait déjà une application large de la directive du 22 octobre 1999 qui permet l'application du taux réduit de TVA aux services à forte intensité de main-d'oeuvre. Il a cité l'application de ce taux réduit aux établissements d'hébergement de longue durée, les maisons de retraite, les établissements psychiatriques, les unités de moyen et de long séjour, y compris lorsqu'elles sont situées dans un hôpital. Par conséquent, aller au-delà serait excéder le cadre fixé par cette directive.
C'est la raison pour laquelle je suis défavorable à cet amendement. M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-224 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° I-187 rectifié, présenté par MM. Adnot, Durand-Chastel et Darniche et Mme Desmarescaux, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du IV de l'article 271 du code général des impôts, après les mots : "peut faire l'objet d'un remboursement" sont insérés les mots : "sans contrôle préalable".
« II. - La perte de recettes résultant du I est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits sur les tabacs fixés à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-235, présenté par MM. Ostermann, Oudin, Besse, Demuynck, Cazalet et Calméjane, Mme Michaux-Chevry, MM. Gournac, Hamel, Gruillot, Lassourd, César, Doublet, Goulet, Ginésy, Leclerc, Rispat, Braye et Doligé, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Les assujettis facturant la TVA au taux réduit au titre de l'article 279-0 bis du code général des impôts peuvent demander mensuellement le remboursement du crédit de taxe déductible lorsque le montant de celui-ci est au moins égal à 763 EUR.
« Les assujettis facturant la TVA au taux réduit au titre de l'article 279-0 bis du code général des impôts peuvent opter à tout moment pour le régime normal d'imposition et demander immédiatement le remboursement du crédit de taxe déductible lorsque le montant de celui-ci est au moins égal à 763 EUR. »
La parole est à M. Adnot, pour présenter l'amendement n° I-187 rectifié.
M. Philippe Adnot. Madame la secrétaire d'Etat, il s'agit en quelque sorte d'un amendement d'appel.
Vous le savez, les entreprises qui sont en croissance ou qui connaissent un développement d'activité extrêmement important ont des problèmes de trésorerie. A cet égard, vous avez lancé une expérience. Je souhaiterais connaître le résultat de celle-ci et le moment où vous allez éventuellement l'étendre. L'amendement que je propose a pour objet d'accélérer le remboursement de la TVA.
M. le président. La parole est à M. Doublet, pour présenter l'amendement n° I-235.
M. Michel Doublet. Depuis que la TVA au taux de 5,5 % sur les travaux d'amélioration, de transformation, d'aménagement et d'entretien des locaux à usage d'habitation achevés depuis plus de deux ans a été instaurée, les entrepreneurs paient la TVA au taux de 19,6 % sur leurs achats de matériels et de fournitures et facturent la TVA au taux de 5,5 %. Pour certains corps de métiers, le montant de la TVA déductible est désormais beaucoup plus important que celui de la TVA récoltée.
Certaines entreprises peuvent demander le remboursement de ce crédit de TVA trimestriellement, d'autres tous les ans. Ces dernières subissent donc un préjudice important de trésorerie.
Le présent amendement vise, par conséquent, à permettre aux entrepreneurs du bâtiment de demander mensuellement le remboursement du crédit de TVA dont ils disposent lorsque celui-ci atteint au moins 763 euros. Il ne s'agirait d'ailleurs que d'une mesure tout à fait normale d'accompagnement du dispositif d'instauration de la TVA au taux réduit pour certains travaux dans le logement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-187 rectifié et I-235 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est intéressée par ces suggestions. Il s'agit là de trésorerie ; donc, en principe, il ne devrait pas y avoir de coût budgétaire direct.
Nous sommes dans une période où il faut tenir aux entreprises un langage de confiance, les inciter à avoir une conception positive de leurs activités. Dans les phases de ralentissement de la croissance, des mesures portant sur les conditions de remboursement de la TVA sont opportunes. Bref, la commission souscrit volontiers aux intentions des auteurs de ces amendements.
Toutefois, pour des raisons purement techniques, la commission préfère l'amendement n° I-235. Elle suggère donc à M. Adnot de bien vouloir s'y rallier, sachant que, sur le fond, ce sont les mêmes préoccupations qui sont prises en compte. Bref, la commission est favorable à l'amendement n° I-235.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Vous le savez, le Gouvernement est lui-même très attentif aux questions de trésorerie des entreprises, puisqu'il proposera, dans un projet de loi de finances rectificative, de rembourser de manière anticipée la créance de TVA qui est née en 1993 au moment où a été supprimé le décalage d'un mois qui existait au titre de la TVA. Ainsi, 8 milliards de francs reviendront, au début de 2002, dans les caisses de 15 000 entreprises. C'est une mesure importante.
