M. Daniel Reiner. C’est vrai !

M. Laurent Fabius, ministre. C’est effectivement ce que l’on observe ! Essayons donc de pencher plutôt du côté de l’estime…

Mme Garriaud-Maylam a également évoqué la réunion que j’ai prévu d’organiser vendredi prochain au Conseil de sécurité de l’ONU, présidé par la France ce mois-ci, et dont j’espère qu’elle débouchera sur des résultats.

Répondant à la demande de nombreux responsables, j’ai en effet souhaité organiser un débat, en présence du secrétaire général des Nations unies, sur la situation des minorités au Moyen-Orient, en particulier celle des chrétiens.

Je recevais ce matin un certain nombre d’hôtes au Quai d’Orsay pour préparer ce débat et je compte intervenir sur le refus de toute impunité pour ces criminels et sur la démarche à engager devant la Cour pénale internationale. L’idée a été émise ce matin – même si elle ne peut pas trouver une traduction immédiate, vous l’approuverez certainement – de considérer que le « génocide culturel » doit pouvoir être retenu parmi les éléments permettant de qualifier les crimes contre l’humanité. La France va essayer de faire bouger les lignes dans ce sens, même si la tâche est très difficile.

Mme Khiari a soulevé la question du tourisme. Permettez-moi de vous livrer quelques chiffres qui me paraissent intéressants, dans ce domaine.

En 2014, nous avons délivré 2,8 millions de visas, soit 300 000 de plus qu’en 2013, ce qui représente une augmentation de 12,4 %. La Chine est devenue le premier pays d’origine, avec une augmentation de 57 %. Nous avons décidé de délivrer nos visas en 48 heures non seulement en Chine, mais aussi en Inde, en Afrique du Sud et dans les pays du Golfe ; des centres délocalisés ont été ouverts pour faciliter les démarches.

Pour les deux premiers mois de 2015, on m’indique que les demandes de visas touristiques sont en forte augmentation. Si la tendance devait se maintenir, ce serait un objet de satisfaction, car on aurait pu craindre que les événements de janvier n’aient une incidence sur la fréquentation touristique, même si ce phénomène ne doit pas être exclu dans certains secteurs.

Les demandes de visa depuis la Chine ont augmenté de 65,5 % – c’est un chiffre à la dimension de ce pays-continent ! – et depuis l’Inde de 38,41 %. Les délais de prise de rendez-vous restent inférieurs à cinq jours dans la plupart des postes.

J’accorde une attention particulière à ces sujets, parce que, si l’on veut développer le tourisme – une mine d’or pour la France, tout le monde en convient –, il faut commencer par améliorer la délivrance des visas, puis les dessertes aériennes, l’accueil dans les aéroports, l’hôtellerie et la diversité d’offre de nos régions. Paris et l’Île-de-France constituent une région-capitale magnifique, mais il faut que les touristes étrangers et français puissent découvrir la diversité de nos régions, qui font toutes de gros efforts.

La France pourra alors passer de 85 millions à 100 millions de touristes accueillis chaque année.

En tout cas, nous prenons vraiment toutes les dispositions pour y parvenir. Le Premier ministre et le Président de la République ont bien voulu accepter ma demande de rattachement du tourisme au Quai d’Orsay. Même si je n’ai pas à disposer pour la suite, dans une trentaine d’années, quand je ne serai plus ministre des affaires étrangères (Sourires.), je pense que ce lien entre le ministère des affaires étrangères et le tourisme est vraiment utile puisqu’il pousse les ambassadeurs à s’investir dans ce domaine.

Monsieur Fournier, je vais vous décevoir parce que non seulement je souscris aux compliments que vous avez formulés, mais aussi je conviens des faiblesses que vous avez dénoncées, même si je les exprime un peu différemment. En effet, un pays ne peut pas conjuguer – en tout cas, pas sur le long terme –une diplomatie forte et une économie faible. Cela étant, il faut avoir le sens des proportions et garder en tête que, dans le monde, 190 pays ont une économie moins forte que la nôtre.

J’ai été ministre de l’économie et des finances au début des années deux mille. Revenu au Gouvernement, je me suis aperçu que notre industrie avait vraiment beaucoup décliné – un recul qui se traduit dans les chiffres et dans la valeur ajoutée. Il faut faire le maximum pour essayer de la redresser. La tâche est compliquée, mais elle nous donne un objectif commun, et nous avons d’ores et déjà pris des initiatives en ce sens, en matière de filières prioritaires et de financement de l’export, notamment.

