SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2001


M. le président. La séance est reprise.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation. Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, je voudrais, brièvement mais de façon argumentée, revenir sur certains aspects de cette discussion budgétaire.
Il est des points, mesdames, messieurs les sénateurs, sur lesquels nous pouvons être d'accord. Il s'agit de l'importance de ce secteur du commerce et de l'artisanat, il s'agit de son implication territoriale, des créations d'emploi qu'il a su susciter, de son effet sur la croissance et, plus globalement, sur l'ensemble de l'économie, mais aussi de son rôle dans l'aménagement du territoire et dans la création des richesses nationales.
Sur tous ces points, les analyses de chacune et chacun des intervenants, quelles que soient les travées sur lesquelles ils siègent, étaient pertinentes, et le secrétaire d'Etat ne peut qu'y souscrire.
Je voudrais d'abord remercier les rapporteurs de leur travail. Même si nous partageons un grand nombre de points de vue, nos analyses divergent cependant sur les crédits. Mais mon expérience de plus de quinze ans au Parlement et de quelques mois au secrétariat d'Etat m'a appris qu'un budget n'est jamais ni tout noir ni tout blanc, ni complètement mauvais ni parfaitement bon. Il comporte ses forces et ses faiblesses, permet des avancées, dont j'essaierai de vous convaincre. Je vous démontrerai ensuite que les carences soulignées par certains d'entre vous ne correspondent pas à la réalité.
Je souhaite également souligner l'importance du travail accompli cette année encore par Mme Terrade, particulièrement sur les crédits de la consommation, et je l'en remercie.
Je remercie aussi chacun des parlementaires qui, tout en défendant leurs propres analyses, ont fait preuve de modération. J'ai apprécié à la fois le ton et la façon dont ils ont exprimé leurs arguments.
Le projet de budget que j'ai l'honneur de vous présenter est, certes, modeste, mais il faut convenir qu'il est, malgré tout, en augmentation, et ce sans artifice. Les crédits consacrés à l'animation économique, au développement des territoires comme à l'accompagnement des différentes actions du secrétariat d'Etat passent en effet de 124,4 millions d'euros en 2001 à 128,1 millions d'euros en 2002 puisque, aux moyens budgétaires, il faut ajouter les moyens du FISAC.
Ce projet de budget ne sacrifie aucune des priorités du secrétariat d'Etat, qu'il s'agisse du développement économique, des contrats de plan Etat-région ou de la formation, dont plusieurs d'entre vous ont parlé avec beaucoup de tonicité.
Les crédits de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, la DGCCRF, passent de 187 millions d'euros à 191 millions d'euros ; les moyens de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments sont augmentés : 2,7 millions d'euros en 2001, 3,12 millions d'euros en 2002.
Je souhaitais que l'examen du projet de budget de mon secrétariat d'Etat soit l'occasion pour nous de discuter ensemble de la politique du Gouvernement en faveur des PME, de l'artisanat, du commerce et de la consommation. MM. Cazalet et Cornu, comme les orateurs qui leur ont succédé, ont répondu à ce souhait.
Ce projet de budget vise donc trois objectifs : soutenir et amplifier la politique du Gouvernement en faveur des PME, renforcer la création des entreprises sur les territoires, améliorer la sécurité et l'information des consommateurs.
A ce stade de mon propos, je rappelerai quelques chiffres relatifs à l'environnement économique des entreprises, sujet sur lequel votre rapporteur spécial est intervenu pour regretter que l'intégration du secrétariat d'Etat dans le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie n'ait pas produit la synergie financière que l'on pouvait en attendre. Je rappelle que, depuis cinq ans, le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a pris des mesures fiscales dont l'effet sur l'environnement financier des entreprises est sans précédent.
