Risque de submersion marine (Suite)

Mme la présidente.  - Nous reprenons la discussion de la proposition de loi tendant à assurer une gestion effective du risque de submersion marine.

Discussion générale (Suite)

Mme Nicole Bonnefoy.  - Un an après la tempête Xynthia, les plaies ne sont pas encore cicatrisées.

L'accélération des catastrophes naturelles impose de revoir notre politique en ce domaine. Leur coût total avoisinerait les 30 milliards d'euros depuis 2001.

Selon l'adage, c'est de nos échecs que nous apprenons le plus. Nous devons donc faire preuve d'humilité : même armés des technologies les plus avancées, nous ne dominons pas la nature.

Les textes d'aujourd'hui prolongent la réflexion engagée par la commission sénatoriale. Sur place, nous avons constaté l'ampleur des dégâts, avant de découvrir avec stupéfaction combien l'urbanisme faisait fi des risques encourus. Au moins, la tempête Xynthia aura mis au jour les défaillances.

Outre une modification législative, nous devons réussir une révolution dans la prise en compte de risques naturels.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Absolument.

Mme Nicole Bonnefoy.  - La responsabilité est collective ; je regrette que certains aient rejeté la faute sur les élus locaux, occultant la responsabilité de l'État et de l'administration. Si faute exclusive il devait y avoir, ce serait celle du diktat de l'argent et de la pression foncière, conduisant à des décisions précipitées suivies, après la catastrophe, d'improvisations tout aussi regrettables, comme celle qui a conduit, dans un premier temps, à la définition de « zones noires ».

Comme législateurs, nous devons mettre en place une politique d'anticipation.

Grâce à la proposition de loi, aménagement du territoire et gestion du risque ne seront plus disjoints. Sur 900 communes du littoral, seules 5 % disposaient d'un PPR ! Désormais, leurs prescriptions s'imposeront aux PLU. Je me félicite de l'appui apporté aux maires par l'administration d'État.

Le deuxième objectif du texte consiste à sensibiliser le public, grâce notamment à une journée nationale. D'autre part, les préfets communiquent tous les trois ans aux maires la liste des dangers menaçant les communes.

Pour avancer dans la bonne voie, nous avons besoin d'une conscience du risque.

Sans mettre en cause l'esprit du texte, les amendements de notre groupe tendent à l'améliorer, pour aboutir à un vote unanime. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

La discussion générale est close.

Discussion des articles

Article premier

Mme la présidente.  - Amendement n°11, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 4

Compléter cet alinéa par les mots :

ainsi que leurs effets cumulés

M. Roland Courteau.  - Cet article propose que les PPRI des communes littorales traitent simultanément mais de façon spécifique les risques de crues et les risques littoraux, dont les submersions marines.

Les auteurs de cet amendement estiment qu'il est nécessaire que ces plans traitent aussi les effets cumulés de ces risques d'inondation dans les communes littorales.

En effet, la conjonction d'une crue fluviale et d'un niveau de la mer exceptionnellement élevé en raison de forts coefficients de marée ou de tempête peut provoquer une inondation bien plus importante que prévu.

Il importe de croiser les données pour les communes d'estuaire, car les eaux de crue pourraient être repoussées loin dans les terres.

L'amendement n°11, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°12 rectifié, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 5

Supprimer cet alinéa.

M. Roland Courteau.  - La commission propose de renvoyer l'entretien des digues « à un décret », sans autre précision. Les derniers alinéas de l'article L. 562 du code de l'environnement sur les PPRNM prévoient que des décrets en Conseil d'État devront définir en tant que de besoin les modalités de qualification des aléas et des risques, les règles générales d'interdiction, de limitation et d'encadrement des constructions, de prescriptions de travaux de réduction de la vulnérabilité ainsi que d'information des populations, dans les zones exposées aux risques définies par les PPRNM. Un autre décret serait donc nécessaire.

Les auteurs de cet amendement estiment que la prise en compte de ces ouvrages risque de conforter l'illusion de sécurité créée par les digues et limiter la culture du risque.

Nous proposons d'entériner le principe dit de « transparence des digues » conduisant à considérer comme inondables les surfaces qui seraient atteintes par les eaux si les digues venaient à être rompues ou submergées.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La première rédaction n'était guère compatible avec la directive européenne. La version rectifiée que vous présentez aujourd'hui est pertinente.

L'amendement n°12 rectifié, accepté par le Gouvernement, est adopté.

L'article premier modifié est adopté.

L'article 2 est adopté.

Article additionnel

Mme la présidente.  - Amendement n°26, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après le chapitre VI du titre VI du livre V du code de l'environnement, il est inséré une division ainsi rédigée :

« Chapitre VII

« Alerte aux tsunamis

« Art. L. 567-1.  -  L'organisation de la surveillance, de l'alerte et de la transmission de l'information sur les tsunamis est assurée par l'État et fait l'objet de règlements arrêtés par le préfet.

« Art L. 567-2.  -  Un décret en Conseil d'État précise les modalités de mise en oeuvre du présent chapitre. »

M. Roland Courteau.  - La France a pris conscience du risque de tsunami après celui qui a frappé Sumatra en décembre 2004.

Ce risque est universel sur le globe : au XXe siècle, 76 % des tsunamis ont eu lieu dans le Pacifique, 10 % en Méditerranée, 10 % en Atlantique et 4 % dans l'océan Indien. Pour la Méditerranée, 10 %, cela représente 80 tsunamis, dont celui de Messine, en 1908, qui fit 35 000 victimes !

On a longtemps cru que l'océan Indien était quasiment sûr. On sait ce qu'il en est ! En Méditerranée, c'est bien un tsunami qui a détruit, jadis, Alexandrie.

Bien des drames ont, de par le monde, cette cause identique.

L'article 44 de la loi du 3 août 2004 a créé un centre d'alerte au tsunami couvrant la zone allant des Açores à la Sicile.

