SEANCE DU 6 FEVRIER 2002


M. le président. L'amendement n° 13 rectifié, présenté par MM. Amoudry, Arnaud, Hérisson, Branger et Franchis, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Les techniciens des laboratoires hospitaliers, les conducteurs-ambulanciers et les éducateurs spécialisés sont classés en catégorie B active de la fonction publique hospitalière.
« Les années effectuées en catégorie A, alors qu'ils effectuaient les mêmes fonctions, sont validées en catégorie B active, à égalité, pour tous les agents en activité, à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi. »
La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Les deux catégories de personnels médico-techniques visées par le présent amendement ne sont pas classées dans la catégorie B active de la fonction publique hospitalière alors que leurs conditions de travail justifient largement les critères de « fatigues exceptionnelles » ou de « risques particuliers » et de « contacts directs avec les malades, leurs effets ou les objets en contact avec des malades » que requiert le classement en service actif selon le décret de 1965.
Les kinésithérapeutes, les manipulateurs-radios, les infirmiers, les sages-femmes, les personnels de buanderie, les puéricultrices, les aides-soignants sont en catégorie B active.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Je comprends parfaitement l'amendement que vient de défendre M. Franchis. Mais, dans un article du projet de loi, il est prévu que le Gouvernement fera un rapport sur la question, avant qu'une décision ne soit prise. Les membres de la commission ont donc estimé qu'il était difficile, par le biais d'un amendement, de trancher sur un problème auquel le Gouvernement doit apporter une solution, normalement rapidement - je vous demande en tout cas, monsieur le ministre, d'agir en ce sens, après avoir pris la mesure de ce qu'il est possible de faire et des conséquences financières.
La situation actuelle paraît quelque peu aberrante, il faut bien le reconnaître. Les techniciens de laboratoire m'ont appris qu'ils assuraient les gardes dans les hôpitaux de province alors que, lorsque j'étais interne en pharmacie à Paris, les internes assuraient les gardes ! Il s'agit donc bien d'une catégorie active.
En attendant le rapport du Gouvernement, - solution que nous approuvons - je demande à M. Franchis de retirer son amendement, faute de quoi je serais contraint d'émettre un avis défavorable, ce qui serait d'autant plus gênant que nous sommes tous d'accord sur cette question.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. M. le rapporteur a bien illustré la position du Gouvernement : cette disposition, si elle était adoptée, aurait des conséquences très importantes dans la fonction publique. Il faut, certes, prendre en compte la situation réelle de ces techniciens, mais ils ne sont pas les seuls, loin de là.
Quant à l'argument - je le dis avec beaucoup de précaution et de respect envers cette profession -, qui consiste à dire que d'autres effectuent aussi des gardes, permettez-moi de dire qu'elles n'ont rien à voir avec celles qui sont assurées dans les services des urgences, où des malades sont pris en charge. Certes, il est pénible d'être debout et d'effectuer des examens. C'est un argument que je prends en compte, mais nous devons raisonner en connaissance de cause et bien mesurer les conséquences qui découleraient d'une telle décision. Je remercie M. le rapporteur de l'avoir rappelé.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Franchis ?
M. Serge Franchis. Cette question est pendante depuis longtemps mais, comme M. le rapporteur l'a souligné, il est raisonnable d'attendre les conclusions du rapport. J'espère donc qu'une décision sera prise le plus rapidement possible. En attendant, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 13 rectifié est retiré.
L'amendement n° 200, présenté par M. Dériot au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Est ratifiée l'ordonnance n° 2000-548 du 15 juin 2000 relative à la partie législative du code de la santé publique, prise en application de la loi n° 99-1071 du 16 décembre 1999 portant habilitation du Gouvernement à procéder, par ordonnances, à l'adoption de la partie législative de certains codes. »
La parole est à M. Dériot, rapporteur.
M. Gérard Dériot, rapporteur. Cet amendement tend à ratifier l'ordonnance du 15 juin 2000 relative à la partie législative du code de la santé publique, dont de très nombreux articles ont été modifiés par la loi relative à l'interruption volontaire de grossesse et à la contraception, la loi de modernisation sociale, les lois de financement de la sécurité sociale pour 2001 et 2002 ou encore par le présent projet de loi.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 200, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies.
L'amendement n° 378 rectifié ter, présenté par M. de Broissia, Mmes Létard, Bocandé, Gourault, MM. Franchis et Vasselle, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa de l'article L. 3221-1 du code de la santé publique, il est inséré six alinéas ainsi rédigés :
« Afin de mettre en oeuvre une démarche thérapeutique préalablement définie dans le cadre du secteur ou d'un établissement, une association, à visée de soin, de prévention, de réadaptation et de réhabilitation des patients, régie par les dispositions de la loi de 1901 peut être constituée, regroupant notamment des patients, des personnels hospitaliers et des tiers, personnes physiques ou morales.
« Le médecin responsable de la démarche de soins doit rester le garant de la bonne exécution de celle-ci au sein de l'association.