M. Gérard Delfau. C'est vrai !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. La baisse de la taxe professionnelle a ainsi représenté, monsieur le rapporteur spécial, près de 13 milliards d'euros entre 1999 et 2002. La suppression de la surprime de l'impôt sur les sociétés a valu aux entreprises un gain de 3 milliards d'euros alors que la réduction du taux de l'impôt sur les sociétés a représenté pour les PME un gain de 1,5 milliard d'euros. On peut ajouter à ces mesures la baisse du taux de la TVA pour les entreprises du bâtiment.
Je me suis rendu ce matin dans un département où j'ai rencontré des artisans et des commerçants : ils ont souligné l'importance de l'environnement financier et se sont à ce propos félicités de la réforme des droits sur les donations et de la suppression de la vignette automobile, qui, désormais, grâce au Parlement, profitera aussi aux artisans jusqu'à trois véhicules de moins de 3,5 tonnes.
Ces chiffres démontrent que les artisans, les commerçants et les PME ont bénéficié, au cours de ces cinq années, - surtout des trois dernières -, d'allégements fiscaux et de crédits supplémentaires.
Je poursuis la liste : les crédits récemment dégagés en faveur des biotechnologies par le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, qui a annoncé qu'une importante somme de 100 millions d'euros y serait consacrée ; les exonérations fiscales ; les prêts consentis par l'agence pour la création d'entreprises, l'APCE, dont le budget de 3,28 millions d'euros s'insère depuis deux ans dans les dotations du secrétariat d'Etat ; les garanties de la SOFARIS, la société française pour l'assurance du capital-risque ; le taux de la TVA.
Voilà autant de mesures financières par le biais desquelles le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie a pleinement participé à l'expansion et au développement des entreprises. Le rapport de M. Cornu, que j'ai lu avec attention, montre qu'elles se portent mieux et génèrent plus d'emplois ; même si des interrogations demeurent, force est de constater qu'elles ont créé et développé des richesses au cours des trois dernières années.
Je vous rappelle par ailleurs que le budget du commerce et de l'artisanat était, sous d'autres gouvernements, lorsqu'il avait à sa tête M. Madelin ou M. Raffarini, en constante diminution. Je reconnais qu'il n'a pas augmenté beaucoup depuis 1997, mais Mme Lebranchu avait réussi d'abord à stabiliser les crédits, ensuite à inverser la tendance. Le FISAC a ainsi vu ses crédits passer de 100 millions de francs à 440 millions de francs.
M. Pierre-Yvon Trémel. Eh oui !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Vous voulez « sanctuariser » ces fonds. Je suis d'accord pour les inscrire sur un compte aujourd'hui. Voilà qui devrait prouver que nous avons avancé dans ce domaine !
MM. les rapporteurs et quelques intervenants, parmi lesquels MM. Ostermann et Demuynck, ont également évoqué, pour nous le reprocher, le prélèvement sur les fonds provenant de la taxe d'aide au commerce et à l'artisanat, la TACA.
Je n'ai de leçon à donner à personne et je ne jette pas d'anathème, mais ceux qui, eux, donnent des leçons devraient vérifier les chiffres ! Quels ont été les montants prélevés ? En 1997, rien ! En 1998, rien ! En 1999, rien ! En 2000, rien ! En 2001, dans le projet de budget pour 2002 - vous l'avez compris, les conditions sont plus difficiles -, 105 millions de francs. C'est ce prélèvement que vous voulez annuler.
Je rappellerai simplement, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les parlementaires, que le Gouvernement avait prélevé au profit du budget de l'Etat 103,7 millions de francs sur la TACA en 1995 et 45,7 millions de francs en 1996. En deux ans, vous avez donc prélevé deux tiers de plus que nous en cinq ans !
M. Pierre-Yvon Trémel. Voilà !
M. Bernard Dussaut. C'est la vérité !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. On peut donc dire que nous avons su être modérés, d'autant que les sommes prélevées seront utilisées au bénéfice des artisans et des commerçants.
