Appartenance politique :
Membre du Groupe socialiste
État civil :
Né le 11 juin 1908
Décédé le 27 décembre 1983
Profession :
Instituteur retraité
Département :
Pas-de-Calais
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

HENNEGUELLE (Henri)

Né le 11 juin 1908 à Fruges (Pas-de-Calais)

Décédé le 27 décembre 1983 à Saint-Léonard (Pas-de-Calais)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Pas-de-Calais)

Député du Pas-de-Calais de 1946 à 1958

Sénateur du Pas-de-Calais de 1967 à 1974

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome IV, pp. 319-321)

Les débuts de la Ve République constituent un moment extrêmement délicat pour le parti socialiste SFIO. Son impopularité, due principalement à la politique algérienne du gouvernement de Front républicain (1956-1957), se double d'une sévère crise interne conduisant au départ d'un certain nombre de parlementaires et de militants qui fondent le Parti socialiste autonome (PSA). Elu sans discontinuer sous la IVe République dans son « fief » du Pas-de-Calais, Henri Henneguelle fait les frais du déclin de sa formation. En 1958 comme en 1962, il ne parvient pas à retrouver son siège au Palais-Bourbon. Tenu à l'écart de la vie politique nationale, le maire de Boulogne-sur-Mer se recentre sur ses responsabilités locales : son succès aux élections cantonales de 1961 lui permet ainsi d'accéder à la vice-présidence du Conseil général du Pas-de-Calais, poste qu'il occupe sans discontinuer jusqu'en 1978. En revanche, son hostilité ouverte à Guy Mollet, secrétaire général de la SFIO et tout-puissant dirigeant de la fédération du Pas-de-Calais, empêche ce militant de longue date - il prend sa première carte en 1927 - de jouer un rôle significatif dans la vie du parti, à l'échelle nationale comme fédérale.

Il faut attendre 1965 pour qu'Henri Henneguelle amorce son retour dans la vie politique nationale. Lors des élections sénatoriales, il figure en quatrième position sur une liste « d'union républicaine et socialiste » du Pas-de-Calais conduite par le sénateur Bernard Chochoy, ancien secrétaire d'État à la reconstruction et au logement sous les gouvernements Mollet et Bourgès-Maunoury. Comme en 1959, cette liste à forte coloration SFIO s'impose largement, emportant trois sièges sur les six à pourvoir. Le maire de Boulogne se retrouve premier suppléant. Deux ans plus tard, l'accession de Bernard Chochoy à la députation libère son siège de sénateur et conduit Henri Henneguelle au Palais du Luxembourg. Cette « récompense » (L'Aurore, 3 avril 1967) emplit de fierté l'ancien dirigeant régional du mouvement de résistance Libération-Nord.

Succédant à Bernard Chochoy à la commission des finances, il reprend la responsabilité du rapport spécial sur le budget annexe des postes et télécommunications (PTT). S'il ne peut être considéré, à l'instar d'un Alex Roubert ou d'un Marcel Champeix, comme l'un des « ténors » du groupe parlementaire socialiste au Sénat, cette fonction lui confère une certaine importance au moment des débats sur la loi de finances, d'autant que son action s'inscrit dans un tournant majeur de l'histoire des PTT. La période 1965-1974 est en effet marquée par la volonté de l'État de réformer profondément le fonctionnement de cette administration. L'internationalisation de l'économie, couplée aux déséquilibres internes entre une branche « télécommunication » largement bénéficiaire et les branches « poste » et « services financiers » lourdement déficitaires, justifie l'objectif de libéralisation partielle de la Poste. En 1967, Georges Pompidou et son ministre des PTT, le gaulliste Yves Guéna, affirment le caractère commercial et industriel de ce service public. Un changement de statut rapide est même envisagé, provoquant de vives résistances de la part des personnels et des syndicats. C'est donc dans ce contexte tendu entre les PTT et l'État, encore exacerbé par les événements de mai 68, que le sénateur Henneguelle effectue son travail de rapporteur spécial. Il y consacre l'essentiel de son énergie.

Paradoxalement cependant, sa première intervention dans l'hémicycle ne porte pas sur les PTT mais sur les questions maritimes. Le 20 avril 1967, Louis Joxe, alors garde des Sceaux, défend devant le Sénat un projet de loi sur les assurances maritimes. L'initiative s'inscrit dans un contexte brûlant : le mois précédent, l'échouage du Torrey Canyon, pétrolier américain navigant sous pavillon de complaisance, a provoqué une gigantesque marée noire, plus de 100 000 litres de pétrole étant déversés dans la Manche. L'inquiétude des sénateurs au cours du débat est particulièrement tangible. En tant qu'élu du Pas-de-Calais et maire d'une ville côtière, Henri Henneguelle n'est pas le dernier à souligner la passivité des pouvoirs publics alors que les nappes de mazout commencent à polluer les côtes françaises. Son intervention rend compte des préoccupations des territoires exposés à la catastrophe : exhortant le Gouvernement à déployer des moyens d'action pour le pompage du mazout en pleine mer, il rappelle également - ce qui lui vaut nombre d'applaudissements dans les travées - que le devoir de l'État est de ne pas laisser les collectivités locales assumer seules le coût financier du drame. Le deuxième volet de son intervention témoigne d'une préoccupation plus proprement locale. L'activité économique de Boulogne-sur-Mer, premier port de pêche français, dépend principalement des ressources de la mer. Le sénateur s'efforce donc de préciser que la pêche s'effectue à des centaines de kilomètres des lieux de l'accident et enjoint le Gouvernement de communiquer plus clairement sur le sujet plutôt que de pratiquer la politique de l'autruche.

