Appartenance politique :
Groupe du Mouvement Républicain Populaire
État civil :
Né le 1er avril 1904
Décédé le 10 juillet 1990
Profession :
Pasteur
Département :
élu(e) par l'Assemblée Nationale
IVème République

Ancien sénateur de la IVe République

Elu le 16 décembre 1946
Fin de mandat le 7 novembre 1948 (Ne se représente pas)

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

LA GRAVIÈRE (Emmanuel)

Né le 1er avril 1904 à Courbevoie (Seine)

Décédé le 10 juillet 1990 à Paris (5ème)

Conseiller de la République, élu par l'Assemblée nationale, de 1946 à 1948

A l'issue de solides études secondaires, Emmanuel La Gravière obtient le baccalauréat ès-lettres. Sa foi protestante ardente l'incite à préparer une thèse sur « l'Evangile et le monde protestant », qui lui vaut d'être reçu brillamment au baccalauréat en théologie. Il devient pasteur et se marie. Une fille lui est donnée en 1938 ; en 1939, c'est un fils.

La guerre le surprend dans son tranquille bonheur : mobilisé en 1939, il exerce ses fonctions d'aumônier avec le dévouement le plus absolu. En toutes circonstances, et spécialement au cours de la période des durs combats livrés du 17 au 22 juin 1940 dans la région des Vosges, il fait preuve d'un courage et d'un esprit de sacrifice remarquable qui lui valent l'attribution de la croix de guerre avec étoile de bronze. Il est fait prisonnier, mais s'évade.

Après la défaite française, il exerce son ministère pastoral à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, puis, à partir de septembre 1941, dans le XIIIe arrondissement. A ce titre, il prononce en maintes circonstances, dans plusieurs lieux de culte de l'Eglise réformée de France, des discours religieux et patriotiques exaltant l'esprit de résistance et l'amour de la liberté, relevant le courage, la fidélité et la confiance de ses auditeurs, combattant l'idéologie totalitaire et les méthodes nazies, et condamnant expressément les persécutions raciales et le travail obligatoire en Allemagne et en France. Il assure par ailleurs la distribution et la circulation de tracts et journaux clandestins et, s'étant mis en rapport avec les organisations de résistance, il assure pour elles le stockage de vivres dans les locaux de l'Eglise réformée du XIIIe arrondissement. Il assure également des enquêtes et liaisons et apporte une aide efficace à des évadés, réfractaires ou familles juives, dotant plusieurs d'entre elles de faux papiers tout en déjouant deux enquêtes dirigées contre lui, l'une par la Gestapo, l'autre par la police française.

Pendant deux ans et demi, comme aumônier de l'hôpital du Val-de-Grâce placé sous la surveillance des Allemands, Emmanuel La Gravière prête son appui et apporte le réconfort de son ministère aux prisonniers français et aux internés britanniques qui y sont en traitement. A l'occasion des obsèques de nombreux Britanniques et de citoyens américains, il prononce devant leurs compatriotes, leurs familles et leurs camarades des allocutions destinées à soutenir leur moral et à entretenir leur espoir en la délivrance. Il met sur pied un certain nombre de réunions clandestines, dont plusieurs se sont tenues à son domicile même, destinées à jeter les bases du Mouvement Républicain pour la Libération. Dans les combats du mois d'août 1944, il exerce son ministère sous le couvert de la direction centrale des groupes de secouristes de la Croix-Rouge française, dans les postes de secours du XIIIe et du Ve arrondissements, au Val-de-Grâce et à l'hôpital Cochin.

C'est à ce titre qu'il est décoré de la Légion d'honneur, de la croix du combattant et de la médaille de la Résistance française.

Sa modestie n'en tire nul orgueil. Pour lui, il n'a fait que son devoir, simplement.

Il obéit au même sentiment en s'inscrivant comme avocat au barreau de Paris. Pour lui, c'est aider à servir la justice, et, surtout, aider les déshérités, les victimes de la misère sociale car l'intransigeance lui est inconnue sauf lorsqu'il s'agit du respect de la liberté et de la défense des droits de l'homme. Ainsi, s'il dénonce avec fermeté les méfaits des hommes, il accepte philosophiquement le caractère inéluctable des faits de l'Histoire. Lui qui a fait autrefois le pèlerinage des Cévennes, et lu le nom de ses ancêtres gravé sur la liste des protestants galériens, préfère insister sur la pitié que l'on doit éprouver à l'égard des auteurs de crimes plutôt que sur l'horreur de leurs forfaits. Il connaît les faiblesses des hommes.

En décembre 1946, répondant à l'appel de très nombreux compagnons politiques, il accepte de siéger au Conseil de la République où il est élu par l'Assemblée nationale. Il s'inscrit au groupe du Mouvement Républicain Populaire (MRP) et est nommé membre de la commission de l'éducation nationale, des beaux-arts, des sports, de la jeunesse et des loisirs, et de la commission de la presse, de la radio et du cinéma.