J'ai bien entendu l'appel de M. Adnot. L'expérimentation qui est en cours est intéressante. Elle permet d'accompagner un certain nombre d'entreprises en création dans des secteurs à forte intensité technologique et d'accélérer le traitement des remboursements de TVA non imputable. L'année prochaine, nous avons en effet l'intention d'étendre progressivement cette expérimentation, de la même manière que nous essayons, pour l'ensemble des entreprises, d'améliorer globalement les délais de traitement de ces demandes de remboursement.
Donc, le Gouvernement est favorable à l'esprit des amendements qui sont défendus. En revanche, il n'est pas favorable à la modalité qu'ils prévoient puisque d'autres réponses sont en quelque sorte apportées au problème qui est soulevé. Je souhaite donc le retrait de ces deux amendements.
M. le président. Monsieur Adnot, l'amendement n° I-187 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe Adnot. Je suis satisfait de la réponse de Mme la secrétaire d'Etat. Ce problème va être traité. Je suis également satisfait de la proposition du rapporteur général. Aussi, je retire mon amendement au profit de celui qui a été présenté par M. Doublet.
M. le président. L'amendement n° I-187 rectifié est retiré.
Je mets aux voix l'amendement n° I-235, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé et inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis .
L'amendement n° I-127 rectifié, présenté par MM. Amoudry, Arnaud, Barraux, Belot, Bernardet, Biwer, Jean Boyer, Branger, Deneux, Dériot, Detraigne, Dulait et Faure, Mme Férat, MM. Franchis, Fréville, Christian Gaudin, Grignon, Hérisson, Hyest, Jarlier, Kerguéris, Moinard, Nogrix, Richert et Thiollière, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le I de l'article 298 bis du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... ° Les assujettis placés sous le régime d'acomptes peuvent demander un remboursement trimestriel du crédit constitué par la taxe déductible ayant grevé l'acquisition de biens constituant des immobilisations lorsque leur montant est au moins égal à 5 000 F. Les remboursements sont effectués dans les conditions prévues par l'article 242 septies J à l'annexe II. »
« II. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code généal des impôts. »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Les exploitants agricoles qui procèdent au dépôt d'une déclaration de régularisation annuelle de TVA dans le cadre du régime simplifié agricole de TVA ne peuvent prétendre au remboursement de crédit de taxe déductible qu'après l'expiration de l'exercice annuel de TVA.
Or les entreprises commerciales et artisanales qui relèvent du régime simplifié d'imposition dans le cadre du régime général de TVA peuvent demander le remboursement trimestriel du crédit de taxe déductible ayant grevé l'acquisition de biens constituant des immobilisations lorsque leur montant est au moins égal à 5 000 francs.
Dans ces conditions, les exploitants agricoles devraient pouvoir bénéficier du même dispositif sans devoir opter pour le régime de déclarations trimestrielles plus contraignant sur le plan administratif et en principe irrévocable.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, je le reconnais, cette mesure présente un grand intérêt et ne manque pas de bon sens. Cependant, elle a également un lourd inconvénient puisque son coût serait de plus de 800 millions d'euros,...
M. Philippe Marini, rapporteur général. Oh !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... c'est-à-dire plus de 5 milliards de francs.
M. Roland du Luart. Comment peut-on justifier 5 milliards de francs à ce titre ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Pour cette raison, vous le comprendrez, je souhaite le retrait de cet amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je pense qu'il faut procéder à des études complémentaires sur ce sujet. Je suis en effet un peu surpris par l'estimation qui vient d'être donnée.
M. Roland du Luart. Moi aussi !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cela mériterait peut-être quelques éléments d'information supplémentaires, car a priori selon notre analyse, cette disposition ne devrait jouer que sur la trésorerie, certes pour des montants très significatifs. Cependant, comment peut-on arriver à un effet budgétaire aussi lourd ?
M. le président. Monsieur Deneux, l'amendement n° I-127 rectifié est-il maintenu ?
M. Marcel Deneux. Je formule la même demande que M. le rapporteur général. Je suis fort étonné de la somme annoncée puisque cela ne joue que sur de la trésorerie. Le chiffrage de trésorerie, quand il s'agit d'un manque de recettes pour l'Etat, est toujours un exercice un peu périlleux.
