État civil :
Né le 25 novembre 1806
Décédé le 2 mai 1881
Profession :
Diplomate
IInd Empire

Ancien sénateur du Second Empire

Elu le 23 juin 1853
Fin de mandat le 4 septembre 1870

Chambre des députés du 1er août 1846 au 24 février 1848

Ministre de l'Intérieur du 20 mars 1865 au 17 décembre 1868
Ministre des Affaires étrangères du 17 décembre 1868 au 17 juillet 1869

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)

avant 1889

Biographie mise à jour le 20 novembre 2020.

La notice biographique tirée du dictionnaire « Robert et Cougny » figure infra.

CHARLES DE LA VALETTE

Né à Senlis le 25 octobre 1806, Charles-Jean-Marin-Félix de Lavalette (parfois La Valette) est le fils de Jean-Louis-Achille de Lavalette (1784-1821), receveur général des Basses-Alpes, et d'Éléonore Tarteron de Montiers (1788-1822). Ayant pris part, en 1816, à une tentative de complot impérialiste contre le régime de la Restauration, le père de Charles de Lavalette est détenu dans les geôles du château d'If, près de Marseille. Élargi par grâce royale, il s'expatrie avec femme et enfants. Sans fortune en métropole, les Lavalette s'établissent, après une période d'errance, à Saint-Domingue où les deux parents meurent de la fièvre jaune en 1821 et 1822 (1).

Deuxième des cinq enfants, Charles de Lavalette est le seul fils de la famille. On ignore à peu près tout de sa jeunesse sinon qu'il est commis de la banque Laffite dans les années 1830. Réussissant à se mêler à la société parisienne de la monarchie de Juillet, il en fréquente rapidement les hautes sphères. Il devient l'un des proches des fils de Louis-Philippe qu'il côtoie au Café de Paris en compagnie d'Alfred de Musset et du comte de Morny. Horace de Viel-Castel écrit à son propos : « Lavalette, pour arriver à un poste diplomatique important, a mené la vie de joueur, a vécu avec toutes les danseuses les plus célèbres, entre autres Fanny Esler ; puis, un beau jour, à bout de ressources, il se fait nommer consul à Alexandrie ; puis encore, il épouse la vieille veuve d'un banquier américain, et le voilà grand seigneur. » (2).

De fait, Lavalette n'est ni tout à fait un diplomate de carrière ni tout à fait un homme politique. En poste à Alexandrie de 1843 à 1846, il retourne en France pour briguer le mandat de député de la Dordogne à la Chambre, où il siège dans les rangs de la majorité jusqu'en 1848. Ayant montré, après la chute de Louis-Philippe et la proclamation de la République, ses sympathies pour le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, il est nommé ministre plénipotentiaire à Constantinople en 1851. Il y fait preuve de grandes qualités diplomatiques lors de la querelle sur les Lieux Saints qui oppose, en Palestine, les chrétiens latins soutenus par la France aux orthodoxes appuyés par la Russie. Mais, mêlant trop politique et diplomatie, il laisse « ses amis vanter bruyamment ses mérites dans la presse parisienne, ce qui contrari[e] la discrétion indispensable à sa mission diplomatique » (3). Rappelé en 1852 par le ministre Édouard Drouyn de Lhuys, il est aussitôt nommé sénateur par Napoléon III. Membre d'un grand nombre de commissions, Lavalette se livre à une intense activité parlementaire, plusieurs fois secrétaire ou président de bureau. Il est notamment membre, en 1855, de la commission chargée d'examiner la loi relative à la concession des lignes du chemin de fer du Grand-central, de celle, l'année suivante, préparant le sénatus-consulte relatif à une éventuelle régence, et, en 1857, de celle établissant les traitements des membres de la Légion d'honneur. Dans de nombreuses interventions, il s'exprime sur des sujets aussi variés que les enfants confiés à l'assistance publique, le budget du ministère de la Marine ou l'achat de terrains par la ville de Paris (4).

La nomination, en 1860, d'un nouveau ministre des Affaires étrangères, Édouard Thouvenel, lui vaut de s'éloigner des travées du palais du Luxembourg pour rejoindre les rives du Bosphore, en qualité d'ambassadeur auprès de la Sublime Porte. Confronté aux massacres des Maronites par les Druzes du Liban, Lavalette évolue tout à son aise au sein des arcanes feutrées des palais constantinopolitains. En 1861, la France envoie un corps expéditionnaire dans les monts libanais pour y protéger les populations chrétiennes. Le diplomate reste toutefois peu de temps à Constantinople. Il est appelé, en 1861, à l'ambassade de Rome. Une nomination étonnante du fait, non seulement de sa position favorable à l'unité italienne, mais aussi de sa réputation anticléricale. Un diplomate français en poste en Italie écrit à ce sujet : « La présence de M. de la Valette, ouvertement hostile à la Papauté, et dont le seul mérite était d'avouer hautement ses opinions, avait eu pour effet de tendre singulièrement les rapports entre la cour de Rome et celle de Paris. Le marquis disait hautement qu'il comptait bien être le dernier ambassadeur accrédité auprès du Saint-Siège » (5).

