SÉANCE

du mardi 10 janvier 2017

41e séance de la session ordinaire 2016-2017

présidence de M. Gérard Larcher

Secrétaires : Mme Valérie Létard, Mme Catherine Tasca.

La séance est ouverte à 14 h 35.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu intégral publié sur le site internet du Sénat, est adopté.

Éloge funèbre de Michel Houel

M. Gérard Larcher, président du Sénat .  - (Mmes et MM. les sénateurs se lèvent, ainsi que M. le secrétaire d'État chargé des relations avec le Parlement) Michel Houel nous a quittés le 30 novembre dernier.

Le 10 décembre, nous étions rassemblés en la Collégiale de Notre-Dame-de-l'Assomption, pour une cérémonie émouvante devant une assistance nombreuse. Le temps était gris comme nos coeurs.

Michel Houel était un sénateur chaleureux et estimé de chacun d'entre nous, comme il avait été durant des décennies un maire et un élu local apprécié et toujours réélu par ses concitoyens.

Au milieu de ses proches et de ceux qui lui étaient chers, j'ai alors exprimé en votre nom à tous notre profonde et commune tristesse, devant plusieurs d'entre vous, le président du groupe Les Républicains Bruno Retailleau, nos collègues et anciens collègues sénateurs de la Seine-et-Marne et d'autres départements, et Pierre Cuypers à qui reviendra désormais la charge de lui succéder dans notre hémicycle.

Il m'appartient en ce début d'après-midi de prolonger cet adieu au Palais du Luxembourg, dans notre salle des séances, en présence de sa famille et de ses amis.

Michel Houel était né le 8 novembre 1942 dans le village de Condé-Sainte-Libiaire dont il fut le premier magistrat de 1977 à 2001. Il connut une enfance heureuse dans ce bourg où il venait en aide à ses parents qui tenaient le restaurant du village.

Il aimait à rappeler, quelques années plus tard, ses débuts professionnels dans de grands restaurants parisiens où il servit de nombreuses célébrités, avant de reprendre lui-même le restaurant familial en 1981 et de créer ensuite son entreprise à Paris.

Cette belle carrière professionnelle n'allait toutefois pas tarder à aller de pair avec un engagement public et politique. À qui l'interrogeait sur ceux qui l'avaient guidé en politique, Michel Houel citait le général de Gaulle et... sa mère.

Marie-Louise Houel, en effet, avait été élue conseillère municipale dès que les femmes avaient obtenu le droit de vote et c'est presque naturellement que, suivant ses traces, Michel devint à son tour conseiller municipal de Condé-Sainte-Libiaire en 1971, avant d'en être élu maire six ans plus tard.

Quant au général de Gaulle, Michel Houel était très lié aux gaullistes sociaux et plaidait inlassablement pour l'idée forte de la participation à laquelle il était très attaché.

Michel Houel, dont l'ambition véritable était d'aider ses concitoyens, était d'abord un élu de proximité. Il estimait que le mandat de maire est, je le cite, « le mandat qui permet de rester ancré dans la réalité et de toucher du doigt les difficultés rencontrées par les gens ».

Il fut ainsi, pendant vingt-quatre ans, maire de son village natal, avant de devenir, pendant quatorze ans, de 2001 à 2015, maire de la belle ville médiévale de Crécy-la-Chapelle, où lui a été rendu cet hommage si particulier, il y a tout juste un mois, au milieu des siens.

Maire passionné, efficace et pragmatique, Michel Houel ne mésestimait pas les difficultés de la tâche. En tant que président de l'Union départementale des maires de Seine-et-Marne, fonction qu'il occupa de 2001 à 2014, Michel Houel exprimait ainsi ce qui constituait à ses yeux les grandeurs et les servitudes de la fonction de maire : « La difficulté de la fonction est d'être l'homme à tout faire de la République. Les maires doivent être à la fois gestionnaires, bâtisseurs, imaginatifs, sociaux et éducateurs. Mais ce qui est gratifiant et ce que j'apprécie personnellement est de pouvoir redonner de l'espoir à certains. Comme pour les parlementaires, un des rôles du maire est d'être la relation de celui qui n'en a pas ».

Cette proximité que nos compatriotes attendent, Michel Houel considérait qu'elle était l'essence du mandat de maire.

Élu local complet, il fut aussi membre du conseil général de la Seine-et-Marne dès 1992, avant de devenir vice-président de l'assemblée départementale de 1994 à 2004. Il fut également, de 1993 à 1995, membre du Conseil économique et social où il siégea avec beaucoup d'intérêt et de compétence à la section des relations économiques extérieures.

C'est naturellement que l'élu local qu'était Michel Houel se tourna bientôt vers le Parlement. Il en fit une première approche dans le sillage de Guy Drut, député de la Seine-et-Marne, dont il fut le suppléant de 1997 à 2002. C'est le 26 septembre 2004 qu'il nous rejoignit au palais du Luxembourg, étant élu, puis réélu sénateur de la Seine-et-Marne, aux côtés de Colette Mélot, sur la liste alors conduite par notre ancien collègue Jean-Jacques Hyest, auquel Anne Chain-Larché a succédé lors de son entrée au Conseil constitutionnel.

L'élu local pragmatique et réaliste chercha aussitôt à se transformer en un sénateur ayant le sens du concret chevillé au corps.

Michel Houel, il l'avouait, eut un certain temps d'adaptation lors de son arrivée au Sénat. Puis, disait-il, « je me suis aperçu qu'on pouvait faire des lois pour aider les gens. J'ai créé un groupe Artisanat et services avec quarante sénateurs et je suis retombé dans le concret. J'ai ainsi pu aider les photographes, les taxis, etc... ».

