4) Réunion à l'Ambassade de France avec les membres délégués au C.S.F.E.

Participaient à la réunion, outre Son Excellence l'Ambassadeur Michel de BONNECORSE, et la délégation sénatoriale, le Colonel François HUDAULT, Attaché de Défense, M.  René ROUDAUT, Conseiller culturel, scientifique et technique, M.  Gilles VAYSSET, Conseiller économique et financier, les Consuls Généraux de Casablanca (M.  LEROUX), de Rabat (M.  BERRIT) et de Fès (M.  THILLIER) et certains membres du Conseil Supérieur des Français de l'Étranger (C.S.F.E.) : MM.  SAVERY, OURADOU, d'AGESCY, VIEILLARD et CADOT.

M.  Michel de BONNECORSE ouvre la réunion par un exposé sur les relations bilatérales au cours duquel il montre l'intérêt réciproque des deux pays. Alors qu'il bénéficie de l'aide économique de la France : aide à l'investissement, annulation d'une partie de la dette..., le Maroc, ami de la France, lui apporte son concours, notamment dans les différentes instances internationales.

Il indique que le Maroc est un pays ouvert au dialogue. Cela lui confère une position d'arbitre au niveau international, dans de nombreux domaines tels que la situation au Moyen-Orient, la lutte contre le terrorisme mondial et le trafic de drogue, la construction du Magreb, entre les pays occidentaux et arabes.

Toutefois, il regrette certains points de divergence tels que, du côté marocain, le problème des visas français, la politique agricole commune ou l'insuffisante capacité d'accueil scolaire des lycées français alors que du côté français le reproche adressé aux Marocains concerne le système scolaire mis en place qui ne conduit plus à la maîtrise du français, le protectionnisme vis à vis de la télévision française, et l'exclusivité dont bénéficie BOEING pour l'achat des avions commerciaux de R.A.M.

Il constate enfin que le Maroc est un vaste chantier, notamment en ce qui concerne les réformes, que ce soit dans le domaine des institutions ou des Droits de l'Homme.

Le Colonel HUDAULT, dans un bref exposé de présentation, indique que sa mission est de soutenir la politique de défense de la France, et de mettre en oeuvre les activités militaires bilatérales. Il est également chargé de la formation militaire marocaine et de l'entretien des matériels militaires.

S'agissant de l'équipement du Maroc en armement, la France est confrontée à la concurrence américaine. Toutefois, il existe à l'heure actuelle deux projets de coopération, le GIAT instruit actuellement la possibilité de construire un atelier de maintenance de blindés et des pourparlers sont en cours pour la modernisation des mirages 2000 dont dispose d'Armée de l'Air marocaine et l'achat de 2 mirages biplaces.

Dans le domaine économique, M.  Gilles VAYSSET indique que le Maroc est tout près d'être un pays émergent, s'efforçant d'adapter ses structures aux réalités de l'économie moderne notamment par l'introduction d'une fiscalité moderne (T.V.A.), d'une loi comptable, d'un code des investissements et du commerce.

Sur les relations qu'entretient le Maroc avec l'Union Européenne, il souligne que ce pays est lié par un accord bilatéral dont l'objectif, à terme, est d'obtenir un marché libre. Il constate par ailleurs qu'actuellement le Maroc est en avance sur les pays du bord de la Méditerranée avec lesquels il est en concurrence ; il est primordial pour son intérêt de garder cette avance en effectuant les nécessaires réformes structurelles très rapidement.

M.  VAYSSET définit ensuite le rôle de conseil que peut tenir l'Ambassade vis à vis des entreprises françaises qui souhaitent s'installer au Maroc en leur indiquant le "bon choix" à effectuer en fonction de leurs projets et vis à vis des Marocains pour les guider dans la bonne orientation et la meilleure mobilisation des fonds communautaires souhaitables.

En ce qui concerne la COOPÉRATION-ÉDUCATION, M.  René ROUDAUT souligne que les actions qu'il mène sont ainsi réparties :

* Les établissements d'enseignement français au Maroc, qui relèvent de l'AEFE et qui correspondent à une masse de crédits de 210 MF.

* La coopération scientifique et technique qui représente un montant total de 84 MF.

* La coopération culturelle et éducative dont le volume financier s'élève à 88 MF + 13,5 MF.

Les établissements français d'enseignement

Les 28 établissements scolaires français, qui emploient près de 1 300 enseignants (dont 2/3 sont des expatriés et 1/3 des résidents) et sont tous gérés directement par l'AEFE, constituent un réseau assez dense qui s'étend sur les régions de :

- Casablanca : 1 lycée de 3 323 élèves (le lycée Lyautey) , 2 collèges, 8 écoles primaires et maternelles ;

- Rabat : 1 lycée de 2 983 élèves, Descartes, avec une classe préparatoire HEC, 1 collège (Kénitra), 5 écoles primaires et maternelles ;

- Centre : 1 lycée (Meknès) de 433 élèves, 1 collège + 1 classe de seconde (Fès), 2 écoles ;

- Sud : 1 lycée (Marrakech) de 606 élèves, 1 collège (Agadir), 2 écoles ;

- Nord : 1 lycée (Tanger) de 367 élèves, 1 école.

Ce réseau revêt une importance exceptionnelle puisque seul au monde celui de l'Espagne lui est comparable. Il scolarise en 1995-96, 16 582 élèves, répartis de la façon suivante :

- 10 610 (64 %) nationaux marocains ;

- 5 383 (32,5 %) bi-nationaux et Français ;

- 589 (3,6 %) étrangers tiers.