M. Yves Fréville. Le plus gros prélèvement a été fait en 1991, monsieur le secrétaire d'Etat !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je ne suis remonté que sur cinq années, je n'ai pas voulu être manichéen...
M. Yves Fréville. C'est vous qui avez commencé en 1991 !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. ... et aller jusqu'en 1993, car la différence entre vous et nous aurait été trop flagrante. C'est pourquoi je me suis arrêté en 1995.
M. Yves Fréville. En 1991, c'est vous qui avez donné le mauvais exemple !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Soutenir le développement des PME, et particulièrement de l'artisanat, tel est l'objet de ce projet de budget.
Vous avez beaucoup parlé de l'animation économique du secteur de l'artisanat. Nous avons redressé la situation de deux façons.
D'abord, nous avons distingué les financements de fonctionnement des financements de projets. Après une période de rodage, plus de 300 conventions ont été signées. On peut considérer que c'est un premier succès.
Ensuite, nous avons apporté des moyens financiers aux acteurs de l'artisanat. Cela a été possible grâce à l'augmentation de la dotation du FISAC, dont j'ai déjà parlé.
Au total, les aides au développement économique des entreprises n'ont pas diminué. Elles ont même augmenté : 151 millions de francs en 1999, 154 millions de fancs en 2000 et 2001, et elles atteindront 156 millions de francs en 2002, soit près de 24 millions d'euros.
Nous avons donc là une base solide pour l'action économique sur les territoires.
Quant aux ressources des chambres de métiers, en première lecture, l'Assemblée nationale a voté une augmentation de 3,07 %, mais un amendement a été déposé sur ce point et nous l'examinerons tout à l'heure.
Je garde avec vous la conviction que le développement économique et l'augmentation du droit fixe vont dans le bon sens.
Vous l'avez compris, je recherche les points d'équilibre, mais je reste dans le même temps ouvert au débat en vue de faire bouger les lignes et, notamment, d'avancer dans la direction d'un financement pérenne des chambres de métiers.
C'est la même démarche volontaire que nous avons entreprise pour la revalorisation des contrats Etat-région, volet fondamental de l'action du secrétariat d'Etat.
Pour le XIIe Plan, grâce aux élus, grâce aux choix faits en région et arbitrés par le volet Etat, pour le Premier ministre, nous sommes passés à 602 millions de francs programmés pour la période 2001-2006, contre 269 millions de francs pour la période précédente.
Je m'étais engagé l'an dernier devant vous à obtenir une revalorisation des crédits Etat-région pour cette année. Cette année marquera une première étape du rattrapage : les crédits de paiement augmentent de 0,54 million d'euros et - plus important en début de contrat de plan - les autorisations de programme sont majorées de 1,8 million d'euros.
Ce projet de budget traduit un plan véritable pour faciliter la création et la transmission des petites entreprises sur nos territoires. Je ne rappellerai pas, comme je l'avais fait l'année dernière, tout ce qui a déjà été réalisé en faveur de la création d'entreprise, me contentant d'indiquer que le prêt à la création d'entreprise, le PCE, commence à trouver sa vitesse de croisière. Nous avons en effet passé le cap des 6 000.
La politique macroéconomique en faveur de la croissance et de l'emploi reste au coeur de l'action du Gouvernement, telle que le Premier ministre l'avait énoncée dans sa déclaration de politique générale en 1997.
Il me revient plus modestement de travailler sur la microéconomie de la petite entreprise : mesures fiscales, mesures sociales, simplifications administratives, réforme du code des marchés publics.
Le secrétariat d'Etat a vocation à être au centre de l'action du Gouvernement en matière de création d'entreprise. C'est dans cet esprit que le budget de l'APCE, soit 3,28 millions d'euros, s'insère désormais, je l'ai dit, dans la dotation de mon secrétariat d'Etat. Le fait que les moyens de ce dernier soient maintenant regroupés a été salué comme une avancée.