Nous devons prendre garde, cependant, à ne pas nous faire piéger par notre propre raisonnement. Il est à la fois regrettable et tout à fait normal que la part relative de la France dans certains secteurs commerciaux s’atténue, puisque la Chine, l’Inde et d’autres pays sont en train de gagner des parts de marché. S’il faut donc essayer de progresser en valeur absolue, il est très difficile de relever le défi en valeur relative.

Je sillonne le monde et j’admets que la France puisse, dans tel ou tel domaine, être dépassée par un autre grand pays. Il n’y a en revanche aucune raison de céder du terrain au profit d’un concurrent de taille moyenne ou petite !

Donc, je vous rejoins tout à fait, monsieur le sénateur, sur le fait qu’il y a là de gros efforts à consentir.

Quant à l’Union européenne, nous souhaiterions en effet qu’elle soit plus présente à nos côtés dans l’exécution de certaines tâches.

Mme Conway-Mouret a évoqué l’influence sur les élèves de la laïcité, de la technologie, des sciences, des prix Nobel… Elle a tout à fait raison et nous envisageons d’ailleurs de faire une campagne sur ce thème.

Ce qui caractérise le mieux la France, c’est la créativité, car cette notion transversale reflète la vérité de notre pays dans différents domaines, qu’il s’agisse des arts, de la littérature, des sciences, de l’ingénierie, ou encore de l’économie.

Parce que nous sommes perçus ainsi, c’est autour de ces notions d’excellence et de créativité que nous devons, en évitant le détestable travers de l’arrogance, essayer de développer l’influence de la France, non seulement en quantité, si je puis dire, mais aussi en qualité, sachant, comme l’a dit excellemment Mme Conway-Mouret, que l’influence vient, en définitive, non pas de telle ou telle décision gouvernementale, mais des acteurs du développement eux- mêmes.

Voilà, mesdames, messieurs les sénateurs, ce que je voulais dire en vous remerciant vraiment beaucoup non seulement des propos que vous avez tenus au cours de ce débat, mais aussi du soutien permanent que cette assemblée apporte aux diplomates et à moi-même.

Je veux le redire à cette tribune, nous savons que la politique, au sens général du terme, peut nous exposer à telle ou telle critique, mais le fait de recevoir le soutien des sénateurs de ce beau pays qu’est la France compte beaucoup pour nous. (Applaudissements.)

Mme la présidente. Je vous remercie à mon tour, monsieur le ministre.

Mes chers collègues, nous en avons terminé avec le débat sur l’influence de la France à l’étranger.

5

Engagement de la procédure accélérée pour l’examen de deux projets de loi

Mme la présidente. En application de l’article 45, alinéa 2, de la Constitution, le Gouvernement a engagé la procédure accélérée pour l’examen du projet de loi autorisant la ratification de l’accord d’association entre l’Union européenne et la Communauté européenne de l’énergie atomique et leurs États membres, d’une part, et l’Ukraine, d’autre part, déposé sur le bureau du Sénat le 25 mars 2015.

En application du même article 45, alinéa 2, de la Constitution, le Gouvernement a engagé la procédure accélérée pour l’examen du projet de loi modifiant la loi n° 2004-639 du 2 juillet 2004 relative à l’octroi de mer, déposé sur le bureau du Sénat le 25 mars 2015.

6

Communication du Conseil constitutionnel

Mme la présidente. Le Conseil constitutionnel a informé le Sénat, le 25 mars 2015, qu’en application de l’article 61-1 de la Constitution, la Cour de cassation a adressé au Conseil constitutionnel une décision de renvoi d’une question prioritaire de constitutionnalité portant sur l’article L. 115–3 du code de l’action sociale et des familles (Interruption pour non-paiement des factures de la distribution d’eau) (2015-470 QPC).

7

Ordre du jour

Mme la présidente. Voici quel sera l’ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au lundi 30 mars 2015, à seize heures et le soir :

Proposition de loi, adoptée par l’Assemblée nationale, renforçant la lutte contre le système prostitutionnel (n° 207, 2013-2014) ;

Rapport de Mme Michelle Meunier, fait au nom de la commission spéciale (n° 697, 2013-2014) ;

Texte de la commission (n° 698, 2013-2014).

Personne ne demande la parole ?…

La séance est levée.

(La séance est levée à dix-huit heures quinze.)

Le Directeur du Compte rendu intégral

FRANÇOISE WIART