Dans ces conditions, je maintiens l'amendement.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-127 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis.
L'amendement n° I-128 rectifié, présenté par MM. Amoudry, Arnaud, Barraux, Belot, Bernardet, Biwer, Jean Boyer, Branger, Deneux, Dériot, Detraigne, Dulait et Faure, Mme Férat, MM. Franchis et Fréville, Mme Gisèle Gautier, MM. Grignon, Hérisson, Hyest, Jarlier, Kerguéris, Moinard, Nogrix, Richert et Thiollière, est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 4° du I de l'article 298 bis du code général des impôts est complété in fine par les dispositions suivantes : "à l'exception du paragraphe III. Un décret précisera les modalités d'application". »
« II. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Cet amendement est un peu de même nature que le précédent, puisque, hormis les problèmes de trésorerie, il simplifierait les formalités administratives. Je m'explique.
A ce jour, les exploitants agricoles redevables de la TVA dans le cadre du régime simplifié agricole font application d'un exercice de TVA qui doit impérativement correspondre à l'année civile même si leur exercice comptable est différent pour la détermination de leur résultat fiscal. Par ailleurs, les entreprises qui relèvent du régime général de TVA au titre du régime simplifié d'imposition peuvent, elles, librement décider d'opter pour le dépôt de leur déclaration annuelle de TVA dans les trois mois qui suivent la clôture de leur exercice lorsque celui-ci, bien sûr, est différent de l'année civile. Cette possibilité de faire correspondre l'exercice de TVA avec l'exercice comptable a pour conséquence d'alléger les obligations administratives et comptables des entreprises concernées.
Dans ces conditions, il conviendrait de transposer la mesure applicable par les entreprises commerciales et artisanales aux entreprises du secteur agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les exploitants agricoles qui sont placés de plein droit ou sur option sous le régime simplifié de la TVA doivent, en application de l'article 298 bis du code général des impôts, souscrire, avant le 5 mai de chaque année, une déclaration indiquant les éléments de liquidation de la TVA afférents à l'année civile précédente.
Votre amendement a donc pour objet de permettre à ces exploitants agricoles de déposer une déclaration de TVA correspondant à leur exercice comptable, et non à l'année civile.
Cette proposition ne va pas dans le sens de la simplification, tant pour les exploitants agricoles que pour l'administration. Les exploitants ne bénéficieraient pas, en effet, de la mesure, en particulier ceux qui sont assujettis au régime du bénéfice forfaitaire agricole ainsi que ceux qui ont opté pour le dépôt de déclaration trimestriel de TVA.
Le régime simplifié agricole repose sur le principe de l'année civile, qui constitue un élément essentiel de sa simplicité.
Dans ces conditions, votre proposition rendrait le suivi des obligations déclaratives plus difficile, tant pour les redevables, qui devront procéder à des calculs supplémentaires pour apprécier leur situation au regard de la TVA, que pour l'administration.
Je précise, par ailleurs, que la demande de remboursement devrait, en tout état de cause, être déposée en même temps que la déclaration annuelle de TVA, que celle-ci soit établie par rapport à l'année civile ou par rapport à l'exercice comptable.
Enfin, la mesure telle qu'elle est proposée ne permettrait pas d'atteindre l'objectif annoncé. Au surplus, elle aurait un coût - bien inférieur à celui de l'amendement précédent - évalué à 53 millions d'euros.
Pour toutes ces raisons, je souhaite le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est, dans ces conditions, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Sur cet amendement n° I-128 rectifié, l'analyse de la commission ne rejoint pas celle du Gouvernement : pour nous, il s'agit d'une mesure de simplification qui vise à permettre aux exploitants agricoles de faire correspondre l'exercice de TVA avec l'exercice comptable. Cela paraît relever du bon sens, et nous ne comprenons vraiment pas pourquoi tout cela aurait un coût aussi important.
La commission est donc favorable à cet amendement.
Je voudrais cependant revenir d'un mot sur l'amendement précédent, parce que nous sommes là confrontés, en quelque sorte, à une question de principe et de méthode.