J'ai conscience que notre effort financier en faveur de la création d'entreprise doit s'amplifier. Dans la droite-ligne de ce que nous avons entrepris ces deux dernières années, la dotation de la SOFARIS passe de 3,35 millions d'euros à 9,15 millions d'euros. Les entreprises ont en effet davantage besoin aujourd'hui de garanties que de prêts bonifiés.
Je veux cependant redire ici que cette action ne se fera pas au détriment des encours de prêts bonifiés, dont le volume atteindra 3,5 milliards de francs, soit plus de 530 millions d'euros, en 2002.
Faciliter la création d'entreprise, cela signifie aussi accompagner le développement des PCE, sensibiliser les jeunes aux métiers de l'artisanat - le secrétariat d'Etat y consacrera 2,78 millions d'euros l'an prochain - et former de futurs chefs d'entreprises commerciales, formation à laquelle seront alloués 0,76 million d'euros.
Avec deux millions d'entreprises et 44 % des salariés, ce secteur n'a ni la reconnaissance ni le statut que devrait lui valoir son rôle dans le développement économique des territoires. Nous devons donc poursuivre l'effort en sa faveur.
Vous avez beaucoup parlé, les uns et les autres, du projet de loi de développement des PME. Entré au Gouvernement le 18 octobre 2000, j'ai obtenu, avec les responsables socio-économiques, de disposer d'une loi d'orientation pour les très petites entreprises de l'artisanat et du commerce.
Nous avons commandé un rapport à deux parlementaires, qui nous l'ont remis le 11 septembre dernier. En collaboration avec ces deux élus et des représentants des chambres consulaires, des chambres de métiers et des chambres de commerce, nous avons abouti à la rédaction d'un projet de loi dont la dernière mouture sera achevée à la fin de cette semaine. Il devrait être déposé devant le Conseil d'Etat à la fin de la semaine prochaine et, vraisemblablement, il sera présenté en conseil des ministres au cours de la première quinzaine du mois de janvier. Il pourrait ainsi être inscrit à l'ordre du jour du Parlement à la mi-février, avant la fin de la session.
Nombre d'entre vous m'ont interrogé sur ce projet de loi. Il proposera un statut moderne des hommes et des entreprises, traitera des subsides des familles, de la protection des artisans, du statut des conjoints, de la formation et de la mutualisation sociale. Il visera aussi à faciliter le développement des entreprises grâce à la simplification des statuts pour l'impôt sur les sociétés, à l'étalement des cotisations, à l'accès au crédit, à la prévention des difficultés, à des conditions de transmission permettant la sauvegarde de l'entreprise et, enfin, à des mesures fiscales et financières.
Au passage, j'indique que je ne suis pas opposé à la proposition de plusieurs d'entre vous - MM. Trémel et Dussaut, Mme Terrade... - de transformer le PCE en prêt à la transmission d'entreprise.
Enfin, le troisième chapitre du projet de loi visera à améliorer l'environnement des entreprises.
J'en viens à la politique en faveur de la consommation. Elle a deux objectifs : la sécurité de l'information des consommateurs et la promotion d'une méthode, à savoir la concertation.
J'aborderai en premier lieu la sécurité et l'information des consommateurs.
Notre société a traversé, vous l'avez dit, des crises graves, qui, je m'en rends compte chaque jour dans les départements - j'en ai parcouru, au cours de ces onze mois, près de cinquante - ont laissé des traces.
Je me suis déjà exprimé devant vous sur différents sujets : l'euro, l'étiquetage, les OGM, la viande bovine, le vin de table, le commerce électronique, la téléphonie, les prix, pour ne citer que les plus importants. J'ai souligné chaque fois que la volonté du Gouvernement se situait clairement en faveur d'un haut niveau d'information et de protection du consommateur. Pour réussir, des moyens budgétaires exceptionnels ont été mis en place, notamment pour équiper les laboratoires de la DGCCRF, en 2001. L'an prochain, l'effort d'investissement sera poursuivi et, dans le même temps, le budget de fonctionnement augmentera de 2,2 %.
