SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° II-35 rectifié bis , présenté par M. Bécot et les membres du groupe de l'Union centriste, est ainsi libéllé :
« Avant l'article 67 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article 1600 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Il est pourvu aux dépenses ordinaires des chambres de commerce et d'industrie au moyen d'une taxe additionnelle à la taxe professionnelle répartie entre tous les redevables de cette taxe proportionnellement à leur base d'imposition ; le montant national de cette taxe est déterminé chaque année par le Parlement dans le cadre de la loi de finances. »
« II. - Le treizième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Un décret répartit chaque année entre les chambres de commerce et d'industrie le montant national de la taxe destinée à subvenir à leurs dépenses. »
« III. - Afin de permettre aux chambres de commerce et d'industrie de poursuivre leurs missions et de faire face à leurs divers engagements, l'évolution de la taxe additionnelle à la taxe professionnelle perçue au profit des chambres de commerce et d'industrie est fixée à 3,5 % pour 2002. »
La parole est à M. Bécot.
M. Michel Bécot. Les chambres de commerce et d'industrie, monsieur le secrétaire d'Etat, souffrent aujourd'hui d'un véritable problème de financement. L'application de la réforme des bases de la taxe professionnelle a d'ailleurs entraîné, mécaniquement, une réduction d'environ 50 % du montant de l'impôt additionnel à la taxe professionnelle, l'IATP, acquitté par les plus petites entreprises.
Afin de permettre aux chambres de commerce et d'industrie de poursuivre l'accomplissement de leurs missions et de faire face à leurs divers engagements, je propose que ce soient désormais les lois de finances qui fixent le montant de l'IATP. La progression de celui-ci pourrait être de 3,5 % en 2002.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Auguste Cazalet, rapporteur spécial. La commission des finances s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, je ne peux croire que vous puissiez souhaiter une augmentation des prélèvements obligatoires ! En effet, cela ne correspond ni à votre éthique politique ni à vos déclarations constantes.
Quoi qu'il en soit, le Gouvernement ne peut être favorable à l'augmentation de 3,5 % du montant de l'IATP que vous proposez. Je rappelle d'ailleurs qu'il a déjà accepté une hausse de 0,3 % de cet impôt, ce qui nous paraît plus raisonnable.
En revanche, je souhaite comme vous que le montant de l'IATP soit déterminé par la loi de finances. Toutefois, j'assortirai cette mesure de plusieurs conditions : une programmation contractualisée des missions et des projets des chambres de commerce et d'industrie, une transparence de gestion appuyée sur une déconcentration de la tutelle, un mandat électif rénové, une solidarité interconsulaire réelle, y compris sur le plan financier.
Le Gouvernement est prêt à travailler sur ce sujet avec vous, mesdames, messieurs les sénateurs. Nous pourrons alors revoir le mode de fixation de l'IATP sur une base pluriannuelle. D'ores et déjà, le projet de loi d'orientation que nous examinerons dans deux mois comportera des avancées, s'agissant en particulier du régime électoral.
Pour ces raisons, le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° II-35 rectifié bis .
M. Gérard Cornu. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Cornu.
M. Gérard Cornu. Je m'exprimerai à titre personnel sur cet amendement.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous venez de dire que vous ne compreniez pas pourquoi nous présentions cet amendement,...
M. Joseph Ostermann. C'est à cause des 35 heures !
M. Gérard Cornu. ... dont l'adoption pourrait entraîner un alourdissement des charges supportées par les entreprises.
Mais, ces charges, vous les avez déjà fortement aggravées, par le biais de l'instauration des 35 heures ! (Protestations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Les coûts engendrés par le passage aux 35 heures sont partiellement compensés pour les entreprises privées, mais, comme vous le savez, mes chers collègues, rien de tel n'est prévu pour les collectivités territoriales ! Or nos budgets locaux devront supporter à ce titre des dépenses supplémentaires liées, par exemple, au fonctionnement des services départementaux d'incendie et de secours ou des maisons de retraite.
Les chambres consulaires subiront elles aussi de plein fouet les effets du passage aux 35 heures, et il n'est donc pas anormal que nous soyons attentifs au niveau de leurs ressources. Sinon, comment voulez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, que ces organismes, qui jouent un rôle grandissant vis-à-vis du commerce, de l'artisanat et de l'ensemble des PME, s'en sortent ?
A titre personnel, je juge cet amendement excellent, et c'est pourquoi je le voterai.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lachenaud.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Le groupe des Républicains et Indépendants votera cet amendement, ne serait-ce que pour attirer l'attention du Gouvernement sur la situation réelle, les difficultés et le rôle important des chambres de commerce et d'industrie.
Ce matin même, à l'occasion du débat sur le projet de budget de l'industrie, notre collègue Jean-Pierre Raffarin a bien expliqué combien les chambres de commerce et d'industrie se trouvaient aujourd'hui aux avant-postes, qu'il s'agisse du passage à l'euro, du développement des technologies nouvelles, de la formation professionnelle ou de l'apprentissage, tous domaines qui exigent des moyens d'action supplémentaires.
Bien entendu, nous souhaitons également que la progression des prélèvements reste maîtrisée. Pour cette raison, nous proposons, par cet amendement, que le taux annuel de progression de l'IATP soit fixé par la loi de finances.
A cet égard, il est un peu surprenant d'entendre un gouvernement qui a créé de nouveaux impôts et majoré, notamment cette année, les prélèvements obligatoires nous reprocher d'alourdir les charges supportées par les entreprises ! (Protestations sur les travées socialistes.)
Nous qui connaissons bien la contradiction entre les moyens supplémentaires d'action et la maîtrise des prélèvements, nous essayons de parvenir à un équilibre. Il est normal que la représentation nationale fixe le taux de croissance des dépenses des établissements publics que sont les chambres de commerce et d'industrie, dans une vision très dynamique du développement économique !
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Aux excellents arguments qui viennent d'être avancés par M. Lachenaud, je tiens à en ajouter un. Désormais, un problème de péréquation entre les chambres de commerce et d'industrie se pose. Puisque les bases « salaires » ont été supprimées avec une simple indexation de la compensation de la part qui existait auparavant, il est bien certain que les chambres de commerce et d'industrie dont la base « outillage » augmentera seront favorisées ; en revanche, celles qui avaient de fortes bases « salaires » ne connaîtront pas de progression de leurs moyens, alors que ce sont elles qui, notamment pour la formation des apprentis, auront des frais élevés.
L'amendement de mon collègue M. Bécot a donc l'avantage de faire apparaître la nécessité d'une péréquation à l'échelon national. Cet objectif doit être retenu.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. Autant j'ai entendu les arguments de M. Cornu et ceux qui viennent d'être développés sur ces travées, autant, monsieur Lachenaud, je ne peux pas vous laisser dire de contrevérités.
M. Jean-Philippe Lachenaud. Ah bon ?
M. François Patriat, secrétaire d'Etat. En effet, les prélèvements ont baissé de près d'un point, 0,75 % selon les derniers chiffres connus. Par ailleurs, sont intervenus des dégrèvements d'impôts, surtout pour les entreprises. Je pense, bien entendu, à l'impôt sur les sociétés, à la taxe professionnelle et à la vignette. Vous ne pouvez donc pas dire que ce gouvernement a augmenté les impôts pour les entreprises.
Cela étant dit, le Gouvernement reste attaché à une modération s'agissant des droits pour les chambres consulaires, et je m'en suis expliqué. C'est pourquoi je maintiens ma position.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-35 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 67 bis.

Article 67 bis