Mme le secrétaire d'Etat nous dit que le dispositif proposé par M. Deneux aurait un coût très substantiel, en termes de trésorerie, la première année. Pourquoi pas ? Mais, dans peu de temps, nous allons examiner le collectif budgétaire. Or le plan de consolidation de la croissance comporte une mesure de TVA de portée générale, la suppression du décalage d'un mois dans certains règlements au bénéfice des entreprises. Mais, là, le Gouvernement nous dit que cela ne coûtera rien sur le plan budgétaire, qu'il s'agit d'une pure opération de trésorerie. Si ce raisonnement est vrai dans un sens, il doit l'être dans l'autre !
Nous avons, madame le secrétaire d'Etat - pardonnez-moi de vous le dire, et je ne le fais pas de façon désagréable, croyez-le bien ! -, un vrai problème de compréhension, car nous ne savons pas ce qui relève de la trésorerie et ce qui doit être consigné dans le budget, ce qui joue sur le solde, sur le déficit, sur l'emprunt et sur l'impôt. Avec la méthode employée, il y a un risque d'arbitraire, et en tout cas un défaut de lisibilité des solutions qui nous sont proposées en ce domaine. J'en parle sous le contrôle de personnes plus compétentes que moi : le professeur Fréville a sûrement en la matière des idées dont il pourrait nous faire part, comme d'autres de nos collègues, d'ailleurs !
Madame le secrétaire d'Etat, après nos discussions sur le projet de loi organique concernant les lois de finances, si nous voulons établir des documents plus compréhensibles et plus transparents à l'égard de la représentation nationale et du public, il faudra faire progresser la méthodologie !
Enfin, nous sommes toujours confrontés à ce sujet si délicat du chiffrage des amendements parlementaires. Nous serions quelque peu un théâtre d'ombres si nous n'étions pas en mesure de comprendre, de vérifier, de contrôler les estimations qui nous sont données sur le coût des mesures d'initiative parlementaire !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-128 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis.
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Adnot, Durand-Chastel et Darniche et Mme Desmarescaux.
L'amendement n° I-236 rectifié est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis, insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'article 789 A du code général des impôts est ainsi modifié :
« a) Dans le premier alinéa, sont supprimés les mots : "par décès".
« b) Dans le deuxième alinéa a, après les mots : "au jour du décès", sont insérés les mots : "ou de la donation", et après les mots : "par le défunt", sont insérés les mots : "ou le donataire".
« c) Dans le dernier alinéa du b, sont supprimés les mots : "par décès".
« d) Dans le premier alinéa du c, après les mots : "dans la déclaration de succession", sont insérés les mots : "ou dans l'acte d'acceptation de la donation", et les mots : "huit ans" sont remplacés par les mots : "deux ans".
« e) Dans le premier alinéa du e, les mots : "la déclaration de succession doit être appuyée" sont remplacés par les mots : "la déclaration de succession ou l'acte d'acceptation de la donation doivent être appuyés", et après les mots : "jusqu'au jour du décès", sont ajoutés les mots : "ou de la donation".
« f) Dans le deuxième alinéa du e, après les mots : "à compter du décès", sont insérés les mots : "ou de la donation".
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée par une majoration à due concurrence du tarif des droits sur les tabacs fixé à l'article 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-237 rectifié est ainsi libellé :
« Après l'article 11 bis , insérer un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'article 789 B du code général des impôts est ainsi modifié :
« a) Dans le premier alinéa, sont supprimés les mots : "par décès".
« b) Dans le deuxième alinéa a, après les mots : "par le défunt", sont insérés les mots : "ou le donataire".
« c) Dans le premier alinéa du b, après les mots : "dans la déclaration de succession", sont insérés les mots : "ou dans l'acte d'acceptation de la donation", les mots : "huit ans" sont remplacés par les mots "deux ans", et après les mots : "de la date du décès", sont ajoutés les mots : "ou de la donation".
« d) Dans le dernier alinéa c, sont supprimés les mots : "par décès", et le mot : "individuelle" est remplacé par les mots : "sous quelque forme que ce soit".
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée par une majoration à due concurrence du tarif des droits sur les tabacs fixé à l'article 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Adnot.
M. Philippe Adnot. Ces deux amendements visent à faciliter la reprise des entreprises de manière à éviter une rupture d'activité.
Aujourd'hui, une transmission à la suite d'un décès entraîne un certain nombre d'exonérations dont ne bénéficie pas une transmission avant décès.
Cette proposition consiste à faciliter cette dernière transmission.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ce sont là de bonnes mesures auxquelles la commission est favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-236 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis.
Je mets aux voix l'amendement n° I-237 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 11 bis.

Article additionnel avant l'article 11 ter