J'ai aussi exposé notre action au sein de l'Union européenne en faveur d'une agence européenne de sécurité des aliments - la localisation de son siège sera décidée lors du prochain sommet européen - et sur les dossiers de l'étiquetage, des OGM, de la protection des consommateurs ou de l'internet. Sur chacun de ces dossiers, la France a montré qu'elle donnait la priorité aux droits des consommateurs.
La méthode que j'emploie est la concertation. A ce sujet, je souhaite vous dire quelle a été mon approche et comment je souhaite poursuivre mon action dans les mois qui viennent.
Le mouvement consommateur est d'autant plus utile qu'il est fort et organisé, que ses mandants s'engagent lorsqu'ils s'expriment publiquement et que la diversité des sensibilités est respectée. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé, et obtenu, le maintien de l'intégralité des crédits en faveur des associations de consommateurs. J'ai également obtenu que l'Institut national de la consommation, l'INC, voit sa subvention augmentée de 2 millions de francs, inscrits en loi de finances rectificative.
Sur les grands sujets d'actualité, le Gouvernement a souhaité améliorer la qualité de la concertation avec les consommateurs. Ces derniers sont désormais pleinement associés à la réflexion et au débat public qui s'est à nouveau ouvert sur les OGM. Ils ont activement participé aux débats sur la filière bovine.
Dans nos tables rondes, au travers des entretiens trimestriels, lors des travaux du Conseil national de la consommation, ou du Conseil national de l'alimentation, le mouvement consommateur est un acteur impliqué dans les choix du Gouvernement.
Telle est, mesdames, messieurs les sénateurs, l'économie générale du projet de budget que j'ai l'honneur de soumettre à votre approbation.
Je me suis efforcé de montrer la cohérence de nos choix. Au sein du Gouvernement, je suis en charge, sous l'autorité de Laurent Fabius, de l'environnement microéconomique des PME. La cohérence s'exprime dans les engagements que j'ai pris devant vous l'an dernier pour le développement économique sur les territoires, la création des PME, l'évolution du statut de l'artisanat.
Elle apparaît enfin dans la méthode en matière de consommation, méthode qui repose sur des avancées concertées en faveur d'une plus grande sécurité du consommateur et d'une meilleure information.
Il est, bien sûr, de mon devoir de tenir mes engagements et d'atteindre les objectifs que j'ai exposés devant vous.
Vous savez que j'agis aussi par passion, la passion pour nos territoires, que vous avez également évoqués et défendus, ainsi que la conviction que les PME font la réalité de la richesse économique de nos pays, qu'elles doivent être mieux reconnues dans leur rôle et que les chefs d'entreprise doivent être davantage soutenus dans leurs projets.
Je sais aussi, comme vous, que la confiance du consommateur se gagne et se garde par une politique rigoureuse en matière de sécurité et d'information et que cette confiance, on le voit bien aujourd'hui, reste le meilleur moyen de soutenir la croissance. Réussir pour l'emploi, les entreprises, les consommateurs et nos territoires constitue une ambition collective que nous partageons tous.
Je répondrai maintenant à quelques-unes des questions que vous avez soulevées, mesdames, messieurs les sénateurs.
S'agissant des 35 heures, thème que vous avez tous évoqué, la réduction du temps de travail a été présentée par les uns comme un handicap pour les entreprises, pour les autres comme une chance de restructuration et de développement.
Cependant, je me trouvais ce matin encore en présence d'artisans, appartenant notamment aux métiers de bouche, et leur discours n'était pas aussi manichéen. ( M. Trémel approuve. )
En outre, certains d'entre vous, en particulier M. Mathieu, ont relevé que les métiers pour lesquels le passage aux 35 heures se révélait ardu rencontraient parallèlement les plus grandes difficultés de recrutement.