J'insiste sur la différence entre la cause des tsunamis et celle des submersions marines. Le déroulement du phénomène lui-même est radicalement distinct. Surtout, les tsunamis ne sont pas prévisibles.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Comment s'opposer à ce tsunami d'arguments? (Sourires)

L'amendement est cohérent avec votre rapport rédigé pour l'Office parlementaire des choix scientifiques : avis favorable.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Même avis ; nous en sommes à 100 % d'amendements adoptés ! (Rires et exclamations)

L'amendement n°26 est adopté et devient un article additionnel.

Article 3

Mme la présidente.  - Amendement n°24, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Après l'alinéa 6

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...) Au début du dixième alinéa, il est inséré une phrase ainsi rédigée :

« Il retrace l'organisation de la chaîne d'alerte et d'intervention en cas d'occurrence d'un risque d'inondation ou d'un risque de tsunami, grâce, dans ce dernier cas au centre d'alerte aux tsunamis. » ;

M. Roland Courteau.  - Le dixième alinéa de l'article L. 566-7 du code de l'environnement sur les plans de gestion des risques d'inondation dispose que les plans Orsec soient intégrés dans les PGRI. Il convient toutefois que les PGRI retracent l'organisation de la chaîne d'alerte et d'intervention en cas d'occurrence d'un risque d'inondation ou d'un risque tsunami. Dans le cas d'un tsunami, le centre national d'alerte, qui devrait être mis en place en juillet 2012, devra être sollicité.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - L'amendement me semble satisfait, puisque les plans Orsec s'appliquent à toute inondation. Retrait ou rejet.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - L'amendement est effectivement satisfait. Retrait, pour en rester à 100 %... (Sourires)

M. Roland Courteau.  - Le tsunami est un phénomène très particulier, qui ne peut se confondre avec une inondation : il se caractérise par un retrait de la mer, suivi d'une vague dévastatrice, puis d'une forte aspiration vers le large.

M. Jean-Jacques Mirassou.  - Il a raison, c'est évident.

L'amendement n°24 n'est pas adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°13, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 8, première phrase

1° Remplacer le mot :

trois

par le mot :

deux

2° Après le mot :

fonctionnement

insérer les mots :

et de l'état

M. Roland Courteau.  - L'évaluation globale des ouvrages de défense contre les inondations et les submersions devrait avoir lieu tous les deux et non tous les trois ans.

L'érosion est permanente ; des événements fortuits peuvent l'accélérer, sans parler des dégâts des animaux : ne minimisons pas les risques. Il faut également prendre en compte la vétusté de l'ouvrage.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Favorable.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement est défavorable à la première partie de l'amendement : trois ans est un délai raisonnable. D'autant qu'il existe déjà un contrôle annuel des ouvrages les plus importants. Je suis, en revanche, favorable à la deuxième partie de l'amendement. Acceptez-vous de le rectifier ?

M. Roland Courteau.  - Je maintiens l'amendement, accepté en l'état par la commission.

Mme la présidente.  - Nous procéderons à un vote par division.

Le 1° de l'amendement est adopté, ainsi que le 2° ; l'amendement n°13 est adopté.

L'article 3, modifié, est adopté.

Article additionnel

Mme la présidente.  - Amendement n°27, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Après l'article 3, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - Au quatrième alinéa (2°) de l'article L. 122-3 du code de l'environnement, après les mots : « effets du projet sur l'environnement », sont insérés les mots : « , sur la gestion des risques naturels majeurs ».

II. - Au cinquième alinéa (3°) de l'article L. 566-7 du code de l'environnement, après les mots : « cohérence du territoire », sont insérés les mots : « et des projets d'infrastructures de transport ».

M. Roland Courteau.  - Ce texte répond à l'objectif de mise en cohérence des choix d'urbanisation avec la gestion des risques d'inondation, notamment de submersion marine. Toutefois, cette mise en cohérence devrait également viser les projets d'infrastructures de transport car des ouvrages et remblais pour des lignes à grande vitesse réalisés dans des zones inondables peuvent, par exemple, empêcher le libre écoulement des eaux.

L'étude d'impact environnemental doit porter sur l'environnement ou la santé humaine, mais aussi sur la gestion des risques naturels majeurs.

De même, dans le cadre des PGRI, les dispositions permettant de réduire la vulnérabilité des territoires face aux risques d'inondation doivent comprendre des mesures assurant la cohérence des projets d'infrastructures avec la gestion du risque d'inondation.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Sagesse. Sur de grandes infrastructures, il est logique de prendre en compte les effets des obstacles que constituent les routes ou les foies ferrées. Mais peut-être les dispositions de la loi sur l'eau y pourvoient ?

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - L'impact environnemental est déjà pris en compte. En revanche, le Gouvernement est favorable au II.

Mme la présidente.  - Je vais procéder à un vote par division.

Le I de l'amendement est adopté, ainsi que son II ; l'amendement n°27 est adopté et devient un article additionnel.

L'article 4 est adopté

Article 5

Mme la présidente.  - Amendement n°29, présenté par M. de Legge, au nom de la commission des lois.

I. - Alinéa 8

Remplacer cet alinéa par deux alinéas ainsi rédigés :

« Art. L. 123-1-10-1. - Dans un délai de six mois à compter de l'approbation du plan de prévention des risques naturels prévisibles visé à l'article L. 562-1 du code de l'environnement ou du plan de prévention des risques technologiques visé à l'article L. 515-15 du même code, l'établissement public de coopération intercommunale ou la commune fait connaître au préfet si il ou elle entend réviser ou modifier son plan local d'urbanisme afin de supprimer les dispositions contraires aux prescriptions des plans susvisés.