« Une convention est signée entre l'établissement et l'association. Elle précise les modalités de mise à disposition par l'établissement d'équipements, de moyens matériels et financiers et les conditions de leur utilisation par l'association.
« Elle indique les conditions dans lesquelles le personnel hospitalier est réputé effectuer son service en contribuant au fonctionnement et aux activités de l'association.
« L'association rend annuellement compte par écrit à l'établissement de sa gestion et de l'utilisation des moyens mis à sa disposition.
« Les agents publics qui exécutent leur service en participant aux activités de l'association, dans les conditions définies par la convention mentionnée ci-dessus, l'exercent ainsi en position d'activité. Lorsqu'ils ont, par ailleurs, adhéré à l'association, l'activité qu'ils y mènent en dehors des conditions fixées par la convention est réputée l'être à titre personnel. »
La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Avant de présenter cet amendement, je tiens à souligner la parité entre ses auteurs femmes - Mmes Létard, Bocandé et Gourault - et ses auteurs hommes - MM. Vasselle, Franchis et moi-même ! D'autres l'auraient également signé si j'avais pu les consulter à temps.
Cet amendement traite d'un problème qui a été évoqué ici ou là, entre autres par vous à plusieurs reprises et à juste titre d'ailleurs, monsieur le ministre, s'agissant particulièrement de pédopsychiatrie et de certaines carences constatées dans le domaine du traitement de la santé mentale.
Nous proposons d'associer les familles des malades à une démarche thérapeutique sous la forme d'un partenariat avec une association, à visée de soin - expression très utilisée -, de prévention, de réadaptation et de réhabilitation des patients. Notre préoccupation concerne tout à fait les droits des malades, auxquels on touche discipline par discipline.
Vous l'avez dit, monsieur le ministre, la psychiatrie est une discipline complexe. Elle cherche sa place dans la société. Pour des raisons obscures, les conseils généraux se sont vu confier la responsabilité et la surveillance des établissements psychiatriques. Ils se sont consacrés à fond à cette mission. Il existe donc une association partenariale très forte entre les établissements psychiatriques et les collectivités territoriales. La psychiatrie est une discipine qui est digne de nombreux éloges, il faut le reconnaître, et que nous suivons attentivement.
Heureusement que les asiles ont été remplacés par des établissements de santé mentale. Mais les parts éducation et réinsertion constituent la phase la plus cruciale des droits des malades. Cet amendement, déposé par des sénateurs de toutes origines, vise à répondre à votre souci, monsieur le ministre. Vous avez dit tout à l'heure, au sujet du traitement du cancer, que l'on se sentait seul quand on rentrait chez soi. J'en ai été très impressionné. Il est vrai que le traitement de la santé mentale passe par celui de la solitude.
Quels que soient les mérites de la santé mentale et les formes qu'elle prend - je tiens à tirer mon chapeau aux spécialistes et à tous les professionnels de cette branche -, quels que soient le temps passé par ces spécialistes et la qualité du suivi médical qui, heureusement, a beaucoup évolué - on est en effet passé, dans beaucoup de cas, à la thérapeutique médicamenteuse - j'ai le sentiment qu'un accompagnement social et familial est nécessaire.
Mais je suis aussi conscient que l'adoption d'un tel amendement, composé de six alinéas, constituerait le début d'une forte évolution, puisque nous proposons que du personnel psychiatrique soit associé au traitement, dans le cadre de l'association elle-même, et donc mis à disposition en quelque sorte. Mais, mes chers collègues, nous connaissons déjà ce principe de mise à disposition des fonctionnaires. Quel ministère n'en a pas ?
Je souhaite que cet amendement, qui est pour nous l'occasion d'aborder un sujet important, soit retenu par la Haute Assemblée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. La commission a parfaitement compris la motivation des auteurs de l'amendement, auquel elle est favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Le Gouvernement est perplexe, mais il ne peut pas le rester ! (Sourires.)
Je comprends bien ce que M. de Broissia vient de dire et, sur le fond, je pense qu'il a raison : dans le domaine psychiatrique en particulier, le fait que des associations de parents, de familles de malades - que ces derniers soient hospitalisés ou non - se manifestent est utile à la thérapeutique et à l'environnement des patients. J'en suis d'autant plus convaincu que nous avons rencontré ces associations.
Nous avons en effet travaillé avec elles à cette fameuse loi sur la santé mentale que j'ai présentée très sommairement, ou plus exactement réfléchi aux pistes de recherche sur la santé mentale et sur un encadrement différent, comprenant une ouverture des hôpitaux psychiatriques sur les hôpitaux généraux, des activités communes et l'intervention de petits établissements permettant de multiplier les prises en charge dans le secteur.
Toutefois, je ne peux accepter cet amendement - et croyez que je le regrette - car la Cour des comptes et les chambres régionales des comptes ne manqueront pas de s'élever vivement contre de telles pratiques, qualifiées dans un certain nombre de cas de « démembrement de la personne publique ». C'est exactement ce que nous sommes en train de faire !
