SEANCE DU 10 JUILLET 2002


AVENANT À L'ACCORD DE SIÈGE
AVEC L'AGENCE DE COOPÉRATION
CULTURELLE ET TECHNIQUE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 32, 2001-2002) autorisant l'approbation de l'avenant à l'accord entre l'Agence de coopération culturelle et technique et le Gouvernement de la République française relatif au siège de l'Agence et à ses privilèges et immunités sur le territoire français. [Rapport n° 255 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Renaud Muselier secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, le sommet de la francophonie de Hanoï qui s'est tenu en novembre 1997 a marqué un tournant capital dans la jeune histoire du mouvement francophone, attestant la volonté des pays francophones de donner une traduction politique à l'unité et à la vitalité de leur rassemblement, fondé en 1970 par la convention de Niamey, qui créait le cadre d'une coopération multilatérale essentiellement culturelle et scientifique.
La francophonie s'y est dotée d'une charte qui régit désormais son fonctionnement interne. Les structures de la coopération multilatérale ont été modernisées, son dispositif institutionnel a été renforcé et sa visibilité accrue grâce à la mise en place de l'Organisation internationale de la francophonie.
La principale innovation de la charte de la francophonie réside dans l'institution d'un secrétaire général de la francophonie lequel a doté le mouvement francophone d'une voix et d'un visage. Porte-parole politique et représentant officiel de la francophonie sur la scène internationale, il dispose, pour remplir sa mission, du concours des opérateurs et des instances de l'Organisation internationale de la francophonie. Il peut notamment compter sur l'Agence intergouvernementale de la francophonie, opérateur principal de la francophonie qui a succédé à l'Agence de coopération culturelle et technique, l'ACCT, et dont la direction est désormais assurée par un administrateur général placé sous son autorité.
La francophonie institutionnelle a donc atteint, avec l'adoption de la charte de la francophonie, l'âge de la maturité. En constante expansion et désormais forte de cinquante-cinq Etats et gouvernements membres issus des cinq continents, elle est devenue un acteur important des relations internationales et un relais d'influence efficace pour l'action diplomatique de la France. La France a oeuvré pour que la francophonie s'investisse dans le champ politique par le biais de deux axes prioritaires : le renforcement de la démocratie et de l'Etat de droit d'une part et la promotion de la diversité linguistique et culturelle, d'autre part.
Les Etats francophones constituent en outre un groupe d'influence respecté et écouté sur la scène internationale. A New York, Bruxelles, Vienne et Genève, leur concertation ne cesse de se renforcer. Le rayonnement de la langue française se joue en grande partie dans les enceintes internationales, notamment au sein de l'Union européenne. Ainsi, la mise en place d'un plan pluriannuel pour le français dans l'Union européenne devrait conforter la place du français auprès des pays candidats à l'adhésion et éviter un monopole de la langue anglaise.
Tous ces développements de la francophonie ont été facilités par le nouveau cadre institutionnel mis en place au sommet de Hanoï. Les conséquences juridiques pour la France en ont été tirées avec la signature, le 11 avril 2000, d'un avenant à l'accord de siège du 30 août 1972.
Ce nouveau texte met l'accord de 1972 en conformité avec les dispositions arrêtées en 1997 dans le cadre de la réforme institutionnelle de la francophonie. Le texte substitue au nom d'« Agence de coopération culturelle et technique » celui d'« Organisation internationale de la francophonie ». Il permet ainsi de régir aussi bien le statut des personnels et des locaux de l'agence qui a succédé à l'ACCT, que ceux du secrétariat général de la francophonie qui n'existait pas en 1970. Il redéfinit les privilèges et immunités applicables à certains agents de l'Organisation en introduisant une nouvelle catégorie d'agents jouissant du statut de chef de mission diplomatique et en étendant, dans des proportions très limitées, la liste des bénéficiaires du statut diplomatique.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'avenant à l'accord entre l'Agence de coopération culturelle et technique et le Gouvernement de la République française relatif au siège de l'Agence et à ses privilèges et immunités sur le territoire français qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre adoption.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. M. le secrétaire d'Etat, vous l'avez dit, cet accord soumis à notre examen vise à tirer les conséquences pratiques de la réforme institutionnelle de la communauté francophone adoptée lors du sommet de Hanoï en 1997.
Mes chers collègues, la francophonie institutionnelle a été créée en 1970 par l'accord de Niamey qui a été conclu sur l'initiative de trois présidents africains : le président sénégalais Senghor, le président tunisien Bourguiba et le président nigérien Diori.