« À défaut de réponse dans ce délai ou en cas de désaccord entre le préfet et l'établissement public de coopération intercommunale ou la commune, le préfet peut engager et approuver, après avis de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale ou du conseil municipal, la révision ou la modification du plan local d'urbanisme. Il en est de même si l'intention exprimée par l'établissement public de coopération intercommunale ou la commune de procéder à la suppression des dispositions contraires aux prescriptions d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles ou d'un plan de prévention des risques technologiques n'est pas suivie, dans un délai d'un an à compter de l'approbation des plans précités, de la modification ou de la révision du plan local d'urbanisme. » ;

II. - Alinéa 15

Remplacer cet alinéa par deux alinéas ainsi rédigés :

« Art. L. 124-2-1. - Dans un délai de six mois à compter de l'approbation du plan de prévention des risques naturels prévisibles visé à l'article L. 562-1 du code de l'environnement ou du plan de prévention des risques technologiques visé à l'article L. 515-15 du même code, la commune fait connaître au préfet si elle entend modifier sa carte communale afin de supprimer les dispositions contraires aux prescriptions des plans susvisés.

« À défaut de réponse dans ce délai ou en cas de désaccord entre le préfet et la commune, le préfet peut engager et approuver, après avis du conseil municipal, la modification de la carte communale. Il en est de même si l'intention exprimée par la commune de procéder à la suppression des dispositions contraires aux prescriptions d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles ou d'un plan de prévention des risques technologiques n'est pas suivie, dans un délai d'un an à compter de l'approbation des plans précités, de la modification de la carte communale. »

III. - Alinéa 16

Après les mots :

présente loi,

rédiger ainsi la fin de cet alinéa :

les délais mentionnés aux paragraphes I et II courent à compter de cette entrée en vigueur.

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Nous voulons tous que le PPR et le PLU soient cohérents. Nous nous sommes ralliés à la position de la commission de l'économie, mais le texte prévoit un délai d'un an avant l'intervention du préfet. Pour replacer le gestionnaire au coeur du dispositif, il est souhaitable que l'autorité en charge de la gestion des sols prenne position afin de permettre au préfet de se déterminer plus tôt.

Mme la présidente.  - Amendement n°14, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 16

Après les mots :

paragraphes I et II

insérer les mots :

est réduit à six mois et

Mme Nicole Bonnefoy.  - L'expertise est au coeur de ce texte. La culture du risque fait défaut en France. L'inondation n'est envisagée que sous l'angle des crues. Même quand les PPRI existent, ils restent peu efficaces, puisqu'ils ne conduisent pas à réviser les documents d'urbanisme : il faut mettre fin à la dualité entre droit de l'urbanisme et droit de l'environnement.

Le délai de mise en conformité ici prévu dans une procédure simplifiée doit être réduit de un an à six mois.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Avis de sagesse sur l'amendement de la commission des lois ; défavorable à l'amendement n°14 : évitons, par souci de simplification, d'introduire des délais multiples.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Un PPRI est déjà opposable au PLU.

Le délai de mise en conformité du PLU peut être de six mois, uniquement si l'on est en modification simplifiée.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - C'est ce que nous proposons.

Certes, le PPRI est opposable, mais l'expérience montre qu'il ne suffit pas de l'annexer au PLU : il faut faire coïncider les cartes.

L'amendement n°29 est adopté.

Par conséquent, l'amendement n°14 n'a plus d'objet.

L'article 5, modifié, est adopté.

Articles additionnels

Mme la présidente.  - Amendement n°15 rectifié, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Après l'article 5, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le code de l'urbanisme est ainsi modifié :

1° Après le premier alinéa de l'article L. 146-2, il est inséré un alinéa ainsi rédigé : 

« - de la prévention des risques naturels ; »

2° L'article L. 146-4 est ainsi modifié : 

a) La seconde phrase du deuxième alinéa du I est complétée par les mots : « ou à aggraver l'exposition des populations aux risques naturels » ; 

b) Au dernière alinéa du III, après les mots : « lorsque des motifs liés », sont insérés les mots : « à la prévention des risques naturels, ».

M. Roland Courteau.  - Il s'agit ici de permettre l'utilisation des outils prévus par la loi Littoral dans une optique de prévention des risques naturels.

Ainsi, les capacités d'accueil des espaces urbanisés ou à urbaniser seront définies non seulement en fonction des objectifs actuellement fixés par le code -comme la garantie du libre accès au rivage pour le public ou la préservation des espaces naturels et fragiles- mais aussi en fonction de l'intensité et des caractéristiques des risques naturels. L'extension de l'urbanisation pourra être prohibée dans les zones à risque ; la « bande de 100 mètres » pourra être étendue par le PLU pour limiter l'exposition des populations aux risques naturels.

M. de Legge avait porté cette position, sans succès, devant la commission de l'économie. Je reviens à la charge.

Mme la présidente.  - Amendement identique n°30, présenté par M. de Legge, au nom de la commission des lois.

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Nous voulons assurer la concordance aussi parfaite que possible. À cet égard, la loi Littoral pourrait participer à l'oeuvre de protection des personnes, bien qu'elle porte sur d'autres problématiques.

J'attends du rapporteur qu'il me convainque du contraire.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La loi Littoral est source d'une grande insécurité juridique, eu égard à la variété territoriale des jurisprudences s'agissant des notions d'« espace remarquable » ou d'« espace proche du rivage ».

Dans son rapport sur la loi Littoral, M. Gélard...

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Qui a voté l'amendement !

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - ...soulignait combien cette loi était source de contentieux. Évitons d'ouvrir la boîte de Pandore, sans améliorer la sécurité des personnes.

Les dispositions que nous avons prises dotent les maires de tous les outils nécessaires.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - L'avis du Gouvernement est très défavorable.

La loi Littoral est complexe, tantôt décriée, tantôt adulée, et donne lieu à des débats homériques entre les partisans de son renforcement et ses détracteurs.

Le Gouvernement ne souhaite pas que l'on y touche. La possibilité d'étendre la bande des 100 mètres ouvrirait un champ considérable aux PLU, au risque de susciter un lourd contentieux.

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Le débat devait avoir lieu. Si les arguments ne m'ont pas totalement convaincu, il semble que faire référence à la loi Littoral dans un texte consensuel ne serait pas de bonne politique.

L'amendement n°30 est retiré.

M. Roland Courteau.  - On préserverait les espaces naturels fragiles sans prendre en compte les zones à risque du littoral ?