Si l'on excepte cette intervention initiale, Henri Henneguelle ne monte ensuite à la tribune qu'au titre de rapporteur spécial du budget des PTT. Lors de son premier rapport, le 25 novembre 1967, il se pose en fidèle successeur du travail réalisé depuis 1959 par Bernard Chochoy, réputé pour son honnêteté intellectuelle. À la tribune, il développe trois préoccupations principales que l'on retrouvera exprimées de plus en plus fermement dans ses prises de parole postérieures : défense de l'unité de la grande administration des PTT ; plaidoyer fervent pour un accès universel des usagers aux services postaux et du téléphone sur l'ensemble du territoire, y compris en zones rurales ; modernisation, enfin, des infrastructures téléphoniques. Pugnace, il obtient d'Yves Guéna l'assurance que le projet de « Compagnie nationale du téléphone » soumis quelques mois plus tôt par Valéry Giscard d'Estaing demeure lettre morte.

Fondamentalement, le sénateur reproche au Gouvernement la brutalité de son projet de rationalisation de l'administration des PTT au nom de l'impératif d'efficacité économique. L'année 1971 marque ainsi une inflexion significative dans la tonalité de ses rapports. Sans se départir de sa courtoisie, il insiste lourdement sur les conséquences sociales induites par la mécanisation et l'automatisation des services postaux. Relais des confédérations syndicales et, au premier chef, de la puissante fédération PTT-Force ouvrière, il appelle à une réorganisation de la poste française inspirée du modèle allemand, qui permettrait des embauches supplémentaires de personnels et la déconcentration des bureaux de poste. Lassé des promesses gouvernementales non tenues, les arguments du maire de Boulogne se font plus incisifs. Henri Henneguelle reproche en effet au successeur d'Yves Guéna, le grand résistant Robert Galley, de se soumettre trop aisément aux arbitrages budgétaires défavorables à son administration, ce qui le contraint à présenter devant la Chambre haute un budget « en équilibre factice, instable et aléatoire ». Au grand dam du sénateur, les coûts des missions de service public assignées à la Poste - en particulier les chèques postaux, le transport de la presse et l'acheminement du courrier des autres administrations - sont en effet très mal compensés budgétairement par l'État. La seule solution avancée par le ministère pour résorber les déficits des services financiers et postaux réside de ce fait dans la hausse des tarifs pour les usagers.

Le 7 décembre 1973, date de son dernier rapport qui constitue également le sujet de sa dernière intervention dans l'hémicycle, le sénateur, en dépit d'un ton plus modéré, reprend la plupart de ses critiques à l'encontre de la politique menée par Robert Galley. S'il reconnaît quelques augmentations de crédits alloués notamment à l'amélioration des infrastructures de l'administration de la Poste (centres de tri, bureaux de poste, etc.), il continue de déplorer l'insuffisance des compensations budgétaires. Abordant le problème du téléphone, il dénonce sévèrement le processus de libéralisation qui menace sa nature même de service public. La généralisation du système d'avances remboursables aux particuliers entraîne en effet une inégalité de fait entre ceux qui ont les moyens d'avancer la somme nécessaire à l'installation rapide d'une ligne, et les autres abonnés contraints d'attendre leur tour. Le revenu prime donc sur la nécessité économique dans l'accès au service, ce qui constitue aux yeux du maire de Boulogne-sur-Mer un exemple révélateur de la dérive libérale du secteur des télécommunications. Finalement, la crise économique et, surtout, la grande grève des PTT de 1974 - le plus grave conflit connu par cette administration au XXe siècle - mettent un terme aux aspirations libérales du Gouvernement et montrent que nombre des réserves émises par le sénateur étaient largement partagées au sein de l'administration.

Henri Henneguelle ne se représente pas aux élections sénatoriales de septembre 1974. Son départ de l'hémicycle marque le début de son retrait de la vie politique. Dans la deuxième moitié des années 1970, il renonce progressivement à l'ensemble de ses mandats locaux. En 1977, c'est son adjoint à la culture, Guy Lengagne, futur secrétaire d'État chargé de la Mer en 1983, qui conduit la liste d'union de la gauche à Boulogne-sur-Mer. En 1978, Henri Henneguelle renonce à la vice-présidence du Conseil général et abandonne l'année suivante son mandat de conseiller en ne se représentant pas aux élections cantonales. Définitivement retiré des affaires publiques, il décède le 27 décembre 1983 des suites d'une longue maladie.

Sénateur le 3 avril 1967 (en remplacement de M. Bernard CHOCHOY, député)
Fin de mandat le 1er octobre 1974 (ne se représente pas)

Député

Membre de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation
Membre du Groupe socialiste

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Henri HENNEGUELLE

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