État civil :
Né le 10 août 1857
Décédé le 18 septembre 1933
Profession :
Publiciste
Département :
Jura
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 7 janvier 1906
Elu le 11 janvier 1920
Fin de mandat le 5 janvier 1924 ( Ne se représente pas )

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

PICHON (STEPHEN-JEAN-MARIE), député de 1885 à 1889, né à Arnay-le-Duc (Côte-d'Or) le 10 août 1857, fit de bonnes études au lycée de Besançon, manifesta dès cette époque ses sentiments politiques en refusant de recevoir des mains du duc d'Aumale un prix de philosophie, et se prépara à l'Ecole normale supérieure ; mais, étant venu à Paris, il ne tarda pas à s'occuper très activement de politique, d'abord dans les cercles et les réunions d'étudiants, puis dans la presse républicaine de la nuance la plus avancée. Collaborateur de la Commune affranchie, puis de la Révolution française, journal fondé par M. Sigismond Lacroix, il fut, avec M. Clemenceau, en 1880, un des fondateurs de la Justice, oit ses chroniques parlementaires et ses articles de fond furent remarqués. Il combattit avec talent la politique opportuniste, fut élu (août 1883) con seiller municipal de Paris pour le quartier de la Salpetrière, et appartint, dans le conseil, au groupe de l'autonomie communale. Il se mêla fréquemment aux débats de l'Assemblée municipale, développa plusieurs interpellations, entre autres celle qui se termina par le vote d'un ordre du jour de blâme contre le préfet de police et ses agents au sujet d'une manifestation socialiste au Père-Lachaise, continua de collaborer régulièrement à la Justice, et se trouva désigné, aux élections législatives du 4 octobre 1885, comme un des principaux candidats du parti républicain radical dans le département da la Seine. Il fut élu, au second tour de scrutin (18 octobre), le 30e sur 34, par 281,103 voix (416,886 votants, 564,338 inscrits). M. S. Pichon siégea à l'extrême-gauche et vota constamment avec les membres de ce groupe qui suivirent l'inspiration de M. Clemenceau. Il débuta à la tribune par un élégant discours en faveur de la séparation de l'Eglise et de l'Etat (1886), demanda (janvier 1887) la suppression du budget des cultes, appuya (27 juin) la proposition Labordère tendant à la nomination du Sénat par le suffrage universel, reprit (octobre) la proposition abandonnée par M. Daynaud pour la conversion de la rente 4 0/0, fut rapporteur (février 1888) du budget de l'Intérieur, demanda, à cette occasion, la réduction des fonds secrets de deux millions à huit cent mille francs, défendit le ministère Floquet, prit une part énergique à la campagne antiboulangiste, et fut l'auteur de la proposition adoptée parles Chambres, en vertu de laquelle les candidatures multiples furent interdites pour les élections législatives de 1889. Il se prononça dans la dernière session pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

PICHON (STEPHEN, JEAN, MARIE), né le 10 août 1857 à Arnay-le-Duc (Côte d'Or), mort le 18 septembre 1933 à Vers en montagne (Jura).

Député de la Seine de 1885 à 1893.

Sénateur du Jura de 1906 à 1924.

Ministre des Affaires étrangères du 25 octobre 1906 au 2 mars 1911, du 22 mars au 9 décembre 1913 et du 16 novembre 1917 au 20 janvier 1920.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 624.)

Une campagne très vive oppose Stephen Pichon, homme d'extrême gauche, le 22 septembre 1889 dans la 2e circonscription de la Seine (XIVe arrondissement) à Michelin, député sortant, boulangiste révisionniste, arrivé en tête au premier tour, mais qu'il bat au second tour avec 2.663 voix sur 5.487 votants, contre 2.512 à son concurrent.

Inscrit au groupe radical, il est nommé en 1889 secrétaire à la Chambre des députés et membre de la commission du budget au nom de laquelle il rapporte le budget des affaires étrangères. Son anticléricalisme ne tarde pas à se manifester : amendement portant réduction des crédits affectés à l'ambassade du Vatican (1890) ; dépôt d'une proposition de loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat, interpellation sur les désordres survenus en l'église Saint-Merri le 22 mars 1892 ; discours contre les congrégations religieuses (1892). Aux élections de 1893, son combat contre son concurrent, Michelin, tourne à l'avantage de ce dernier. Au premier tour, sur 5.219 votants il recueille 2.114 voix et son concurrent 2.471 ; au second tour, sur 5.151 votants Michelin est élu par 2.637 voix contre 2.175 à Pichon.

Ce dernier entra alors dans la diplomatie et occupa successivement les postes de ministre plénipotentiaire à Port-au-Prince (1894), d'envoyé en mission spéciale à Santo-Domingo où il procéda au rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la République dominicaine ; de ministre plénipotentiaire à Rio-de-Janeiro (1895). Il signa, après l'avoir négocié, le traité de délimitation de la Guyane française (1897), fut envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Pékin (1897) où il fut assiégé par les Boxers en 1900. Délivré par les troupes alliées, il prit part comme plénipotentiaire de la République aux négociations collectives des puissances avec la Chine (1900-1901) et fut nommé résident général à Tunis le 19 mars 1901.

Il fait sa rentrée politique en 1906. Conseiller général du Jura, il fut élu sénateur le 7 janvier 1906 (au premier tour) par 642 voix sur 845 votants. Au Luxembourg, il siège dans les rangs du groupe radical-socialiste et de la gauche démocratique. Quelques mois après il commence une carrière ministérielle qui le fait participer à cinq gouvernements en onze ans, avec deux interruptions seulement.