La prise en charge des patients par les associations existe déjà, et pas seulement dans le domaine de la psychiatrie, mais je ne peux accepter d'inscrire dans la loi la dérive que constitue le démembrement de la puissance publique. De plus, si je suis conscient du rôle joué par ces associations, et que vous avez eu raison de souligner, monsieur de Broissia, il est nécessaire, pour le remplir au mieux, qu'elles clarifient leurs relations avec les établissements de santé.
Par conséquent - croyez bien que ce n'est pas une dérobade - je vous propose que des stages, qui sont autorisés, soient organisés au sein des associations. Avant de devenir ministre, j'ai fréquenté de multiples associations dans lesquelles j'ai rencontré des stagiaires, y compris des stagiaires de l'ENA ! Peut-être cette suggestion vous permettrait-elle de patienter en attendant le rapport - je vous promets que ce sera fait - que le Gouvernement remettra au Parlement dans un délai très court et la prise de décisions. Je ne peux pas faire plus, car ce n'est franchement pas mon rôle que d'accepter le démembrement de la puissance publique !
M. Louis de Broissia. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. de Broissia.
M. Louis de Broissia. Je tiens d'abord à remercier la commission des affaires sociales d'avoir réservé un accueil bienveillant à cet amendement, dont les origines sont nombreuses et variées. Je sais l'écoute de M. le ministre tout à fait excellente ; je l'apprécie aujourd'hui comme je l'appréciais hier soir. Sur ce sujet, comme sur beaucoup d'autres, nous pourrions parvenir à une démarche unanime. Je comprends l'objection de M. le ministre, même si je sais que la Cour des comptes peut dire beaucoup de choses sur les mises à disposition de l'éducation nationale (M. le ministre et M. le président de la commission s'exclament.)
Je ne fais que l'évoquer qu'aujourd'hui, mais je pourrais en parler ministère par ministère.
Comme je ne veux pas contribuer au démantèlement du service public hospitalier, monsieur le président, je modifie mon amendement.
Dans le quatrième alinéa, je souhaiterais que les mots : « est réputé effectuer son service en contribuant » soient remplacés par les mots : « peut contribuer », sans préciser dans quelles conditions. Si un texte sur la santé mentale était présenté, ces conditions y figureraient.
Par ailleurs, je supprime le dernier alinéa de cet amendement, respectant ainsi la sacro-sainte règle de l'indépendance des trois fonctions publiques, qui d'ailleurs au demeurant théorique. Mais cela permettrait, lors de la réunion de la commission mixte paritaire, de dire à nos collègues de l'Assemblée nationale que c'est un pan des droits des malades qu'ils n'ont pas examiné, et qu'ils peuvent retenir ces mesures sans risque de démantèlement du service public.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 378 rectifié quater , présenté par M. de Broissia, Mmes Létard, Bocandé, Gourault, MM. Franchis et Vasselle et qui est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le deuxième alinéa de l'article L. 3221-1 du code de la santé publique, il est inséré six alinéas ainsi rédigés :
« Afin de mettre en oeuvre une démarche thérapeutique préalablement définie dans le cadre du secteur ou d'un établissement, une association, à visée de soin, de prévention, de réadaptation et de réhabilitation des patients, régie par les dispositions de la loi de 1901 peut être constituée, regroupant notamment des patients, des personnels hospitaliers et des tiers, personnes physiques ou morales.
« Le médecin responsable de la démarche de soins doit rester le garant de la bonne exécution de celle-ci au sein de l'association.
« Une convention est signée entre l'établissement et l'association. Elle précise les modalités de mise à disposition par l'établissement d'équipements, de moyens matériels et financiers et les conditions de leur utilisation par l'association.
« Elle indique les conditions dans lesquelles le personnel hospitalier peut contribuer au fonctionnement et aux activités de l'association.
« L'association rend annuellement compte par écrit à l'établissement de sa gestion et de l'utilisation des moyens mis à sa disposition. »
Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 378 rectifié quater , accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies .
L'amendement n° 201, présenté par M. Dériot, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 3634-3 du code de la santé publique est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« A la demande d'un sportif susceptible d'être sanctionné ou de sa propre initiative, le conseil de prévention et de lutte contre le dopage peut, s'il ne s'estime pas suffisamment éclairé au vu des pièces du dossier, proposer à l'intéressé de se soumettre à une expertise en vue de déterminer s'il a respecté les dispositions de l'arrêté prévu à l'article L. 3631-1.
« L'expertise est réalisée par un expert choisi par le sportif intéressé sur une liste établie par le conseil de prévention et de lutte contre le dopage. Les résultats de l'expertise sont communiqués au conseil et à l'intéressé, qui peut présenter des observations. Les frais de l'expertise sont à la charge du conseil. »
La parole est à M. Dériot, rapporteur.
M. Gérard Dériot, rapporteur. Cet amendement a pour objet de permettre aux sportifs contrôlés positifs de demander, au cours d'une procédure disciplinaire, une expertise médicale, à la charge du conseil qui est prévu à cet effet, afin de déterminer si l'intéressé a bien respecté les dispositions de l'arrêté relatif aux substances et procédés interdits ou soumis à restriction.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Sagesse.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 201, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies .
