M. Pierre-Paul LEONELLI, maire adjoint délégué à la propreté de la ville de Nice, vice-président délégué à la propreté, à la collecte et au traitement des déchets à la Communauté urbaine Nice Côte d'Azur

Bonjour. Je voudrais avant tout remercier les organisateurs de ce colloque franco-japonais d'avoir invité Nice Côte d'Azur, une communauté urbaine qui a vu le jour le 1 er janvier 2009. Cette communauté urbaine est présidée par Christian Estrosi, également ministre de l'Industrie, ce qui n'est pas anodin. Il est certain qu'en matière de traitement et de recyclage des déchets, nous avons un important travail à entreprendre. C'est ce que je m'efforcerai de vous présenter.

La communauté urbaine Nice Côte d'Azur représente 525 423 habitants. 7 ème communauté de France, elle regroupe 27 communes. La particularité de cette communauté urbaine tient dans le fait que Nice Côte d'Azur constitue le 2 ème site touristique après la capitale et accueille environ 4 millions de touristes tous les ans, sur plusieurs périodes de l'année et pas seulement l'été. Quant à ma délégation, elle concerne la collecte, le traitement et la valorisation des déchets, et plus particulièrement les ordures ménagères et assimilées. Notre collecte a été récompensée au niveau national par un prix territorial et nous possédons une certification ISO 9001 et une certification ISO 14 001 est en cours, qui permettra de mettre en oeuvre une intervention en termes de management. Cette délégation représente 375 agents en régie communautaire, employés territoriaux. Elle gère 4 centres opérationnels, 9 déchetteries et une unité de valorisation énergétique déployée sur un quartier de Nice. 31 % des déchets sont collectés en régie et 69 % par des prestataires privés. 600 agents au total et 200 véhicules collectent donc chaque jour les ordures ménagères et assimilées. 338 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés ont été collectées en 2008. Le gisement d'ordures ménagères résiduel a baisse de 8 % depuis 2005. Je suis élu avec Christian Estrosi à Nice Côte d'Azur depuis 2008. L'équipe qui nous a précédés avait donc engagé les démarches et une impulsion forte du président de Nice Côte d'Azur a permis à la communauté de devenir plus exemplaire en la matière. J'écoutais les expériences de mes collègues japonais et français. Pour avoir vu les expériences lancées dans l'est de la France et dans le sud-ouest, nous nous trouvons dans une région avantagée, avec 300 jours de soleil par an, mais nous ne sommes pas les leaders en la matière et nous souhaitons progresser. Ainsi, depuis 2005, nous sommes passés de 236 000 à 218 000 tonnes de déchets, démontrant l'effort considérable de notre collectivité.

338 000 tonnes de déchets ménagers et assimilés sont traitées, valorisées et recyclées. Il est évident que ce recyclage est très important car il permettra, si nous parvenons à mener une politique de recyclage, de diminuer le volume d'incinération. La problématique qui émerge aujourd'hui repose en effet sur le traitement des déchets et la façon de les revaloriser. Nice possède une usine d'incinération. Ce mode de traitement ne représente pas forcément la méthode la plus encouragée bien que le Grenelle de l'environnement ait reconnu que l'incinération pouvait être utilisée. Notre volonté vise à faire en sorte que les concitoyens de Nice Côte d'Azur trient plus souvent et dans les meilleures conditions possibles, de manière à ce que nous n'apportions plus à l'usine d'incinération que les déchets résiduels. Cette usine opère une revalorisation énergétique intéressante puisqu'elle permet de produire 53 000 mégawatheures d'électricité et 122 000 mégawatheures d'énergie thermique. Le fait qu'elle soit située à côté d'un quartier présentant une urbanisation individuelle et collective implique une certaine économie. A cet égard, nous avons mis en place, tous les deux mois, sous la présidence du Préfet, une commission locale d'information et de surveillance car, vous le savez bien, l'incinération entraîne toujours des répercussions qui peuvent être mal ressenties par les populations, bien que cette usine existe depuis 1930 et que les populations n'aient pas hésité, à l'époque, à venir s'installer à proximité et à construire leurs habitations tant individuelles que collectives.