Pour l'application de cette décision politique, un accord a été conclu en 1972 avec la France, pays d'établissement de l'Agence de coopération culturelle et technique, l'ACCT, relatif au siège de l'agence et à ses privilèges et immunités sur le territoire français.
Le sommet de Hanoï a donc modifié l'organisation initiale des institutions francophones, essentiellement pour leur donner, vous avez employé le mot, monsieur le secrétaire d'Etat, un « visage » politique rendu indispensable par l'accroissement du nombre des membres, passé de vingt-deux à cinquante et un entre 1970 et 1997, et à cinquante-cinq en 2002, ainsi que la diversité géographique accrue de cette communauté.
Fondée par des présidents africains, la francophonie institutionnelle a considérablement élargi son rayonnement, surtout sur les continents européen et asiatique, comme en a témoigné le choix de Hanoï pour y tenir cette deuxième réunion fondatrice, actualisant les décisions prises à Niamey.
Cet élargissement géographique, doublé d'une nouvelle ambition thématique, s'est d'abord traduit, en 1986, par l'institution, en alternance avec les sommets franco-africains, de sommets réunissant, selon l'expression consacrée, des chefs d'Etat et de Gouvernement ayant le français en partage.
Huit sommets de cette nature se sont ainsi succédé de 1986 à 1999, et le neuvième, prévu à Beyrouth à l'automne 2001, a été reporté d'un an en raison de la tension internationale due aux attentats du 11 septembre. Il doit se tenir en octobre prochain.
Depuis leur création, les institutions francophones ont beaucoup évolué : leur ambition initiale était purement culturelle et technique, alors qu'avec le temps a surgi une évolution beaucoup plus politique, avec des domaines d'intervention élargis. Ainsi, au-delà de la promotion du français, se sont affirmées des ambitions relatives à la diversité linguistique et culturelle, à l'éducation et à la formation, à la coopération économique et sociale et à la promotion de la démocratie.
Comme vous l'avez indiqué, monsieur le secrétaire d'Etat, le sommet de Hanoï a été l'occasion de moderniser ces institutions : ainsi une charte de la francophonie a-t-elle été adoptée, créant un secrétaire général de la francophonie, fonction initialement confiée pour quatre ans à M. Boutros Boutros-Ghali, dont le mandat a été prolongé d'un an.
Dans le même temps, le secrétaire général de l'ACCT est devenu l'administrateur de l'Agence internationale de la francophonie ; c'est le Belge M. Roger Dehaybe qui a été reconduit à cette fonction en janvier 2002.
L'ACCT a elle-même été modifiée pour devenir une agence intergouvernementale et l'Organisation internationale de la francophonie, l'OIF, a été instituée. Parallèlement, l'Association internationale des parlementaires de langue française, l'AIPLF, créée en 1988, a été érigée en association internationale avec la création, en 1999, de l'assemblée parlementaire de la francophonie, l'APF, que beaucoup d'entre vous connaissent puisqu'ils en font partie.
L'avenant à l'accord de siège traduit, en matière de technique diplomatique, ces fortes évolutions institutionnelles. Les conséquences concrètes en sont très limitées ; vous en trouverez le détail dans mon rapport écrit.
Ainsi, le nombre de fonctionnaires bénéficiant des privilèges et immunités diplomatiques passe de six à douze. Comme pour les Français dans les autres pays et dans les organisations internationales, ils sont exonérés de l'impôt sur les traitements perçus, aux termes de l'artile 16 de l'accord, ainsi que de la taxe d'habitation. Cette situation est très habituelle.
S'agissant de l'avenir, les principaux acteurs de l'ensemble francophone semblent s'accorder aujourd'hui sur les limites inhérentes à l'élargissement : un statut d'observateur a également été créé, des critères plus stricts ont été établis en matière d'enseignement du français pour pouvoir accéder aux statuts de membre associé ou de membre plein.
Dans un pays francophone, le français est soit la langue officielle, soit l'une des langues officielles, soit il est d'usage courant et habituel. Les conditions à remplir sont de plus en plus strictes car, dans certains pays candidats, le français n'est pas tellement parlé.
Aujourd'hui, les cinquante-cinq membres à statuts divers de cette communauté francophone appartiennent aux cinq continents.
On mesure les changements importants qui sont intervenus depuis l'accord de Niamey et dont découle cet avenant à l'accord de siège.
La commission des affaires étrangères, qui a examiné le présent rapport, vous recommande d'adopter ce projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de l'avenant à l'accord entre l'Agence de coopération culturelle et technique et le Gouvernement de la République française relatif à ses privilèges et immunités sur le territoire français, signé à Paris le 11 avril 2000, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que ce texte a été adopté à l'unanimité.

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