L'amendement n° 337 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 5211-4 du code de la santé publique est ainsi rédigé :
« Art. L. 5211-4. - Lors de la mise en service sur le territoire national de catégories de dispositifs médicaux présentant un potentiel élevé de risques pour la santé humaine, toutes les données permettant d'identifier ces dispositifs, avec un exemplaire de l'étiquetage et de la notice d'instruction, doivent être communiqués à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé.
« Pour les dispositifs médicaux dans la fabrication desquels intervient un produit d'origine animale, la communication prévue au premier alinéa le précise, ainsi que l'espèce d'origine. »
« II. - Le 5° de l'article L. 5211-6 du même code est ainsi rédigé :
« 5° Les catégories de dispositifs médicaux et les modalités de la communication prévues à l'article L. 5211-4, ainsi que les données devant être transmises à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en application de cet article. »
La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Cet amendement vise à permettre à l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé d'être systématiquement destinataire, le plus tôt possible, d'éléments d'identification des dispositifs médicaux mis en service en France qui, bien qu'ayant obtenu la certification de conformité aux exigences essentielles relatives à la santé et à la sécurité des patients, des utilisateurs et des tiers, peuvent présenter un potentiel élevé de risques pour la santé humaine. Il participe donc à la bonne connaissance que peut avoir, dans les meilleurs délais, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé des dispositifs médicaux utilisés en France, et renforce donc sa capacité d'expertise et de contrôle de la sécurité sanitaire. Il lui permet de ne pas perdre de temps.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Favorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 337 rectifié, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies .
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 283 rectifié ter est présenté par MM. Leclerc, Paul Blanc, Murat et Gouteyron.
L'amendement n° 287 rectifié bis est déposé par M. Franchis, Mme Bocandé, M. Lesbros et Mme Létard.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Après l'article 57 septies insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 314-8 du code de l'action sociale et des familles est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les établissements et services visés au 6° du I de l'article L. 312-1 qui ne disposent pas de pharmacie à usage intérieur, les prestations de soins mentionnées au 1° de l'article L. 314-2 ne comprennent pas l'achat, la fourniture, la prise en charge et l'utilisation des médicaments inscrits sur la liste des spécialités pharmaceutiques remboursables mentionnée à l'article L. 162-17 du code de la sécurité sociale, ni ceux des produits et prestations mentionnés à l'article L. 165-1 du même code. »
La parole est à M. Paul Blanc, pour défendre l'amendement n° 283 rectifié ter.
M. Paul Blanc. Cet amendement, qui pourrait paraître anodin, est en réalité extrêmement important et je ne doute pas que la Haute Assemblée l'adoptera à l'unanimité : il évitera peut-être, en effet, un transfert de charges.
Aujourd'hui, avec la mise en place de l'allocation personnalisée d'autonomie, ou l'APA, pratiquement dans tous les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, ces dernières bénéficient à ce titre de ce que l'on appelle un « forfait soins », c'est-à-dire qu'un certain nombre de médicaments sont pris en charge par l'établissement qui, s'il dispose d'une pharmacie à usage intérieur, pourra bénéficier de prix tout à fait compétitifs.
Si nous n'adoptons pas cet amendement qui vise à exclure du « forfait soins » un certain nombre de médicaments lorsque l'établissement ne dispose pas de pharmacie à usage intérieur, ce seront les départements qui devront payer ces médicaments. Surtout, ce qui me paraît aujourd'hui inacceptable, c'est le fait même de retirer les pharmaciens de la commune où est installée la maison de retraite, car cela mettra en péril l'existence d'une pharmacie rurale.
M. le président. La parole est à M. Franchis, pour présenter l'amendement n° 287 rectifié bis .
M. Serge Franchis. Cet amendement tend à maintenir la qualité des soins dans les établissements qui hébergent des personnes âgées.
Il vise, comme l'a dit notre collègue Paul Blanc, à exclure les médicaments du « forfait soins » de ces établissements lorsque ceux-ci ne disposent pas de pharmacie à usage intérieur. En effet, les personnes dépendantes risquent de supporter les conséquences des contraintes budgétaires, qui sont inévitables dans ces établissements. Dans certaines circonstances, la capacité de délivrance des médicaments pourrait même être limitée.
On peut envisager deux hypothèses : soit on décide de reporter les charges d'année en année, comme cela se pratique dans les établissements hospitaliers, et l'on cumule d'une manière discrète les déficits, soit on estime qu'il faut être plus rigoureux et on limite la dispense de soins en considérant l'état et l'âge du malade. Certains gestionnaires pourraient pratiquer cette méthode en exigeant le respect de l'enveloppe budgétaire. Les personnes dépendantes qui se trouvent en établissements seraient alors soumises, en application de la réforme de la tarification, à un régime plus rigoureux que celles qui demeurent à domicile et qui peuvent bénéficier de la prise en charge directe des médicaments par l'assurance-maladie et les mutuelles.
