SEANCE DU 2 DECEMBRE 2002


M. le président. L'amendement n° II-31, présenté par MM. Hérisson et Larcher, est ainsi libellé :
« Après l'article 68 bis , insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement déposera chaque année au Parlement un rapport présentant le bilan d'activité de l'Autorité de régulation des télécommunications. »
La parole est à M. Pierre Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Lors de la discussion du projet de loi de finances à l'Assemblée nationale, un amendement d'origine parlementaire a été adopté qui a réduit la dotation budgétaire pour 2003 de l'Autorité de régulation des télécommunications, l'ART, de 100 000 euros.
Chacun s'accorde à reconnaître la place qu'a su prendre cette autorité de régulation. Pionnière en son genre, l'ART incarne le nouveau mode de régulation sectorielle rendu nécessaire par l'ouverture à la concurrence de nos secteurs publics. La Commission de régulation de l'électricité a ainsi été constituée sur un modèle très voisin de celui de l'ART et son expérience a profité à tous.
Alors même que le rôle de l'ART est allé croissant avec l'ouverture à la concurrence et que l'ampleur de sa tâche s'en est trouvée accrue, les députés ont choisi de réduire de 100 000 euros la dotation de l'autorité pour l'année 2003.
Outre le fait que cette réduction ne peut être considérée comme une contribution sérieuse au respect du pacte de stabilité, elle handicaperait sérieusement l'ART dans l'exercice de ses missions. Il faut, en outre, rappeler que l'ART souffre déjà de la non-application de la loi de 1996 concernant son financement et de la sous-estimation de ses ressources, comparées à toutes les autorités de régulation européennes.
C'est pourquoi, en demandant au Gouvernement de mieux informer le Parlement sur le bilan annuel d'activité de l'ART, cet amendement vise à attirer l'attention du Gouvernement sur l'impérieuse nécessité de rétablir les crédits de l'autorité, renforcée par les explications que je viens d'ajouter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean Clouet, rapporteur spécial. La commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Nicole Fontaine, ministre déléguée. Monsieur le rapporteur spécial, le Gouvernement s'interroge sur la nature de cette proposition, qui pourrait bien être un cavalier budgétaire. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée. (Sourires.)
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Jean Arthuis, président de la commission des finances. Nous avons entendu Mme la ministre. Cet amendement est peut-être, en l'état, un cavalier budgétaire, mais il est surtout un appel que lancent nos collègues de la commission des affaires économiques pour que l'on rétablisse les crédits de l'ART.
Cela étant, mon cher collègue Pierre Hérisson, la commission des finances est à la recherche d'économies, et vous savez à quelles conditions il pourrait y avoir rétablissement de crédits sans modification de l'enveloppe globale...
Faisons confiance au Gouvernement pour trouver les moyens propres à vous satisfaire.
Quant aux rapports et aux bilans, dont je tiens à souligner combien ils sont judicieux, il ne faudrait pas non plus qu'ils se multiplient, car tous ces volumineux documents pourraient vite être chronophages ! Incitons plutôt à l'accélération de la mise en oeuvre de la loi organique relative aux lois de finances, dont la finalité est d'assurer une pleine transparence des actions que conduit l'Etat, pour permettre à chaque ministre de rendre compte de son action, et au Parlement de se faire une opinion sur la bonne exécution des budgets.
Dans ces conditions, peut-être peut-on s'en remettre à la sagesse du Sénat, à moins que M. Hérisson ne retire son amendement.
M. le président. Monsieur Hérisson, l'amendement n° II-31 est-il maintenu ?
M. Pierre Hérisson. Madame la ministre, monsieur le président de la commission des finances, mes chers collègues, je vais, bien sûr, retirer cet amendement... (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)
M. Jean-Pierre Bel. La sagesse !
M. Pierre Hérisson. ... en précisant que je fais confiance au Gouvernement.
Je rappelle cependant que l'Autorité de régulation des télécommunications, dont le rôle a été défini par la loi de 1996, n'est pas une agence ni une association chargée de fabriquer des rapports. Il s'agit, par rapport aux autorités de régulation des autres pays de l'Union européenne, de la seule autorité qui assure, comme son nom l'indique, la régulation des télécommunications, dès lors que le marché a été ouvert à la concurrence. Il ne s'agit donc pas simplement d'une autorité instituée pour le plaisir de créer une autorité et une compétence !
Aux Etats-Unis, je le rappelle, cette autorité est totalement indépendante. Ses membres sont nommés pour une durée déterminée par le Président des Etats-Unis, mais, dès lors que cette nomination est intervenue, celui-ci n'a plus aucun pouvoir sur eux. Nous n'en sommes pas là dans notre pays, mais il n'en demeure pas moins que cette autorité a besoin de financements.
Madame la ministre, je vous demande de veiller, à l'avenir, à ce que l'Autorité de régulation des télécommunications se voit attribuer un budget comparable à celui des autres pays de l'Union européenne. En effet, il ne représente aujourd'hui qu'un faible pourcentage du budget de l'autorité de régulation de la Grande-Bretagne ou de l'Allemagne, pour ne citer que ces deux pays.
Monsieur le président, je profite du temps de parole qui m'est imparti pour attirer l'attention de la conférence des présidents sur une difficulté de fonctionnement. Le temps de parole des rapporteurs pour avis a été limité à cinq minutes. Or il suffit de demander la parole sur les articles pour exprimer un avis budgétaire beaucoup plus approfondi que ne le font les rapporteurs pour avis. Je considère que cette situation rend difficile le bon déroulement des débats au sein de notre assemblée. (Applaudissements.)
M. le président. L'amendement n° II-31 est retiré.
Je prends acte de votre remarque, monsieur Hérisson, et je la transmettrai à la prochaine conférence des présidents. M. le président de la commission des finances, qui est présent, pourra également se faire votre interprète.
Le vote sur les crédits figurant au titre VI est réservé.
Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi de finances concernant l'industrie.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à dix-sept heures quarante, est reprise à dix-sept heures quarante-cinq.)