Bien vite de retour à Paris après la nouvelle nomination au Quai d'Orsay de son ennemi Drouyn de Lhuys, Lavalette retourne quelques temps à son activité sénatoriale il est notamment désigné, en 1863, pour faire partie de la députation chargée de présenter l'Adresse des sénateurs à Napoléon III. Prenant plusieurs fois la parole, il s'exprime sur les questions italienne et polonaise ainsi que sur le rapport entre l'Église et l'État. En 1865, grâce au prince Napoléon, cousin de l'empereur, dont il est proche, il est nommé ministre de l'Intérieur. Jouissant de la double faveur de Napoléon III et d'Eugénie qui apprécient sa personnalité caustique, il forme désormais avec le ministre d'État Eugène Rouher, un tandem qui ambitionne de définir les grandes orientations de la politique française à l'étranger. C'est chose faite lorsqu'ils obtiennent, en juillet 1866, peu après l'annonce de la victoire de la Prusse sur l'Autriche à Sadowa, le départ de Drouyn de Lhuys du ministère des Affaires étrangères. Lavalette, pacifiste, et Rouher, de tendance prussophile, convainquent Napoléon III d'adopter une attitude conciliante à l'égard de la Prusse dirigée par Bismarck. Ils font également nommer au Quai d'Orsay le marquis de Moustier, ancien ambassadeur à Constantinople, qui s'opposera toutefois à leurs vues sur les questions italienne et allemande.

Durant cette période troublée où la France voit une grande puissance apparaître sur la rive droite du Rhin, Lavalette est chargé de l'intérim du ministère des Affaires étrangères en attendant l'arrivée de Moustier, peu pressé de prendre la tête d'une diplomatie en désordre. Échoit donc au ministre de l'Intérieur la tâche de signer une grande proclamation impériale ayant pour objet de rassurer l'opinion quant aux événements d'Allemagne et d'exposer la politique française. La « circulaire Lavalette », qui fait couler beaucoup d'encre, est largement décriée dans la presse.

Alors que Napoléon III a opéré une volte-face au sujet de la question italienne en abandonnant son ancienne politique de soutien au Piémont, Lavalette est resté un fervent partisan de l'unité. En octobre 1868, il s'oppose très fortement, au sein du conseil des ministres, à la politique d'intervention que le marquis de Moustier met en oeuvre en Italie. L'empereur voulant éviter à tout prix une division au sein du cabinet, demande à Lavalette sa démission. Cela ne l'empêche pas de succéder, en décembre 1868, à Moustier comme ministre des Affaires étrangères. Il joue un rôle dans la libéralisation du régime, s'éloignant de son ancien complice Rouher. Il emporte notamment la décision, au sein d'un conseil des ministres divisé, en faveur de la promulgation de la loi de libéralisation de la presse (6).

L'année 1869 n'est réellement troublée que par la querelle franco-belge au sujet d'un chemin de fer, conflit que Lavalette, toujours aussi pacifiste, règle avec grande habileté. À l'instar de son prédécesseur, il doit défendre les orientations de la politique française devant les assemblées. Il monte plusieurs fois à la tribune du Corps législatif et à celle du Sénat, notamment pour s'expliquer quant à la politique italienne du régime. C'est l'objet du discours qu'il prononce en avril 1869, successivement devant les députés et les sénateurs, majoritairement impatients, à l'occasion du vote du budget relatif aux troupes françaises, de l'entendre confirmer la sûreté des États pontificaux par le corps expéditionnaire français (7). Exercice de style épineux pour ce ministre peu favorable à la papauté mais adroit à la tribune. De fait, Lavalette quitte la direction de la diplomatie lorsque Napoléon III annonce, en juillet 1869, une politique plus ferme à l'égard de la Prusse. Nommé ambassadeur à Londres où il reste moins de six mois, il quitte définitivement les affaires à l'avènement du ministère Ollivier, le 3 janvier 1870. Il meurt à Paris le 2 mai 1881.

Marié à trois reprises, Lavalette épousa successivement en 1828 l'anglaise Maria Birkett, puis Adeline Fowle, veuve d'un banquier américain dont il adopta le fils, et enfin Georgette-Gabrielle de Flahaut, troisième des cinq filles de Charles de Flahaut. Les Archives du Sénat conservent son dossier individuel (8). La Table analytique et alphabétique contenant le résumé des travaux du Sénat consultable, à la Bibliothèque du Sénat illustre son activité sénatoriale.

Bibliographie

Éric Anceau, L'empire libéral, tome 1, Paris, SPM, 2017.

Yves Bruley « Bourqueney » dans Jean Tulard (dir.), Dictionnaire des ministres des Affaires étrangères, Paris, Fayard, 2004.

Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015.

Christian Chandon, Michel Souloumiac, Le marquis de La Valette: ambassadeur et ministre du second empire, A.R.A.H., 2006.

Henry d'Ideville, Journal d'un diplomate en Italie, tome 2, Paris, Hachette, 1873.