Le présent amendement tend à replacer les personnes dépendantes sous le même régime, quel que soit leur mode d'accueil. Et, surtout, il réduit les risques de raréfaction des soins pour ces personnes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Ces deux amendements identiques sont extrêmement importants, surtout eu égard à la prise en charge des malades selon la situation dans laquelle ils se trouveront.
Une personne âgée qui restera à domicile pourra bénéficier de tous les soins dont elle aura besoin : médicaments, radios, analyses, voire prestations d'infirmières, de kinésithérapeutes, lesquels seront pris en charge par sa caisse d'assurance-maladie et, éventuellement, sa mutuelle.
A partir d'un certain âge, la plupart des personnes âgées...
M. Guy Fischer. Elles sont prises en charge à 100 % !
M. Gérard Dériot, rapporteur. ... sont effectivement prises en charge à 100 % par la caisse primaire d'assurance-maladie, puisqu'elles bénéficient de l'aide médicale à domicile, ou l'AMD.
Mais la personne hébergée en maison de retraite n'aura pas droit, elle, aux mêmes prestations. En effet, le « forfait soins » dont elle bénéficie sera nécessairement moins élevé et il sera progressivement réduit en raison des budgets très limités dont disposeront les directeurs de maison de retraite. En tant que président de conseil général, je parle en connaissance de cause pour la partie hébergement : je connais les contraintes qui pèsent sur l'établissement des budgets des maisons de retraite afin que le prix de la journée ne soit pas trop élevé.
Il y aura donc deux manières de prendre en charge les personnes âgées. Le présent amendement a pour objet d'assurer un traitement identique aux personnes âgées, qu'elles demeurent à domicile ou qu'elles soient hébergées dans un établissement.
Par ailleurs, la mise en place, depuis le 1er janvier 2002, de l'allocation personnalisée d'autonomie pose un problème. En effet, tous les lits sont maintenant considérés comme des lits de section de cure médicalisée. Si la pharmacie locale, surtout si elle est située en zone rurale, n'est plus sollicitée pour la fourniture de médicaments, il ne faudra pas s'étonner, monsieur le ministre, que dans peu de temps des pharmacies soient en difficulté, car la maison de retraite représente une part non négligeable de leur chiffre d'affaires.
Par ailleurs, je vous rappelle que les personnes qui sont accueillies en maison de retraite sont considérées comme des résidents de la commune. Cela signifie qu'elles sont prises en compte, comme clients potentiels, dans le numerus clausus qui s'applique à la création des pharmacies.
Or, dans le dispositif actuel, elles sont manifestement éliminées. C'est un élément supplémentaire caractéristique de ce qui est en train de se passer.
Hier, notre collègue Serge Franchis posait une question sur les difficultés de recrutement des personnels qualifiés dans les pharmacies, en particulier dans les zones rurales. Mme Guinchard-Kunstler a répondu - d'ailleurs, je n'ai pas très bien compris sa réponse - qu'il faudrait réfléchir au moyen de permettre aux pharmacies de continuer à recruter des personnels qualifiés. Il faudrait tout simplement commencer par ne pas leur supprimer la possibilité de travailler en tant que fournisseur de la maison de retraite, qui assure un minimum de chiffre d'affaires. Dès lors, les pharmacies pourraient disposer des personnels nécessaires !
Il est un autre élément à considérer. Finalement, avec ces amendements, on allège le travail des directeurs de maison de retraite, puisque le dossier du malade est traité directement par la pharmacie locale, qui est en relation avec la caisse primaire d'assurance-maladie et même la mutuelle s'il n'y a pas une prise en charge à 100 %. A ce moment-là, c'est le système du tiers payant qui est appliqué, à l'instar du client normal. C'est donc une simplification !
Par ailleurs, d'un point de vue purement professionnel, grâce au système informatique dont sont aujourd'hui équipées toutes les officines, l'officine locale pourra suivre le dossier du malade, notamment eu égard aux incompatibilités médicales et jouer son rôle de conseil.
Mais il est un autre élément à prendre en considération : les nuits. Des personnes peuvent, en pleine nuit, avoir besoin de médicaments dont la maison de retraite ne dispose pas. La pharmacie d'à côté est toujours là et la garde est assurée. C'est d'ailleurs vrai aussi pour les dimanches et les jours fériés.
Pour toutes ces raisons, monsieur le ministre, il est absolument indispensable que cette solution soit effective le plus rapidement possible. A défaut, il y aurait, pour l'accès aux soins, deux manières de traiter les mêmes catégories de personnes, ce que nul ne peut accepter. C'est pourquoi la commission a émis un avis favorable sur ces deux amendements identiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. De toute façon, ces amendements seront votés, alors, autant vous dire d'emblée que j'y suis défavorable ! (Sourires.)
Je ne suis pas du tout insensible aux arguments qui viennent d'être présentés. Tout cela tient évidemment au financement de ces maisons médicalisées, bien entendu. Mais je sais que vous n'êtes pas assez naïfs pour ignorer cette dimension de la question ! (Nouveaux sourires.)
Je comprends que l'on souhaite défendre les pharmacies, en particulier les petites pharmacies rurales. Ne croyez pas que je sois indifférent à leur sort ; au contraire, j'entretiens avec les pharmaciens des rapports suffisamment clairs et nets à ce propos.