Emmanuel La Gravière apporte aux travaux de cette assemblée les qualités de réflexion, de travail et de civisme qu'il a manifestées toute sa vie. Il dépose une proposition de résolution sur les mesures propres à conjurer la crise du papier, et une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à constituer une commission pour l'histoire de la deuxième République. Il est l'auteur de deux rapports, l'un sur l'élection d'un sénateur et l'autre sur la création éventuelle d'un cadre unique de professeurs spéciaux d'enseignement primaire.

Il intervient en outre sur la question de l'accroissement de la criminalité juvénile, sur la question du budget de l'éducation nationale et sur un projet de loi portant création de ressources nouvelles et aménagement d'impôts.

Emmanuel La Gravière siège aussi à l'Assemblée de l'Union française qui apporte une importante contribution à l'évolution progressive et harmonieuse des pays de l'outre-mer français.

Il s'y livre à de nombreux travaux et accomplit, au nom de cette Assemblée, des missions, des voyages d'information et des enquêtes sociales à Madagascar, en Afrique noire et en Afrique du Nord. Il établit plusieurs rapports et propositions concernant notamment le problème de l'alcoolisme dans les pays et les territoires d'outre-mer.

C'est lui qui dénonce, dans l'un de ses rapports restés célèbres dans les milieux parlementaires et gouvernementaux, le trafic d'esclaves qui, à travers l'Afrique surtout, a lieu vers l'Arabie Saoudite et le Moyen-Orient à l'occasion du pèlerinage annuel de La Mecque.

D'autres sujets, toujours d'intérêt général, sollicitent son attention et son effort, tels la recherche scientifique, l'éducation nationale, les problèmes de médecine sociale. Il entreprend des tournées de conférences d'information sur tous ces sujets minutieusement approfondis par lui en France et à l'étranger, avec pour ambition de servir la collectivité nationale à laquelle il appartient, et, avec elle, tous les autres hommes. Il est aussi l'auteur de nombreuses publications et études : La conscience chrétienne et la guerre, L'esclavage, une plaie sociale toujours actuelle, Métropoles et colonies, De l'économie communautaire à l'union politique, et bien d'autres encore. Il affronte les problèmes les plus préoccupants de ce siècle avec une intelligence forte et claire, aidée d'une volonté aiguë de comprendre et rechercher des solutions concrètes non seulement pour servir, mais aussi pour aider son prochain à accéder à la connaissance et, si possible, au bonheur. A cet égard, ses convictions spirituelles rejoignent celles du profond humaniste qu'il est, attaché sans réserve à l'idéal d'hommes tels que l'Abbé Grégoire, Rabaut Saint-Etienne et Victor Schoelcher. Surtout, Emmanuel La Gravière a eu toute sa vie de la considération et de l'estime pour l'illustre homme d'Etat français Raymond Poincaré, parce que ce lorrain patriote et probe proclamait que « la vraie politique, c'est celle qui obéit à des pensées maîtresses et vise avec une attention persévérante un objet supérieur, celle qui se fait une doctrine morale sur l'individu, sur la nature, sur l'humanité ». Pour Poincaré comme pour La Gravière, la politique n'est pas un « divertissement » ou un « métier » mais un « devoir essentiel et primordial ». Aussi fait-il partie bénévolement de nombreuses associations françaises et étrangères, jusqu'à sa mort, le 10 juillet 1990.

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Ve République

LA GRAVIERE (Emmanuel)

Né le 1er avril 1904 à Courbevoie (Seine)

Décédé le 10 juillet 1990 à Paris 5e

Conseiller de la République, élu par l'Assemblée nationale, de 1946 à 1948

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome 5 p. 28-40)

Durant la Ve République Emmanuel La Gravière poursuit son action sociale et d'humaniste en qualité de membre de la commission de la République française pour l'Unesco (jusqu'en 1960), du Haut-Comité d'Études et d'informations sur l'alcoolisme (jusqu'en 1961). Il est aussi vice-président de l'Association France-Israël et secrétaire général du Centre d'études des problèmes économiques. À compter de 1965 et pendant cinq ans, il reprend sa fonction de pasteur dans la ville de Mazamet (Tarn). De 1970 et jusqu'aux années 1980, il poursuit ses activités sociales en assumant des fonctions de vice-président de la Société d'encouragement du bien (1971-1976) et de l'Union contre le trafic des êtres humains (1971-1975), de président (depuis 1974) de l'Association pour la disparition de l'esclavage, de secrétaire (de1975 à 1982) de l'Amicale du Sénat et de membre (à compter de 1977) du Comité central de la ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme.

Il décède à l'âge de 86 ans.

Il était chevalier de la Légion d'honneur, Croix de guerre, Croix du combattant et médaillé de la Résistance.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Emmanuel LA GRAVIERE

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