L'amendement n°15 rectifié n'est pas adopté.

M. Roland Courteau.  - Tant pis pour la sécurité !

L'article 5 bis est adopté.

Article 6

Mme la présidente.  - Amendement n°16, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 2

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Cette communication est réalisée sans délai dans les cas de modifications significatives de ces risques naturels.

M. Roland Courteau.  - Le rapport de la mission interministérielle a rappelé qu'en l'absence de PPR tout dépend de la façon dont les risques sont portés à la connaissance des élus. Si prévoir une transmission annuelle était excessif, il nous semble bon d'inscrire que les documents pertinents doivent être transmis sans délai. C'est le rôle naturel du préfet ? ça ira mieux en l'écrivant.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Précision utile.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Avis défavorable. Il est de la compétence naturelle du préfet de signaler les risques aux élus. Dans le souci d'alléger la loi, je vous demande de retirer l'amendement.

M. Alain Anziani.  - On a connu bien des exemples de défaut d'information, ou d'information lacunaire.

Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement... dans la loi. Ceci afin de s'assurer de l'unité, dans les départements, de la parole de l'État.

M. Éric Doligé.  - Les préfets ont obligation de porter à connaissance tout fait nouveau. Évitons d'alourdir le texte, déjà que l'article me paraît superfétatoire...

M. Roland Courteau.  - Cela irait donc sans l'écrire ? Forts de notre expérience, nous considérons le contraire.

L'amendement n°16 est adopté.

L'article 6, modifié, est adopté.

Article 6 bis

Mme la présidente.  - Amendement n°7, présenté par Mme Beaufils et les membres du groupe CRC-SPG.

I. - Alinéa 2

Remplacer les mots :

du 5°

par les mots :

du 1° et du 2°

II. - Alinéas 3 et 4

Supprimer ces alinéas.

M. Gérard Le Cam.  - L'amendement vise à rendre plus lisible la disposition introduite par notre rapporteur. Le texte qui nous est soumis implique de créer un nouveau type de zone où les permis tacites seraient interdits, alors que les plans de prévention des risques naturels prévisibles délimitent déjà deux zones de risques. Mieux vaut utiliser le zonage existant plutôt que d'en superposer un nouveau.

Dans les communes non dotées d'un PPRN, la procédure se déroulera, comme prévu, dans la concertation.

Mme la présidente.  - Amendement n°17, présenté par M. Anziani et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 2 et alinéa 4, première phrase

Après le mot :

permis

insérer les mots :

ou déclaration de travaux

M. Alain Anziani.  - Il faut aller plus loin en incluant les déclarations de travaux.

A l'Aiguillon, 150 maisons avaient été construites sans permis. On commence par une cabane, puis on la modernise... Nous voulons protéger les habitants, sans guère alourdir la procédure.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Sans doute, mais à trop élargir le principe de précaution, on le dilue. La moitié des déclarations de travaux concernent des Velux... Je suis désolé d'avoir à donner un avis défavorable.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement est défavorable aux deux amendements. La réforme du permis de construire tendait à simplifier la vie des gens. Cet amendement supprime le permis tacite sur la moitié du territoire. C'est excessif !

L'amendement n°7 n'est pas adopté.

M. Daniel Raoul.  - On sait tous comment l'abri de jardin se transforme en résidence secondaire, avec de simples déclarations de travaux que nul ne vérifie. Monsieur le ministre, vous voulez étendre la surface échappant même à la déclaration de travaux : au lieu de 20 m², vous pourrez monter à 100 m². Imaginez le résultat dans les zones à risques !

L'amendement n°17 n'est pas adopté.

L'article 6 bis est adopté.

Article additionnel

Mme la présidente.  - Amendement n°18, présenté par M. Anziani et les membres du groupe socialiste.

Après l'article 6 bis, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l'article L. 2131-2 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 2131-2-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 2131-2-1. - Dans les zones couvertes par un plan de prévention des risques naturels prévisibles, visé à l'article L. 562-1 du code de l'environnement, les actes visés au 6° de l'article L. 2131-2 font l'objet d'un contrôle de légalité systématique par les services de l'État dans le département. »

M. Alain Anziani.  - Cet amendement va dans le même sens. La réforme du permis de construire vise à simplifier la vie des gens, ce texte veut la sauver : il faut concilier l'un et l'autre... C'est pourquoi nous proposons que l'État assume ses responsabilités en exerçant un contrôle systématique de légalité. C'est dans la ligne de notre rapport, même si contradictoire avec la RGPP.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - L'article 2131 du CGCT prévoit que le préfet défère au tribunal administratif les actes qu'il estime contraires à la légalité. Nous avons constaté que seul 0,024 % des autorisations d'urbanisme faisaient l'objet d'un contrôle ; c'est pourquoi nous préconisons son renforcement.

Mais la loi n'est sans doute pas le bon véhicule.

Le ministre peut-il s'engager à envoyer aux préfets une circulaire prescrivant le contrôle systématique de légalité dans les zones de danger ?

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Avis défavorable à l'amendement. Je comprends la nécessité d'un contrôle de légalité plus fort dans les zones à risque, mais l'appliquer à 100 % est impossible.

Attirer l'attention des préfets par circulaire est souhaitable, monsieur le rapporteur : je m'y engage.

M. Alain Anziani.  - Une circulaire n'a pas de portée normative.

Pourquoi ne contrôle-t-on pas assez ? Parce que l'on n'en a pas les moyens, à cause de la RGPP, aveugle et brutale. Que les caisses soient vides n'est pas un argument de droit !

L'amendement n°18 n'est pas adopté.

Article 7

Mme Évelyne Didier.  - La propriété des ouvrages de protection pose problème.

Plus du cinquième d'entre eux est sans gestionnaire. D'où bien des carences.

Pour améliorer le régime, on pourrait imaginer une prise en charge de l'État, ou une cogestion avec les collectivités, comme pour certaines levées en bord de Loire. En revanche, prévoir un transfert, sachant que les collectivités seront plus ou moins contraintes de le demander, n'est pas la solution. On conforte le désengagement de l'État, alors que la gestion du risque est de son ressort.