Cependant, l'argument qui consiste à dire qu'il y aura deux façons de prendre en charge les personnes âgées ne me paraît pas très juste. Je comprends ce que vous voulez dire : vous sous-entendez que, dans les maisons médicalisées, et maintenant donc dans tous les établissements concernés, du fait du forfait, on pratiquera des restrictions sur la prescription.
M. Paul Blanc. Oui !
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Mesdames, messieurs les sénateurs, il y aurait beaucoup à dire sur les médicaments qui sont prescrits aux personnes âgées : les ordonnances sont parfois bien longues ! Ce n'est donc pas un bon argument.
Je comprends que vous vous préoccupiez de la prise en charge des patients, des relations humaines que ces derniers entretiennent avec les petites ou moyennes officines, comme je comprends votre volonté de créer des officines nouvelles. Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'un budget considérable.
En outre, je ne pense pas que les personnes âgées soient plus mal soignées dans les maisons médicalisées, par exemple. De toute façon, de manière générale, il vaut mieux être chez soi. A cet égard, et c'est un argument fort, la prestation personnalisée d'autonomie va, je l'espère, changer les choses.
M. Gérard Dériot, rapporteur. Pas en établissement !
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Bien sûr, l'APA joue pour les personnes maintenues à leur domicile.
Les problèmes ne se poseront plus de la même façon : 800 000 personnes seront concernées, peut-être un peu plus, contre 300 000, et avec un autre niveau de prestations.
Le Gouvernement est donc défavorable à ces amendements, qui reviendraient à créer une distinction radicale entre les établissements disposant de leur propre pharmacie et les autres, c'est-à-dire la grande majorité. Voilà : maintenant vous savez pourquoi vous allez voter contre le Gouvernement ! (Sourires.)
M. Nicolas About, président de la commission des affaires sociales. Tout à fait !
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 283 rectifié ter et 287 rectifié bis .
M. Serge Franchis. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Dans les établissements hospitaliers, quand l'enveloppe budgétaire est dépassée, on pratique souvent le report de charges sur l'exercice à venir, ce qui n'est pas très rigoureux. Mais, dans les petits établissements, je crains, comme M. le rapporteur, que la raréfaction des soins ne s'installe petit à petit. D'après les entretiens que j'ai eus avec plusieurs médecins d'établissements, je sais qu'ils feront moins parce que leur enveloppe sera restreinte.
Mme Françoise Henneron. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Henneron.
Mme Françoise Henneron. Elue d'un canton rural, je connais l'exemple d'une pharmacie située à proximité d'une maison de retraite. Je suis sûre que la fermeture de cette officine serait une catastrophe pour les habitants des environs, qui se verraient obligés de parcourir des kilomètres, parfois de nuit, pour trouver une autre pharmacie.
C'est la raison pour laquelle je soutiens ces deux amendements.
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 283 rectifié ter et 287 rectifié bis , acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies .
Je suis maintenant saisi de deux autres amendements identiques.
L'amendement n° 292 est présenté par MM. Franchis et Lesbros, Mmes Bocandé et Létard.
L'amendement n° 294 rectifié est présenté par MM. Leclerc, Paul Blanc et Murat.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
« Après l'article 57 septies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Les techniciens de laboratoires mentionnés dans l'article 2 du décret n° 80-987 du 3 décembre 1980 modifié par le décret n° 83-1007 du 23 novembre 1983 et le décret n° 97-1242 du 29 décembre 1997 peuvent effectuer les prélèvements de sang veineux ou capillaire au lobule de l'oreille, à la pulpe des doigts, au pli du coude, au dos de la main et en région malléolaire en dehors du laboratoire ou des services d'analyses de biologie médicale en vue de telles analyses et sur prescription médicale que ce soit au domicile du patient ou dans un établissement de soins privé ou public.
« Les conditions d'obtention du certificat de capacité de prélèvements prévu à l'article 2 du décret susvisé modifié et seront complétées par un arrêté du ministre délégué à la santé.
« Les techniciens qui possèdent déjà le certificat de capacité de prélèvement prévu à l'article 2 du décret susvisé modifié à la date d'entrée en vigueur de la présente loi devront suivre une formation complémentaire dans des conditions fixées par un arrêté du ministre délégué à la santé.
« Les prélèvements sont effectués sous la responsabilité et sur mandat soit du directeur ou directeur adjoint du laboratoire d'analyses de biologie médicale où le technicien exerce ses fonctions ou de la personne qui le remplace légalement, soit du biologiste chef de service ou adjoint du laboratoire de l'établissement d'hospitalisation public où le technicien est engagé.
« Cette autorisation est donnée pour une période temporaire de cinq ans. »
La parole est à M. Franchis, pour défendre l'amendement n° 292.
M. Serge Franchis. Dans le cadre de la réglementation actuelle, les techniciens de laboratoire ne sont autorisés à prélever qu'à l'intérieur du laboratoire sous le contrôle du biologiste, conformément aux textes en vigueur.