Mme Odette Terrade. Absolument !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je n'y vois pas une relation de cause à effet automatique, mais cela pose le problème de l'attractivité de ces métiers, mesdames, messieurs les sénateurs !
Mme Odette Terrade et M. Pierre-Yvon Trémel. Bien sûr !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Or les jeunes finiront par se détourner d'un secteur qui resterait à l'écart du progrès social et économique !
Mme Odette Terrade. Tout à fait !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Comment voulez-vous, mesdames, messieurs les sénateurs, qu'un jeune choisisse demain d'exercer un métier de bouche ou de rejoindre une petite entreprise du bâtiment où il travaillera 42 ou 43 heures s'il peut prétendre au même salaire, dans un autre secteur, pour 35 heures de travail ? (M. Ostermann proteste. )
M. Pierre-Yvon Trémel. Bien sûr !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Ce progrès a été entériné, mais qu'en est-il des assouplissements ? Je voudrais rappeler qu'ils sont déjà prévus par la loi et que le passage aux 35 heures ne coïncidera pas avec la mise en circulation de l'euro. Personne ne passera aux 35 heures le 1er janvier prochain, même si telle sera la durée légale de travail à cette date : c'est un bien pour les salariés, c'est aussi un accord « gagnant-gagnant » pour les entreprises. (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.) Ainsi, cet assouplissement fera que le décompte des heures supplémentaires n'interviendra, l'année prochaine, qu'à compter de la trente-huitième heure travaillée.
Par conséquent, pour nombre d'entreprises, les 35 heures ne seront effectivement instaurées qu'en 2004, 2003 étant une année d'observation. De plus, dans les entreprises de moins de onze salariés, un accord d'entreprise peut être négocié entre les salariés et le chef d'entreprise, sans qu'il soit nécessaire d'exercer un quelconque recours par ailleurs.
En outre, j'avais souhaité que le Gouvernement réfléchisse à d'autres assouplissements. Dans son arbitrage, M. le Premier ministre a approuvé des mesures permettant de satisfaire une demande formulée d'abord par la CGPME, puis reprise par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, la CAPEB, et l'Union professionnelle artisanale, l'UPA. Je crois donc que le dialogue que nous entretenons directement avec les organisations est beaucoup plus fructueux et positif que cela n'a été dit !
En ce qui concerne la mise en circulation de l'euro, je puis répondre aujourd'hui à ceux qui, au mois d'août encore, agitaient le chiffon rouge de la récession et annonçaient des difficultés, voire une catastrophe, que les engagements du Gouvernement en la matière sont parfaitement tenus et que les problèmes qui peuvent subsister perdront de leur acuité au fil des semaines à venir.
Pour les entreprises, qui ont été défendues ici avec talent, le passage à l'euro est à 92 % déjà réalisé ou sur le point de l'être. Chaque entreprise a consenti l'effort de formation nécessaire, a acheté les matériels, les logiciels de comptabilité et les terminaux pour points de vente indispensables, a préparé son approvisionnement en billets et en pièces : je crois que nous devons d'ailleurs saluer l'effort accompli par les chefs d'entreprise.
Certes, le passage à l'euro a un coût pour les entreprises, mais cela est vrai pour tout le monde et la règle européenne qui prévaut en la matière veut que chacun acquitte les dépenses qui le concernent. Au niveau de l'Etat, il n'existe donc pas de « cagnotte » liée au passage à l'euro. Si le projet de budget fait apparaître que 3,5 milliards de francs de crédits sont inscrits pour la fabrication des pièces, il faut savoir que celle-ci a coûté 3 milliards de francs par an à l'Etat depuis 1998. Il en va de même pour les billets, et le passage à l'euro ne rapportera donc rien à l'Etat, qui devra au surplus accompagner la Banque de France dans cette période de mutation.
Par ailleurs, l'Etat a pris des mesures, au travers du texte portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier, du projet de loi relatif à la modernisation sociale ou du projet de loi de finances, afin de financer l'amortissement du matériel, d'accorder des prêts bonifiés et d'aider les entreprises à passer à l'euro.