Nous voterons contre l'article 7.

Mme la présidente.  - Amendement n°1, présenté par le Gouvernement.

Alinéa 4, première phrase

Remplacer les mots :

Les transferts de propriété des ouvrages de défense contre la mer

par les mots :

Sauf lorsque les ouvrages de défense contre la mer sont établis en totalité ou en partie sur le domaine public maritime, les transferts de propriété de ces ouvrages

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Le Gouvernement est favorable à l'article à ceci près que les ouvrages établis sur le domaine public maritime ne peuvent être transférés.

L'amendement n°1, accepté par la commission, est adopté.

L'article 7, modifié, est adopté.

Article 8

Mme la présidente.  - Amendement n°8, présenté par Mme Beaufils et les membres du groupe CRC-SPG.

Alinéa 1

Remplacer les mots :

Après le quatrième alinéa de l'article 1er

par les mots :

À la fin de l'article 44

M. Gérard Le Cam.  - La disposition créant une obligation pour le Gouvernement d'élaborer un plan d'action relatif aux ouvrages de protection contre les crues et les submersions marines n'a pas vocation à se trouver à l'article premier de la loi Grenelle I, qui énonce de grandes orientations. Il serait plus pertinent d'introduire cette disposition à son article 44, qui traite de la prévention des risques majeurs.

L'amendement n°8, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté.

Mme la présidente.  - Amendement n°19, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 2

Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :

Un rapport d'étape portant sur les investissements réalisés sur les ouvrages de protection contre les crues et les submersions marines dans le cadre de ce plan d'action est présenté à mi-parcours par le Gouvernement au Parlement.

M. Jean-Jacques Mirassou.  - En l'attente des plans dédiés à la submersion marine, et vu la nature des investissements à réaliser sur les ouvrages de protection contre les crues et les inondations, qui requiert des temps longs de programmation des investissements, un rapport d'étape devrait être présenté au bout de trois ans par le Gouvernement au Parlement afin que celui-ci exerce un contrôle sur les investissements réalisés et la gestion des priorités qui a pu être faite.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La commission n'est pas favorable. Un questionnaire en loi de finances permettrait de retracer l'effort budgétaire de l'État. Sans oublier les rapports sur les digues.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Un rapport sur le fonds Barnier tous les ans, tous les deux ans sur les digues, plus celui-ci : c'est beaucoup. Avis défavorable.

M. Jean-Jacques Mirassou.  - 8 600 kilomètres de digues sont gérés par plus de 1 000 gestionnaires, cela suppose des investissements bien complexes. Un rapport d'étape aiderait à clarifier les choses.

M. Roland Courteau.  - Initialement, les propositions de loi prévoyaient d'associer le Parlement. Nous ne demandons rien d'autre qu'une information à mi-parcours. On n'informe jamais trop le Parlement, on ne contrôle jamais trop le Gouvernement !

L'amendement n°19 n'est pas adopté.

L'article 8, modifié, est adopté.

L'article 9 est adopté.

Article 10

Mme la présidente.  - Amendement n°20, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Supprimer cet article.

M. Roland Courteau.  - L'article 10 ouvre la possibilité d'utiliser la majoration de taxe d'aménagement pour les constructions et aménagements réalisés dans les zones couvertes par un PPRN afin de financer la création ou la réhabilitation des ouvrages de défense contre les inondations. C'est une préconisation de la mission.

Mais les habitants s'installant ou déjà installés dans des zones couvertes par un PPRI mais ouvert à l'urbanisation ne doivent pas être pénalisés, d'autant qu'ils auront souvent à réaliser sur leurs habitations les aménagements supplémentaires prescrits dans le PPRN. Soit on considère que ces zones sont ouvertes à l'urbanisation sous certaines conditions, soit on remet en cause leur urbanisation...

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Avis défavorable. Nous parlons d'une faculté, non d'une obligation. Pourquoi empêcher un maire d'utiliser le produit de la taxe d'aménagement pour consolider une digue ? S'ajoute l'abattement de 100 m².

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - La fiscalité de l'urbanisme a été réformée après une très large concertation ; nous passerons de 17 taxes à 5, avec la taxe d'aménagement comme outil principal -dont le taux pourra varier de 1 % à 5 % et de 5 % à 20 % si la collectivité locale décide d'y ajouter des participations.

Cela étant, je rappelle que l'objet des taxes d'urbanisme est de faire participer les constructions nouvelles aux dépenses d'investissement réalisées par les collectivités locales et liées à ces constructions. Étendre leur utilisation au confortement des digues reviendrait à créer un impôt local nouveau et ne serait pas conforme à l'esprit de la réforme qui vient d'être adoptée.

Le Gouvernement est favorable à l'amendement.

M. Alain Anziani.  - Nous nous sommes inspirés, dans la rédaction de ce texte, des Pays-Bas où l'on estime que les personnes s'installant dans des zones à risques doivent contribuer aux aménagements qui vont les protéger ; il y va de plusieurs centaines d'euros...

En France, certains privilégient le principe de solidarité ; d'autres estiment que les intéressés savent ce qu'ils font et ne doivent pas mettre leurs décisions à la charge de la collectivité.

M. Roland Courteau.  - Le fonds Barnier met en oeuvre la solidarité au plan national ; elle me semble absente au niveau local. Les terrains à risques seront peu prisés : leur prix pourrait attirer des personnes dont les moyens sont contraints et pour lesquels la hausse de la taxe d'aménagement serait difficile à supporter. Ne leur infligeons pas une double peine !

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La faculté de quadrupler la taxe a déjà été votée ! En définitive, le coût d'entretien des digues reposera sur les finances locales.

M. Roland Courteau.  - Donc la solidarité !

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La pression financière immobilière est énorme sur le littoral. Responsabiliser les riverains qui choisissent de construire dans des zones qui nécessitent des dépenses de protection, c'est faire progresser la culture du risque.

L'amendement n°20 n'est pas adopté.