Les seuls professionnels de santé à être autorisés à faire des prélèvements de sang à l'extérieur du laboratoire en vue d'analyses de biologie médicale et d'une manière autonome sont les biologistes, les infirmiers, accessoirement les médecins et les sages-femmes.
Habituellement, pour les prélèvements au domicile du patient ou en établissements de soins, privés ou publics, les laboratoires d'analyses de biologie médicale envoient des infirmiers ou des infirmières.
Or, depuis plusieurs années, les laboratoires ne trouvent plus d'infirmiers ou d'infirmières pour exécuter ces prélèvements, que ce soit à l'intérieur du laboratoire ou à l'extérieur, et ce pour des raisons de pénurie flagrante.
Il faut savoir que 20 % des prélèvements d'un laboratoire d'analyses médicales sont faits à l'extérieur du laboratoire, ce qui représente une part importante des prélèvements.
Dans certains cas, le laboratoire ne peut plus assurer cette obligation de santé publique et aller prélever le patient.
La seule solution immédiate qui permettrait de satisfaire à cette obligation de santé publique consiste à étendre les dispositions du décret du 3 décembre 1980 modifié en permettant aux techniciens d'effectuer, si nécessaire, les prises de sang en dehors des laboratoires.
Cette autorisation serait réservée aux techniciens salariés munis d'un certificat de prélèvement, sur mandat d'un des biologistes, directeur ou directeur adjoint, et sous sa responsabilité.
Par ailleurs, dans un souci de sécurité, la formation des techniciens devra être complétée afin qu'ils soient formés à réagir avec efficacité en cas de malaise du patient.
Enfin, dans l'attente de la formation et de la disponibilité éventuelle de nouvelles infirmières - ou infirmiers - et afin de tester le système mis en place, il serait préférable de prévoir cette autorisation pour une période temporaire de cinq ans, de manière à pouvoir, le moment venu, réviser ces nouvelles dispositions.
C'est le seul moyen de permettre aux laboratoires de fonctionner dans des conditions régulières dans l'attente de pouvoir recruter - si cela redevient possible un jour - du personnel infirmier.
M. le président. La parole est à M. Paul Blanc, pour défendre l'amendement n° 294 rectifié.
M. Paul Blanc. Bis repetita... non placent ! (Sourires.) Autrement dit, les choses répétées n'ont pas leur place ici ! (Nouveaux sourires.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Il est actuellement très difficile, effectivement, pour les laboratoires d'analyses d'effectuer des prises de sang à l'extérieur. Les prélèvements sont effectués soit par le directeur du laboratoire, soit par le directeur adjoint, soit par une infirmière - ou un infirmier - , qu'elle soit employée du laboratoire ou installée en tant qu'infirmière libérale. Le problème, notre collègue Serge Franchis vient de le rappeler, est que les infirmières, même libérales, sont de moins en moins nombreuses ou qu'elles sont surchargées de travail.
Par ailleurs, elles sont soumises à des quotas des caisses d'assurance maladie.
Cela signifie que ces amendements n'auraient pas pour effet de priver véritablement de travail les infirmières libérales. Ces dernières auraient, au contraire, la possibilité de se consacrer à des malades nécessitant des soins plus importants sans remplir leurs quotas en effectuant des prises de sang dont le tarif est d'ailleurs très modeste - environ 17 francs, si ma mémoire est bonne.
Puisque l'amendement prévoit une période d'essai et que la mesure est, à mon avis, indispensable, la commission a émis un avis favorable sur ces amendements identiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Le Gouvernement est défavorable à ces amendements. Je comprends les arguments, je comprends cette demande récurrente des syndicats de laboratoires d'analyses médicales. Non seulement elle n'est pas illégitime, mais elle est justifiée en termes de santé publique.
Cependant, le ministère de la santé, qui s'emploie à donner à chacun une formation suffisante en termes de sécurité sanitaire et à la perfectionner, ne peut pas autoriser à effectuer des prélèvements hors du laboratoire c'est-à-dire hors la présence d'un responsable, qu'il soit pharmacien ou qu'il soit médecin.
Vous avez été assez sages pour prévoir que l'autorisation serait donnée pour une durée temporaire de cinq ans. Comme je suis défavorable à la proposition, je ne vous suis pas sur ce point. Mais il me semble que, puisque nous formons maintenant près de 27 000 personnes par an, il y aura, dans trois ans, suffisamment d'infirmiers, je l'espère, pour effectuer ces prélèvements.
Je partage, monsieur le rapporteur, vos préoccupations en ce qui concerne la prise en charge de tels actes. Le problème devrait être réglé bientôt, puisque les infirmières libérales sont, depuis quelques jours, en négociation avec la caisse d'assurance maladie à propos de la revalorisation des actes et de ce que l'on a appelé les quotas.

M. Nicolas About, président de la commission des affaires sociales. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Nicolas About, président de la commission des affaires sociales. Je ne voudrais surtout pas donner l'impression, par l'adoption de ce dispositif, que nous diminuons le degré de sécurité de ces actes, comme on pourrait le croire en écoutant l'argumentation du Gouvernement, qui nous oppose la sécurité. D'autres diraient, a contrario... (Rires.)