En octobre 1906, Clemenceau n'ayant pu obtenir la collaboration ni de Léon Bourgeois, dont l'état de santé laissait à désirer, ni de Poincaré, ministre des Finances du gouvernement précédent dont le projet de budget pour 1907 avait été détruit par la crise, s'adresse à son ami Stephen Pichon dont il fait son ministre des Affaires étrangères. Constitué le 25 octobre, ce ministère devait durer jusqu'au 20 juillet 1909, date à laquelle il est renversé à l'initiative de Delcassé. Stephen Pichon conserve son portefeuille dans les deux ministères Briand qui lui succèdent (24 juillet 1909, 3 novembre 1910, 27 février 1911).

Durant cette période, il est bien entendu amené à faire de nombreuses interventions devant la Chambre et le Sénat. A chaque occasion, c'est lui qui se heurte, au nom du gouvernement, à Jaurès adversaire résolu de la politique coloniale de la France qui multiplie, à ce sujet, les attaques à la Chambre. Stephen Pichon ne manque pas, à chaque occasion, de développer la thèse selon laquelle toute l'action française au Maroc résulte d'une « fidélité consciencieuse aux termes de l'Acte d'Algésiras ». Défend-il un projet de loi relatif au chemin de fer colonial de Djibouti à Addis-Abeba (29 mars 1909), c'est encore Jaurès qui mène l'attaque.

Il lui est aussi revenu de soutenir l'utilité de l'emprunt russe de 300.000 F à la veille de son émission en France. A Rouanet qui exprime des critiques très vives, il répond que « le gouvernement ne saurait s'opposer à cette émission dont les fonds seront utilisés conformément aux intérêts nationaux des deux pays ». Venant à l'appui du ministre, Caillaux ajouta que « l'épargne française ne court aucun risque.... » (21 janvier 1909).

Chaque incident intervenu au Maroc l'amène à s'expliquer devant la Chambre : 26 mars 1907 sur l'assassinat du Dr Mauchamp ; 5 juillet 1907 sur la note franco-anglo-espagnole sur le statu quo en Méditerranée et la protestation allemande ; 12 et 13 novembre 1907 sur l'occupation de Casablanca. C'est lui également qui communique au Parlement les observations du gouvernement sur l'annexion de la Bosnie-Herzégovine par l'Autriche-Hongrie le 7 octobre 1908. En 1910, il traite longuement devant le Parlement des rapports franco-anglais au sujet des affaires du Centre africain. Dans les discours qu'il prononce en province, il défend avec chaleur la politique du gouvernement et notamment son orientation sociale. Il déclare en effet le 8 juillet 1909 : « Il faut faire des réformes sociales : pour cela conserver la République et le pouvoir aux républicains ».

Sa carrière ministérielle subit une interruption de deux ans à partir du jour - le 27 février 1911 - où Briand démissionne après avoir constaté l'abandon d'une fraction des républicains et malgré un vote favorable de la Chambre le 24 février.

Stephen Pichon reprend alors sa place au Sénat où il devient rapporteur du budget des Affaires étrangères, domaine sur lequel porteront désormais la plupart de ses interventions : convention avec l'Allemagne et la Belgique au sujet du Congo, discussion sur la situation des protectorats, crédits supplémentaires pour le Maroc.

Il retrouve son portefeuille de ministre des Affaires étrangères dans le ministère Barthou du 22 mars 1913 au 2 décembre 1913. Au Sénat, du fait de la guerre, ses interventions se font plus rares. Le 16 avril 1917 il est élu président du Conseil général du Jura. Le 17 novembre 1917, aux heures les plus sombres du conflit, Clemenceau prend la tête du gouvernement et fait à nouveau appel à Stephen Pichon pour diriger le même ministère. Ses interventions suivent le cours des événements tragiques : la défection de la Russie l'oppose le 22 décembre 1917 à Marius Moutet à la Chambre, puis le 11 janvier 1918 il répond à une interpellation socialiste sur les conditions diplomatiques de la guerre et déclare « refuser énergiquement de se jeter dans le guêpier du gouvernement maximaliste russe ». Puis ce sont les heures plus claires de l'avance alliée : il parle le 22 octobre 1918 au Sénat sur la libération des régions envahies. Enfin la victoire lui fournit l'occasion de nombreux discours patriotiques : hommage aux alliés victorieux le 7 novembre 1918 dont la Chambre ordonne l'affichage ; communication sur les conditions de l'armistice (11 novembre) ; hommage à la Belgique (22 novembre) ; salut à l'Alsace-Lorraine qui reçoit l'honneur de l'affichage (17 décembre).

L'après-guerre enfin, est illustrée dans un débat de deux jours, les 29 et 30 décembre 1918, où il évoque longuement les problèmes de la politique alliée extérieure pour cette période.

Le ministère Clemenceau s'éteint, sa tâche accomplie, le 18 janvier 1920. Dès lors les interventions de Stephen Pichon se font plus rares dans les débats. Comme Clemenceau, il s'efface alors de la scène politique. Il meurt le 18 septembre 1933, à Vers en montagne, âgé de 76 ans. Il était commandeur de la Légion d'honneur et titulaire de nombreuses décorations étrangères.

Outre ses écrits de publiciste dans le Petit Journal, il est l'auteur de La diplomatique de l'Eglise sous la IIIe République (1892) ; Dans la Bataille (1908) ; Rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la République dominicaine ; Traité d'arbitrage pour la délimitation de la Guyane française.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Stephen PICHON

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