L'article 10 est adopté.

Article additionnel

Mme la présidente.  - Amendement n°3 rectifié, présenté par le Gouvernement.

Après l'article 10, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 128 de la loi n° 2003-1311 du 30 décembre 2003 de finances pour 2004 est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :

« Ce financement est soumis aux conditions suivantes : » ;

2° Au début du second alinéa, il est inséré la référence : « I » ;

3° Il est ajouté un paragraphe ainsi rédigé :

« ... - Par dérogation au I du présent article, et jusqu'au 31 décembre 2013, le taux maximal d'intervention est fixé à 40 % pour les travaux, ouvrages ou équipements de protection contre les risques littoraux pour les communes où un plan de prévention des risques naturels littoraux prévisibles est prescrit. Le montant supplémentaire correspondant à cette dérogation pourra être versé à la commune à la condition que le plan communal de sauvegarde mentionné à l'article 13 de la loi n° 2004-811 ait été arrêté par le maire, et au plus tard avant le 31 décembre 2013. »

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Cet amendement permettra une intéressante utilisation du fonds Barnier.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - M. le ministre mérite une statue.

L'amendement n°3 rectifié est adopté et devient un article additionnel.

Article 11 bis (Supprimé)

Mme la présidente.  - Amendement n°21, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Rétablir cet article dans la rédaction suivante :

Après le troisième alinéa de l'article L. 1424-7 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Le schéma consacré à la prévention des risques d'inondation intègre un volet spécifiquement consacré au risque de submersion marine et au risque tsunami. »

M. Roland Courteau.  - Cet amendement vise à rétablir l'article 11, qui créait une prise en compte spécifique du risque de submersion marine dans les schémas départementaux d'analyse et de couverture du risque. On a vu, dans le cas de Xynthia par exemple, que des casernes de sapeurs-pompiers implantées dans des zones à risques n'étaient plus opérantes en cas de catastrophe. Cet amendement propose aussi de prévoir un volet spécifique au risque tsunami dans les Sdarc.

L'amendement n°21, repoussé par la commission et le Gouvernement, n'est pas adopté.

L'article 11 demeure supprimé.

Article 12

Mme la présidente.  - Amendement n°25, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

I. - Après l'alinéa 2

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

... ° Le deuxième alinéa est complété par les mots : « ainsi que dans toutes les communes littorales » ;

II. - Alinéa 5

Remplacer cet alinéa par cinq alinéas ainsi rédigés :

« Il prévoit, tous les trois ans, un exercice de simulation d'une catastrophe naturelle :

« - dans les communes dotées d'un plan de prévention des risques naturels prévisibles approuvés ou prescrits ;

« - dans les communes comprises dans le champ d'application d'un plan particulier d'intervention ;

« - dans les communes exposées au risque tsunami et visées par le volet tsunami du schéma départemental d'analyse et de couverture du risque défini dans l'article L. 1424-7 du code général des collectivités territoriales.

« Sur la base de cette expérience, la commune, en collaboration avec les services compétents de l'État, adapte son contenu. » ;

M. Yannick Botrel.  - Nous souhaitons que le PCS soit obligatoire dans toutes les communes littorales, par nature exposées au risque tsunami. Nous proposons aussi de prévoir un exercice de simulation d'une catastrophe naturelle dans toutes les communes couvertes par le volet tsunami du Sdarc.

Mme la présidente.  - Amendement n°2, présenté par le Gouvernement.

I. - Alinéa 5

Supprimer les mots :

, en collaboration avec le représentant de l'État dans le département,

II. - Alinéa 6

Remplacer cet alinéa par deux alinéas ainsi rédigés :

3° Le troisième alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :

« Un appui technique peut être apporté par le conseil général ou par toute autre collectivité territoriale ou groupement de collectivités territoriales avec leur accord. » ;

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - La notion « d'appui technique de l'État » n'est pas claire.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Défavorable à l'amendement n°25, inutile. Même avis à l'amendement n°2 : l'État doit jouer son rôle d'accompagnement, surtout au profit des petites communes ; c'est une de ses missions régaliennes.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Avis défavorable à l'amendement n°25.

M. Yannick Botrel.  - La notion d'appui technique de l'État n'est pas claire, monsieur le ministre ? C'est que cet appui, qu'assuraient les DDE en faveur des collectivités locales, est en train de disparaître sous les coups de la RGPP...

M. Roland Courteau.  - Et si l'on supprimait le I de l'article 12 ?

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - L'avis de la commission resterait défavorable.

L'amendement n°25 n'est pas adopté.

L'amendement n°2 est retiré.

L'article 12 est adopté.

Article 13

Mme la présidente.  - Amendement n°9, présenté par Mme Beaufils et les membres du groupe CRC-SPG.

Alinéa 2

Après le mot :

risques

rédiger ainsi la fin de l'alinéa :

de catastrophes naturelles dont les modalités de mise en oeuvre sont déterminées par décret. Elle a lieu le même jour que la journée internationale de la prévention des catastrophes naturelles.

Mme Évelyne Didier.  - Nous voulons recentrer la journée nationale sur la prévention des risques de catastrophes naturelles, comme le proposait la mission d'information sur Xynthia. Ce n'est pas la même chose de traiter de l'homme face aux aléas naturels ou face aux aléas de sa propre technique. Par souci de pédagogie et de cohérence, il ne faut pas consacrer cette journée à tous les risques.

À juste titre, M. de Legge a rappelé -ce que j'ignorais, sans doute comme beaucoup- que l'ONU a institué une journée internationale consacrée à la prévention des risques naturels, fixée au 13 octobre. Cela ferait sens de faire coïncider les dates.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - La situation japonaise montre que le risque naturel n'est pas nécessairement séparable du risque technologique. Avis défavorable. Quant à la date, nous nous en remettons au décret.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Même avis.

M. Jean-Jacques Mirassou.  - Il est illusoire de vouloir faire de la pédagogie autour de tous les risques...

L'amendement n°9 n'est pas adopté.