Horace de Viel Castel, Mémoires sur le règne de Napoléon III, Paris, Robert Laffont, 2010, première publication Berne 1890.

Table analytique et alphabétique contenant le résumé des travaux du Sénat, sessions de 1852 à 1859, Paris, Bibliothèque du Sénat.

Annales du Sénat et du corps législatif, tome 3, sessions de 1861 à 1870, Paris, Bibliothèque du Sénat.

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(1)André du Mesnil, baron de Maricourt, Madame de Souza et sa famille, Paris, Émile-Paul frères, 1907, p. 315.

(2) Horace de Viel Castel, Mémoires sur le règne de Napoléon III, Paris, Robert Laffont, 2010, première publication Berne 1890, p. 43

(3) Yves Bruley, Le Quai d'Orsay impérial, Paris, Pedone, 2015, p. 311.

(4) Table analytique et alphabétique contenant le résumé des travaux du Sénat, 1852-1859, Paris, 1859, p. 267-269.

(5) Henri d'Ideville, Journal d'un diplomate en Italie, tome 2, Paris, Hachette, 1873, p. 11.

(6) Éric Anceau, L'empire libéral, tome 1, Paris, éditions SPM, 2017, p. 197.

(7) Annales du Sénat et du corps législatif, tome 3, du 23 au 30 avril 1869, Paris, p.140-143.

(8) Cote 71S 323. Mis cette cote les Archives du Sénat ne gardent aucune trace marquante de son activité sénatoriale. Pour plus d'informations sur celle-ci, se référer aux registres des débats du Sénat conservés par la Bibliothèque du Sénat.

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Biographie extraite du dictionnaire « Robert et Cougny » :

LA VALETTE (CHARLES-JEAN-MARIN-FÉLIX, MARQUIS DE), député de 1846 à

1848, sénateur du Second Empire et ministre, né à Senlis (Oise) le 25 novembre 1806, mort à Paris le 2 mai 1881, entra dans la diplomatie sous le règne de Louis-Philippe. Secrétaire d'ambassade à Stockholm en 1837, consul général à Alexandrie en 1841, et ministre plénipotentiaire à Hesse-Cassel en 1846, il fut, le 1er août 1846, élu député du 3e collège de la Dordogne (Bergerac), par 243 voix (487 votants, 560 inscrits), contre 238 à M. Dezeimeris.

M. de La Valette vota avec la majorité conservatrice, et rentra dans la vie privée en 1848. Le gouvernement présidentiel de L.-N. Bonaparte l'appela (1849) au poste d'envoyé extraordinaire à Constantinople. Il y resta jusqu'en 1853, sollicita son l'appel en France à l'occasion de la question des Lieux Saints, et fut remplacé, le 17 février 1853, par M. de La Cour. Le 23 juin suivant, M. de La Valette fut fait sénateur. Il prit place au Luxembourg dans les rangs des plus dévoués impérialistes. Lorsque M. Thouvenel fut appelé (1860) au ministère des Affaires étrangères, M. de La Valette, envoyé de nouveau à Constantinople avec le titre d'ambassadeur, remplit ces fonctions dans des circonstances assez délicates et se montra préoccupé de tenir la colonie française à l'écart de certaines spéculations louches entreprises avec la Porte et les diverses administrations turques. En juin et juillet 1860, lors des massacres des chrétiens du Liban par les Druses, il présenta au gouvernement de la Porte Ottomane de pressantes réclamations. En août 1861, il succéda à M. de Grammont, comme ambassadeur de France auprès du pape; il quitta ce nouveau poste le 18 octobre 1862, lorsque

M. Thouvenel se retira du ministère. Appelé lui-même, le 20 mars 1865, à prendre le portefeuille de l'Intérieur en remplacement de M. Boudet, M. de La Valette signala son passage au pouvoir par des mesures rigoureuses contre la presse (suppression du Courrier du Dimanche, etc.), par la dissolution de plusieurs conseils municipaux et par la répression des troubles de Roubaix survenus à la suite de la loi nouvelle sur les coalitions (mars 1867). En septembre 1866, il avait exercé l'intérim du ministère des Affaires étrangères, en l'absence de

M. de Moustier, qu'il remplaça en 1868. La circulaire du gouvernement français sur les affaires d'Allemagne, contenant l'aveu de la nécessité d'une réorganisation militaire, fut l'oeuvre de M. de La Valette. Il s'efforça d'ailleurs de faire prévaloir une politique pacifique et conciliatrice, qu'il exposa et défendit plusieurs fois avec succès devant le Corps législatif; il réussit à apaiser le différend franco-belge (juin-juillet 1869) né d'une convention de chemin de fer et qui menaçait de prendre de fâcheuses proportions, et il sortit du ministère lorsque le message impérial du 12 juillet 1869 annonça un changement de politique. Il fut alors nommé ambassadeur à Londres, où il resta jusqu'à l'avènement du cabinet Ollivier (3 janvier 1870). Grand-croix de la Légion d'honneur, M. de La Valette était décoré en outre d'un très grand nombre d'ordres étrangers.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Charles-Jean-Marin-Félix LA VALETTE

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