Ces établissements jouissent d'une excellente réputation. L'ensemble des enseignants, à l'exception des professeurs d'arabe, sont titulaires de l'Éducation Nationale française. De nombreuses activités périscolaires (classes vertes, voile, théâtre...) y sont organisées. Enfin, il faut noter l'excellence des résultats obtenus. Ainsi, au baccalauréat général, le taux de réussite, toutes disciplines confondues, culminait à 88,02 % en 1995.

Rançon de ce succès, la capacité d'accueil de ces établissements scolaires tend de plus en plus vers la saturation puisqu'ils ont connu, ces dernières années, un accroissement annuel moyen de 230 élèves.

Or, les demandes d'admission des familles marocaines augmentent également chaque année, et dans des proportions plus importantes, exerçant une pression très forte.

La coopération scientifique et technique

La coopération dans ce secteur s'élabore sous la forme de projets discutés lors des Comités Techniques avec les ministères marocains :


• Le Ministère de l'Intérieur :

- Direction Générale des Collectivités Locales : administration des collectivités locales avec notamment une intervention de la DGCL française et marocaine,

- Direction Générale de l'Architecture et de l'Urbanisme : avec une relance de la coopération dans le secteur de l'architecture et de l'urbanisme,

- Direction de la Formation des Cadres : les opérateurs étant notamment le CNFPT, Centre National de la Fonction Publique Territoriale, avec la structuration de la DFC et la mise en oeuvre de programmes de formation des formateurs et des cadres techniques et administratifs des collectivités locales.


• Le Ministère des Travaux Publics : avec un appui dans :

- les secteurs de l'Eau,

- les secteurs technologiques (Routes, Météorologie, Équipements Publics),

- le secteur formation particulièrement avec l'École Hassania des Travaux Publics où un partenariat est en cours avec les principales écoles du Ministère de l'Équipement français : l'École Nationale des Ponts et Chaussées, l'École Nationale des Travaux Publics de l'État et l'École Nationale des Techniciens de l'Équipement.

La coopération culturelle et éducative

Ce qui est fait pour le français sert de modèle ou d'incitation pour ce que nos partenaires souhaitent faire par ailleurs, pour d'autres disciplines. Cette coopération s'inscrit dans le cadre de projets dont les objectifs s'articulent avec les priorités de la politique éducative marocaine et vise en premier lieu la formation des personnels enseignants. Dans cet esprit, le poste cherche à intervenir dans les domaines suivants :

- La formation des enseignants et des formateurs d'enseignants de français en ayant pour objectif une meilleure efficacité immédiate ;

- L'amélioration des conditions d'enseignement de la langue française à travers des projets de remédiation pédagogique ;

Ces projets s'appuient sur des évaluations des niveaux de français des élèves en fin d'enseignement fondamental et à l'issue des études secondaires.

- La modernisation et l'amélioration du fonctionnement administratif et pédagogique du système éducatif par des actions d'ingénierie et de technologie éducative susceptibles d'augmenter le rendement de ce système (appui au développement des activités de planification et d'évaluation, soutien à la décentralisation des services d'enseignement, etc...) ;

- La mise en place d'un réseau de classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques pour l'amélioration de la formation des cadres supérieurs et la constitution d'un corps de professeurs agrégés chargés d'enseigner dans les classes préparatoires, les centres de préparation à l'agrégation, et capables d'assurer des tâches d'encadrement, d'animation pédagogique et de recherche.

- Dans l'enseignement supérieur, un soutien est apporté à la création de licences appliquées, mettant en oeuvre une connaissance active de la langue française pour l'exercice d'un métier.

- Cinéma, audiovisuel et presse écrite

Ce secteur s'attache en premier lieu à la diffusion culturelle du cinéma français au Maroc, grâce à un réseau serré constitué des Instituts Français, de la Fédération Nationale des Ciné-clubs, et des ciné-clubs scolaires.

La disparition du film français des écrans marocains a conduit également le SCSC, depuis 1992, à soutenir la diffusion commerciale par l'expertise des salles de cinéma, le conseil à la rénovation et une importante campagne de promotion en faveur du "nouveau cinéma français". Ces efforts ont été récompensés par le retour de films français récents et de qualité dans un réseau de salles déjà largement rénové.

La coopération franco-marocaine -avec le Centre Cinématographique Marocain comme partenaire- mérite d'être vivifiée.

Pour la télévision, la reprise importante (500 heures par an) des programmes de Canal France International (banque de programmes français à destination de l'étranger) par la chaîne publique RTM accompagne une participation remarquée de la France à 2M depuis sa création. Chaîne privée cryptée, celle-ci diffuse plus de 50 % de programmes en langue française mais seulement 4 à 5 % de productions françaises.

De plus, la multiplication rapide des paraboles, estimées à plus de 400 000, permet à la chaîne francophone TV5, à Euronews, MCM, Euromusique, Arte et La Cinquième de rencontrer un public croissant au Maroc. Le bouquet en numérique attendu pour l'automne devrait placer la France en bonne position pour les programmes de télévisions généralistes et satisfaire ainsi les voeux du gouvernement marocain. S'agissant de la télévision éducative, il convient de signaler qu'un accord récent entre La Cinquième et le Ministère de la Communication prévoit une fenêtre sur la TVM où des programmes de La Cinquième devraient trouver leur place, la réalisation de coproductions et l'adhésion de la TVM à l'Association Internationale des Télévisions Éducatives et de la Connaissance. France Inter, France Culture et France Musique sont également reçues avec TV5 ; une collaboration avec ces stations est d'ailleurs recherchée par la Radio Marocaine, chaîne internationale. Par ailleurs, Médi 1, radio bilingue privée à fort capital français, a su trouver sa place de radio du Maghreb avec comme devise "deux langues, une voix".

Dans le domaine de la formation, la coopération trouve ses limites dans l'absence de centres de formation marocains aux métiers de l'audiovisuel.

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