Appartenance politique :
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique
État civil :
Né le 7 juin 1897
Décédé le 27 septembre 1983
Profession :
Commerçant et Agriculteur
Département :
Indre
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

MORÈVE (Roger, Eugène, Ferdinand)

Né le 7 juin 1897 à Mézières-en-Brenne (Indre)

Décédé le 27 septembre 1983 à Tours (Indre-et-Loire)

Député de l'Indre de 1951 à 1958

Roger Morève est le fils d'Eugène Morève, agent général d'assurance, maire durant trente et une années de sa commune natale, Mézières-en-Brenne et conseiller d'arrondissement. Sa mère, Anathalie Segret était d'origine tourangelle et italienne. Il suit des études secondaires aux lycées de Châteauroux puis de Tours, jusqu'à sa mobilisation en 1916. A l'issue du conflit, il travaille comme agent général d'assurance puis comme commerçant, négociant en grains et farines. Il se marie, le 30 janvier 1928, avec Thérèse Moreau, avec laquelle il a deux enfants.

En 1939, à la suite du décès de son père, Roger Morève déjà conseiller municipal, lui succède à la mairie de Mézières-en-Brenne. Membre du parti radical et radical socialiste, le plus puissant du département durant l'entre-deux-guerres, il conserve la mairie jusqu'aux municipales de 1971, hormis la fin de la seconde guerre mondiale.

Durant l'Occupation, Roger Morève appartient à l'Armée secrète sous les pseudonymes de Verneuil et de Morin. Le 7 juin 1944, il est arrêté par la Gestapo. Interné à Limoges, il s'évade dans la confusion générale et prend le maquis. Après le conflit, il appartient au comité départemental de Libération. Reconduit aux fonctions de maire de sa commune en avril 1945, Morève est élu conseiller général du canton de Mézières-en-Brenne en septembre suivant. Il siège à l'Assemblée départementale jusqu'en 1973. Très actif sur le terrain local, il assume durant ce long mandat, les fonctions de président du syndicat d'électrification du Buzançais et du syndicat d'assainissement et de mise en valeur de la Brenne. Dans ses professions de foi, il se présente parfois comme agriculteur.

Roger Morève connaît trois échecs aux législatives. Pour l'élection à la première Assemblée constituante le 21 octobre 1945, il figure en deuxième position de la liste radicale-socialiste conduite par Edouard Ramonet. Handicapée par une liste dissidente conduite par le sénateur Paul Bénazet, ancien président de la fédération radicale, elle recueille 18 957 suffrages sur 171 331 inscrits et 124 209 exprimés. Ramonet est le dernier élu du département, à la plus forte moyenne : les autres sièges étant gagnés par les trois grands partis (PCF, SFIO, MRP). Morève figure à la même place pour les élections à la deuxième constituante, le 2 juin 1946, et pour la première législature de la IVe République, sous l'étiquette RGR. En l'absence de liste dissidente, en juin 1946, Ramonet est élu au quotient (avec 33 914 suffrages en moyenne). Mais ces progrès ne sont pas suffisants encore pour permettre à Morève d'entrer au Palais Bourbon. En novembre, les radicaux de l'Indre font campagne contre la nouvelle Constitution, contre le dirigisme économique et pour le scrutin d'arrondissement. Ils critiquent par ailleurs les nationalisations et la gabegie de la sécurité sociale. La liste radicale recule, avec 22 177 voix, du fait de la présence d'une « liste d'action républicain et d'Union gaulliste » conduite par le général François d'Astier de la Vigerie qui obtient 13 266 suffrages.

