SEANCE DU 20 DECEMBRE 2001


ACCORD DE PROTECTION
ET D'ENCOURAGEMENT RÉCIPROQUES
DES INVESTISSEMENTS AVEC LE CAMBODGE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 330, 2000-2001) autorisant l'approbation d'un accord de protection et d'encouragement réciproques des investissements entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume du Cambodge. [Rapport n° 41 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes handicapées. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, l'accord d'encouragement et de protection réciproques des investissements signé entre la France et le Cambodge a pour objet d'établir un cadre juridique sûr qui permette de favoriser l'activité de nos entreprises dans ce pays, qui, vous le savez, est sur la voie difficile mais prometteuse de la paix civile et de la reconstruction.
Cet accord, signé le 13 juillet 2000 à Phnom Penh, est soumis aujourd'hui à votre approbation. Il contient les grands principes qui figurent habituellement dans les accords de ce type et qui constituent la base de la protection des investisements telle que la conçoivent aujourd'hui les pays de l'OCDE.
Il prévoit l'octroi aux investisseurs d'un traitement juste et équitable, conforme au droit international et au moins égal au traitement accordé aux nationaux ou à celui de la nation la plus favorisée, à l'exclusion des avantages consentis à un Etat tiers en raison de l'appartenance à une organisation économique régionale.
Il assure une garantie de libre transfert des revenus et du produit de la liquidation des investissements ainsi que d'une partie des rémunérations des nationaux expatriés dans le cadre d'une opération d'investissement.
Le versement, en cas de dépossession, d'une indemnisation prompte et adéquate est prévu, et les modalités de calcul du dédommagement sont précisées dans l'accord.
Une clause de l'accord prévoit la faculté de recourir à une procédure d'arbitrage international en cas de différend entre l'investisseur et le pays d'accueil.
Enfin, l'approbation de cet accord permettra au gouvernement français d'accorder, par l'intermédiaire de la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur, la COFACE, sa garantie aux investissements que réaliseront à l'avenir nos entreprises dans ce pays.
Comme vous le voyez, mesdames, messieurs les sénateurs, cet accord offre aux entreprises françaises désireuses d'être présentes au Cambodge des garanties sérieuses qui sont de nature à minimiser le risque qu'elles encourent inévitablement.
Je crois également utile de souligner l'intérêt que présente cet accord pour nos rapports avec le Cambodge.
D'abord, il devrait avoir un effet incitatif sur nos entreprises, qui pourraient ainsi être plus actives dans ce pays francophone. Certes, nos relations commerciales ont commencé à reprendre de la substance depuis 1991, mais le Cambodge n'est aujourd'hui que notre 118e client et notre 104e fournisseur. Le volume de nos échanges s'est élevé à 700 millions de francs en 2000.
Ensuite, il convient d'espérer que l'accord permettra de remédier à cette grave carence : la France n'est que le huitième investisseur étranger au Cambodge. Nos entreprises n'ont ainsi investi que 13 millions de francs en 1999, et seules une douzaine de filiales de grands groupes sont réellement présentes dans le pays. Les garanties fournies par l'accord devraient permettre à des PME d'y prendre pied.
Enfin, et c'est probablement là l'élément essentiel, cet accord doit être considéré comme une manifestation claire de notre soutien aux efforts du Cambodge pour sortir de vingt-cinq années de guerre civile, de génocide perpétré par les Khmers rouges, de destruction des infrastructures et de retards accumulés. Il s'inscrit dans la continuité de l'action de la France en faveur de la paix dans ce pays et de notre soutien financier à la reconstruction de son économie.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume du Cambodge sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements, signé le 13 juillet 2000, qui a fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.) M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Christian de La Malène, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Mes chers collègues, le Sénat est saisi, en première lecture, d'un accord signé avec le Cambodge le 13 juillet 2000, cela vient d'être rappelé, sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements.
Avant de présenter très brièvement cet accord, je rappellerai succinctement la situation politique et économique du Cambodge ainsi que l'action de la France dans ce pays.
La situation du Cambodge s'est globalement stabilisée depuis la signature des accords de Paris en 1991 et les élections législatives qu'ils avaient permises en 1993. Ce n'est pas pour autant qu'elle peut être considérée comme dégagée des incertitudes liées à un passé troublé et douloureux.
