SEANCE DU 16 DECEMBRE 2002


M. le président. « Art. 38. - L'article 2 de la loi n° 46-2389 du 28 octobre 1946 sur les dommages de guerre est ainsi modifié :
« 1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "A compter du 1er janvier 2003, les dispositions du présent alinéa ne sont plus applicables aux ponts détruits par faits de guerre" ;
« 2° Les deuxième et troisième alinéas sont supprimés. »
La parole est à M. Claude Biwer, sur l'article.
M. Claude Biwer. Le présent article me donne l'occasion d'attirer une nouvelle fois l'attention du Gouvernement sur une anomalie.
La Seconde Guerre mondiale a pris fin voilà cinquante-sept ans, mais le département de la Meuse souffre encore de différents dommages causés par cette guerre : c'est ainsi qu'un certain nombre de bâtiments publics, notamment cultuels, n'ont pas encore été réparés ; je pense en particulier à des édifices religieux qui n'ont, par exemple, toujours pas retrouvé leurs vitraux. Mais la Meuse compte aussi onze ponts qui ont été détruits pendant cette guerre et qui n'ont pas été reconstruits.
A cela s'ajoute les contentieux opposant certaines communes à l'Etat, celui-ci considérant que certains ponts ont été reconstruits alors qu'on s'est en fait contenté de mettre en place des ponts « provisoires ».
Le précédent ministre de l'intérieur avait manifesté sa volonté d'étudier ce problème et, à la veille des élections présidentielle et législatives, des engagements ont été pris en faveur de la reconstruction de certains ponts meusiens considérés comme prioritaires.
Nous savons, depuis longtemps, que les engagements ne valent que pour ceux qui les reçoivent, mais il serait tout de même souhaitable que la parole de l'Etat soit respectée.
Dans l'exposé des motifs de l'article 38, il est précisé que, à la suite du dépôt du rapport relatif aux « ponts détruits pour faits de guerre et non encore reconstruits en ouvrages définitifs », un dispositif de financement a été mis en place et a fait l'objet, en 2002, de délégations de crédits aux préfectures concernées.
Monsieur le ministre, je vous serais particulièrement reconnaissant de bien vouloir m'indiquer quel est le montant des crédits délégués à la préfecture de la Meuse pour la reconstruction des ponts détruits par faits de guerre, quel est le nombre de ponts que ces crédits permettront effectivement de reconstruire et à quel moment nous pouvons espérer clore, enfin, ce chapitre de la Seconde Guerre mondiale. Il me semble en effet que, soixante-deux ans après la destruction de ces ponts, leur réparation ou leur reconstruction peuvent être considérées comme des opérations urgentes !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.
M. Alain Lambert, ministre délégué. Monsieur le président, je rappelle au Sénat, en réponse à M. Claude Biwer, que, conformément à la loi de finances pour 2001, un rapport relatif au financement de la reconstruction des derniers ponts détruits par faits de guerre a été déposé par le Parlement en janvier 2002.
Ce rapport a fait le point sur le sujet, il a prévu un dispositif de financement qui a été mis en place au cours de l'année 2002, et une liste de treize ponts prioritaires présentant une utilité locale forte a été établie sur la base des évaluations de la DDE.
La reconstruction de ces ponts est financée à 100 %, conformément au dispositif de la loi du 28 octobre 1946.
Concernant le département de la Meuse, la prise en charge intégrale par l'Etat du coût de la reconstruction du pont de Quincy-Landzécourt est prévue et estimée à 609 769 euros. Les crédits correspondants ont d'ores et déjà été délégués au préfet de la Meuse, en totalité pour les autorisations de programmes et à hauteur de 33 % pour les crédits de paiement. Le reste des crédits sera délégué au fur et à mesure des besoins.
Les ponts restant à reconstruire et qui ont été considérés comme moins prioritaires, soit trois autres ponts dans la Meuse, seront financés par la dotation globale d'équipement en fonction des priorités locales. Cela nécessite l'abrogation de la loi de 1946, qui est prévue à l'article 38 du projet de loi de finances rectificative.
Il s'agit donc de mettre fin au dispositif de 1946, qui est devenu largement désuet cinquante-sept ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et de régler les derniers cas, en fonction des priorités, par le canal de droit commun de la dotation globale d'équipement.
M. le président. Je mets aux voix l'article 38.

(L'article 38 est adopté.)

Article 39