Le 17 juin 1951, la liste radicale et radicale socialiste (RGR), qui appelle à « réparer les erreurs commises depuis la démagogie de 1945 », s'apparente aux listes de la SFIO, du MRP, du rassemblement des groupes Républicains et indépendants français et à la liste d'Union des Indépendants, des Paysans et des Républicains nationaux. L'apparentement remporte la majorité des voix, permettant aux radicaux d'obtenir trois sièges sur quatre avec 25,7 % des voix, pour Ramonet, Morène et André Chabenat. Morève compte personnellement 31463 suffrages sur 159 425 inscrits et 121 194 exprimés. Il est nommé dans trois Commissions : les affaires économiques, où il reste trois années du 17 juillet 1951 à 1954 ; la Commission des pensions, où il siège du 28 août 1951 jusqu'à la fin de la législature ; la Commission des moyens de communication et du tourisme, du 20 juillet 1954 à la fin de la législature. Le nouveau député qui est entré à cinquante quatre ans au Palais-Bourbon pose pour la première fois à la tribune une question orale le 14 décembre 1951, à propos des prix du blé. Il intervient encore cinq fois, sur la loi de finances, les dépenses du ministère des travaux publics et sur les comptes spéciaux du Trésor.

Morève, membre du groupe radical ne suit pas toujours dans ses choix politiques la majorité des membres de son groupe. Il vote contre les allocations scolaires pour les usagers de l'enseignement privé (loi Barangé) le 28 septembre 1951. Il approuve les grandes initiatives de construction de l'Europe dans un premier temps - vote pour le pool charbon-acier, le 13 décembre 1951 et pour l'armée européenne en 1952 -, mais, après avoir contribué finalement au rejet de la CED en votant la question préalable opposée par le général Aumeran le 30 août 1954, il s'oppose à la ratification des Accords de Londres en décembre suivant. Il approuve l'investiture des gouvernements Edgar Faure, Pinay, Laniel. Mais, avec Edouard Daladier, il contribue à la chute du cabinet Faure en février 1952. Le 27 octobre 1953, puis le 9 mars 1954, il est du petit groupe d'élus radicaux qui se prononcent contre la politique indochinoise du gouvernement Laniel et pour le cessez le feu et lui refusent ensuite la confiance après Dien Bien Phu, contribuant enfin à sa chute le 12 juin. Il vote ensuite l'investiture de Pierre Mendès France, approuve les accords de Genève et le soutien jusqu'à sa chute le 4 février 1955. Puis, il accorde l'investiture à son successeur Edgar Faure, accepte de voter l'état d'urgence en Algérie le mois suivant et, lors du scrutin de confiance, qui entraîne la chute d'Edgar Faure le 29 novembre 1955, il ne prend pas part au vote.

Le 2 janvier 1956, toujours second de Ramonet, Roger Morève, mène campagne pour la réforme de la Constitution et pour le maintien de la présence française en Afrique du Nord. Les électeurs berrichons le réélisent comme député de l'Indre, avec 31 303 suffrages sur 127 787 exprimés, grâce à l'apparentement conclu avec la SFIO et les Républicains sociaux. Ramonet est désigné secrétaire de l'Assemblée nationale le 10 février suivant, après avoir été nommé membre de la Commission de l'agriculture le 31 janvier. L'année suivante, il est reconduit à cette Commission, où il est nommé secrétaire, et pénètre aussi à la Commission des affaires économiques. Il dépose une proposition de loi relative aux pensions des veuves bénéficiaires du régime de l'assurance vieillesse et dépose plusieurs rapports pour la Commission de l'agriculture. Ses interventions à la tribune portent essentiellement sur les questions agricoles et sur l'électrification du monde rural. Le 27 février 1958, il obtient un congé de l'Assemblée.

Roger Morève contribue à l'investiture du gouvernement Mollet et le 31 janvier 1956, lui accorde les pouvoirs spéciaux le 12 mars, le soutient sur sa politique à Suez et vote pour lui dans le scrutin qui entraîne sa chute le 21 mai 1957. Il vote ensuite pour le gouvernement Bourgès-Maunoury et Gaillard, approuve les accords sur la Communauté économique européenne, renouvelle les pouvoirs spéciaux sur l'Algérie. Mais lors du vote sur les « Bons offices », il contribue à la chute du cabinet Gaillard le 15 avril 1958. Après avoir voté l'investiture de Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, il approuve l'état d'urgence. Le 1er juin 1958, il vote la confiance au gouvernement du général de Gaulle, lui accorde les pleins pouvoirs le lendemain et approuve la révision constitutionnelle.

