C.- LES ÉLECTIONS DE 1996 ET L'INTRODUCTION DU BICAMÉRALISME

1.- Les élections législatives des 31 mai et 1er juin 1996

Les dernières élections législatives se sont tenues les 31 mai et 1er juin 1996 au scrutin de liste et à la représentation proportionnelle avec répartition du reste à la plus forte moyenne, comme le prévoit la Constitution de 1992 et la loi électorale du 27 septembre 1995. Sur les vingt partis en présence, seuls six ont franchi la barre des 5 % des suffrages exigée pour l'accès à la Chambre des Députés.

Le taux de participation de 76,41 % est resté élevé, même s'il diminue de 10 % par rapport aux précédentes législatives de 1992.

Résultats en % de voix en 1996

Variation en % par rapport à 1992

ODS

29,32

- 0,41

KDU-CSL

8,08

+ 1,80

ODA

6,36

+ 0,40

CSSD

26,44

+ 19,91

KSCM

10,33

- 3,72

SPR-RSC

8,01

+ 2,05

ODS : Parti démocratique civique

ODA : Alliance démocratique civique

KDU-CSL : Parti chrétien-démocrate

CSSD : Parti social-démocrate

SPR-RSC : Parti républicain

KSCM : Parti communiste

La coalition au pouvoir se maintient, mais l'opposition social-démocrate fait une poussée spectaculaire. La coalition remporte 99 sièges et l'opposition 101 ; elle perd donc la majorité absolue. C'est donc une espèce d'échec pour les trois partis de centre-droit coalisés (qui n'avaient pas fait preuve d'une grande solidarité pendant la campagne). Les petits partis de la coalition n'ont pas craint de s'attaquer directement à Vaclav Klaus et à son parti, l'accusant d'avoir bloqué certaines réformes et de ne pas avoir respecté l'accord de coalition conclu en juin 1992. Cette tactique ne leur a pas profité, mais elle a nui à l'ODS au profit des sociaux-démocrates. L'ODS apparaît comme le grand perdant d'autant que sa campagne s'est axée sur le thème d'une transformation déjà achevée et réussie, succès qui méritait une récompense.

L'opposition social-démocrate a eu beau jeu alors de faire campagne sur la nécessité d'un accompagnement social des réformes et de préconiser une économie sociale de marché sans remettre en cause l'orientation générale de la mutation (économie de marché, intégration européenne). Le CSSD se pose en parti social-démocrate à l'allemande. Son Président a abandonné pendant la campagne ses attaques personnelles contre Vaclav Klaus et il s'est concentré sur les carences sociales de son action (transports, santé, logement, éducation, environnement). 11 est apparu comme le défenseur de l'intervention étatique contre le dogme de Klaus de « l'État minimum » et de la responsabilité individuelle.

Á la différence du scrutin de 1992 par lequel l'électorat s'était prononcé pour la transformation économique incarnée par Vaclav Klaus et contre le retour au pouvoir de la gauche communiste, le scrutin de 1996 a porté sur des enjeux moins idéologiques et plus concrets, non plus sur le changement de société mais sur le rythme et les modalités très pratiques de ce changement.

Cependant le fait que la coalition ait résisté à l'usure de quatre ans de pouvoir atteste de la qualité de l'oeuvre accomplie par le Gouvernement Klaus autant que de la spécificité de la situation tchèque. Á la différence de la Pologne et de la Hongrie, les partis de droite tchèques n'ont pas déçu les électeurs et ils ont su éviter le retour des communistes au pouvoir, La République tchèque est le seul pays parmi les anciennes démocraties populaires où l'alternance de gauche ne soit plus incarnée par les héritiers du Parti communiste.

Le vote des électeurs tchèques peut donc légitimement être interprété comme un encouragement à poursuivre la transformation économique engagée et comme un avertissement à la coalition en place afin qu'elle accompagne sa réforme d'une vraie politique sociale.

De ce scrutin se dégage enfin l'idée que le modèle électoral tchèque se rapproche du modèle allemand avec un parti dominant de centre-droit (l'ODS qui absorbera sans doute à terme l'ODA), un parti de centre-gauche (le CSSD encore désuni mais qui devra se préparer à l'alternance sans doute sous la houlette de Petra Buzkova) et un petit parti (le KDU-CSL) opportuniste en quête d'alliance d'un côté ou de l'autre. Seul le développement d'une droite plus ferme, voire extrémiste, pourrait troubler cette évolution.

Élections législatives de juin 1996

Chambre des Députés (200 sièges)

Coalition gouvernementale : 99 sièges (KDU-CSL/ODS/ODA)

Opposition : 101 sièges

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