L'article 13 est adopté.

présidence de M. Roger Romani,vice-président

Article 14

M. le président.  - Amendement n°32, présenté par M. Retailleau, au nom de la commission de l'économie.

I.- Alinéa 2

Remplacer les mots :

et prioritaire

par les mots :

et, dans la limite des technologies disponibles, permament et prioritaire

 

II. Alinéa 3

Remplacer les mots :

permanent, dans la limite des technologies disponibles, gratuit et prioritaire

par les mots :

gratuit et, dans la limite des technologies disponibles, permanent et prioritaire

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Amendement de cohérence tendant à intégrer la différence technique existant actuellement entre le numéro d'urgence européen 112, dont les caractéristiques permettent une priorisation de l'appel et une localisation de l'appelant, et les numéros d'urgence nationaux -15, 17, 18- qui ne le permettent pas.

L'amendement n°32, accepté par le Gouvernement, est adopté, de même que l'amendement n°14, modifié.

Article 15

M. le président.  - Amendement n°4, présenté par le Gouvernement.

Supprimer cet article.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - L'État n'est pas favorable à la compensation partielle et temporaire de recettes fiscales des communes et EPCI liées à des délocalisations consécutives à des catastrophes naturelles. Je suggère que l'article 15 soit supprimé aujourd'hui, la navette étant mise à profit pour conduire une étude sur l'impact financier de la mesure. Au demeurant, le fonds Barnier indemnise déjà les habitants et aide les communes à compenser les dommages non assurables...

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - L'article 15 est copié sur l'ancien dispositif de taxe professionnelle en cas de liquidation judiciaire... Lorsqu'il a été présenté à M. Hortefeux, alors ministre de l'intérieur, celui-ci l'avait accepté.

La commune de La Faute-sur-Mer va perdre plus de 50 % de taxe d'habitation... Je sais ce que permet de financer le fonds Barnier, mais il n'y a rien pour compenser la destruction d'assiette fiscale. On ne nous a rien proposé depuis un an. Peut-on laisser les petites communes sans solution ?

Je suis tenté par une sagesse peu favorable...

M. Roland Courteau.  - Il n'existe aujourd'hui aucun dispositif de compensation des pertes de recettes fiscales. Lorsque M. Hortefeux a été entendu par la mission, il a soutenu le dispositif. Les communes touchées par la tempête Xynthia perdront au total 1,8 million, ce n'est pas rien... Il faut les aider à se relever. En l'absence de compensation, une hausse des impôts locaux serait inévitable.

M. Gérard Le Cam.  - Nous regrettons l'amendement de suppression car les contribuables qui ont déjà subi la catastrophe seront contraints de payer davantage d'impôts locaux.

L'amendement n°4 n'est pas adopté.

L'article 15 est adopté.

L'article 16 est adopté.

Article 17

M. le président.  - Amendement n°5, présenté par le Gouvernement.

Supprimer cet article.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Après cette démonstration, qui pourrait mettre encore en doute les pouvoirs supplémentaires attribués au Parlement par la réforme constitutionnelle ? (Rires)

Les ressources actuelles du Fonds de prévention des risques naturels majeurs sont suffisantes, y compris pour financer le rachat des habitations. La hausse proposée serait reportée sur les contrats d'assurance, ce qui pèsera sur le pouvoir d'achat de nos compatriotes.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - L'article 17 était d'appel. Dès lors que le Gouvernement nous assure que le fonds Barnier prendra en charge à la fois les dépenses courantes, le plan Digues et l'acquisition des habitations... Avis favorable.

M. Roland Courteau.  - Comment peut-on soutenir qu'il y a assez d'argent ? Ne faudrait-il pas aussi acquérir les maisons construites dans les zones de grand danger avant qu'un sinistre ne survienne ?

L'amendement n°5 est adopté et l'article 17 est supprimé.

L'article 18 demeure supprimé.

Article 19

M. le président.  - Amendement n°6, présenté par M. Merceron.

Rédiger ainsi cet article :

I. - La loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'État est ainsi modifiée :

1° L'intitulé du chapitre IV de la section II du titre II est complété par les mots : « et du littoral » ;

2° L'article 57 est ainsi modifié :

a) La première phrase du premier alinéa est complétée par les mots : « et du littoral » :

b) La seconde phrase du deuxième alinéa est complétée par les mots : « et de prévention des risques littoraux » ;

c) La seconde phrase du troisième alinéa est complétée par les mots : « et à la prévention des risques littoraux » ;

d) Au quatrième alinéa, après le mot : « mer » sont insérés les mots : « et du littoral » ;

e) À la première phrase du sixième alinéa, après le mot : « mer » sont insérés les mots : « et du littoral ».

II. - À l'article L. 122-1-11, au dernier alinéa du IV de l'article L. 122-3, à l'article L. 122-8-1, aux deuxième et dernier alinéas de l'article L. 122-11, à la première phrase du deuxième alinéa de l'article L. 123-1-9, au d) de l'article L. 123-12, au quatrième alinéa de l'article L. 123-14, à la première phrase du quatrième alinéa de l'article L. 124-2, au deuxième alinéa du II de l'article L. 146-4, au quatrième alinéa de l'article L. 156-2 et au premier alinéa du I de l'article L. 156-4 du code de l'urbanisme, après les mots : « schéma de mise en valeur de la mer », sont insérés les mots : « et du littoral ».

M. Jean-Claude Merceron.  - La continuité mer-terre est une zone cruciale pour l'aménagement du littoral. Plutôt que créer un nouvel outil, mieux vaut élargir les SMVM à celui-ci.

L'amendement n°6, accepté par la commission et le Gouvernement, est adopté et devient l'article 19.