Battu aux législatives de novembre 1958, dans la troisième circonscription de l'Indre, Roger Morève est élu sénateur l'année suivante et poursuit ainsi sa carrière parlementaire sous la Ve République. Décoré comme combattant volontaire de la Résistance, il a été fait chevalier de la Légion l'honneur en 1948.

Ve République

MOREVE (Roger, Eugène, Ferdinand)

Né le 7 juin 1897 à Mézières-en-Brenne (Indre)

Décédé le 27 septembre 1983 à Tours (Indre-et-Loire)

Député de l'Indre de 1951 à 1958

Sénateur de l'Indre de 1959 à 1971

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome V, p. 480-481)

Député sortant, Roger Morève obtient 21% des suffrages exprimés au 1er tour des élections législatives dans la 3ème circonscription de l'Indre, le 23 novembre 1958. Il est devancé par le candidat du Centre national des indépendants (CNI) Jean Bénard-Mousseaux (27,8%) et le sortant communiste Georges Pirot (25,2%). Roger Morève n'arrive en tête que dans les cantons de Mézières-en-Brenne (44,8% des suffrages exprimés) et de Tournon-Saint-Martin (30,9%). Il ne maintient pas sa candidature au 2e tour et laisse Jean Bénard-Mousseaux l'emporter dans une triangulaire. Roger Morève est en revanche confirmé dans ses fonctions de maire de Mézières-en-Brenne en mars 1959. Il préside en outre le syndicat d'électrification du Buzançais. Il souhaite renouer avec une activité parlementaire et se présente aux sénatoriales du 26 avril 1959 dans l'Indre, en candidat de « Rassemblement républicain ». Dans sa profession de foi, l'ancien député prend position en faveur d'une amélioration des conditions de vie des exploitants agricoles. Cet objectif passe notamment, selon lui, par une politique d'« organisation des marchés » et de « généralisation des prix d'objectifs ». Il plaide également en faveur du « maintien de la présence française » en Algérie. D'autres anciens parlementaires sollicitent les suffrages des grands électeurs de l'Indre ce 26 avril 1959, comme Jules Castellani, élu de Madagascar jusqu'à l'année précédente, l'ancien député communiste Georges Pirot ou Anatole Ferrant, qui appartint à la Haute assemblée sous l'étiquette de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO). Au premier tour de scrutin, le président du Conseil général Vincent Rotinat est réélu sénateur de l'Indre avec 387 voix sur 716. Il devance Roger Morève (237 suffrages) et le socialiste Anatole Ferrant (177 voix). Lors du scrutin décisif, l'appui de 304 grands électeurs sur 719 permet à Roger Morève de rejoindre la Haute assemblée. Ses deux concurrents du second tour, Anatole Ferrant et le candidat du Centre national des indépendants (CNI) Guy Rochette, recueillent respectivement 251 et 163 voix.

Roger Morève s'inscrit au groupe de la Gauche démocratique du Sénat. Au Palais du Luxembourg, il siège à la commission des affaires sociales de mai à octobre 1959, puis à la commission des affaires économiques et du Plan jusqu'à l'automne 1960. Il rejoint à cette date la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Il travaille au sein de cette commission permanente pendant onze années consécutives. Roger Morève est secrétaire du Sénat en 1960-1961.

