SEANCE DU 10 OCTOBRE 2002


PRIVILÈGES ET IMMUNITÉS ACCORDÉS
À L'INSTITUT D'ÉTUDES DE SÉCURITÉ
ET AU CENTRE SATELLITAIRE
DE L'UNION EUROPÉENNE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 324, 2001-2002) autorisant l'approbation de la décision des représentants des gouvernements des Etats membres de l'Union européenne concernant les privilèges et immunités accordés à l'Institut d'études de sécurité et au Centre satellitaire de l'Union européenne, ainsi qu'à leurs organes et aux membres de leur personnel. [Rapport n° 385 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, l'Europe de la défense est une construction graduelle. Sa première pierre a été posée le 17 mars 1948, avec la fondation de l'Union de l'Europe occidentale, et, surtout, les protocoles de Paris du 23 octobre 1954 créant la structure définitive de l'organisation. Depuis lors, la décision a été prise de ne pas fusionner l'Union européenne occidentale et l'Union européenne, mais de renforcer la politique européenne de sécurité et de défense, la PESD, en lui transférant deux agences opérationnelles de l'UEO : l'Institut d'études de sécurité et le Centre satellitaire.
L'Institut d'études de sécurité et le Centre satellitaire de l'Union européenne ont pour vocation de contribuer au développement de la politique européenne de sécurité et de défense. L'Institut d'études de sécurité a principalement pour mission d'établir des documents de recherche et d'analyse dans le domaine de la PESC et de la PESD et d'organiser des séminaires. Le Centre satellitaire doit soutenir le processus de prise de décision de l'Union en cas de crise, en fournissant du matériel résultant de l'analyse de l'imagerie satellitaire et de données collatérales, y compris, le cas échéant, de l'imagerie aérienne.
Conformément aux décisions prises par le dernier conseil ministériel de l'UEO à Marseille - très belle ville ! - le 13 novembre 2000 et par le Conseil européen de Nice en décembre 2000, ces deux nouvelles agences de l'Union européenne ont incorporé, au 1er janvier 2002, les structures correspondantes de l'UEO. Afin d'assurer une continuité juridique et de fonctionnement à ces deux organismes et à leurs personnels, il a été décidé de leur accorder les privilèges et immunités dont ils bénéficiaient au titre de l'UEO.
La présente décision, adoptée le 15 octobre 2001 à l'unanimité par les représentants des gouvernements des Etats membres de l'Union européenne et soumise à approbation parlementaire, conférera aux organes et aux personnels de l'Institut d'études de sécurité, localisé à Paris, et du Centre satellitaire, situé à Torrejon, en Espagne, des privilèges et immunités identiques à ceux qu'ils détenaient au titre du statut du 11 mai 1955.
La décision du 20 juillet 2001 se présente sous la forme d'un accord de siège classique. Les principales dispositions sont les suivantes : les locaux et avoirs des agences bénéficieront de l'inviolabilité et de l'immunité de juridiction ; les agences bénéficieront de l'exonération des impôts directs et des taxes et droits indirects ; la liberté de communication est garantie ; l'entrée et le séjour du personnel seront facilités par le pays hôte ; les membres du personnel des agences qui sont soumis à un prélèvement interne sur les salaires seront exonérés d'impôt sur le revenu. Le montant des traitements et salaires sera toutefois pris en compte pour établir l'impôt dû sur les autres revenus.
L'entrée en vigueur de la décision confortera le statut des deux agences et de leur personnel : le Centre satellitaire emploie soixante-huit personnes, dont onze Français, et l'Institut, dirigé par une Française, vingt-six personnes, dont dix Français.
Telles sont, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions de la décision des représentants des gouvernements des Etats membres de l'Union européenne, réunis au sein du Conseil, concernant les privilèges et immunités accordés à l'Institut d'études de sécurité et au Centre satellitaire de l'Union européenne, ainsi qu'à leurs organes et aux membres de leur personnel, adoptée à Bruxelles le 15 octobre 2001, qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Hubert Durand-Chastel, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le projet de loi qui est aujourd'hui soumis à notre examen a pour objet d'autoriser l'approbation d'une décision des représentants des gouvernements des Etats membres de l'Union européenne en date du 15 octobre 2001, relative aux privilèges et immunités accordés à l'Institut d'études de sécurité et au Centre satellitaire de l'Union européenne, deux agences spécialisées qui ont vu le jour le 1er janvier 2002.
Ce texte, qui s'apparente à un accord de siège relativement classique, constitue le point d'achèvement du processus entamé à Nice de reprise par l'Union européenne des activités « pertinentes » de l'Union de l'Europe occidentale. Cette reprise concerne deux structures permanentes : le Centre satellitaire de Torrejon et l'Institut d'études de sécurité.
Ces deux agences européennes ont pour trait commun de contribuer à l'émergence d'une réflexion véritablement européenne en matière de sécurité.
Le Centre satellitaire de l'UEO a été créé en 1991. Son siège est alors fixé à Torrejon de Ardoz, à proximité de Madrid.
