AUDITIONS DU 18 FEVRIER 1997

MISSION COMMUNE D'INFORMATION

SUR L'ENTRÉE DANS LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION


Mardi 18 février 1997 - Présidence de M. Pierre Laffitte, président.

La mission a procédé à l'audition de M. Jean-Marie Rausch, sénateur.

M. Jean-Marie Rausch a tout d'abord souligné l'importance du thème des communications dans la ville. En tant que maire de grande ville, il a fait part de l'importance du lien existant entre l'évolution de la société et l'évolution de la ville. Il a constaté qu'après le passage de la société agricole à la société industrielle, la France connaissait le passage de la société industrielle à la société de la communication. A cet égard, il a considéré que les grandes villes ne pouvaient se désintéresser du développement des formes immatérielles de la richesse et que de la même façon dont elles s'étaient préoccupées du développement des infrastructures routières et aéroportuaires, elles devaient favoriser l'essor du "transport de l'information". Considérant que parmi les principales préoccupations des maires de grandes villes figurait le développement économique, M. Jean-Marie Rausch a souligné la forte responsabilité des élus locaux dans la promotion des nouvelles technologies de l'information. Il a indiqué que de nombreuses activités avaient un grand besoin de moyens de liaisons rapides autorisant la transmission d'informations de plus en plus denses, les villes devant, par conséquent, se "placer" sur ces nouveaux axes de communication pour attirer les entreprises. M. Jean-Marie Rausch a par ailleurs souligné, qu'au-delà des infrastructures, il convenait aussi de s'intéresser aux "contenus" diffusés sur les réseaux de communication. A cet égard, il a rappelé sa vision libérale du rôle des villes dans ce domaine, estimant que celles-ci n'avaient pas à se substituer aux agents privés dans la mesure où une telle intervention fausserait le jeu de la concurrence. En revanche, il a admis qu'en cas de carence de l'initiative privée, une ville puisse intervenir dans le domaine des services à valeur ajoutée. Poursuivant sa réflexion, M. Jean-Marie Rausch s'est interrogé sur l'intérêt des grandes villes à développer leur action au-delà des serveurs minitel ou des serveurs d'information purement municipale. Dans cet esprit, il a signalé les diverses possibilités offertes en matière de télévision locale interactive, de télévision à la carte, de "télémarketing", de télésurveillance ou encore de gestion informatisée des parcs de stationnement. S'agissant de la diffusion d'informations municipales sur le "web", M. Jean-Marie Rausch s'est inquiété de la concurrence que risquait de constituer la diffusion d'informations relatives à l'état-civil par rapport à la rubrique "carnet du jour" de la presse locale. Par ailleurs, il a fait remarquer l'intérêt de serveurs contenant la liste des entreprises et permettant de favoriser la recherche d'emplois au moyen de formulaires électroniques destinés à permettre l'établissement de curriculum vitae "actifs", comportant du texte ainsi que des photos, voire des séquences vidéo. M. Jean-Marie Rausch a ensuite procédé à l'analyse des économies de fonctionnement pouvant résulter pour les villes de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information. A cet égard, il a souligné l'intérêt de l'utilisation du câble pour l'ensemble des télécommunications internes des services de la mairie. Par ailleurs, il a insisté sur les économies résultant de l'accès de l'ensemble des écoles à Internet au moyen du réseau câblé de la ville en raison de l'absence de tarification à la durée. Il a précisé que ces accès à coût forfaitaire pourraient être progressivement étendus aux entreprises et à l'ensemble des citoyens.

M. Pierre Laffitte, président, s'est interrogé sur le développement de points de diffusion de ces nouvelles technologies auprès du public. M. Jean-Marie Rausch a répondu que, pour l'instant, un serveur minitel permettait un accès du public à la location de produits audiovisuels auprès de la bibliothèque municipale. Il a indiqué que la ville comptait sur le développement des accès à son site Internet. S'agissant de l'utilisation des nouvelles technologies par les services de la ville, M. Pierre Laffitte, président, a souhaité connaître les problèmes posés en matière de formation des agents municipaux.

Sur ce point, M. Jean-Marie Rausch a indiqué qu'après une phase d'initiation difficile, le personnel de la ville s'était pleinement adapté à la micro-informatique et que la formation était très largement conduite "en interne". M. Jean-Marie Rausch a cependant souligné le dérapage financier que pouvait entraîner la mise à niveau permanente du matériel et des logiciels.

M. Pierre Laffitte, président, tout en approuvant la volonté de lutter contre une fuite en avant en matière de bureautique, a insisté sur l'intérêt d'utiliser les nouvelles technologies de l'information dans des domaines tels que la télémédecine. Sur ce point, M. Jean-Marie Rausch a répondu qu'une liaison spécifique avait été établie entre le centre hospitalier régional (CHR) de Metz et le centre hospitalier universitaire (CHU) de Nancy, et qu'une liaison avec des hôpitaux d'Atlanta était en cours d'étude.

En conclusion, M. Jean-Marie Rausch a insisté sur le fait que la réflexion au sujet des nouvelles technologies de l'information devrait à l'avenir porter beaucoup plus sur les "contenus" que sur les "contenants".