Très attaché au parlementarisme, comme ses collègues du groupe de la Gauche démocratique, il s'étonne puis s'indigne de l'attitude du Gouvernement à l'égard de la Haute assemblée. Alors que Marcel Prélot avait cru pouvoir parler d'une « République sénatoriale » à propos des institutions de la Ve République, on observe en effet que, dès 1959, les membres du cabinet Debré ne sont plus systématiquement présents au Palais du Luxembourg lors de la discussion de projets de lois qui concernent leur département ministériel. Le 8 décembre 1959, Roger Morève s'étonne d'abord que le budget de l'Education nationale soit « voté sans ministre », avant d'intervenir dans le même sens lors du débat suivant, sur la subvention du ministère des Affaires étrangères à l'association « Le Monde bilingue ». Alors que le socialiste Gaston Defferre conteste l'opportunité du maintien de cette aide publique, Roger Morève s'adresse au président du Sénat Gaston Monnerville pour lui demander « si un article de la Constitution prévoit » que la séance doit être suspendue « lorsque, au moment de la discussion et du vote d'un budget, le ministre intéressé n'assiste pas aux débats ».

Le sénateur de l'Indre, qui est réélu dès le premier tour lors des élections sénatoriales du 23 septembre 1962, prend la parole à 10 reprises dans l'hémicycle du Sénat entre 1960 et 1971. Il n'y prononce le plus souvent que quelques phrases brèves afin d'attirer l'attention du Gouvernement sur les difficultés de son département, ou des collectivités locales en général. Le débat sur le budget des travaux publics et des transports pour 1963 lui donne ainsi l'occasion de dénoncer la suppression d'une ligne de chemin de fer qui reliait la région de la Brenne, où il est implanté, à la petite ville de Lapalisse dans l'Allier (séance publique du 10 novembre 1963). Très soucieux du respect des libertés locales, Roger Morève s'alarme de la dégradation des finances des mairies et des conseils généraux dans les années 1960 et en attribue la responsabilité à l'Etat. Le 28 avril 1964, il s'étonne ainsi que les Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (SAFER) demandent des crédits aux conseils généraux. Cet exemple montre, selon lui, que les collectivités locales aussi « viennent en aide à l'Etat » (séance du 28 avril 1964). Le 16 novembre 1966, Roger Morève regrette que les collectivités locales se trouvent amenées à financer la construction des casernements. L'ancien résistant fait également entendre sa voix dans la discussion du budget des anciens combattants et victimes de guerre, le 17 novembre 1967.

Il accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement de Michel Debré pour ramener l'ordre en Algérie après la semaine des barricades (3 février 1960), approuve la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965) comme la légalisation de la contraception médicamenteuse (5 décembre 1967).

Réélu conseiller général de Mézières-en-Brenne en septembre 1967, Roger Morève renonce en revanche à son mandat édilitaire en 1971. Il sollicite le renouvellement de son mandat sénatorial le 26 septembre 1971. Largement devancé dès le premier tour de scrutin, il ne rassemble que 60 voix sur 688 lors du scrutin décisif. Le maire de Buzançais Jean Bénard-Mousseaux et le maire de Chasseneuil René Touzet, remplacent Vincent Rotinat et Roger Morève au Sénat à partir de 1971. L'échec de l'ancien maire de Mézières-en-Brenne témoigne du déclin du radicalisme dans l'Indre, alors que le département avait figuré longtemps au nombre des zones de force de cette famille politique.

L'avocat inlassable de la Brenne et de son désenclavement quitte la vie publique en même temps que son siège au Conseil général de l'Indre, en 1973. Roger Morève meurt dix ans plus tard. Un quotidien de la presse régionale salue alors la mémoire d'un « défenseur inlassable de toutes les libertés ». Le même titre rappelle que l'ancien sénateur « souhaitait voir l'avènement d'un radicalisme indépendant des mouvements [...] de droite et de gauche pour constituer une troisième force ».

L'action de Roger Morève dans la Résistance lui avait valu d'être décoré de la Légion d'honneur.

Elu le 26 avril 1959
Réélu le 23 septembre 1962
Fin de mandat le 1er octobre 1971 (ne se représente pas)

Secrétaire du Sénat

Député

Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Roger MOREVE

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