On peut cependant estimer que le pays, sous la houlette du Premier ministre Hun Sen, accomplit de notables efforts pour instaurer un Etat de droit.
Ainsi, les élections législatives de juillet 1998, au cours desquelles le taux de participation s'était élevé à plus de 90 %, ont amené un équilibre du pouvoir entre le Premier ministre, Hun Sen ; le président de l'Assemblée nationale, le prince Ranariddh, fils du roi Sihanouk ; et le président du Sénat, secrétaire général du Parti du peuple cambodgien, dont le Premier ministre est également issu. Cet équilibre a d'ailleurs été déterminant pour l'admission du Cambodge au sein de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est, l'ASEAN, en avril 1999.
Les prochaines échéances politiques sont les élections municipales, les premières de ce type depuis le retour de la paix civile, qui auront lieu le 3 février 2002.
Il faut néanmoins souligner un climat de troubles qui n'est guère rassurant, puisqu'on déplore déjà des violences.
Enfin, la loi instaurant un tribunal mixte, composé à la fois de magistrats cambodgiens et de magistrats désignés par l'ONU, pour juger les dirigeants khmers rouges encore vivants et emprisonnés a été adoptée au début de cette année.
Sur le plan économique, le choix en faveur de l'économie de marché bénéficie plus, et c'est probablement inévitable, aux populations urbaines, du moins à certaines fractions d'entre elles, qu'à la paysannerie, dont le niveau de vie reste très faible et soumis aux aléas naturels, comme les inondations.
L'appui constant de la France à la reconstruction du Cambodge s'est traduit par l'intégration de ce pays, dès 1994, dans le champ de compétence du ministère de la coopération.
Selon les données de l'OCDE, l'aide française représente environ 10 % de l'aide internationale reçue par le Cambodge, que ce soit par le biais des protocoles du Trésor, de l'Agence française de développement, ou du ministère des affaires étrangères. Il faut en effet relever que ce pays continue à vivre sous « perfusion » internationale : en 2001, l'aide extérieure représentera 33 % du budget du Cambodge, qui s'élève à 643 millions de dollars, dont 635 millions pour l'Etat et 8 millions pour les collectivités territoriales.
L'accord d'encouragement et de protection des investissements entre la France et le Cambodge, signé le 13 juillet 2000, est le onzième accord de ce type conclu par le Cambodge depuis 1994. Outre les pays riverains, comme la Malaisie, la Thaïlande, la Chine, Singapour, la Corée du Sud, l'Indonésie et les Philippines, certains pays occidentaux ont précédé la France, comme la Suisse en 1996, les Etats-Unis, l'Allemagne en 1999 et les Pays-Bas. Du côté de la France, ce sont quatre-vingts conventions comparables qui ont été précédemment conclues avec divers Etats.
Le champ d'application de l'accord, défini à l'article 1er, reprend les clauses en vigueur classiques : les parties souscrivent des engagements visant à favoriser mutuellement les investissements. Concrètement, cet accord régira surtout les investissements français au Cambodge, faute de capacités financières suffisantes pour que ce pays puisse investir hors de ses frontières.
Les principes qui régissent cet accord ne dérogent pas aux caractéristiques de ce type d'engagement : traitement équitable accordé aux investisseurs de l'autre partie et équivalent à celui qui est accordé à la nation la plus favorisée, liberté des transferts, indemnisation adéquate en cas de dépossession et recours possible à une procédure d'arbitrage international en cas de différend entre investisseur et Etat hôte ou entre les parties contractantes.
Les autorités cambodgiennes ont achevé les procédures de ratification de cet accord et en ont adressé les instruments à la France le 31 juillet dernier. La commission des affaires étrangères vous engage à adopter à votre tour le projet de loi de ratification de cet accord, en souhaitant que le cadre juridique qu'il institue contribuera à donner une place accrue aux investissements français au Cambodge. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'accord de protection et d'encouragement réciproques des investissements entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume du Cambodge, signé à Phnom Penh le 13 juillet 2000, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que le projet de loi a été adopté à l'unanimité.

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