Depuis 2005, une évolution des performances par habitant a été constatée, plutôt encourageante pour l'avenir. Nous ne sommes pas forcément les meilleurs élèves en la matière mais nous avons progressé dans la collecte du verre, avec une augmentation de 2 kilogrammes par habitant du poids des produits collectés. Dernièrement, nous avons rencontré la Chambre syndicale du verre afin de sensibiliser les restaurateurs, les boîtes de nuit, les établissements de nuit, les plages privées et tous ceux qui génèrent du verre en dehors des ménages en vue d'améliorer la collecte de cette matière. Il en est de même avec le papier, où une augmentation de la collecte de 3 kilogrammes par habitant a été enregistrée. Nous avons passé un contrat avec Ecofolio et édicté en commun une charte afin d'organiser une collecte dans les administrations. Il est en effet normal que les maires, élus et administrations montrent l'exemple en la matière. Si l'emballage a augmenté d'un kilogramme par habitant, nous nous sommes améliorés pour la collecte des ordures ménagères, qui a diminué de 53 kilogrammes par habitant en 2008.

Les objectifs nationaux doivent être déclinés au niveau local. La loi du 3 août 2009 issue du Grenelle de l'Environnement nous a montré la voie à suivre. Non seulement cette démarche a le mérite d'exister mais surtout elle a fait appel à des acteurs qui n'étaient pas habitués à se regrouper pour réfléchir ensemble à l'enjeu du développement durable, qui comporte la question des déchets puisque nous sommes dans une société de consommation et que chacun d'entre nous consomme des produits avec des emballages en plastique qu'il convient de tenter d'éliminer.

En France, l'organisation sur le traitement des déchets comprend trois étapes dans les collectivités territoriales. L'Etat adopte la loi et donne les directives à suivre. Le département planifie ensuite cette organisation d'élimination des déchets. Ce matin, avec Madame Raeser, la directrice de la collecte, nous étions réunis à Nice, au Conseil général pour approuver le plan départemental. Enfin, les établissements publics, les collectivités territoriales, sont chargées de la collecte, du traitement voire du recyclage des déchets. Ces précisions s'avèrent importantes car si les différents acteurs ne s'accordent pas, des difficultés se présenteront. Nous avons pu progresser dans ce domaine aujourd'hui.

Quant à la collecte des papiers et cartons - les commerçants produisent des cartons d'emballage différents de ceux produits par les ménages - la communauté urbaine de Nice Côte d'Azur a mis en place une collecte spécifique, le carton pouvant être recyclé et produire de nouveaux objets.

Le Grenelle de l'Environnement nous a également permis de réduire la production des ordures ménagères et assimilées. Les élus, les administrations, les acteurs ont réalisé un effort considérable car ils se sont rendu compte de la nécessité d'une telle réduction. Le plan départemental d'élimination des déchets contribue justement à trouver des solutions avec les acteurs que sont les élus et faire en sorte de faciliter le traitement de ces déchets, leur recyclage et la stabilisation de la production des encombrants notamment, puisqu'aujourd'hui, sur la communauté urbaine de Nice, nous collectons les encombrants en porte à porte, sur rendez-vous, et nous avons constaté que, de plus en plus, nos concitoyens n'hésitent pas à mettre leurs encombrants sur le trottoir. Aujourd'hui, si nous constatons d'importants efforts en recyclage matière et organique, il est évident que nous allons devoir atteindre, dans le cadre du Grenelle, un pourcentage de 35 % en 2012 et de 45 % en 2015. Cela ne va pas forcément de soi, comme l'a indiqué un intervenant japonais. Le Premier ministre japonais a fixé des objectifs ambitieux. Nous avons fait de même mais nous allons nous donner les moyens de les tenir.

Si nous voulons augmenter le tri, il faut augmenter la valorisation du verre à 35 kilogrammes par habitant et par an, celle du papier à 30 kilogrammes et celle des emballages à 20 kilogrammes d'ici 2015. Il faut également augmenter la valorisation de la matière organique, les déchets verts, avec 46 kilogrammes par habitant et par an d'ici 2015. Sur la Côte d'Azur, nous avons mis en place un dispositif pour transformer les déchets verts en compost. Organiser des collectes sélectives lors des manifestations et festivals, nombreux sur notre communauté, à l'instar du Carnaval qui démarre dans 15 jours à Nice, n'est pas une mince affaire. Ce carnaval aura pour thème, cette année, la planète bleue et un char dédié au tri sélectif défilera. Pour augmenter le tri, nous avons également mis l'accent sur la restauration collective des cantines scolaires et d'entreprises ou le marché d'intérêt national. Cet important gisement peut en effet nous permettre d'augmenter notre rendement.

