SEANCE DU 19 NOVEMBRE 2002


M. le président. La parole est à M. Hubert Durand-Chastel, auteur de la question n° 77, adressée à M. le ministre des affaires étrangères.
M. Hubert Durand-Chastel. Madame la ministre, la situation de Mme Ingrid Betancourt, ancienne sénatrice de Colombie, enlevée le 23 février dernier par les Forces armées révolutionnaires de Colombie - les FARC - est de plus en plus préoccupante.
Depuis neuf mois, aucune nouvelle ne nous est parvenue, excepté une cassette vidéo dont l'enregistrement datait du mois de mai et qui a été diffusée à la télévision au mois de juillet. On y voyait Ingrid Betancourt s'adresser aux autorités colombiennes avec, à ses côtés, Clara Rojas, sa directrice de campagne enlevée avec elle.
Bien que l'on ignore tout de l'état dans lequel les deux femmes se trouvent, les FARC ont fait connaître, par communiqué, leur accord pour un échange humanitaire avec leurs combattants retenus dans les prisons colombiennes. Le président de la République, M. Alvaro Uribe Vélez, a indiqué que de telles négociations ne pourraient se tenir que sous l'égide des Nations unies.
On peut donc s'inquiéter du sort réservé à Ingrid Betancourt et aux autres otages, plus de trois mille civils, parlementaires et élus locaux. Et c'est bien là un sentiment partagé. L'opinion publique s'est émue du sort réservé à cette personnalité franco-colombienne, qui a fréquenté le lycée français de Bogota, est diplômée de l'Institut de sciences politiques de Paris, est mère de deux enfants français et est l'auteur d'un livre, La Rage au coeur, vibrant témoignage de son combat contre la corruption et pour les droits de l'homme en Colombie.
Ainsi, une pétition sur Internet a recueilli plus de 50 000 signatures, cent quatre-vingt-quatorze comités de soutien se sont formés dans vingt-six pays, deux cent vingt-cinq communes en France et en Belgique l'ont nommée « citoyenne d'honneur », et près de quatre cents députés et sénateurs français se sont ralliés à une motion de soutien lancée au début de cette session parlementaire.
Sénateur représentant les Français établis hors de France, je suis particulièrement sensible à la situation de nos ressortissants dans le monde. J'ai d'ailleurs été à l'origine d'un appel lancé le 23 avril dernier par les sénatrices de France, demandant la libération sans condition d'Ingrid Betancourt, appel adressé au président colombien de l'époque, ainsi qu'au Président de la République, ce dernier ayant été très ému par le sort réservé à Ingrid Betancourt.
Nous savons que différentes démarches ont été entreprises par les plus hautes autorités françaises.
Madame la ministre, a-t-on des nouvelles d'Ingrid Betancourt ? Un échange humanitaire de prisonniers entre les FARC et le gouvernement colombien est-il réalisable ? Enfin, la France peut-elle aider à l'aboutissement d'un accord qui permettrait la libération de notre ressortissante en Colombie ?
Je vous remercie par avance, madame la ministre, de toutes les informations que vous pourrez nous donner à ce sujet.
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.
Mme Nicole Fontaine, ministre déléguée à l'industrie. Monsieur le sénateur, je voudrais tout d'abord vous demander d'excuser l'absence de M. de Villepin, qui est retenu par le conseil Affaires étrangères, à Bruxelles.
Je vous confirme que le gouvernement français, sur un plan général, a toujours condamné avec la dernière fermeté et la plus grande constance la pratique des enlèvements et, au-delà, toutes les exactions.
S'agissant plus particulièrement du sort tragique de Mme Ingrid Betancourt, je puis vous assurer que le gouvernement français fait tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir sa libération. M. de Villepin saisit l'occasion de chacun de ses entretiens avec le président Alvaro Uribe, à Paris et à New York, pour lui rappeler notre vive inquiétude et souhaiter que soit obtenue au plus vite la libération de notre compatriote.
La France s'était impliquée, avec d'autres pays, afin de faciliter les processus de paix avec les guérillas conduits par le gouvernement antérieur. L'enlèvement de Mme Betancourt s'est inscrit dans le contexte difficile de la rupture des discussions avec les FARC et de l'intensification du conflit armé. Le président Uribe, qui a été élu pour mettre en oeuvre une politique de fermeté, affirme également sa disposition à rechercher une solution négociée. Il a demandé, pour cela, les bons offices du secrétaire général des Nations unies. La France l'a encouragé et reste disponible.
Le gouvernement français appuie en effet cette approche, dans la mesure où elle combine le renforcement de l'autorité de l'Etat et l'ouverture au dialogue avec les groupes armés illégaux. Il reconnaît la légitimité, pour rétablir la paix civile en Colombie, d'une politique de sécurité efficace et respectueuse des droits de l'homme, politique à laquelle la France peut apporter sa coopération dans des domaines comme le renforcement institutionnel ou la lutte contre le trafic de drogue.
Des engagements ont été pris, en particulier pour renforcer notre appui technique en matière de reforestation, priorité du président Uribe pour lutter contre la production de drogue.
La France continuera à intervenir inlassablement auprès des responsables colombiens pour demander que la libération des otages, et, en tout premier lieu, de Mme Ingrid Betancourt, soit placée au premier rang de leur action.
M. le président. La parole est à M. Hubert Durand-Chastel.
M. Hubert Durand-Chastel. Je vous remercie, madame la ministre, de toutes ces précisions. Les efforts déployés par le gouvernement français sont notables et correspondent tout à fait à l'action continue de notre pays en faveur de la justice et des droits de l'homme. C'est, je crois, le moment d'intensifier les interventions pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt. Des progrès encourageants ont déjà été obtenus, et il est important d'avancer encore pour aboutir.

CONSÉQUENCES SANITAIRES DES ESSAIS NUCLÉAIRES