Articles additionnels

M. le président.  - Amendement n°31, présenté par M. de Legge, au nom de la commission des lois.

Après l'article 19, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article L. 123-1-5 du code de l'urbanisme est complété par trois alinéas ainsi rédigés :

17° Délimiter, dans les zones délimitées en application du I de l'article L. 515-16 du code de l'environnement ou en application des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 du même code, les zones exposées à un risque naturel ou technologique grave et où, en raison caractéristiques et de la gravité dudit risque, aucune construction ni aucun ouvrage ne peut être implanté ;

18° Délimiter, dans les zones délimitées en application du I de l'article L. 515-16 du code de l'environnement ou en application des 1° et 2° du II de l'article L. 562-1 du même code, les zones exposées à un risque naturel ou technologique sérieux, et où aucune habitation ne peut être réalisée ;

19° Délimiter, dans les zones délimitées en application du I de l'article L. 515-16 du code de l'environnement ou en application des 1° et 2° du II l'article L. 562-1 du même code, les zones exposées à un risque naturel ou technologique modéré ; le règlement détermine alors les conditions dans lesquelles des habitations peuvent y être implantées ou occupées.

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Le PLU est le document de synthèse de la gestion quotidienne des sols. Nous poursuivons ici la logique de mise en cohérence avec le PPRN.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Avis défavorable, l'amendement me paraît satisfait.

Les groupes de travail mis en place par M. Apparu ont mis en exergue les inconvénients d'une trop forte complexité des PLU. N'aggravons pas la situation.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Évitons d'ajouter des zonages aux zonages. Le Gouvernement, que vous avez habilité pour cela à légiférer par ordonnance, présentera dans quelques semaines sa réforme de l'urbanisme, qui est une simplification. Le PLU est déjà une des sources importantes de contentieux.

M. Dominique de Legge, rapporteur pour avis.  - Je n'ai pas été convaincu. Depuis le début de la discussion, nous déplorons tous l'incohérence des documents d'urbanisme. Comment tenir ici le langage inverse ?

L'amendement de la commission des lois est justifié, mais je peux le retirer si le Gouvernement confirme que le PLU, et non le Scot, est bien le document opérationnel en matière d'urbanisme.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Jusqu'au Grenelle II, toute autorisation de construire devait être conforme à une série de documents d'urbanisme. Depuis, un document d'urbanisme doit être conforme au document de niveau supérieur : le permis de construire au PLU, lui-même au Scot et ainsi de suite...

L'amendement n°31 est retiré.

M. le président.  - Amendement n°22, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Après l'article 19, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement présente au Parlement dans un délai d'un an à compter de l'entrée en vigueur de la présente loi, un rapport sur les modalités de prise en charge financière des constructions situées sur des zones de danger grave et construits avant l'approbation du Plan de Prévention des Risques Naturels Majeurs et sur la possibilité d'instituer un droit de délaissement au bénéfice des propriétaires de ces constructions.

M. Roland Courteau.  - L'article 20 instaurait un droit de délaissement dans les secteurs présentant un danger grave pour la vie humaine en raison de risques importants de catastrophe naturelle ; mais le dispositif faisait supporter aux seules communes le coût d'acquisition des constructions.

Je propose que le Gouvernement mène une réflexion sur les modalités de prise en charge financière de l'acquisition des biens exposés, ainsi que sur la possibilité pour leur propriétaire de bénéficier d'un droit de délaissement.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Avis favorable.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Un rapport de plus... Avis défavorable.

L'amendement n°22 est adopté et devient un article additionnel.

L'article 20 demeure supprimé.

Article 21

M. le président.  - Amendement n°23, présenté par M. Courteau et les membres du groupe socialiste.

Alinéa 3

Remplacer les mots :

des champs naturels d'expansion  des crues ou des submersions marines

par les mots :

de préserver ou de créer des champs naturels d'expansion des crues ou des submersions marines ou des espaces de mobilité des cours d'eau

Mme Nicole Bonnefoy.  - La proposition de loi intégrait initialement la « création » de champs naturels d'expansion des crues ou de submersion marine dans l'article L. 142-1 du code de l'urbanisme. Nous proposons de la rétablir en faisant également référence aux « espaces de mobilité des cours d'eau », utiles pour les cours d'eau à dynamique active, qui peuvent aussi être des zones tampons. Il faut préserver celles qui subsistent et en créer quand elles ont disparu.

M. Bruno Retailleau, rapporteur.  - Avis défavorable.

M. Benoist Apparu, secrétaire d'État.  - Même avis.

M. Roland Courteau.  - La maîtrise du foncier est primordiale. Dans l'Aude, la situation s'est améliorée grâce à l'extension des zones d'expansion des crues ; on n'a pas eu à déplorer de morts lors des inondations du mois de mars. À méditer...

L'amendement n°23 n'est pas adopté.

L'article 21 est adopté.

L'article 22 est adopté.

Vote sur l'ensemble

M. Roland Courteau.  - Nous voterons ce texte, dont nous félicitons les deux auteurs initiaux. Il y aura désormais un avant et un après Xynthia ; que l'Assemblée nationale nous suive.

Le risque de submersion marine sera désormais pris en compte, comme le risque de tsunami. Légiférer était nécessaire, d'autant que la culture du risque manque en France. Je me félicite de la journée nationale de sensibilisation, du caractère obligatoire des plans communaux de sauvegarde, de l'accès prioritaire aux numéros d'urgence, de la compensation des pertes de bases d'imposition, ou encore de la nécessité de faire coïncider carte des risques et carte d'occupation des sols, de la suppression des dispositions des PLU contraires aux PPR. Je salue aussi le nouvel objectif de protection de la vie humaine assigné au Scot et au PLU.

La proposition de loi est une avancée, plus réaliste que la poursuite de l'illusoire risque zéro. (Applaudissements sur les bancs socialistes)

M. Gérard Le Cam.  - Nous nous abstiendrons, en raison du manque d'engagement de l'État en faveur des collectivités locales. Nous sommes de tout coeur avec les victimes de Xynthia. On sait que les risques vont prendre des formes de plus en plus diverses.

L'ensemble de la proposition de loi, modifié, est adopté.

La séance est suspendue à 20 h 25.

*

*          *

présidence de M. Jean-Pierre Raffarin,vice-président

Secrétaires : M. Jean-Noël Guérini, M. Bernard Saugey.

La séance reprend à 22 h 30.