A ce propos, la question des commissions prélevées sur les règlements par carte bancaire a été évoquée.
M. Auguste Cazalet, rapporteur spécial. Ah !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement s'était opposé, par ma voix, à un amendement déposé au Sénat visant à les supprimer. Une telle suppression est-elle envisageable sur le plan économique ?
M. Gérard Cornu, rapporteur pour avis. Sur un délai très court, monsieur le secrétaire d'Etat !
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Qu'est-ce qu'un paiement par carte bancaire ? Il permet d'abord la sécurité et la garantie du paiement. Or pensez-vous qu'aujourd'hui un organisme puisse sécuriser et garantir le paiement pour un coût nul ?
Pour ma part, je ne suis pas en faveur de la coercition, je suis pour la concertation. S'agissant de l'euro, nous avons fait le choix du « ni-ni » : ni obligation, ni interdiction. L'amendement qui a été voté à l'Assemblée nationale me paraît satisfaisant, dans la mesure où il prévoit un écrêtement qui portera sur tous les paiements, quel que soit leur montant. Les commerçants n'acquitteront pas davantage de frais liés aux paiements par carte bancaire qu'en 2001, et cette solution nous permettra d'éviter de demander aux banques de changer leurs logiciels à trente-deux jours du passage à l'euro, ce qui ferait courir des risques réels de bug ou de dérapage.
Cette méthode de l'écrêtement, qui a fait l'objet d'un accord entre le Gouvernement et les députés, me paraît tout à fait judicieuse et elle profitera à tous les commerçants.
En ce qui concerne les soultes des sociétés, je voudrais indiquer à M. Cornu que le problème posé par le passage à l'euro a été réglé.
Enfin, MM. Trémel et Dussaut sont intervenus à propos de l'apprentissage dans l'artisanat. Je pense que la loi d'orientation comportera un volet relatif à l'apprentissage. Nous procéderons non seulement à une péréquation, mais également à un relèvement notable des moyens accordés aux centres de formation des apprentis.
En outre, j'estime moi aussi que l'apprentissage après vingt-six ans n'est pas une voie à écarter, car certains jeunes, après avoir suivi telle ou telle formation, souhaitent apprendre un métier concret. Nous travaillerons donc sur ce dossier.
Tels sont, mesdames, messieurs les sénateurs, les quelques éléments de réponse que je souhaitais vous livrer après vous avoir écoutés attentivement. J'espère que mes propos auront pu apaiser vos craintes et que vous voudrez bien voter ce projet de budget. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Je rappelle au Sénat que les crédits concernant les petites et moyennes entreprises, le commerce et l'artisanat seront mis aux voix aujourd'hui même, à la fin de l'examen des crédits affectés au commerce extérieur.



ÉTAT B

M. le président. « Titre III : 281 480 691 EUR. »
Le vote sur les crédits figurant au titre III est réservé.
« Titre IV : moins 16 419 950 EUR. »
Le vote sur les crédits figurant au titre IV est réservé.



ÉTAT C

M. le président. « Titre V. - Autorisations de programme : 156 306 000 EUR ;
« Crédits de paiement : 55 098 000 EUR. »
Le vote sur les crédits figurant au titre V est réservé.
« Titre VI. - Autorisations de programme : 1 100 370 000 EUR ;
« Crédits de paiement : 346 268 000 EUR. »
Le vote sur les crédits figurant au titre VI est réservé.
En accord avec la commission des finances, j'appelle en discussion l'amendement n° II-35 rectifié bis , qui tend à insérer un article additionnel avant l'article 67 bis , et les articles 67 bis et 67 ter , qui sont rattachés pour leur examen aux crédits affectés aux petites et moyennes entreprises, au commerce et à l'artisanat.

Article additionnel avant l'article 67 bis