2.- Le miracle du chômage tchèque

Certes, il est extraordinaire que la République tchèque réussisse, en pleine transition, à maintenir un taux de chômage aussi dérisoire (3,5 %), que d'autres pays moins heureux tiendraient pour un taux de plein emploi. Ce miracle peut s'expliquer pourtant par différents facteurs.

Tout d'abord, la diminution de l'emploi total de près de 10 % depuis le début de la transition a été absorbée par le recul de la population active, et notamment la baisse du taux d'activité des femmes. Ensuite, la République tchèque a bénéficié de la quasi-inexistence du secteur des services sous le régime communiste (à la différence de pays comme la Hongrie qui avaient commencé leur conversion plus tôt). Lorsque l'emploi dans l'industrie a baissé de 17 % entre 1991 et 1995, près de 350.000 personnes ont intégré le secteur tertiaire, dont la part dans l'emploi total a progressé de 8 points, et c'est ainsi qu'on été compensées les destructions d'emplois dans l'industrie traditionnelle. Enfin, l'économie grise emploierait 4 à 5 % de la population.

L'autre raison majeure qui explique la faiblesse du chômage est l'intervention indirecte du Gouvernement, toujours plus pragmatique dans ses actions que dans ses paroles. Comme il a été dit, le Gouvernement exerce encore une influence certaine sur les entreprises privatisées par l'intermédiaire des banques qui les orientent via leurs fonds d'investissement et les restructurations sont conduites avec douceur. D'autre part, le Gouvernement a contrôlé les salaires chaque fois qu'il a pu le faire. Les salaires tchèques sont de loin inférieurs à ceux pratiqués en Hongrie ou en Pologne. Ces salaires ont permis de contenir les frais d'exploitation et d'attirer l'investissement et l'embauche par des entreprises étrangères heureuses de se délocaliser.

D'autre part, le Gouvernement, tout libéral qu'il est, a mis en oeuvre des aides à l'emploi et des programmes favorisant l'insertion professionnelle des jeunes à la sortie de l'école. Il a également durci les conditions d'admission au système d'indemnisation du chômage, stimulant ainsi les chômeurs à se reconvertir au plus vite et évitant la création d'un chômage de longue durée.

Enfin, il est permis de saluer l'extraordinaire capacité d'adaptation de la population active tchèque.

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