Nous avons également mis au point un projet de réhabilitation et de réaménagement de l'usine de valorisation, Ecoparc. Nous souhaitons en faire une unité de valorisation énergétique high tech, à l'instar de celle qui a été construite à Issy-les-Moulineaux, qui devra s'accompagner d'un centre de tri. Nous nous engageons dans une démarche d'innovation et d'amélioration en installant une unité de tri-compostage qui nous sera livrée en 2011 et sera située sur la plaine du Var, avec un accompagnement écologique qui se traduira notamment par la construction d'une centrale photovoltaïque de 2 950 m² et une production d'eau chaude sanitaire solaire grâce à 60 m² de panneaux.

Pour réduire les déchets à la source, il n'existe que peu de solutions. Aujourd'hui, pour le compostage nous procédons à un échange temps-implication. Dans certaines collectivités, le composteur est vendu alors que notre communauté l'offre aux populations. En contrepartie, ces dernières doivent suivre une heure d'échanges et de formation. Nous menons également des démarches en matière d'équipements électriques et électroménagers et nous travaillons avec nos partenaires des écosystèmes qui, j'ignore si cela est le cas au Japon, nous incitent à lancer des actions de ce type et les financent. Nous portons aussi tous nos efforts sur la récupération du papier, en installant des corbeilles bleues dans les administrations et des colonnes pour récupérer journaux et papiers dans les espaces publics. Nous avons mis en place un projet, en collaboration avec l'Inspection académique Nice Côte d'Azur, envers les scolaires car nous croyons beaucoup au vecteur des enfants pour tenter de convaincre leurs parents de trier davantage et mieux pour brûler moins.

Une série de dispositifs, containers enterrés pour collecter les ordures ménagères ou colonnes aériennes pour collecter le verre, a été mise en place et nous élaborons aujourd'hui un projet d'éco-quartier dans le nouveau quartier Nice Méridia, sur la plaine du Var, avec institution d'un système de collecte pneumatique. J'ai visité récemment la ville de Barcelone afin de vérifier l'usage de ces dispositifs contemporains et très propres.

Afin de trier plus et de permettre à nos populations d'acquérir ce geste citoyen, il ne faut pas hésiter à communiquer et à informer nos concitoyens inlassablement, tous les jours, par des spots sur les radios locales, les panneaux d'affichages publics, par voie de presse. Nous avons inventé le code de la rue, qui comporte un récapitulatif de tous les gestes indispensables pour améliorer le tri et protéger notre environnement. Sur Nice, nous avons fait preuve d'un grand dynamisme en la matière. Dernièrement, nous avons passé une convention avec Tetra Pak et WWF et je pense que l'accumulation de toutes ses actions permettra de transformer le tri en un geste naturel et quotidien. Enfin, il est certain que le développement durable engendre un coût. Il représente en effet en 2008 77 millions d'euros en investissements et 72 millions pour le fonctionnement, pour un coût par habitant de 117 euros par an. Pour autant, ces dépenses sont nécessaires. La réduction des émissions de gaz à effet de serre a été évoquée précédemment. Par la volonté de Christian Estrosi, vous pouvez désormais vous déplacer dans tout le département pour un euro. Cela représente un moyen de diminuer le CO 2 , en favorisant les transports par tramway, car, train. Nous avons lancé des négociations avec la région pour étendre cette action à tout le territoire. Tous nos partenaires, dont Ecofolio, Eco-emballages, Ecosystème, nous aident à atteindre tous ces objectifs.

Pour conclure, je rappellerai que l'Europe ne détient pas de matières premières mais, grâce au recyclage, peut disposer de matières premières secondaires. Il convient de continuer à travailler sur ce sujet. Merci.

M. Bruno LEPRAT

Isabelle Raeser, le problème des déchets représentait-il véritablement un handicap pour la destination Nice Côte d'Azur ?

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