SEANCE DU 2 DECEMBRE 2002


M. le président. « I. - Autorisations de programme : 3 544 000 euros ;
II. - Crédits : moins 80 369 048 euros. »
L'amendement n° II-42, présenté par MM. Arthuis et Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
« Dans le II de cet article, augmenter la réduction de crédits de la ligne " Monnaies et Médailles " de 3 500 000 euros.
« « En conséquence, porter le montant de cette ligne à moins 83 869 048 euros. »
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. La commission des finances propose de tirer les conséquences du vote d'un amendement tendant à réduire de 3,5 millions d'euros la subvention inscrite au titre III des services financiers et concernant le budget annexe des Monnaies et médailles. Il s'agit donc de la contrepartie du vote émis par le Sénat au début de la matinée.
La répartition de cette économie est la suivante : 1,5 million d'euros sur le chapitre 61-00, Autres charges externes ; 1,5 million d'euros sur le chapitre 64-02, Traitements, c'est-à-dire les primes liées au régime indiciaire ; 200 000 euros sur le chapitre 64-03, Primes et indemnités ; 300 000 euros sur le chapitre 64-05, Prestations et cotisations sociales - c'est la conséquence des mesures que je viens d'énoncer.
J'ai bien entendu Mme Beaudeau mais également M. le ministre. Nous sommes tous très admiratifs à l'endroit des grands professionnels des Monnaies et médailles. Au moment où nous célébrons les métiers d'art, nous pouvons considérer qu'il y a là une démarche tout à fait originale et un capital qu'il faut absolument préserver. Mais cet établissement a des contraintes de gestion. Quelle entreprise constatant la réduction de la moitié de ses achats et des deux tiers de son chiffre d'affaires pourrait maintenir quasiment en l'état ses effectifs ?
Madame Beaudeau, je vous en prie, sortons de l'incantation et de l'hallucination ! Certes, il faut faire preuve de beaucoup d'humanité dans le traitement de ce dossier, mais je ne vois pas ce qui pourrait justifier que l'Etat demande 30 millions d'impôts pour laisser en l'état cette organisation.
Le Sénat, lui aussi, fait confiance à la direction et à l'ensemble des professionnels des Monnaies et médailles pour s'adapter aux circonstances nouvelles et pour maintenir, bien sûr, le potentiel professionnel de cet établissement, tout en assumant une décision de gestion qui est incontournable. (MM. Auguste Cazalet et Jean Chérioux applaudissent.)
M. Pierre Hérisson. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Marie-Claude Beaudeau, pour explication de vote.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je note que le Gouvernement avait prévu, sur la demande de la direction des Monnaies et médailles, une subvention de 30 millions d'euros pour le fonctionnement de cet établissement. C'est vous, monsieur le président de la commission des finances, qui, avec M. le rapporteur général, proposez une diminution de 10 % des crédits des Monnaies et médailles qui ne concerne que le personnel.
C'est pourquoi, je le rappelle, nous voterons contre votre proposition.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Madame Beaudeau, le Gouvernement est certainement très touché par les arbitrages auxquels vous faites référence mais, de toute façon, vous ne votez pas les crédits, en toute circonstance. (Mme Marie-Claude Beaudeau s'exclame.)
Ce qui est nouveau, c'est que nous avons dû faire le constat réaliste que les recettes diminueraient de 700 millions d'euros en 2003. Il s'agit d'une constatation récente, puisqu'il n'en avait pas été fait état à l'Assemblée nationale lors de l'examen du présent projet de loi de finances. C'est donc une nouveauté. Qui pourrait, constatant une baisse de ses recettes, maintenair en l'état ses dépenses ? Voter le montant des crédits mis à la disposition du Gouvernement, c'est le devoir, l'exigence, la prérogative du Parlement, et nous assumons notre responsabilité.
Fallait-il réduire les crédits prévus pour les RMIstes ? (Mme Marie-Claude Beaudeau s'exclame à nouveau.) Ou bien fallait-il demander aux Monnaies et médailles de faire un petit effort ? Nous avons fait ce choix, et nous proposons au Sénat de l'adopter.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je vous ferai remarquer que, l'année dernière, vous ne votiez pas les crédits !
M. le président. La parole est à M. Bernard Auban, pour explication de vote.
M. Bertrand Auban. Nous admirons tous le savoir-faire de cet établissement et nous voulons tous le pérenniser et le maintenir dans son état de production. Aussi, il aurait été souhaitable non pas de réduire les crédits inscrits dans le projet de loi de finances, mais de laisser à l'administration et à la direction des Monnaies et médailles le soin de rendre d'éventuels reliquats - je dis bien « éventuels » car il ne s'agit pas d'une science exacte, ce sont des prévisions, en annulant des crédits.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. CommeM. Bertrand Auban l'a dit, ce sont des crédits que l'on ouvre. Pour des gestionnaires publics, le but n'est pas de consommer systématiquement tous les crédits qui sont ouverts. Si nous entrions dans cette démarche, ce serait, bien sûr, très inquiétant.
Je voulais simplement indiquer à Mme Beaudeau qu'entre le moment où le projet de loi de finances est élaboré et le moment où il est examiné par le Parlement il s'écoule plusieurs mois pendant lesquels peuvent survenir des éléments nouveaux. C'est vrai sur le plan des recettes fiscales, puisque nous sommes obligés de constater des moins-values. Mais il y a également des informations qui sont relatives à l'ensemble des données. Ainsi, parmi les agents qui appartiennent à l'administration centrale, certains rejoindront leur corps d'origine. C'est ce qui m'a permis d'émettre tout à l'heure un avis favorable, car je considère que la subvention qui a été initialement prévue et qui a fait l'objet de l'amendement présenté par la commission des finances devrait couvrir les besoins de financement des Monnaies et médailles.
Il n'y a donc pas lieu, me semble-t-il, de s'inquiéter de cette réduction. Ce qui compte, c'est que les Monnaies et médailles puissent avoir les moyens d'assumer leur mission. Le véritable enjeu, c'est, à l'évidence, la performance, et nous fondons de très grands espoirs à cet égard.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° II-42.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je mets aux voix, modifiés, les crédits inscrits à l'article 41, au titre des mesures nouvelles.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant le budget annexe des Monnaies et médailles.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quinze heures quinze.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à treize heures dix, est reprise à quinze heures quinze, sous la présidence de M. Bernard Angels.)