Oui, le concret, l'efficace, le vrai : voilà la marque de ce qu'était la manière d'agir de Michel Houel. Il fut, mes chers collègues, durant plus de douze ans un collègue très actif et estimé.

Participant à de nombreux groupes d'études, il fut un membre fidèle et assidu de notre commission des affaires économiques, à laquelle - je peux en porter témoignage - il apportait sa connaissance du terrain, son sens du concret et son pragmatisme.

Ses avis budgétaires annuels sur la recherche et l'enseignement supérieur étaient attendus et appréciés, comme le furent plusieurs de ses travaux de contrôle. Il élabora ainsi en 2009, avec notre collègue Marc Daunis, un rapport d'information sur les « pôles de compétitivité », dressant des perspectives toujours d'actualité pour mettre ces pôles au service d'une politique industrielle définissant des secteurs stratégiques pour notre pays.

Il rédigea plus récemment un document d'information sur la TVA à taux réduit dans la restauration - domaine qu'il connaissait parfaitement - pour démontrer que cette disposition n'avait pas été vaine et constituait une avancée significative dans ce secteur professionnel.

Michel Houel fut, cette année encore, le rapporteur convaincu et efficace du projet de loi destiné à rationaliser le maillage territorial des chambres de commerce et d'industrie, ainsi que des chambres des métiers et de l'artisanat.

Ce sens de l'action concrète, qui ne quittait jamais son esprit et qui lui donnait une vision juste des problèmes du pays, était avant tout celui d'un humaniste.

Michel Houel, qui souhaitait chaque jour oeuvrer au service de ses concitoyens, a consacré à ses mandats d'élu local et de parlementaire l'essentiel de sa vie.

Pour cet homme de terrain, l'action politique ne pouvait se concevoir qu'à partir d'un enracinement dans cette « Venise briarde » à laquelle il était tant attaché.

Michel Houel était un élu de référence, une personnalité attachante.

Je souhaite redire ici au groupe Les Républicains du Sénat, une nouvelle fois endeuillé, et à ses collègues de la commission des affaires économiques, notre émotion. En cet instant de mémoire, j'exprime aussi à son épouse, à son fils qui a porté le 10 décembre un remarquable témoignage sur son père, à toute sa famille et à leurs proches, l'émotion du Sénat de la République, ainsi que ma profonde tristesse personnelle.

M. André Vallini, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement .  - C'est avec beaucoup de tristesse que nous avons appris le 30 novembre que Michel Houel nous avait brutalement quittés, à 74 ans.

Né à Condé-Sainte-Libiaire, dont il a été maire pendant vingt ans, il eut un parcours riche et diversifié. Formé aux métiers du tourisme, il débuta sa carrière en reprenant et en développant le restaurant familial des bords de Marne, dont il fit un établissement réputé et chaleureux. Cette activité professionnelle exigeante ne l'empêcha pas de s'engager pour le développement économique de son territoire, en devenant dès 1967 membre du conseil d'administration de la Fédération hôtelière de la Brie et en cofondant la chambre économique du Nord Seine-et-Marne. Devenu conseiller municipal puis maire de Condé-Sainte-Libiaire puis de Crécy-la-Chapelle, il fut un précurseur des politiques locales d'aménagement du territoire, élaborant l'un des tout premiers plans d'occupation des sols du département, présidant le comité départemental d'habitat et d'aménagement rural, la commission de l'environnement, le conseil d'administration du centre de ressources, d'expertise et de performance sportive.

Cet engagement dans la vie locale lui valut d'être élu conseiller général du canton de Crécy-la-Chapelle en 1992. Il deviendra par la suite vice-président du conseil général de Seine-et-Marne, en charge de l'aménagement du territoire et de l'action économique, puis membre du Conseil économique et social. Michel Houel a ainsi beaucoup oeuvré pour l'attractivité de son territoire, par une politique d'accompagnement et d'incitation à l'implantation et au développement des entreprises.

Élu sénateur de Seine-et-Marne en 2004, il poursuivit son action au service du développement et du maintien de l'activité économique sur tous les territoires, soutenant en particulier l'activité des artisans et commerçants, et notamment des photographes et chauffeurs de taxis. Fervent défenseur de l'apprentissage, dont il connaissait par expérience toutes les vertus, il témoigna toujours un grand intérêt à l'artisanat d'art, jusqu'à lui consacrer un salon permanent dans sa commune de Crécy-la-Chapelle. Grand amateur d'art, il fit de cette commune un lieu d'ouverture culturelle, par l'organisation de nombreuses manifestations.

Le parcours de Michel Houel démontre une force d'engagement et une personnalité qu'il faut saluer. Humaniste et toujours à la recherche du meilleur consensus, il était unanimement apprécié, par ses concitoyens qui le décrivent comme un homme chaleureux, simple, accessible et à l'écoute, mais également par ses collègues élus : il fut pendant près de quinze ans président de l'union des maires de Seine-et-Marne, qui regroupait la quasi-totalité des plus de cinq cents maires de ce grand département francilien. Il a profondément marqué son territoire et admirablement servi notre pays comme son département.

À son épouse, à son fils, à ses amis, à ses collaborateurs, à l'ensemble de ses concitoyens, j'adresse, au nom du Gouvernement, mes condoléances les plus attristées. (Mmes et MM. les sénateurs observent un moment de recueillement)

M. le président.  - Par respect pour la mémoire de Michel Houel, je suspens la séance pour quelques minutes.

La séance est suspendue à 14 h 50.

présidence de M. Jean-Claude Gaudin, vice-président

La séance reprend à 15 heures.