A entendre M. le ministre, le Sénat, par son vote, accepterait qu'il soit procédé à des prélèvements dans l'insécurité.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Une insécurité institutionnelle, monsieur le président de la commission.
M. Nicolas About, président de la commission des affaires sociales. C'est mieux dit !
M. Gérard Dériot, rapporteur. C'est le mot qu'il fallait ajouter !
M. Nicolas About, président de la commission des affaires sociales. Bien sûr, les techniciens seraient compétents.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Bien sûr ! Mais ils sont formés !
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques n°s 292 et 294 rectifié, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 57 septies .
L'amendement n° 339 rectifié, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Après l'article 57 septies , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 4 de l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001 relative au code de la mutualité et transposant les directives 92/49/CE et 92/96/CE du Conseil des 18 juin et 10 novembre 1992 est ainsi rédigé :
« Art. 4. - Les mutuelles, unions et fédérations créées avant la date de publication de la présente ordonnance doivent se conformer au plus tard le 31 décembre 2002 aux dispositions du code de la mutualité annexé à ladite ordonnance. »
La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Le présent amendement a pour objet de proroger de huit mois environ la période transitoire dont disposent les mutuelles pour se mettre en conformité avec le nouveau code de la mutualité introduit par l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Gérard Dériot, rapporteur. Le Gouvernement est bien gêné dans une affaire comme celle-là. En effet, je vous le rappelle, mes chers collègues, le Sénat, par la loi du 3 janvier 2001, avait autorisé le Gouvernement à procéder, par voie d'ordonnances, à la transposition de ces directives européennes aux mutuelles. Un an après, manifestement rien n'a été fait, alors qu'il y a urgence.
Le mouvement mutualiste a lui-même souhaité être assujetti à ces directives, qui ont été transposées dans les délais prévus aux compagnies d'assurances et aux institutions de prévoyance. C'est tout à l'honneur, d'ailleurs, du gouvernement de M. Balladur.
Aujourd'hui, on est obligé d'autoriser le Gouvernement à décaler la date fatidique pour permettre aux mutuelles de se mettre en conformité avec la réglementation européenne. Tout cela n'est guère glorieux, au regard de la manière dont la question avait été présentée à l'époque pour nous faire adopter certains amendements.
Toutefois, nous comprenons bien le problème et il est sans doute difficile à gérer. La commission des affaires sociales n'est évidemment pas favorable à la politique du pire et, sans pouvoir émettre un avis favorable sur cet amendement, elle laisse néanmoins à la sagesse du Sénat le soin de trancher.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Bernard Kouchner, ministre délégué. Sagesse positive ?...
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 339 rectifié.
M. Jean-Pierre Godefroy. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Godefroy.
M. Jean-Pierre Godefroy. Au regard du vaste mouvement de restructuration entrepris par les organismes mutualistes afin de se conformer au nouveau code de la mutualité, vu la complexité et la lourdeur des opérations qu'ils doivent réaliser tout en veillant scrupuleusement au respect des droits des adhérents et aux principes démocratiques qui les animent et compte tenu des risques pour certaines mutuelles d'être purement et simplement dissoutes si on ne leur laisse pas le temps suffisant pour s'adapter à leur nouvel environnement juridique, la nécessité de prolonger le délai qui leur est imparti est non seulement évidente mais indispensable.
C'est pourquoi le groupe socialiste votera sans aucune hésitation l'amendement proposé par le Gouvernement.
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Nous voterons cet amendement qui vise à prolonger le délai imparti aux mutuelles pour se conformer aux nouvelles dispositions du code de la mutualité.
Pour des raisons pratiques, certains décrets n'ayant pas été signés, les mutuelles sont aujourd'hui dans l'incapacité de se restructurer. De plus, ces changements doivent se faire en respectant les procédures démocratiques, notamment les délais de convocation de l'assemblée générale, ce qui prend nécessairement du temps.
Afin d'éviter que certains organismes mutualistes ne se trouvent privés d'existence juridique, nous souscrivons à la proposition du Gouvernement, et ce d'autant plus que, initialement, le projet de loi prévoyait un délai d'adaptation beaucoup plus long.
M. Gérard Dériot, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Dériot, rapporteur.
M. Gérard Dériot, rapporteur. Je souhaiterais donner une précision. Le Sénat avait prévu que les délais étaient impossibles à tenir et que certaines démarches étaient beaucoup trop lourdes. La commission des affaires sociales avait justement prévu de renvoyer la définition des procédures d'agrément à un décret en Conseil d'Etat.
Une telle disposition était beaucoup plus souple que le mécanisme prévu par le texte gouvernemental. Malheureusement, à l'époque, le Gouvernement n'a pas écouté le Sénat et, aujourd'hui, il se trouve confronté au problème.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 339 rectifié, pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi après l'article 57 septies.

TITRE III

RÉPARATION DES CONSÉQUENCES
DES RISQUES SANITAIRES

Article additionnel avant l'article 58