L'intérêt de ce centre est qu'il représente un outil de coopération européenne à caractère véritablement opérationnel dans un domaine, le renseignement, où les cultures sont avant tout nationales.
Ses missions comprennent l'aide à la vérification de l'application des traités, l'aide à la maîtrise des armements et de la prolifération, ainsi que la surveillance maritime en matière d'environnement.
Depuis le 1er janvier 2002, le Centre satellitaire de l'Union européenne a été mis au service de la politique étrangère et de sécurité commune.
Il est placé sous le contrôle politique du comité politique et de sécurité, le COPS, et sous l'autorité du haut représentant qui lui donne des instructions opérationnelles et reçoit les demandes de la Commission et des Etats membres. Le texte prévoit que des organisations internationales, notamment l'OTAN, peuvent également adresser des demandes au haut représentant.
Le Centre satellitaire fonctionne avec un budget de 9,3 millions d'euros et une équipe de soixante-huit personnes.
Le Centre satellitaire travaille peu en temps réel, mais son temps de réaction, déjà rapide, devrait être amélioré par l'installation récente d'une antenne de réception. Ses capacités militaires demandent cependant à être renforcées afin que l'ensemble des missions qui lui sont confiées dans le cadre de la politique européenne en matière de sécurité puissent être correctement remplies. A cet égard, le développement de capacités de renseignement figure dans l'objectif global d'Helsinki et le Centre satellitaire pourrait servir de centre de traitement à un développement du projet GMES, Global monitoring for environment and security.
J'en viens aux moyens et missions de l'Institut d'études de sécurité.
L'Institut d'études de sécurité a le statut d'une agence autonome. Il est placé sous la double tutelle d'un conseil d'administration, présidé par le haut représentant, et du comité politique et de sécurité, le COPS, interlocuteur politique de l'Institut.
Le budget de fonctionnement de l'Institut, qui s'établit pour l'année 2002 à 3,2 millions d'euros, provient des contributions des Etats membres, déterminées selon la clé PNB.
L'Institut d'études de sécurité, dont le siège a été maintenu à Paris, à la demande de la France, emploie vingt-six personnes, dix étant de nationalité française dont le directeur, Mme Nicole Gnesotto.
Les nouvelles agences jouissent de la personnalité juridique nécessaire pour remplir leurs fonctions et atteindre leurs objectifs. Elles sont le nouvel employeur du personnel en service au 31 décembre 2001 et reprennent les obligations qui découlent des contrats d'engagement existants.
La décision du 15 octobre 2001 se substitue, pour ces personnels, à la convention du 11 mai 1955 sur le statut de l'UEO relatif aux représentants nationaux et au personnel international, et offre des garanties similaires. Ainsi retrouve-t-on, comme c'est l'usage en pareil cas, l'immunité de juridiction, à l'exception des cas d'accident de la circulation, l'inviolabilité des documents et des archives et la liberté des communications.
En matière fiscale, les agences sont exonérées de tout impôt direct ainsi que des droits indirects représentant des dépenses importantes. Les membres du personnel des agences bénéficient de l'exonération de l'impôt sur le revenu, mais leur traitement est soumis à un prélèvement au profit des agences et peut être pris en compte pour le calcul de l'impôt portant sur d'autres sources de revenus.
L'entrée en vigueur de la décision était fixée par son article 12 au 1er janvier 2002. A cette date, seuls trois pays avaient notifié au secrétariat général du Conseil leur procédure d'approbation. Concernées au premier chef, la France et l'Espagne ont mis en oeuvre par anticipation les dispositions fiscales définies par la décision du 15 octobre 2001. Comme cela était prévu par les deux décisions communes, les agences sont opérationnelles depuis le 1er janvier 2002 et ont repris à leur compte les contrats qui liaient jusqu'à présent les agents à l'Union de l'Europe occidentale, l'Organisation ayant procédé à un plan social en juillet 2001.
L'approbation de cette décision est donc nécessaire pour substituer au régime des privilèges et immunités accordés aux agents de l'Union de l'Europe occidentale le nouveau cadre juridique qui fait défaut depuis le 1er janvier 2002.
C'est pourquoi je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir adopter le présent projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.

Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la décision des représentants des Gouvernements des Etats membres de l'Union européenne, réunis au sein du Conseil, concernant les privilèges et immunités accordés à l'Institut d'études de sécurité et au Centre satellitaire de l'Union européenne, ainsi qu'à leurs organes et aux membres de leur personnel, signée à Bruxelles le 15 octobre 2001, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

Mme Hélène Luc. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à onze heures vingt-cinq, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Christian Poncelet.)

PRÉSIDENCE DE M. CHRISTIAN PONCELET